Considérations générales
Dans un premier temps, notre expérience professionnelle vécue nous a permis de constater que l’attitude face à l’écriture chez certains élèves du primaire est négative et que la tâche d’écriture peut être ardue pour plusieurs. Les élèves aiment peu prendre le crayon afin d’exécuter une tâche nécessitant l’écriture. Afin de soutenir nos constats professionnels, une étude comparative du Groupe DIEPE (1995) auprès de quatre populations francophones d ‘ Europe et d’Amérique a démontré qu ‘ entre 80% et 100% des élèves ont peu de motivation devant une tâche d’écriture et que 30% des élèves disent ne pas aimer écrire. Pourquoi ? Il est essentiel de comprendre que les élèves peuvent rencontrer, en écriture, des difficultés en ce qui a trait aux ni veaux pragmatique, lexical, morpho syntaxique et syntaxique. Les commentaires entendus lors de la réalisation d ‘une tâche sont souvent les mêmes et indiquent un rappOli négatif à l’écriture. Nous devons nous interroger afin de savoir si nos élèves aiment ou non écrire et les motifs qui influencent cette relation, qu ‘elle soit positive ou négative. Il est à considérer que le système scolaire fonne des scripteurs, mais néglige l’aspect de l’ attitude.
Prenons par exempl e le programme. Lorsqu ‘ il est consulté, nous pouvons constater les différentes dimensions techniques de l’écriture. Des cadres à respecter sont donnés aux enseignants pour qu ‘ils transmettent un savoir écrire, mais la préoccupation des intérêts, la libelié d ‘expression écrites des élèves, la motivation à l’écriture sont mis de côté. Les institutions supérieures régissent les enseignants et les invitent à une confonnité des nonnes de la société. Des restrictions sont donc vécues quant à l’enseignement de la langue écrite. Notre société favorise, entre autres, des aspects liés à l’ Olihographe lexicale et grammati cale et à des pratiques telles que la dictée, et ce, depuis plusieurs années. Une hantise du crayon ainsi qu’une perception négative de la tâche d’écriture peuvent être créées. Écrire, c’est ardu! Il est difficile de nier cette réalité. Boyer (1998) stipule que pour l’enfant d’âge scolaire, l’écriture est un problème dont il ne peut maîtriser à la fois tous les éléments en raison des limites de ses connaissances et de ses capacités cognitives. Nous devons admettre que l’écriture est une activité complexe que ce soit pour l’adulte ou l’enfant. Dans un deuxième temps, notre propre expérience, quant à elle, ancre les constats réalisés dans les expériences professionnelles.
L’écriture et ses composantes Simard (1997) a recensé des études qui font état de recherches retraçant l’évolution de la grammaire scolaire traditionnelle, des transformations du langage durant le développement de la capacité d’écriture sur divers plans pour des élèves de 10-12-14 ans et des caractéristiques formelles de la poésie perçues et reproduites par les enfants âgés de 12 à 13 ans. Simard (1995), dans ses propres recherches, a fait ressortir et résumer différentes notions relatives à l’enseignement de J’écriture nous pennettant de comprendre des fondements didactiques et les concepts relatifs à l’écriture. Il a fait ressoliir différents principes qui s’imposent dans cet enseignement. Ces études, bien qu’intéressantes, n’abordent toutefois pas la question des facteurs relatifs au rapport à l’écriture. Plusieurs autres recherches, ayant comme thématique principale l’écriture, ont été réalisées au fil du temps. Préfontaine (1998) aborde le processus de la production écrite. Les aspects pragmatiques ont été développés, entre autres, par Bautier (1997). Reuter (2000) évoque des aspects sociologique et historique de l’écriture. D’autres ont étudié respectivement les aspects discursif, lexical et syntaxique. Il s’agit, entre autres, de Donahue (2003), Kremin (2002) ainsi que Gratton (2001) et Richer (1994). Pacton, Fayol et Perruchet (1999) ont traité de l’orthographe lexicale. Chartrand et Simard (2000) quant à eux ont abordé l’orthographe grammaticale. Les stratégies d’orthographe ont été développées par Largy et Dedeyan (2002). Jaffre et Fayol (1997) ont réalisé une étude traitant des erreurs orthographiques. Ils ont aussi montré comment les différences linguistiques et culturelles pouvaient structurer l’écriture. Simard (1995) aborde l’orthographe d’usage chez les étudiants des ordres postsecondaires.
