Le Moyen-Orient, la première guerre mondiale
Jusqu’ au début du XXème siècle, si plusieurs événements ont eu un impact significatif dans les pays arabes, le plus important est le déclenchement de la première guerre mondiale en 1914. Avec l’assassinat du prince héritier d’Autriche à Sarajevo, l’Autriche déclare alors la guerre à la Serbie. La Russie et la Grande-Bretagne ont soutenu la Serbie et l’Allemagne se tenait du côté de l’Autriche. L’Empire Ottoman tout d’abord, a hésité entre trois positions : 37 rester neutre, puis rejoindre les Alliés, et enfin rejoindre l’Allemagne. Minoritaires dans le gouvernement turc, leur opinion est d’affirmer qu’un résultat n’est pas garanti avec cette guerre où les pertes seront aussi bien pour les vaincus que les vainqueurs. Ils veulent attendre et ne pas entrer dans cette grande guerre. Les membres de Gouvernement Ottoman qui ont étudié dans des universités en France ou en Grande-Bretagne sont des intellectuels, ils soutiennent l’adhésion aux alliées. Et l’Empire devra être à la recherche de ses propres intérêts et oublier l’occupation de l’Egypte et de la Tunisie par la Grande-Bretagne et la France. Ils pensent de ce fait, pourvoir récupérer ces territoires par la voie de la négociation après la victoire de cette guerre mondiale. Le troisième point de vue, est l’opinion majoritaire au sein du gouvernement. Les membres du gouvernement qui ont étudié dans les instituts de Berlin sont des militaires, et souhaitent se rallier à l’idée qu’il faille entrer en guerre sans hésitation. En effet, l’Empire Ottoman considérait l’Allemagne comme un pays émergent, fort économiquement et militairement. Il souhaite récupérer, même par la force, le territoire égyptien et tunisien occupés.
La Grande-Bretagne, la France, et les Arabes du Moyen-Orient Pendant la Guerre
Il est connu que la légitimité de la domination ottomane dans le Moyen-Orient arabe est due à l’influence du facteur religieux, car le Sultan ottoman est aussi le chef religieux, soit le Calife, de tous les musulmans qui fait appliquer la Charia (la loi sainte) sur le Califat (territoire musulman). Lorsque l’Empire Ottoman entra en guerre au côté de l’Allemagne et ses alliés, le Sultan appelait son peuple au Djihad (la guerre sainte chez les musulmans) contre les Alliés. Beaucoup d’Arabes ont participé à cette guerre au côté de l’Empire Ottoman, au motif Certains d’Arabes ont néanmoins refusé cette participation pour affirmer leur opposition à l’attitude ottomane vers le peuple arabe depuis les dix dernières années, créant ainsi, une instabilité dans le territoire. En fait, la position des nationalistes arabes qui refusaient de participer à la première guerre mondiale, renforcera leur désir d’indépendance avec l’aide de toujours de la Grande Bretagne, qui vise à diviser l’Empire ottoman. Mais comment procéderont-ils ?40 La Grande-Bretagne était au courant des contradictions entre les Arabes nationalistes et l’Empire ottoman. Elle était aussi au courant de l’ambition personnelle du Chérif Hussein de la Mecque qui est le Gouverneur du Hedjaz. Elle a travaillé à exploiter la position des Arabes afin de s’assurer un soutien dans la première Guerre mondiale. Ainsi ils ont déployé dans la région du Moyen-Orient des espions qui vont travailler avec les agents de renseignement britannique41 . Ces agents, officiellement présents comme des chercheurs en civilisation orientale, se rapprochaient ainsi de Chérif Hussein de la Mecque. Par l’annonce de la révolte arabe contre l’Empire Ottoman, les agents britanniques ont pris contact avec le Chérif Hussein de la Mecque afin d’organiser la révolte. En s’engageant avec la Grande-Bretagne pour obtenir un État indépendant, en contrepartie, les Arabes doivent rejoindre les alliés dans la grande guerre contre les Allemands. L’interlocuteur de la Grande- Bretagne sur le territoire arabe fut Sir Henry McMahon.
Exploitant le nationalisme arabe pour battre les ambitions françaises, la Grande-Bretagne va également jouer la carte sioniste en Palestine48, car c’est un territoire utile, pour elle, à la protection du canal de Suez. Les Français ne sont pas en reste et, dès juin 1917, Jules Cambon (secrétaire général du quai d’Orsay de l’époque) prend position en faveur d’une présence juive en Palestine, cinq mois avant que la Grande-Bretagne s’engage à son tour sur ce point avec la déclaration Balfour du 2 novembre suivant. À cette époque, le ministre français des affaires étrangères, F-G. Picot, espère obtenir la mise en place dans cette région d’un condominium franco-anglais, mais la part prépondérante prise par les Britanniques à l’effort de guerre en Orient limite les ambitions de Paris. Les forces françaises n’interviennent en effet que marginalement dans la «révolte arabe» conduite par Lawrence et l’Emir Fayçal et dans l’offensive lancée depuis l’Égypte par l’armée du Général Allenby.