Le milieu rural, un territoire désorganisé

Le milieu rural, un territoire désorganisé

En sciences sociales, en raison d’un contexte social favorable, nous sommes témoin d’une montée des préoccupations territoriales. La mondialisation, l’intégration européenne, l’accroissement des échanges et des flux entraînent une nouvelle appropriation territoriale sur laquelle s’était fondé l’Etat-nation. D’une part, nous assistons à de nouvelles formes de revendications identitaires régionales ou locales4, une fermeture ou un repli de certaines populations se sentant agressées ou menacées par l’arrivée de nouvelles populations, de nouvelles activités ou de nouvelles fonctions. D’autre part, la société a connu un fort mouvement de décentralisation et les acteurs locaux doivent s’organiser, et élaborer des projets de développement. Il s’agit pour les élus, les acteurs du développement local, d’attirer les investissements, les entreprises et les populations sur leur territoire dans un contexte de grande mobilité. Ce contexte a permis petit à petit aux géographes et aux sociologues notamment, de s’approprier le concept de territorialité en lui donnant une dimension sociale et culturelle à partir de deux notions : le principe d’organisation sociale appris et transmis (l’habitat, les modes de hiérarchisation sociale) et l’attachement à des lieux précis (sentiment d’appartenance commune). l’évolution des paysages, à la composition sociodémographique des espaces ruraux (suite aux logiques de peuplement), aux conflits d’usages (reflet des rapports ville-campagne), aux formes et aux niveaux de développement, aux représentations, aux pratiques et aux discours des acteurs en présence, fruits de toute cette histoire. En tout cas, cette histoire semble entraîner des bouleversements au niveau de la population, du monde paysan, des valeurs liées à la ruralité. Nous ne pouvons plus nous représenter le milieu rural comme nous nous le représentions par le passé puisque ses contours deviennent de plus en plus difficiles à appréhender si bien qu’il convient d’essayer d’en apporter une définition au sein de notre recherche.

Pour la Commission européenne, « il n’existe à l’heure actuelle, au niveau communautaire, ni délimitation géographique de l’espace rural, ni définition harmonisée de la population rurale…13» L’Italie retient les zones d’agriculture intensive spécialisée, alors que l’Espagne privilégie les zones rurales susceptibles de revitalisation, et que l’Autriche prend en considération les zones à fort potentiel touristique. Nous pourrions continuer : en Roumanie, ce sont les zones rurales d’accès difficile ; au Portugal, les zones intérieures ; en Irlande, les zones d’intérêt culturel, etc. En revanche, la recherche d’une définition quantitative complique la question et nous devons d’abord faire passer une limite statistique entre ville et campagne. Par le droit administratif et le clos, défriché, industriel, espace vert, etc. Par extension, il peut aussi et surtout dans notre cas correspondre à un espace social : espace de rencontre, espace de parole. L’espace géographique est une étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés (territoire de l’humanité). Il se distingue du territoire, car il est une étendue, ses limites peuvent être floues. Il n’a pas nécessairement un centre, ne suppose pas l’existence d’un pouvoir (contrôle territorial) et ne suppose pas de contiguïté spatiale.

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Petit à petit, le seuil de 2 000 habitants se précisa pour caractériser les villes des communes rurales. Ce seuil subsiste puisque, lors des recensements suivants, lorsqu’une commune rurale dépasse le seuil des 2 000 habitants agglomérés, elle devient automatiquement urbaine. Plus tard, l’Insee, considère comme urbaine une commune de moins de 2 000 habitants agglomérés, si son espace bâti est distant de moins de 200 mètres d’une agglomération urbaine. Enfin, lorsque les espaces bâtis de deux, ou plusieurs communes rurales en extension, se rejoignent et que leur population agglomérée dépasse 2 000 habitants, l’Insee considère chacune de ces 2 communes comme urbaines. La définition se complique encore si l’on intègre dans la notion de « campagne », la façon dont les ruraux et les citadins la vivent, la perçoivent, se la représentent et parfois la mythifient. Nous le voyons, la frontière entre la ville et la campagne est donc relativement fluctuante puisqu’elle varie l’utilisation de cet indicateur concernant la population agglomérée sous-entend de considérer dans ce cas-là le territoire rural à l’échelle de la commune16. De plus, nous pouvons chercher à définir le territoire rural, selon ses différentes composantes. D’une part, un ensemble de fonctions le caractérise : la fonction économique (secteur et niveau d’activité), la fonction résidentielle (parc du logement, densité de population, type de résidence, poids des actifs / inactifs), la fonction patrimoniale (naturelle, culturelle, architecturale) articulée entre la protection ou la valorisation de ce patrimoine, et la fonction ludique (tourisme). Toutes ces fonctions ne sont pas indépendantes mais s’enchevêtrent les unes aux autres et elles ne sont jamais définies une fois pour toutes et découlent des politiques d’aménagement du territoire.

 

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