LE PALUDISME EN AFRIQUE
En 1880 les travaux du pionnier de la « médecine tropicale » Alphonse Laveran ont permis la découverte de l’agent pathogène responsable du paludisme, il s’ensuit plusieurs années pour qu’en 1897 Ronald Ross puisse réaliser une série d’expériences prouvant que la transmission du paludisme des oiseaux se fait via les moustiques. En effet, le paludisme est une érythropathie parasitaire due à des protozoaires du genre plasmodium qui sont transmis à l’Homme essentiellement par la piqure d’un moustique femelle infecté du genre anophèles. En 2018, plus de la moitié des cas dans le monde ont été enregistrés dans six pays : Nigéria (25 %), République démocratique du Congo (12 %), Ouganda (5 %), et Côte d’Ivoire, Mozambique et Niger (4 % chacun) (OMS ,2018). Les méthodes de lutte actuelles reposent en grande partie sur l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide ainsi que les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine mais encore l’usage généralisé des TDR qui ont contribué significativement aux succès récents de la lutte mondiale contre le paludisme (OMS,2016) diminuant en ce sens l’incidence du paludisme au cours des 15 dernières années (Vandoolaeghe, schuerman ;2018). Malgré ces efforts , la transmission , la morbidité et la mortalité restent élevées dans de nombreuses zones endémiques d’autant plus que l’Afrique continue de payer ce lourd tribu depuis son apparition en particuliers chez les enfants africains âgés de moins de cinq ans qui constituent le groupe le plus vulnérable touché par le paludisme ( OMS,2015 ). De nos jours, on compte cinq espèces de plasmodium responsables du paludisme humain, dont la plus redoutable est P. falciparum répandue en Afrique et qui est à l’origine de la forme la plus grave de la maladie dans le monde (OMS,2017). La plupart des essais thérapeutiques ce sont épanchés sur l’étude de P.falciparum en raison de sa forte variabilté génétique qui est l’étiologie meme de la résistance aux médicaments antipaludiens.
Définition et bref historique du paludisme en Afrique
Le paludisme aussi appelé « malaria » est la maladie la plus commune parmi les infections parasitaires dans le monde. Les manifestations cliniques sont très diverses et peuvent comprendre une fièvre qui peut s’accompagner de maux de tête, vomissements, douleurs musculaires ou diarrhées ainsi que d’autres symptômes asymptomatiques. Le déterminant de virulence le plus important dans l’infection à P. falciparum est la capacité du parasite à modifier la surface du globule rouge infecté, créant ainsi un phénotype adhésif. Les espèces de plasmodium responsables du paludisme humain constituent un sérieux problème de santé public. On pense que l’espèce humaine a été la victime de ce fléau depuis son origine il est donc important de connaitre son histoire évolutive au cours du temps. Des descriptions de maladies de type paludisme se trouvent dans des textes anciens de Chine, d’Inde, du Moyen-Orient ,d’Afrique et d’Europe, indiquant que les humains ont combattu les infections à plasmodium tout au long de notre histoire ( Carter et Mendis, 2002). Une hypothèse de longue date a suggéré que les humains et les chimpanzés ont chacun hérité d’infections de type P. falciparum de leur ancêtre commun, et que ces parasites ont Co-évolué avec leurs espèces hôtes respectives pendant des millions d’années ( Escalante et Ayala, 1994 ) , tandis que P. vivax était supposé avoir émergé en Asie du sud-Est à la suite de la transmission inter-espèces d’un parasite à partir d’un macaque . Cependant , il est clairement évident maintenant que P. vivax a évolué à partir de parasites infectant des singes africains sauvages (Loy et al., 2017).
Formes cliniques du paludisme
Le paludisme peut être divisé en deux types de maladies: simple et grave (Ashley ,2018).Parmi les formes cliniques de la malaria on distingue en premier lieu l’accès palustre simple qui se caractérise par des pics fébriles réguliers avec des frissons, des céphalées, fatigue, nausées, vomissements, diarrhées et douleurs diffuses et en second lieu , le paludisme sévère responsable du neuropaludisme dont les symptômes se traduisent par des troubles de la conscience , détresse respiratoire ,convulsions, ictère . Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les voyageurs non immunisés venant de régions exemptes de paludisme sont particulièrement vulnérables à la maladie lorsqu’ils sont infectés. Le risque de paludisme grave et de décès est élevé au niveau de ces cibles.
Situation épidémiologique du paludisme en Afrique
La notion d’endémicité du paludisme peut être appréciée dans plus de 90 pays, touchant environ 40% de la population mondiale (Guerra et al. ,2008). La plupart des cas (213 millions ou 93 %) ont été enregistrés en 2018 dans la région Afrique de l’OMS, loin devant la région Asie du Sud-Est (3,4 %) et la région Méditerranée orientale (2,1 %) (OMS,2019). P. falciparum est le parasite du paludisme le plus prévalent dans la région africaine de l’OMS; il est en effet à l’origine de 99,7 % des cas de paludisme estimés en 2018 (OMS,2019). Dix-neuf pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde ont concentré quasiment 85 % du nombre total de cas de paludisme dans le monde (OMS,2019). Au cours de la dernière décennie, la mise en œuvre accrue des outils de lutte antipaludique et des interventions de traitement existants a considérablement réduit la morbidité et la mortalité associées au paludisme. Selon les estimations de l’OMS, il y a eu dans le monde une baisse de 37 % de l’incidence du paludisme et de 60 % de la mortalité due à ce fléau entre 2000 et 2015 (OMS,2016).