Le Roux (2001) traite de l’aspect calligraphique tout comme Zerbato-Poudou (2000). Cette dernière aborde aussi les activités préparatoires à l’ écriture. Albert (1996) a traité de l’aspect phonographique et Zesiger (1995) de l’aspect graphémique en orthographe. La révision d’une production écrite a été étudiée par Perreault (2000), la planification a été étudiée, entre autres, par Potelle et Passerault (2002) ainsi que par Alcorta (2001). Ban-é-de- Miniac (1997) a fait des études traitant de la fonction, de l’intention et de la situation de production écrite. Le vocabulaire a été développé par Rousseau, Côté et Plante (1985) et, le goût d’écrire, par Barré-de-Miniac (2002) et Bautier (2002) . Penloup (2003) évoque la question de l’écriture extrascolaire. Bessé (2000) a, en collaboration avec l’Association pour les Apprentissages de la Communication, de la Lecture et de l’Écriture, traité des activités de production écrite pour les élèves du primaires. Enfin, Granger (2007) a traité récemment des méthodes pédagogiques utilisées par les professeurs de français au secondaire en lien avec la motivation, ou la démotivation, des élèves. Nous aunons pu faire état de plusieurs autres auteurs dont l’écriture est le sujet principal. Toutefois, nous avons décidé de nous limiter à celles-ci étant donné que ce que nous voulions évoquer par cette recension des écrits est le fondement de notre problème. Toutes les études énoncées traitent évidemment d’aspects constituant l’écriture et dévoilent des informations intéressantes. Toutefois, dans aucun cas, les facteurs relatifs à l’écriture ne sont abordés.
La définition de l’écriture
Selon Legendre (2005), l’écriture se définit d’abord comme une « représentation concrète de la pensée par un système de signes graphiques conventionnels qui se réfèrent à des sons et à des sens; moyen d’expression qui vise la communication » (p. 497). L’écriture est une « tâche d’emploi de la langue qui conduit l’apprenant à rédiger un texte en s’appuyant sur certaines composantes de la situation pédagogique ». Elle consiste en une « organisation structurée de signes graphiques qui pennet de produire des messages-textes dont il est possible de dégager une signification» (Legendre, 2005, p. 497). Legendre (2005) citant Pambianchi (2003), définit l’écriture comme une: Production de textes qui met en relation les modalités d’opération des scripteurs avec leurs connaissances du système du langage écrit et les caractéristiques de l’environnement dans lequel la production s’actualise (p. 497). L’écriture se définit aussi par le Programme d’études : Primaire (1979) comme une « habileté à construire un message qui , par le choix et l’organisation de ses éléments graphiques, vise à répondre à l’ intention et aux autres exigences de la communication » (p. 26). Favier (1996) a écrit que « tout le monde peut s’accorder sur le fait que recopier n’est pas écrire. C.. . )
Sans arriver à définir précisément le dosage, nous concevons que l’acte d ‘écriture doit comporter de l’ individuel et nous cherchons dans les écrits des traces d ‘authenticité. Ce que l’écrivain produit comporte du nouveau, de l’original donc du précieux » Cp.74) . Écrire c’est aussi, selon Hargrove et Poteet (1984), « une représentation visuelle de la pensée, des sentiments et d ‘idées en utilisant des symboles relati fs au langage écrit dans un but précis de communication » (Traducti on libre). L ‘ écriture c’est un acte physique d ‘écrire. Cet acte est nommé par le milieu comme étant la calligraphie, vo ire la transcription. Comme l’ indique Legendre (2005), citant M ialaret (1 979), l’écriture c’est une « di scipline sco laire qui consiste à apprendre à tracer lettres et chiffres de mani ère consciente, li sible et rapide» (p. 497). L’écriture est aussi une histoire de société. Selon Reuter (2000), l’écriture est: Une pratique sociale, historiquement construite, impliquant la mise en oeuvre généralement conflictuelle de savoirs, de représentations, de valeurs, d ‘ investi ssements et d ‘ opérations, par laquelle un ou plusieurs suj ets visent à (re) produire du sens, linguistiquement structuré, à l’ aide d ‘un outil, sur un support conservant durablement ou provisoirement de l’écrit, dans un espace SOClûinstitutionnel donné (p. 58). Écrire signifie, d’une celiaine manière, « se dire, se dévoiler : dévoiler ses émotions, ses sentiments, ses désirs ou ses conflits ». C’est un « moyen de se trouver» (Barré-de-Minac, 2000, p. 19). En ce qUi a trait à un sens plus pragmatique de l’écriture, BatTé-de-Miniac (2000) indique qu’elle peut être perçue comme une production en soit. Écrire c’est « produire un objet, une trace matérielle» (p. 33). Afin de produire, il faut respecter un certain processus pour que la tâche d’écriture soit bien réalisée. Selon nous, l’écriture c’ est aussi un processus. Qu ‘ en est-il ?
RÉSUMÉ |