LE MOUVEMENT SYNDICAL ENSEIGNANT
L’AVENEMENT DU SYNDICAT UNIQUE DE L’ENSEIGNEMENT LAÏC
Le mouvement syndical sénégalais fut longtemps dépendant des pays européens. Ce qui s’explique par l’inexistence d’organisations légalement constituées. En effet, il faut attendre 1937 pour assister à la reconnaissance officielle du droit syndical en Afrique Occidentale Française. Il est cependant restrictif car les conditions pour adhérer à une quelconque organisation syndicale sont réglementées. Il a fallu attendre l’avènement du Front Populaire en France pour que soit promulgué le décret du 11 mars 1937 pour l’A.O.F. qui fixe les conditions d’application des Titres I et II du livre III du Code du travail métropolitain I . Un timide pas venait d’être franchi par l’autorisation donnée aux travailleurs instruits de se syndiquer. Ainsi tout membre d’un syndicat professionnel doit être au moins titulaire du Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE) ou d’autres attestations équivalentes. Mieux le décret du 20 mars 1937 reconnaît explicitement aux travailleurs qui ne remplissent pas cette condition le droit d’adhérer à des associations professionnelles . Cette reconnaissance va aboutir à la naissance de 119 associations et de 42 syndicats professionnels en A.O.F. Les instituteurs et les travailleurs lettrés de façon générale sont très représentés dans les syndicats car ils constituaient les deux-tiers des syndicats. Et cette représentation s’est faite dans le syndicat des Instituteurs et Institutrices du cadre supérieur de l’A.O.F., le syndicat des Instituteurs en A.O.F. et le syndicat des membres de l’enseignement secondaire en A.O.E.4 Lors de la deuxième Guerre Mondiale avec l’avènement du régime de Vicky, on note un recul dans l’exercice des libertés politiques en général, syndicales en particulier. Mais ce recul ne freina pas l’élan de démocratie dont les peuples avaient grand besoin. Et l’on va assister à la reconstitution des syndicats. Et c’est le cas du syndicat des ouvriers de l’arsenal avec de nouveaux statuts en 1943 5. Ce fut le décret du 7 Août 1944 qui rétablit le droit syndical dans les colonies 6. C’est ainsi que d’autres syndicats sont reconstitués sur des bases raciales car Africains et Européens ne militaient pas ensemble dans une même organisation. Cependant leurs principaux délégués se rencontraient au sein de l’union des syndicats confédérés de Dakar’. Et celle ci fut reconstituée car elle n’avait pas le même profit qu’avant. Beaucoup d’autres syndicats de catégories vont faire leur apparition. Ce qui favorise la division syndicale. Celle-ci est d’autant plus explicable que leurs revendications étaient pour la plupart du temps contradictoires. DIALLO K., syndicat Unique de l’Enseignement Laïc du Sénégal, contribution à l’étude du mouvement syndical à la veille et au début des indépendances . L’Union des syndicats confédérés de Dakar regroupés les syndicats des ouvriers de l’arsenal de Dakar, des corporations des chemins de fer. du port, du bâtiment. des employés de commerce. 8. Parmis ces syndicats de catégorie. nous pouvons citer le syndicat des commis expéditionnaires moniteurs, le syndicat des instituteurs du cadre commun secondaire, le syndicat du personnel enseignant africain de la Délégation de Dakar. I I I I I • 1 I I I I • I Ainsi les travailleurs africains et européens tentèrent de progresser vers l’unification de leurs efforts pour la satisfaction de leurs revendications. L’organisme de coordination créé au niveau de l’A.O.F. fut l’union des syndicats confédérés d’A.O.F.—CGT dont la direction collégiale était assumée par deux secrétaires généraux fournis par les parties française et africaine. Par la suite on dénote une certaine prise de conscience des enseignants qui aboutit à la création, en 1946, du Syndicat Unique de l’Enseignement qui vise à regrouper tous les éducateurs de l’instituteur au professeur sans distinction raciale 9 . Les enseignants s’attèlent à la consolidation de leur organisation qui, bien que n’étant pas assez structurée, est affiliée à l’union territoriale CGT des syndicats du Sénégal et de la Mauritanie . Ce syndicat unique de l’Enseignement fut ainsi crée pour regrouper dans un même cadre tous ceux qui dispensent la culture. Cependant l’administration réussit à détacher les européens du syndicat unique en 1947.C’est ainsi que commença une nouvelle ère du mouvement syndical enseignant au Sénégal. Après le congrès de Dakar, les manoeuvres administratives furent telles que le personnel africain et celui européen eurent des divergences de vue et se séparèrent. Le syndicat créé pour regrouper tous les enseignants oeuvrant pour le même idéal n’a pas eu la tâche facile face aux exigences administratives. Les divergences entre les catégories expliquent les difficultés d’intégration de certains enseignants. Le climat de méfiance qui régna par la suite, incita les moniteurs à vouloir se démarquer des instituteurs. 