Le Paludisme au Tchad : Epidémiologie, Organisation et Stratégies de lutte antipaludique
Au Tchad, le paludisme demeure la première cause de morbidité et de mortalité notifiée par les formations sanitaires.(13, 14). La maladie sévit de façon endémique sur la grande partie du territoire dans 20 provinces administratives sur 23 avec des épisodes de flambées épidémiques à l’exception des provinces du Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) où la transmission locale n’a jusqu’à lors pas été suffisamment documentée et par ailleurs exclus des enquêtes nationales sur la prévalence. L’épidémiologie du paludisme est spatialement hétérogène en lien avec le clivage des zones climatiques. Dans ce chapitre, nous décrivons successivement, l’épidémiologie du paludisme au Tchad, l’organisation et les stratégies nationales de lutte antipaludique, le cadre institutionnel et réglementaire pour le contrôle de la pathologie dans le continuum de l’élimination à l’horizon 2030. Section 1 : Prévalence et incidence annuelle du paludisme et des épisodes févriles au Tchad
Prévalence, incidence et endémicité du paludisme
La prévalence du paludisme dans la population générale est de 40,8% selon la dernière enquête sur les indicateurs du paludisme au Tchad contrairement à 2010 où elle était de 29%. Cette prévalence varie selon les tranches d’âge entre 35,8% chez les enfants de moins de 5 ans, 39,3% entre 5 à 14 ans et cette prévalence tombe à 15,2% chez les plus de 15 ans. La prévalence est plus élevée chez les hommes (32,3%) que chez les femmes (27,8%). Il est noté, un disparité entre le milieu urbain (18,3%) et rural (35,1%). En zone soudanienne, la prévalence du paludisme est très élevée (43,8%) alors qu’elle est très faible (6,1%) en zone sahélo-saharienne (figures 1&2). Entre 2010 et 2017, la prévalence des épisodes fébriles (graphique 1) chez les enfants de moins de cinq (5) ans a diminué dans 20 provinces du Tchad à l’exception du Logone Oriental, du Logone Occidental, de la Tandjilé et du Borkou-Tibesti (indemne de transmission locale et non concernée par les enquêtes EDS-MICS et ENIPT). (6, 7). L’analyse des données du système d’information sanitaire de routine montre que, le paludisme est entête du péloton des cinq (5) premières causes de consultation dans les formations sanitaires du Tchad
Prévalence des épisodes févriles au Tchad
S’agissant des épisodes févriles motivant la recherche des soins, l’analyse du graphique cidessous (figure 4) indique que, la tendance chez les enfants de moins de 5 ans est globalement à la baisse entre 2010 et 2017 particulièrement dans les provinces du Mandoul, Moyen Chari, Kanem et Lac. Par contre dans le Logone Occidental, Logone Oriental et la Tandjilé, on note une augmentation significative de cette tendance. Figure 4: Evolution temporelle et spatiale des épisodes fébriles chez les enfants de moins de 5 ans au Tchad (2010 – 2017). (Source : Base des données PNLP, 2018) Figure 1 : Evolution temporelle du nombre de cas d’hospitalisation au Tchad, de 2014 à 2017 Source des données : ENIPT 2010 et 2017 Page 25 of 137 Section 2 : Organisation de la lutte antipaludique
Cadre institutionnel et reglémentaire
La lutte antipaludique au Tchad est coordonnée par le Programme National de Lutte Contre le Paludisme (créé le 1er août 1991 par Arrêté ministériel N° 130/MSPAS/SE/DG/91 et dont la mission dévolue est d’élaborer les politiques, les normes, les stratégies et les directives de lutte contre le paludisme, d’assurer leur mise en œuvre, de coordonner et d’évaluer les interventions au niveau national. Au niveau stratégique, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a un ancrage au niveau de la Direction Générale du Ministère de la Santé Publique. Il est piloté par une coordination en collaboration avec neuf (9) sections techniques animées chacune par un chef de section. Le PNLP dispose de 37 agents dont 33 fonctionnaires et 4 contractuels. Il bénéficie par ailleurs, des l’appui technique et financier de JhPiego et l’équipe du Projet d’Appui à la Lutte