Le model de la croissance endogène
La nouvel théorie de la croissance « endogène » qui a germé des contributions de Romer (1986) et de Lucas (1988) a maintenant remplacé en gros l’ancienne théorie néoclassique de la croissance de Solow (1956) et de Swan (1956), qui figurait aux frontières des recherches universitaires. Toutefois, la théorie de la croissance endogène du millésime 2004 s’écarte à de nombreux égards de celle du millésime 1988. Ces écarts proviennent des fruits qu’a produits la rencontre des progrès théoriques et des conclusions empiriques, rencontre qui nous rappelle la façon dont les composantes de base de la macroéconomie keynésienne ont été perfectionnées dans les années 50 et 60. Les tentatives mises de l’avant pour vérifier la théorie ont, dans certains cas, confirmé ses prédictions et débouché sur de nouvelles applications inattendues. Dans d’autres cas, les essais ont mis à jour d’importantes faiblesses que les théoriciens ont corrigées par l’ajout d’éléments de réalité qu’on ne trouvait pas dans la théorie originale. Mon but ici est de décrire les modifications qu’a subies la théorie au cours des quinze dernières années à la suite des nouvelles conclusions empiriques, de cerner les idées fondamentales à la base des modèles originaux qui ont survécu à ce processus de perfectionnement et qui ont été mises de côté, d’examiner une partie des succès empiriques de la théorie dans son état actuel et enfin de faire ressortir quelques-unes de ses principales incidences stratégiques.
De la croissance exogène a la croissance endogène
Dans les théories de la croissance jusqu’aux années 70, la croissance du progrès technique est considérée comme un phénomène exogène, c’est-à-dire que son origine n’est pas analysée dans le cadre de ces modèles. Le modèle de Solow (1956) comporte ainsi l’hypothèse d’un taux de croissance constant du progrès technique, qui intervient comme un cadeau tombant du ciel. Dans la fin des années 80 et les années 90, essentiellement sous l’impulsion de Paul Romer, la théorie de la croissance endogène s’est développée24. Elle prend comme point de départ que le progrès technique doit s’expliquer en tant que phénomène économique. Les connaissances sont des biens économiques, qui sont produits et consommés, mais dans des conditions particulières. 24 Beaumais, O. et K. Schubert (1996). Les modèles d’équilibre général appliqués à l’environnement: développements récents. Revue d’Economie Politique pp233-234 . Le model de la croissance endogène.
Fondements théoriques de la politique monétaire et la croissance économique
En effet, la consommation de connaissances par un agent n’entame pas la quantité de connaissances disponibles pour les autres (non-exclusion). Ce ne sont pourtant pas nécessairement des biens publics, parce qu’on peut très bien (pour les idées nouvelles, non encore diffusées) mettre au point des mécanismes institutionnels permettant d’interdire à ceux qui ne veulent pas payer ces biens de les connaître ou de les utiliser : le brevet industriel est l’exemple type de ces mécanismes; le droit d’auteur est un autre exemple. D’autre part, la production de connaissances implique des coûts importants, mais leur diffusion se fait à coût quasiment nul ; cela signifie que le coût marginal de la connaissance est nul dans le sens suivant : faire partager des connaissances données à un agent économique supplémentaire, quand d’autres les possèdent déjà, ne coûte quasiment rien ; cela signifie des rendements croissants. Chez Romer, la productivité globale des facteurs A est appelée « stock d’idées » et la fonction de production est formulée ainsi : ( ) ………………(5) Cette fonction a des rendements constants si on ne considère que les facteurs traditionnels, mais en incluant l’évolution du stock d’idées, les rendements deviennent croissants. La production d’idées dépend du nombre de personnes LA travaillant à la recherchedéveloppement : ΔA=KLA……………………………(6) K est le taux de découverte de nouvelles idées pas nécessairement une constante et la population active est divisée entre ceux qui produisent des biens et services LY et ceux qui produisent des idées LA : L = LY + LA………………(7) La théorie de la croissance endogène a alors comme tâche essentielle de comprendre les déterminants de K – Dépend-il du stock déjà accumulé de connaissances, et dans quel sens ? Une hypothèse plausible est que plus les connaissances se sont accumulées, plus il est facile d’en élaborer de nouvelles, mais l’hypothèse inverse se justifie elle aussi, parce que les découvertes les plus faciles sont faites en premier. –Une autre variable à considérer est le nombre de chercheurs ; si plusieurs chercheurs ou groupes de chercheurs sont en concurrence en vue d’une même découverte, cette concurrence pourra accélérer le taux de découvertes. À partir d’hypothèses concernant ces points on peut donc élaborer de très nombreux modèles de croissance endogène. Une caractéristique interessante de ces modèles (d’une majorité d’entre eux en tous cas) est qu’ils montrent que, contrairement à la croissance éxogène, la croissance endogène peut être aidée ou accélérée par des politiques économiques adaptées, comme des subventions à la recherche-développement (Romer démontre par exemple que le marché ne fournit pas des incitations suffisantes pour que le volume de recherche-développement soit optimal). – En effet, si chaque découverte supplémentaire rend plus facile les découvertes suivantes, alors que chaque découvreur n’évalue la rentabilité de son travail qu’en fonction des conséquences immédiates de son invention, il y a une externalité positive ; cela signifie que les chercheurs doivent être incités à produire plus d’inventions qu’ils ne font normalement. Il faut créer plus d’incitations que ne le fait le marché, d’où le besoin de subventions. – D’autre part il y a une externalité négative du fait de la duplication des recherches : deux équipes recherchant le même résultat ne font que multiplier le « coût social » par deux, puisqu’il n’y aura qu’une seule idée à l’arrivée, quand une des équipes aura réussi. Ici le marché produirait trop de recherche-développement ! – La troisième distorsion proviendrait de l’ »effet de surplus des consommateurs », le détenteur d’un brevet ne jugeant de la rentabilité qu’à travers ses profits et non à travers les gains du consommateur ; en intégrant ce dernier à l’analyse, on obtiendrait un bénéfice plus grand. Ce dernier effet implique comme le premier la nécessité de relever le niveau spontané de recherche développement. Comme on le voit, cette argumentation semble plaider en faveur d’un soutien public à la recherche-développement, surtout si les subventions sont conditionnelles à l’atténuation de la concurrence entre équipes de recherches5. Cependant, elle ne permet pas réellement d’apprécier quel devrait être le niveau de ce soutien, et continue d’ailleurs à susciter des débats.