9 DIALLO K. 1986. op cil page – 15 C’est dans cette confusion que le syndicat de l’Enseignement Primaire du Sénégal et de la Mauritanie (SYNEP) constitué lors du congrès d’Août 1950 en remplacement du syndicat unique évolua tout en essayant de résoudre surtout les problèmes auxquels sont confrontés les syndicats 9. Celui-ci eut pour principale mission, la réalisation de l’unité des enseignants. Cependant le SYNEP devait faire face à l’action néfaste de l’administration qui réussit à créer une disparité entre les cadres. Ainsi tous les moyens étaient utilisés pour détourner les enseignants de leur action syndicale. Seule une minorité de ceux-ci pouvaient encore défendre leurs causes. Les autres étaient pour la plupart du temps préoccupés à préparer des examens professionnels. Cette confusion dans le secteur de l’enseignement n’entrava pas l’essor du mouvement ouvrier car depuis 1947, on notait déjà des actions revendicatives dans toute l’A.O.F. Et l’appel aux enseignants lancé par le SYNEP en Août 1950 de même que l’engagement démontré par les enseignants du Sénégal montraient la détermination des instituteurs à réaliser l’unité de leur mouvement I°. Cette recherche d’unité permit aux enseignants sénégalais et mauritaniens de marcher ensemble durant toute l’année scolaire 1953 — 1954. Cette coopération se concrétisa par la création d’un comité d’unité d’action des Syndicats d’EnseiLmart du Sénégal et de la Mauritanie dans le but de réaliser l’unité totale II. Ainsi des réunions communes et fréquentes furent organisées et elles aboutissent au congrès de fusion des organisations enseignantes du Sénégal et de la Mauritanie. Les assises des 23 et 24 décembre 1954 à l’école Clemenceau de Dakar marquent la naissance du Syndicat Unique de l’Enseignement Laïc du Sénégal et de la Mauritanie ( SUEL) 12 Elles marquèrent un tournant décisif dans la vie syndicale des enseignants. Ces assises permirent la mise en place du SUEL qui réunit en son sein d’autres syndicats d’enseignants à savoir le SPAEP I3 , le SYNEP, le syndicat autonome des enseignants du Sénégal, le syndicat des commis-expéditionnaires-moniteurs et la section de Dakar du SNI. Ce nouveau cadre se fixe pour premiers objectifs : – de regrouper tous les enseignants du Sénégal et de la Mauritanie ; d’essayer de classer convenablement les différentes reventications de façon à donner à celles-ci un impact pour que les catégories les plus défavorisées puissent en tirer profit ; – De défendre l’école laïque ; – D’emmener les parents d’élèves ainsi que les travailleurs à s’intérésser au syndicat ; – De contribuer à la réalisation de l’Unité des Enseignants en Afrique et partant, dans le monde »’. Le syndicat du personnel africain de l’enseignement primaire participa au2ème congres du SYNEP de juillet 1953. Après ses assises, un comité d’unité d’action SPAEP-SYNEP fut créé. La conférence du Comité du 21 février 1954 vit la participation du SAES et la section de Dakar du SNI. 14. Voir stattitilu SUEL. Anne xe.. 17 Ainsi en 1954, on assiste à la mise en place d’une structure qui regroupe les enseigants de toutes les catégories entre Dakar et Saint-louis. Cette nouveauté réside dans le fait que pour la première fois dans l’histoire syndicale enseignante, les enseignants sénégalais se regroupent pour poser les mêmes revendications. Cette expérience avait été tentée avec la mise en place du SYNEP en 1950. Mais ce fut un échec dans la mesure où ce syndicat n’avait pas pu regrouper toutes les organisations d’enseignants. Cette option confirine bien la volonté des enseignants à lutter pour revendiquer les droits des travailleurs qui du reste n’existaient pas.
