Le modèle de l’approche monétaire de la balance des paiements
L’approche monétaire de la balance des paiements est l’une des principales théories de l’ajustement des paiements internationaux. Considérée comme le prolongement de l’équilibre automatique des échanges extérieurs de Hume (1752) , Thornton (1802) ; Ricardo (1810,1817) et Stuart Mull(1848), l’approche monétaire de la balance des paiements a été développée par les services du Fond Monétaire International (Polak ,1957) , puis approfondie par Mundell (1968 ,1971) , Dornbush (1973) , Mussa (1974) , Johnson (1975,1976,1977), Frenkel et Johnson (1976)..L’approche de la balance des paiements est un phénomène essentiellement monétaire. Son solde global n’est que le reflet de la situation du marché domestique de la monnaie. Aussi, les variations des réserves internationales, qui servent à mesurer les déséquilibres des paiements, dépendent de l’écart entre l’offre et la demande de monnaie. Une politique monétaire expansive conduit, ainsi, à un excès de la dépense globale, source de diminution des réserves de change. Ce qui donne lieu à la dépréciation de la monnaie Le modèle de l’approche monétaire de la balance des paiements 278 nationale, pour réajuster les déficits de la balance des paiements. Dans cette section, on étudie deux modèles : un modèle restreint et un modèle élargie (modèle de Edwards) §2-B-1) un modèle restreint :
Présentation du modèle restreint
L’approche monétaire de la balance de paiements établit une relation fondamentale entre l’évolution du taux de change et celles de la masse monétaire interne et externe à partir des équations suivantes : * p p s = (3.33) M d = KPY (3.34) * * * * M d = K P Y (3.35) ) MO = m(c + sR (3.36) M d = MO = M (3.37) * * * M d = M O = M Avec : P : le niveau des prix domestiques; * P :le niveau de prix étranger; s : le taux de change à l’incertain; M d : la demande de la monnaie; MO : L’offre de la monnaie; m : l’inverse de coefficient de réserve; c : le volume de crédit; R : le stock de réserve en devises. L’équation (3.33) décrit le principe de parité de pouvoir d’achat, selon lequel une unité de monnaie nationale doit avoir le même pouvoir d’achat dans l’économie nationale et à l’étranger, compte tenu du cours de change qui prévaut entre le deux pays. 279 La fonction (3.34) représente une fonction de demande de monnaie définie par la loi quantitative de monnaie de Fisher, dans laquelle M d dépend du revenu réel Y et de niveau général de prix P .L’équation (3.37) décrit la condition d’équilibre du marché de la monnaie .l’offre de la monnaie MO a une composante interne, le crédit domestique et une composante externe, les réserves du pays en devise. La condition d’équilibre de marché monétaire nous permet d’écrire la relation suivante : ) M d = m(c + sR En remplaçant M d par sa valeur, on obtient : ) M d = KPY = m(c + sR L’adoption de l’hypothèse de la loi de prix unique, permet de formuler la relation suivante : ( ) * KSP Y = m c + sR (3.38) De l’équation (3.38) nous déduisons la relation ci-dessous : c sR m KSP Y − = * Ceci, nous permet de déduire que l’équilibre extérieur dépend du niveau du crédit intérieur. Tout excédent de l’offre de monnaie par rapport à la demande se traduit automatiquement par un déficit de la balance de paiement. Dans un contexte pareil, deux situations sont examinées : i) si M d < M s , la balance de paiement est en déficit, la dévaluation permet d’augmenter les prix . L’effet prix réduit les encaisses monétaires et augmente la demande de la monnaie. ii) si M d > M s , un accroissement de stock monétaire par le crédit permet de rétablir l’équilibre. En dérivant les équations ci-dessus, on aura : * i i s ds = − (3.39) i M dM d d = * * * i M dM d d = 280 i M dM M dM M dM O O d d = = = (3.40) et * * * * * * * i M dM M dM M dM O O d d = = = (3.41) Avec i et * i représentant respectivement le taux d’inflation domestique et étranger En se basant sur les équations (3.40) et (3.41), l’équation (3.39) devient : * * M dM M dM s ds = − D’après cette formule, on peut dire que toute modification du taux de change correspond, selon l’approche monétaire de la balance de paiement, à une différence des taux de variation des composantes interne et externe de la masse monétaire. Ce qui revient à dire que , dans un système de cotation à l’incertain , une augmentation du stock de monnaie domestique, plus forte que celle de la monnaie étrangère, est susceptible d’entraîner la dépréciation de la monnaie nationale pour des niveaux de production Y et * Y donnée . En revanche, une expansion de la monnaie étrangère, plus rapide que celle de la masse monétaire domestique, conduit à l’appréciation de la monnaie nationale. Le modèle monétaire de la balance de paiement peut s’écrire sous la forme suivante : log(TCR) = a log(CI) + b log(RE) + c (3.42) Avec : TCR : le taux de change réel ; CI : le crédit intérieure; RE : le réserve internationales; c : une constante. On constate dés lors que le modèle de la balance de paiement s’écrit en fonction de crédit intérieur et en fonction des réserves internationales (les avoirs extérieurs).