Antipaludique (PALAT/PNUD). Section Suivi & Evaluation Coordonnateur Section Formation, Recherche et développement Secrétariat (2) Coordonnateur Adjoint Section IEC/CCC Chargé du Partenariat Section Laboratoire Sous Section Parasitologie Sous Section entomologie Section. Lutte contre les vecteurs Sous Section promotion des MILDA Section Prise en charge des cas et chimio-prophylaxie Sous Section Traitement Préventif intermittent Sous Section Prise en Charge des Cas communautaire Chargé du suivi des données du secteur privé Section Administration et Finances Comptable Magasinier Chargé de l’implication du secteur privé Sous Section PID et Lutte antilarvaire Sous Section Chimioprévention Saisonnière Gestionnaire des données Section Surveillance Epidémiologique Sous Section Formation Chargé du suivi des sites sentinelles Sous Section Recherche et développement Conseillers (2) Section Gestion des Approvisionnement et des stocks Planton Source : Rapport d’activité PNLP,2016 Figure 5 : Organigramme du PNLP Page 26 of 137 Au niveau tactique, le PNLP dispose de 23 Points focaux provinciaux faisant partie intégrante de l’Equipe -Cadre des Délégations Provinciales Sanitaires (DSP) avec pour mandat, la gouvernance de la lutte antipaudlique sous l’égide des délégués sanitaires provinciaux. Ceux-ci assurent outre, le rôle de représentation du PNLP, la supervision formative, la collecte, la saisie et le contrôle -qualité des données épidémiologiques et celles relatives à la gestion des intrants fournis aux formations sanitaires à travers les districts sanitaires. Au niveau opérationnel, les Points Focaux Paludisme des Districts Sanitaires sont chargés, des missions similaires à celles dévoluent aux points focaux provinciaux mais avec plus de contrôle sur les centres de santé et les hopitaux des districts.
Politique nationale de lutte antipaludique
La politique nationale de lutte contre le paludisme définit les orientations politiques en la matière. Celle-ci a été successivement révisée en 2005, 2007, 2009 et 2014 avec l’introduction des nouvelles directives/orientations pour la lutte contre le paludisme. Le changement intervenu a porté sur l’introduction de la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine, du Test de Diagnostic Rapide (TDR), du Traitement Préventif Intermittent (TPI) chez les femmes enceintes et tout dernièrement, la Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) chez les enfants de moins de 5 ans dans les régions à transmission hautement saisonnière n’exédant pas quatre (04) mois.. L’objectif de la politique natioanle de lutte contre le paludisme qui date de 2014, s’aligne sur la vision du Gouvernement qui est de : « faire du Tchad un pays économiquement fort sans risque d’y mourir de paludisme ». De ce fait, il est envisagé au cours des prochaines années une réduction significative de l’incidence et des décès liés au paludisme, de sorte que d’ici 2030, cette maladie cesse d’être une cause majeure de souffrances et de sous-développement au Tchad. En vue de réaliser cette vision, le PNLP s’est doté d’un plan stratégique dont les objectifs spécifiques pour la période 2014-2018 sont : – D’ici fin 2016, réduire de 30% la morbidité liée au paludisme par rapport à son niveau de 2013 avec une réduction supplémentaire de 20% entre 2017 et 2018 ; – D’ici fin 2016, réduire de 30% la mortalité liée au paludisme par rapport à son niveau de 2013 avec une réduction supplémentaire de 20% entre 2017 et 2018 ; – D’ici fin 2018, mener à terme 80% des interventions d’appui à la gestion du programme Page 27 of 137 Le Tchad, est à la phase de contrôle de la maladie dans le Continuum vers l’élimination du paludisme au regard des résultats de la revue des performances du plan stratégique 2014-2018 réalisée en l’an 2019. (15) Ainsi, pour booster cette lutte antipaludique, le Tchad a opté pour le passage rapide à échelle, des interventions clés dans la perspective d’une couverture universelle, pour un impact durable sur le fardeau sanitaire et socio-économique lié au paludisme.
IN MEMORIUM |