EVOLUTION ET CONSOLIDATION DU SUEL
Le premier congrès constitutif eut lieu à l’école Clemenceau de Dakar les 23 et 24 décembre 1954. Il regroupait cinq (5) syndicats qui sont le SPAEP, le SYNEP, le Syndicat Autonome des Enseignants du Sénégal, le Syndicat des commi-expéditionnaires-moniteurs et la section de Dakar du SNI. D’autres congrès vont se tenir régulièrement jusqu’en 1969, date de sa fusion avec le SPAS (Syndicat des Professeurs Africains du sénégal) pour former le SES ( Syndicat des Enseignants du Sénégal). Durant ces six congrès, le syndicat a effectué un bilan général et concret de son action de défense des interêts des enseignants. Il mit à jour sa plate fonne revendicative et reconsidèra son orientation en fonction des données de la situation politique. Cependant un fait majeur va intervenir lors du 7e congrès tenu à l’école Gambetta de Kaolack, les 27 et 28 décembre 1960. En effet lors de celui-ci, le SUEL va se scinder en deux entités avec la création du Syndicat National de l’Enseignement Laïc du Sénégal (SYNELS) 15 Cette scission intervient au moment où le syndicat commençait à bien élargir son champ d’évolution. Aussi au lendemain de l’indépendance, il se posait le problème de la restructuration syndicale. Le gouvernement ne pouvait pas admettre que les syndicats fassent des revendications alors que lui était préoccupé par la construction nationale du pays. Ce qui emmene celui-ci à museler le mouvement syndical. Ainsi le SUEL s’erige en défenseur des droits des travailleurs dans le but de supprimer l’exploitation et la misère. Le SUEL fut membre fondateur de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire ( UGTAN), centrale panafricaine qui appela à voter « NON » lors du référendum du 28 septembre 1958 . Cette situation créée au sein du mouvement enseignant peut être expliquée par plusieurs facteurs liés à la conjoncture politique des indépendances. Ainsi le référendum de 1958 a donné l’occasion au gouvernement d’exploiter certaines faiblesses du SUEL. En effet, fidéle à l’UGTAN, le SUEL avait fait la campagne du Non, mais le mot d’ordre ne fut pas suivi par certains camarades, responsables, politiques. Toute la menace qui pesait sur le SUEL allait être exécuter à partir de 1960 Au lendemain de l’indépendance du Sénégal, la situation politicosyndicale ne pouvait échapper à la restructuration du régime colonial. La nouvelle administration trouvait inadmissible de poser des revendications quand se pose le problème de la construction nationale. Elle faisait croire que l’accession à la souveraineté intematioale devait entrainer la domestication du mouvement syndical, sa renonciation à la lutte de classe pour l »ntérêt national. Ce qui ne va pas empêcher la poursuite des revendications profesionnelles puisque l’on note 104 conflits du travail au Sénégal, en 1957, soit 615 000 heures de grève . Le syndicat Unique de l’Enseignement Laïc prit aussi une part active lors de la grève de l’UGTAN — Sénégal en 1959. Cette grève fut un « échec » dans la mesure où l’on assiste au licenciement de plus de trois cents salariés. Au sortir de cette grève, une menace planait sur le mouvement syndical. A cela il faut ajouter l’influence des partis politiques africains. Au Sénégal, le seul parti politique qui faisait office d’opposition au parti au pouvoir de I’UPS (l’Union Progressiste Sénégalaise) demeurait le Parti Africain de l’Idépendance ( PAI) qui évoluait dans la clandestinité. Cette situation va accentuer le mécontentemet contre l’UPS. il s’en suivit des troubles électoraux d’une rare violence notamment à Saint-Louis lors des élections municipales du 3 1 juillet 1960 18. Ces troubles vont être imputés au PAI qui est dissout le 1″ août 1960 par le conseil des ministres sous la présidence de Mamadou Dia 18. C’est dans ce contexte d’étouffement de la démocratie que s’est tenu le 7e congrès du SUEL à Kaolack qui a vu ce syndicat voler en éclats suite aux manœuvres du gouvernement qui souhaitait