Le Mime de l’époque hellénistique

Le Mime de l’époque hellénistique

Les profonds changements de régime, de structure sociale, d‟esprit et de caractère du monde grec favorisèrent particulièrement le développement du Mime, et non de la tragédie et de la comédie. Les nouvelles structures sociales créèrent un monde urbain, ayant pour valeurs fondamentales le profit et le divertissement, ce qui entraîna l‟effondrement des anciennes valeurs, la licence et la débauche. Le Mime correspondait donc parfaitement à l‟esprit réaliste et hédoniste du temps762. D‟ailleurs, le genre dramatiquele plus important de cette période, la Comédie Nouvelle de Ménandre, ressemblait davantage au Mime que la Comédie Ancienne, puisque pour l‟essentiel la danse est supprimée et les thèmes ne sont pas la satire politique mais la satire des mœurs et des caractères. Le théâtre ne mettait plus en avant l‟homme-Citoyen mais les hommes ordinaires : le fils de famille, la jeune fille, l‟épouse abandonnée, l‟enfant abandonné, le vieillard débonnaire, le beau-père  furieux, le père irascible, la prostituée, le cuisinier, etc.763. Dans la Comédie Nouvelle, les histoires concernent des problèmes familiaux, des enfants perdus, des mariages empêchés, etc., et après une série de malentendus très simples, les choses rentraient en place et le dénouement  était heureux764. Le Mime conserve la simplicité de l‟intrigue Ŕ et c‟est peut-être sa plus grande différence avec la Comédie Nouvelle Ŕ mais ses thèmes changent. Les histoires décrivent des scènes soit de la pègre de la société alexandrine, soit de la nouvelle classe des petites gens qui se développe alors, mais aussi de la vie campagnarde Ŕ surtout dans l‟œuvre de Théocrite. Ainsi, le Mime alexandrin se moque des entremetteuses et des courtisanes, qui, avec le développement urbain des ports, étaient devenues une partie de la société significative en nombre et une source  de revenus importante pour l‟État765.

La lettre de Glycère à Bacchis (toutes deux courtisanes) est instructive à cet égard ; elle lui écrit766 : « Du reste mon amour pour lui ou ce qui pourrait m‟arriver d‟autre ferait l‟objet au théâtre d‟une satire amère par un Chrémès ou un Diphile. » (Alciphron, Glycère à Bacchis, 2 [i.29]) Tantôt encore, le Mime porte à la scène des épisodes comiques montrant le comportement des petites gens, comme par exemple dans Le Maître d‟École d‟Hérondas, où la mère fait appel au maître et lui demande de punir durement son fils pour qu‟il devienne un enfant sage et un bon élève. Après le châtiment exemplaire infligé à Sotadès, le Mime évite naturellement de ridiculiser les scandales des rois et de la cour. Au contraire, on trouve dans les pièces des principaux représentants du Mime que sont Théocrite et et Hérondas, des vers élogieux envers les  princes. Théocrite consacre notamment sa XVIIe idylle, Éloge de Ptolémée, à Ptolémée II dont il fait l‟éloge tout en évitant discrètement de lui donner des traits divins : « Muses, que Jupiter soit le principe et la fin de nos chants, Jupiter, le plus grand des dieux que nous puissions célébrer. Parmi les mortels chantons Ptolémée, que Ptolémée, le plus grand des héros, soit au début et à la fin de nos vers. » (Idyll. XVII, vers 1-4) Et Hérondas, dont on suppose qu‟il vécut sous Ptolémée III Évergète, le mentionne, lui et ses dieux frères, dans la pièce L‟Entremetteuse : « Tout ce qui est, tout ce qui a jamais été quelque part sur terre, on le trouve en Égypte : richesse, palestre, puissance, jours sereins, gloire, spectacles, philosophes, or, adolescents, temple des dieux frères, excellent roi. » (Ζérondas, mime I, vers 26-30) Un assez grand nombre d‟auteurs choisirent de suivre la forme littéraire du Mime pour exprimer leur opinions philosophiques. Ils furent appelés « Les anecdotes de Machon sur les parasites, les gourmands et les courtisans, même quand leur contenu n‟était pas scabreux, sont tout à fait inadaptés à la salle de classe, et il en est de même pour les nombreuses anecdotes contenues dans la relation que fait Diogène Laërce de son homonyme cynique. » Dans l‟œuvre de Timon le Phliasien, les philosophes de son temps sont les cibles principales de sa satire : « Beaucoup d‟oiseaux de toutes races sont élevés en Égypte, enfermés dans la bibliothèque, qui se battent sans cesse entre eux dans la cage des  et il ressemble plus à un livre de cuisine qu‟à un Mime771. Dans Le Dîner Attique, Matron décrit un dîner qu‟on suppose offert par l‟homme politique athénien Xénoclès. Il présente aux assistants des personnages comiques. Parmi eux, trois prennent la parole en plus du narrateur : Stratoclès dans le rôle du politicien anti-macédonien, le cousin de Xénoclès qui partage ses idées et Chéréphon .

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