Le crédit intérieur
Le crédit intérieur comprend les créances nettes sur l’Etat et les crédits à l’économie. Les créances nettes sur l’Etat ou créance sur le trésor public permettent de dégager la position monétaire de l’Etat vis-à-vis du système monétaire. En revanche, les crédits à l’économie représentent l’encours des crédits octroyé par le système monétaire aux entreprises publiques, aux institutions financières non monétaires et au secteur privé. Pour mesurer l’impact du crédit intérieur sur les avoirs extérieur nets, il est judicieux de recourir au coefficient de Polak, qui évalue la perte de devises occasionnée par l’expansion du crédit intérieur. La diminution des réserves enregistrée est d’autant plus importante que l’économie est ouverte sur l’extérieure et faiblement monétarisée. Le tableau suivant donne une idée de la perte de devises provoquée par un crédit intérieur Tab.3.24. Exemple illustratif pour calculer la perte de devise. Degré d’ouverture Vitesse de circulation de la monnaie Coefficient de Polak PIB M H = M 2 PIB V = H V H V P 1 . . + = 0.18 5.64 0.50 P = 0.50 Signifie qu’un crédit intérieur d’un milliard de dinar algérien entraînerait une perte de devises de l’ordre de 500 millions de dinar algérien, à cause du degré d’ouverture élevé de l’économie algérienne. B- Les avoirs extérieurs nets Les avoirs extérieurs nets représentent la différence entre les avoirs en devises des banques commerciales et de la Banque centrale, constitués essentiellement des avoirs déposés au compte d’opération auprès du trésor, d’une part et, les engagements à court terme de ces mêmes institutions, d’autre part. Ils permettent d’apprécier la couverture extérieure de la monnaie d’un pays. Il existe une relation directe entre le taux de change et les avoirs extérieurs. Une augmentation des avoirs extérieurs conduit à une appréciation de taux de change réel. Tandis qu’une baisse des avoirs extérieurs déprécie le taux de change réel .
les donnés statistiques
Les données pour ce modèle sont annuelles et couvrent la période 1970-2005, ces données sont tirées des statistiques financières internationales du FMI. Le taux de change réel est définit mathématiquement comme suit : PPA TCN TCR = Pour notre application empirique les variables explicatives sont présentées de deux façons : d’une manière brute et d’une manière déflatée. Deux équations (3.43) et (3.44) sont étudiées selon la définition des variables explicatives. log(TCR) = a log(CRINT ) + b log(RESINT ) + c (3.43) 1 1 1 log( ) = α log( ) + β log( ) + γ INF RESINT INF CRINT TCR (3.44) On pose : INF RESINT RESINT INF CRINT CRINT = = * * L’équation (3.45) peut s’écrire sous la forme ci-après : 1 * 1 * 1 log(TCR) = α log(CRINT ) + β log(RESINT ) + γ L’évolution de ces variables est donnée par les graphes ci-dessous: 283 0 400 800 1200 1600 2000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 CREINT Fig.3.12. l’évolution de crédit intérieur de 1970 à 2005. 0 1000 2000 3000 4000 5000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 TRESIN Fig.3.13. Evolution de réserve internationale de 1970 à 2005. 284 0 10 20 30 40 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 resérve internationale déflaté Fig.3.14. Evolution de réserve internationale déflatée de 1970 à 2005. On remarque qu’à partir de la figure 3.13 du crédit intérieur, une croissance lente de crédit (accroissement négatif) entre la période 1970-1980 puis une croissance de crédit plus accéléré que la période précédente entre 1980-1990. Cette croissance peut être justifiée par l’augmentation des coûts du programme de développement. Dans la mesure où ces programmes consomment plus de financement d’une année à l’autre. Par contre entre 1990 et 2000, on remarque une décroissance de la courbe de crédit intérieur. Cette période est caractérisée par une dévaluation durant les années suivantes : 1991,1994 et 1996, en raison de l’application du programme d’ajustement structurel durant la période 1994-1998. On observe, par ailleurs une croissance de la courbe de crédit à partir de 2000 jusqu’à 2005. Ceci est dû au programme de relance économique initié par le gouvernement. Concernant la courbe de réserve internationale, on remarque deux phases. Une première phase où la courbe est constante (1970-2000) puis une seconde phase où la courbe croit (à partir de 2000). Etant donné que l’Algérie est un pays exportateur de pétrole et la recette pétrolière représente presque 98% de ses recettes totales, il est clair que ses avoirs extérieurs (réserve 285 internationale) sont fortement liés aux prix de pétrole. Ce dernier a été augmenté d’une façon considérable à partir de 2000 .