le dompter. C’est ainsi que lors de ces assises, des militants de Dakar, délégués par leurs sections ont abandonné leur rôle de délégués pour jouer celui de militants politiques au service de Senghor 2°. Cette scission est le fait de certains délégués plus préoccupés par l’intérêt politique que par la bonne marche de leur organisation syndicale. « je militais au SUEL depuis 1958 seulement. Après la scission on m’a donné le poste de trésorier au premier bureau du SYNELS. A vrai dire au départ de Dakar, je n’avais rien soupçonné. Mais arrivés à Kaolack on nous a réunis chez Valdiodio Ndiaye où il y avait le staff de l’UPS qui nous demanda de faire tout pour faire échouer le congrès et créer un autre syndicat. » A côté de l’hostilité du gouvernement qui faisait tout pour casser le SUEL, il y avait l’intérêt politique qui préoccupait certains enseignants. Alors que l’on sait que dans la direction du syndicat, il y avait la présence de membres de partis politiques. Et dans ce cadre nous pouvons prendre les cas de Abdoulaye Guèye Cabri et Amadou Makhtar Mbow qui étaient responsables au PRA-SENEGAL. Ainsi l’apparition du Syndicat National de l’Enseignement Laïc du Sénégal (SYNELS) est le fruit d’un processus venu à son terme. Cet éclatement est l’expression de deux conceptions opposées de l’action syndicale . Cependant le seul tort que l’on peut reprocher à un syndicat, ce n’est certes pas de revendiquer mais d’avoir des prétentions qui ne cadrent pas avec les moyens à la disposition du pays. Mais les revendications du syndicat unique bien que légitimes trouvèrent pour la plupart du temps une certaine opposition du Gouvernement qui se cache derrière les problèmes budgétaires. Le SUEL va consolider son évolution jusqu’en 1969, année de sa suppression. Cependant il va connaître une période difficile de 1960 à 1966 avec sa marginalisation par le gouvernement sénégalais.
ORGANISATION ET ORIENTATION
ORGANISATION
L’organisation d’un syndicat demeure le fondement pour la réussite de ses actions à mener. Dans ce cadre il doit développer une politique de massification dans le but de regrouper un nombre important de membres et sympathisants. Cette politique est d’autant plus importante qu’elle permet l’obtention de bonnes conditions de vie pour l’épanouissement de chaque membre.Le SUEL s’est attelé dès le début à disposer d’une bonne organisation. Ceci est d’autant plus visible que lors du congrès constitutif du syndicat Unique de l’Enseignement Laïc du Sénégal—Mauritanie, on a noté une certaine mobilisation. Ainsi de nombreuses délégations notamment celles de Dakar, du Syndicat Autonome des syndicats du Sénégal et du Syndicat de l’Enseignement Primaire (SYNEP) prirent part à ce congrès. On nota la participation de plus d’une cinqantaine de délégués qui représentaient trois cent quatre vingt neuf (389) enseignants. La répartition de ces délégués donne ceci : Cette mobilisation est rendue possible grace à l’adhésion des jeunes instituteurs mais aussi des enseignants qui s’intéressent de plus en plus à l’activité syndicale. Cette organisation permit au SUEL de réaliser des perforniances notoires notamment dans le domaine de l’adhésion. Ainsi le SUEL va axer son fonctionnement sur l’apport de tous les militants. La première organisation reste l’Ecole syndicale qui va regrouper tous les enseignants membres du syndicat évoluant dans le même établissement. Elle était dirrigée par un bureau, organe d’administration, d’inforniation mais surtout de diffusion. A ce propos il est bon de rappeler que le SUEL lors de sa création en 1954 regroupait les enseignants du Sénégal et de la Mauritanie. Il faut attendre 1958 pour parler uniquement SUEL-Sénégal même si l’on sait que bien après 1968, l’inspection d’enseignement de la Mauritanie se trouvait à Saint-Louis. Mais pour faciliter le travail de la section, des sous-sections furent installées. Celles-ci s’implantèrent dans les différentes zones grace à la prolifération des écoles