Adaptation des outils
Dans la partie précédente, un certain nombre de traitements originaux de l’espace et du son en ambisonie ont été présentés. Ce travail de recherches et d’expérimentations a permis au travers de deux méthodologies distinctes, de faire ressortir des spécifications fonctionnelles quant aux traitements mis en œuvre. Cela a aussi permis de mettre en avant un certain nombre de méthodes, faisant office de suggestions permettant de répondre aux questions soulevées. Ces nouvelles approches ont créé de nouveaux champs sonores, qui ne sont plus seulement composés de sources sonores directionnelles, mais aussi de masses, de grains, de sources aux figures de directionnalité variées et aux caractères hétéroclites. Aussi une telle approche implique forcément des répercussions sur le modèle ambisonique même. Le modèle et les outils ambisoniques ont été construits sur des principes acoustiques et psychoacoustiques, visant à assurer une reconstruction cohérente pour l’auditeur d’une source sonore directionnelle. Mais dès lors que d’autres approches sont mises en œuvre dans le but de concevoir différents types de sources sonores et de nouveaux champs sonores, alors les outils proposés initialement par le modèle peuvent ne plus répondre correctement à ce contexte. Il est donc nécessaire dans ce cas d’en concevoir de nouveaux.
Cette partie propose de revenir sur les outils et les opérations mathématiques définies en ambisonie et permettant d’analyser, de critiquer et de restituer des champs sonores. L’enjeu est de comprendre comment ces outils et ces opérations ont été élaborés d’un point de vue technique et comment ils répondent aux principes acoustiques et psychoacoustiques établis en ambisonie. Il sera alors possible de confronter ces outils et opérations aux nouvelles approches proposées dans la partie précédente et de critiquer dans ce contexte leur validité vis à vis des nouvelles problématiques apparues dans le cadre de ces recherches. Au regard de ces résultats, de nouveaux outils et de nouvelles opérations permettant l’analyse, la critique et la restitution du champ sonore pourront être envisagées afin de répondre à ces problématiques. Ce travail sera réalisé selon deux axes, à savoir l’analyse du champ sonore et la restitution du champ. Le premier axe se penche sur les outils permettant de mettre en relief et de critiquer les opérations proposées dans le deuxième axe. Enfin, il aurait été intéressant d’introduire un troisième axe d’étude : celui de l’adaptabilité des processus mis en œuvre. Il s’agirait de pouvoir présenter des solutions permettant de répondre aux problèmes de changements de représentation. Notamment, l’adaptation des mises en œuvre destinées à une représentation bidimensionnelle de l’espace vers une représentation tridimensionnelle ou l’adaptation inverse. Une première étude et des propositions ont été réalisées à ce sujet notamment avec A. Bonardi dans le cadre de sa pièce Pianotronics 2 [Bonardi & al, 2015], mais il s’agit encore de généraliser l’approche. Ce domaine de recherche recoupe aussi la question de l’adaptabilité des mises en œuvre et des champs sonores à différents ordres de décomposition. Des réponses à ce vaste problème ont déjà été apportées dans le cadre des expérimentations présentées dans la partie précédente. D’autres propositions permettront aussi de résoudre ce problème lorsque la question de la restitution de champ sonore sera soulevée.
L’analyse de la restitution d’un système de spatialisation du son est une étape essentielle de la mise en œuvre d’un tel système, car elle permet, au-delà de valider ou invalider une approche, de pouvoir en révéler certaines caractéristiques et certains défauts. Selon les résultats, il est alors possible de critiquer l’approche sur des aspects spécifiques, permettant alors d’envisager des solutions ou de contourner les problèmes afin d’améliorer le rendu sonore. Dans le cadre de ces recherches, offrir des outils d’analyse critique permettant de mieux prendre en main les propositions originales de synthèse et transformation de champ sonore, est un élément essentiel. L’analyse et la critique de la restitution d’un système de spatialisation du son peuvent être réalisées de différentes façons. Soit de façon empirique, suite à l’expérimentation et l’écoute, si possible en essayant de recouper les avis afin d’offrir des résultats plus objectifs.
Soit de façon systématique, en utilisant un modèle d’analyse construite sur des données mesurées et rationnelles. Il n’est aucunement question dans ce travail de prendre parti pour une approche plutôt qu’une autre car ces deux approches peuvent d’ailleurs se compléter. Les expérimentations qui se sont déroulées dans le cadre de cette thèse ont été confrontées d’une part à une analyse et une critique empirique et personnelle, puis ont été confrontées à d’autres avis. Les résultats semblaient satisfaisants, notamment via la publication des outils et des traitements amenant à leurs utilisations possibles dans des œuvres musicales. Et d’autre part, ces expérimentations ont été analysées d’une manière plus systématique, en utilisant des modèles mathématiques, acoustiques et psychoacoustiques, afin de tenter de caractériser de manière rationnelle le champ sonore. L’idée est de pouvoir déterminer, dans le cas d’une expérience satisfaisante, ce qui fait que cette approche soit pertinente sur un plan formel, et dans le cas contraire, d’essayer de déterminer les raisons de sa faillite. Cependant, il est très difficile de présenter la méthode d’analyse par les sens. Bien que la critique et la validation..