Le paysage culturel Un enjeu reconnu
Les notions de paysage, culture et patrimoine ont été associées par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). Par la compétence culture, l’UNESCO promeut la diversité culturelle, la cohésion sociale et une culture de la paix. L’organisation incite également au développement des expressions culturelles, au pluralisme et au dialogue interculturel. Ceci tout en tentant d’intégrer des notions nouvelles, tel que le développement durable. Il s’agit ici d’objectifs ambitieux. Pour ce, la sauvegarde du patrimoine dans toutes ses dimensions constitue un des éléments clés. En effet la préservation des « richesses irremplaçables » (Conférence générale UNESCO, 1972)1 de l’humanité permet de mettre en valeur un patrimoine commun ou patrimoine Universel, autour duquel le dialogue et les échanges sont facilités. Le patrimoine constitue ainsi un objet de médiation. A l’issue de la Conférence Générale du 11 décembre 19622, l’UNESCO recommande aux Etats membres de prendre des dispositions pour la préservation des paysages. « Considérant que de tout temps l’homme a parfois porté à la beauté et au caractère des paysages et des sites faisant partie du cadre naturel de sa vie, des atteintes qui ont appauvri le patrimoine culturel, esthétique et même vital de régions entières dans toutes les parties du monde. » (Conférence Générale UNESCO, 1962). Du fait de ces recommandations, la valeur esthétique du paysage est prise en considération.
Les paysages sont « d’intérêt culturel et scientifique » (Conférence Générale UNESCO, 1962) et leur sauvegarde est définie comme « nécessaire à la vie de l’Homme ». Ceci du fait qu’ils « contribuent à la vie artistique et culturelle » et « constituent un facteur important de la vie économique » (Conférence Générale UNESCO, 1962). En 1972, lors de la convention pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, l’UNESCO définit que « l’intégration du patrimoine mondial culturel et naturel à la vie sociale et économique doit être l’un des aspects fondamentaux de l’aménagement du territoire et de la planification nationale à tous les échelons » (Conférence Générale UNESCO, 1972). Les patrimoines naturel et culturel doivent avoir « une fonction active dans la vie collective » et permettre la mise en place « d’une politique d’ensemble ». A ce titre, non seulement les monuments (architecturaux, archéologiques, historiques…) mais aussi les ensembles (groupes de constructions isolées ou réunies mais aussi les sites ; « œuvres conjuguées de l’Homme et la nature »), sont considérés comme « patrimoine culturel » et comme « patrimoine naturel » (Conférence Générale UNESCO, 1972). L’UNESCO reconnait à la fois, la « valeur spéciale3 du point de vue archéologique, historique, ethnologique ou anthropologique » (Conférence Générale UNESCO, article 1, 1972) et « du point de vue de la science, de la conservation de la beauté naturelle, ou des œuvres conjuguées de l’Homme et de la nature » (Conférence Générale UNESCO, article 2, 1972). S’ils ne sont pas clairement définis comme tels, la détermination des sites au patrimoine mondial se rapproche fortement de la notion de paysage.
Le paysage culturel reconnu à l’échelle Européenne
A l’échelle européenne, le paysage est reconnu comme « une partie du territoire telle l’Europe introduit par ailleurs une dimension sociale en « notant que le paysage constitue une ressource favorable à l’activité économique dont une protection, une gestion et un aménagement approprié peuvent contribuer à la création d’emplois ». Dans la seconde partie de la convention, les Etats-Membres sont concernés et doivent s’engager notamment à reconnaître le paysage comme composante essentielle du cadre de vie des populations et fondement de leur identité. Ils s’engagent également à faire participer le public, les autorités locales et régionales mais aussi à prendre des mesures particulières : sensibilisation du public ; formation de spécialistes et éducation des scolaires ; identification et qualification des caractéristiques du paysage et de ses dynamiques ; formulation des objectifs de qualité paysagère et la mise en œuvre de différents moyens de protection du paysage. Le mot paysage est cité pour la première fois par Jean Molinet (chroniqueur et poète, historien d’expression française) en 1493 qui définit le terme comme un « tableau représentant un pays ». Le paysage est toujours fortement lié à l’art et plus particulièrement la peinture. Il est également lié au pays comme on peut l’entendre de par son étymologie. D’un point de vue étymologique, le mot paysage est directement lié au mot pays, puisque sa racine latine pagus signifie « petit pays délimité ». Le suffixe –age réfère lorsqu’il succède un verbe, à une action ; un nom de personne, à un état ; un nom de chose inanimée, à une collection. Il semblerait que ce soit à ce dernier que l’on se réfère dans l’idée de paysage. Le paysage en tant que « collection de petits pays délimités » ou « assemblage de pays » (Filleron J-C., 2005).