et en fonction de l’importance du personnel enseignant. La sous-section fut créée dans le but de renforcer la bonne marche de la section car il fallait avoir mie bonne organisation pour que toutes les structures du syndicat puissent bien jouer leur rôle. Cependant l’une des instances les plus importantes du syndicat demeure la Commission Administrative (C.A), organe de réflexion, de décision et de contrôle des membres qu’elle aura élus pour administer le SUEL. Les décisions sont prises à la majorité par ses membres. Les membres du bureau, les délégués des établissements, les représentants des sous-sections ainsi que les membres de la C.A. forment le conseil syndical national, organe de décision, de bilan lors des congrès. L’Assemblée Générale de section qui réunit en son sein tous les militants de la section est l’instance la plus importante de l’organisation de base. Elle installe des commissions de travail chargée de veiller à l’organisation, aux revendications, à l’encadrement des jeunes, à la résolution des problèmes liés aux finances mais aussi aux relations avec les parents d’élèves. Mais le SUEL, depuis sa création, a eu à modifier ses statuts à plusieurs reprises. On assiste par la suite à la mise en place de l’Union Régionale qui réunit en son sein plusieurs sections qui gardent une autonomie Celle-ci se réunit périodiquement en conférences. Le SUEL va s’atteler à la coordination de toutes ses structures en vue de bien mener ses actions. Ainsi l’instauration des liens entre les différentes sections et l’instance d’exécution appelée le Bureau Territorial qui devient par la suite Bureau National recquièrent la bonne collaboration avec des activités claires et génératrices de nouvelles idées dans l’enseignement. Le Bureau National fiit avant tout un organe d’exécution de la C.A. qui se chargeait des réflexions mais aussi des décisions. L’on peut dire que le SUEL dispose d’une organisation lui perniettant de mieux déployer ses activités à tous les niveaux. Pour renforcer cela, une publication intitulée SUEL-Liaison fiit créée lors du congrès de 1954 pour mieux diffuser l’orientation du syndicat et prendre en compte les préoccupations et activités des enseignants . Ce niveau d’organisation explique dans une large mesure la massification des effectifs du SUEL. Il développa en son sein les notions de critique et d’autocritique pour mieux contrôler sa ligne de conduite tout en restant un syndicat libre et animé d’une grande vitalité. Au regard de cette structuration, l’on peut considèrer le SUEL comme un syndicat bien organisé avec un fonctionnement basé sur les écoles syndicales. Cette organisation permettait au syndicat de rétablir une certaine ambiance de cohésion dans ses différentes structures même si l’on sait que tout n’était pas rose. De même le SUEL était dans l’obligation de parfaire sa politique de massification pour attirer d’autres sympathisants. Cependant il est confronté à un manque de moyens . Un syndicat ne disposant pas de moyens suffisants voyait son champ d’évolution être retréci dans la mesure où il ne pourrait pas mener convenablement ses activités. Les différentes sections et sous-sections en dehors de Dakar éprouvent de nombreuses difficultés d’organisation car il n’est pas rare de constater que l’information n’est pas bien divulguée dans certaines zones reculées. La création de l’Ecole Sénégalaise, bulletin d’information qui remplaça SUELLiaison en mars 1958 ne permit pas de résoudre ce problème 29 . En effet ce bulletin que tout membre du syndicat devait disposer ne fut pas vendu comme l’avait pensé le Bureau National. Dans beaucoup de sections, les abonnements se faisaient au compte gouttes. Ce qui poussa celles-ci à faire des commandes du bulletin pour l’écouler ensuite au niveau des membres et sympathisants du SUEL 3° Cependant cette méthode ne fut pas génératrice de revenus pour le syndicat. Tout cela pour dire que le bon fonctionnement d’un syndicat n’est pas seulement