Au confluent de l’économie et de la politique, entre la propagande et les stratégies économiques réelles, on croise ce fossile du nationalisme dans l’économie, dépassé depuis longtemps. Cependant, dès que l’on révèle la poussière et le choc initial de savoir que quelque part, là-bas, il y a quelqu’un qui divise toujours le globe en petites unités économiques – les États-nations passe, on se rend compte que l’on regarde la réalité et non pas le témoignage de la préhistoire économique. En dépit des tendances libérales dans la pratique et en théorie durant des siècles, la primauté de l’intérêt national reste dans l’économie et y restera aussi longtemps que l’État demeurera.
Le rôle de nation et des intérêts dans le jeu économique a été marginalisé et ainsi la problématique du patriotisme économique, comme une superposition de l’intérêt national au-delà des intérêts globaux et particuliers, était quelque part ignorée par la théorie économique de mainstream. C’était le cas jusqu’à l’année 2005, caractérisée par un grand nombre de fusions et d’acquisitions dans l’Union Européenne et un aussi grand nombre de tentatives des gouvernements nationaux de les empêcher et de ‘sauvegarder’ les compagnies nationales des acheteurs étrangers; en effet, c’est le moment où l’appellation de patriotisme économique elle-même est apparue.
A partir de ce moment, le sujet de patriotisme économique gagna sa grande popularité, mais grâce à des journalistes et des politiciens qui l’emploient pour décrire les choses très variées. Grosso modo, la problématique de l’intérêt national à l’heure de la mondialisation reste toujours inexplorée par les scientistes économiques ; quelques travaux touchant le sujet le condamnent généralement et prennent celui-ci pour un comportement rétrograde visant à détruire la liberté économique mondiale. Suite à une telle approche superficielle, le patriotisme économique était jugé juste par ces manifestations et non par ce qu’il représente- le principe de la primauté de l’intérêt national.
Pourtant, alors que la Grande Crise émergeait en 2008, l’approche au rôle de l’Etatnation se changea. Dès que la menace commença à rependre à travers le système ouvert, les Etats s’autorisèrent à réagir et à fermer la porte si nécessaire, en essayant d’alléger l’impact de la Crise sur leurs économies nationales. De telles interventions ont montré que les Etats-nations sont toujours puissants mais aussi, qu’ils tiennent beaucoup plus à sauvegarder leurs propres économies que le système mondial basé sur le libre-échange et qu’ils ont tous créé ensemble, alors que c’était dans leur intérêt commun. D’autre part, à la lumière des nouveaux développements, les théoriciens changent aussi d’avis et deviennent plus ouverts à l’analyse du patriotisme économique et de tout ce qu’il en provient. Ainsi, peu à peu, on revitalise et on réexamine le rôle de l’Etat-nation dans l’économie.
Cette thèse tente de faire face à ce phénomène et d’apporter une contribution théorique en matière. La science peut y trouver son intérêt parce que c’est un des premiers travaux qui théorise sur la problématique du patriotisme économique ; on cherche à englober les connaissances précédentes sur le sujet et d’y ajouter les nouvelles à partir d’une analyse de la pratique. Sous l’optique de son évolution historique et conceptuelle, on essaie de rattraper ces manifestations contemporaines et de les encadrer théoriquement pour pouvoir mieux les comprendre et définir leur place par rapport aux circonstances présentes, à la mondialisation. A cet égard, les questions principales à poser sont d’abord de savoir ce qu’est le patriotisme économique, puis comment et pourquoi apparaît-il et finalement quel impact a-t-il, c’est-à-dire comment se reflète-il, sur des agents économiques.
L’étude est basée sur plusieurs hypothèses. La première, et la principale, est qu’il existe une distinction entre la signifiance du patriotisme économique et ses manifestations et ainsi, il n’est pas à priori opposé au libre-échange. Le patriotisme économique est un principe de la superposition de l’intérêt national au-delà de chaque autre et conditio sine qua non rôle stratégique de l’Etat, d’où peuvent provenir des actions différentes visées à protéger ou à libérer l’économie nationale en fonction du contexte économique, historique, politique, culturel et social. D’ailleurs, les pays inspirateurs de la mondialisation, ne le faisaient pas pour des raisons altruistes mais pour atteindre leurs propres objectifs. Or, il est étroitement lié à l’existence de l’Etat souverain et ainsi, il n’apparaît ni disparaît mais change les formes en fonction des circonstances mais toujours dans le but d’améliorer l’économie nationale.
La deuxième hypothèse sort de la première et dit que le patriotisme économique n’est pas une nouvelle forme du protectionnisme. On tente de prouver que la protection ‘globale’ correspondant au moment historique actuel et comprenant les différentes mesures, typiques pour le protectionnisme ‘classique’ (subventions, quotas, tarifs), n’est pas le patriotisme économique mais en provient. Et finalement, selon la troisième hypothèse, le patriotisme économique touche tous les agents économiques. Comme on le verra, le concept du patriotisme économique dans les conditions présentes à part de l’Etat, implique aussi les consommateurs et le secteur-privé qui ont des moyens et des motifs de se montrer les ‘patriotes économiques’.
Concrètement, pour découvrir la logique du patriotisme économique dans le sens plus large et mettre en lumière son aspect idéologique, on introduit le concept de la nation et de l’Etat-nation. En premier lieu, on présente les deux notions, leur signifiance et importance, en s’appuyant sur des conclusions des sciences sociologiques, politiques et psychologiques. En deuxième lieu, on porte en considération la connotation économique de ces grandeurs en démontrant l’histoire de son interprétation dans la théorie économique. L’objectif de cette section est donc d’explorer la relation entre la nation et l’économie, évaluée importante pour pouvoir expliquer profondément le phénomène du patriotisme économique, dans l’optique de l’analyse des sciences sociales différentes.
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