Les théories endogènes de la croissance
Le mode AK Analysons a present le modele le plus simple correspondant a ce type de theories. Il s’agit du modele AK dont la fonction de production est decrite par: Y = AK…………………….(8) La différence principale de ce modèle par rapport à celui de Solow, est la non décroissance de la productivité marginale du capital. Cela est possible car dans ces théories le capital ne correspond pas seulement au stock d’usines et d’equipements d’un pays, mais aussi a d’autres types de capital, tels que le savoir ou les connaissances (Mankiw, G.N., 2003). Le capital apparait comme le seul facteur de production car le travail est assimile au capital humain. La productivite marginale du capital est constante et les rendements d’echelle de la fonction de production sont croissants. En effet, lorsque la productivite marginale du capital est constante et que nous avons plusieurs facteurs de production, les rendements d’echelle sont croissants (Meon, P.G.,2010). Le taux de croissance a long terme par tete peut ainsi etre positif independamment de tout progres technique. En effet, le taux de croissance par tete du capital est : gk = sA…………………….(9) Le modèle AK génère donc de la croissance de manière endogène, même si la population ou le niveau technologique ne croit pas dans le modèle. Par après, d’autres modèles de croissance endogène ont attiré l’attention sur d’autres facteurs ayant un impact sur la croissance économique tels que l’apprentissage (P. Romer), les activités gouvernementales (R. Barro), l’éducation, etc. Cependant, il est généralement admis que le progrès technique est la source principale de la croissance. Ce progrès peut se présenter sous deux formes : il peut etre du a une augmentation du nombre des variétés des biens de production et de consommation (P. Romer), ou il peut s’agir d’une amélioration de la qualité de tout un ensemble de produits existants (P. Aghion-P. Howitt). Une autre différence avec le modèle de Solow est la prise en compte des externalités et donc la présence de l’Etat. En effet, puisque le savoir et les connaissances sont des biens non rivaux et non exclusifs, ils vont avoir des effets externes. L’Etat doit donc intervenir. Une caractéristique commune des modèles présentes jusqu’à présent est l’absence de la prise en compte des limites sociales et environnementales. En effet, jusqu’il y a pas très longtemps, la science economique ne tenait pas compte de la nature en justifiant que le marche n’avait I. Fondements théoriques de la politique monétaire et la croissance économique. 78 pas a prendre en compte les ressources naturelles sur lesquelles ne pesait aucun droit de propriete (Harribey, J-M., 1998). La nature etait supposee infinie. Or, les consequences ecologiques chaque fois plus visibles de la croissance economique ont mis en question l’infinitude de la nature et la possibilite d’une croissance illimitee. Cela a donné lieu à la creation de modelesanalysant les consequences de l’existence d’une ressource renouvelable (et non renouvelable) sur la croissance et le bien-etre. Il est devenu clair qu’une theorie de la croissance devait prendre en compte ces facteurs indispensables pour la production. Le resultat de cette prise de conscience de la societe sur les limites physiques de la planete a ete le concept de developpement ≪ soutenable ≫ ou ≪ durable ≫, apparu en 1987, lors de la Commission mondiale de l’ONU, ce concept peut avoir deux interpretations : la soutenabilite ≪ faible ≫ et la soutenabilite ≪ forte ≫. Le premier modèle de Römer P. Römer est généralement considéré comme l’initiateur des programmes de recherche de la croissance endogène. S’inspirant de travaux antérieurs (Arrow, 1962 ; Sheshinski, 1967), le premier modèle de Romer (1986) reprend l’idée néo-classique que l’investissement privé en capital physique constitue une source de croissance, mais il le traite différemment25 . «A firm that increases its physical capita! learns simultaneously how to produce more efficiently. This positive effect of experience on productivity is called learmng-by-doing or, in this case, learning-by-investing. (.,.), Learning-by-doing works through each firm’s investment. Specifically, an increase in a firm’s capital stock leads to a parallel increase in its stock of knowlegé» (Barro and Sala-1-Martin, 1995). Pour qu’il y ait croissance autoentretenue, il faut, on l’a vu, que le rendement marginal du capital physique soit au moins constant ou croissant. Dans ce but, les rendements d’échelle sont rendus croissants à l’aide des phénomènes d’«externalité» sur le stock privé de connaissances. Les «externalités» issues du capital physique proviennent alors de deux mécanismes. Le premier les fonde sur ta diffusion de connaissances entre firmes («learning spillover»). En accumulant du capital physique, l’entreprise accumule par là-même des connaissances dont peuvent bénéficier théoriquement les autres établissements. L’investissement en capital physique représente ainsi une source d’apprentissage par la pratique et ce savoir ne peut être approprié parfaitement par la firme qui le produit. Il se diffuse inévitablement aux autres agents à travers divers canaux, tels que le marché du travail, les relations professionnelles clients-fournisseurs, les réseaux relationnels, etc.