régi par l’effectif de ses membres et sympathisants. Il faut prendre en compte le manifestation des consciences face aux épreuves et conjonctures à affronter pour les sunnonter. Ainsi une certaine considération des actions du syndicat s’impose pour refléter une logique avec un bon suivi dans le but d’emmener les membres à participer à l’élaboration d’un cadre permanent de réflexions. D’autant plus que le SUEL se reiclame_ être un cadre de confrontation d’idées novatrices pour l’amélioration des conditions de vie des enseignants mais surtout, pour protéger l’enseignement laïc au Sénégal. Cette analyse démontre que la force d’un syndicat réside dans ses différentes structures, dans la pertinence des questions à débattre pour trouver des solutions aux problèmes de l’école en général et des enseignants en particulier. L’évaluation de l’action du syndicat ne doit pas être jugée en fonction du travail de la direction de celui-ci
ORIENTATION
Dans la vie d’un syndicat, une orientation s’impose car lui permettant d’évoluer tout en restant fidèle à ses principes. Ainsi le SUEL, dès sa constitution en 1954, s’était fixé une ligne de conduite qui allait lui permettre de survivre aux multiples péripéties que connaissent les syndicats. Il se voulait d’abord unificateur de tous les enseignants animés par le même idéal. Cela exigeait la considération de tous les enseignants sans aucune distinction de corps ni d’ordre d’enseignant . Les enseignants du primaire, des collèges, tous, pouvaient militer dans le même syndicat. Le deuxième aspect était que le SUEL se voulait laïc, mettant de côté les considérations d’ordre confessionnel . Ainsi il s’attelait à la défense de la laïcité de l’enseignement. Pour mener à bien sa mission, tous les militants du SUEL devaient prendre part à toutes les réunions de tous les comités qui luttaient pour la laïcité. C’est ainsi qu’il tint une conduite à savoir faire de la laïcité un point essentiel dans l’éducation au Sénégal. C’est un syndicat qui veut prendre une part active au développement du pays. Cependant l’immensité d’une telle tâche appelait evidemment la contribution active de toutes les forces vives de la nation. Le rôle dévolu aux syndicats d’enseignants, singulièrement au SUEL était déterminant pour tout ce qui touchait au succés de toute entreprise en matière d’ enseignement. C’est ainsi que son organisation méthodique, hierarchisée et cohérente en faisait une force dynamique indispensable à la mise en place de toute innovation. Le SUEL chercha la collaboration des parents d’élèves, des étudaints et même du gouvernement dans le but de participer à la construction nationale. Il se disait animé par une bonne volonté de donner sa contribution lors de tous les rendez-vous du renouveau et de la construction nationale. En effet la lutte commencée du temps de la colonisation devait être poursuivie dans le but de défendre les intérêts de l’école et de ses maîtres. Après l’indépendance, le SUEL pensait participer aux efforts gigantesques déployés par les autorités locales dans la bataille du sous-développement. D’autres problèmes cruciaux qui se posaient à l’enseignement sénégalais devaient être l’objet d’une analyse efficace dans le but d’aider l’école sénégalaise à réaliser des mutations dans le système scolaire. Le SUEL prit l’engagement formel de donner le maximum de lui à l’édification d’un cadre propice pour former des cadres qualifiés nécessaires à la consolidation de l’indépendance politique pour aboutir à la conquête de l’indépendance économique. Ainsi l’étude des rapports entre le SUEL, les centrales et les partis politiques dans notre deuxième partie va nous permettre de pouvoir donner une appréciation assez systématique de son orientation. Cependant le SUEL sera confronté à une opposition rigoureuse du gouvernement durant la période allant4e.1960 à 1966 et que d’aucuns ont appelé « période d’ ostracisme gouvernemental ».
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