Le milieu physique et humain, déterminant principal dans l’occupation du sol

Les sols

Sur l’ensemble des sols du département de Kaffrine, les pH sont compris entre 4,0 et 6,8. La teneur en carbone organique se situe entre 0,10 et 1,60 (Ndao M., 2001). Les sols du sud du département sont plus pourvus en matières organiques et sont argilo-limoneux. Alors que ceux du Nord où se situe la forêt classée de Kassas sont relativement pauvres en matières organiques.
Toutefois, trois principaux types de sol sont rencontrés dans la forêt :

Les sols ferrugineux tropicaux peu hydromorphes

Les sols ferrugineux tropicaux peu hydromorphes sont sablo-argileux. Ils sont généralement localisés dans les zones de dépression. Riches en matières organiques, ils constituent les sites de cultures du sorgho et du maïs.

Les sols ferrugineux tropicaux non lessivés

Ils sont caractéristiques de la zone, les sols ferrugineux tropicaux non lessivés sont sableux, d’apports éoliens et perméables. Ils sont facilement pénétrables par les racines des végétaux.
Cependant, ce sont des sols pauvres en matières minérales et en argile (2 à 6 %). Ils doivent leur valeur agraire à la présence de matières organiques. Ils sont très sensibles à l’érosion éolienne.
Ces sols accueillent principalement la spéculation arachidière mais aussi quelques céréales tel que le mil.

Les sols hydromorphes (Deck) 

Les sols hydromorphes sont des sols de vallées et de bas fonds. Ils sont lourds et formés par des apports d’alluvions. Ces sols sont plus riches en matières organiques. La culture de maïs et de sorgho s’y pratique.

Le climat

Le climat est de type sahélo-soudanien avec deux saisons distinctes : une saison pluvieuse qui s’échelonne de juillet à mi- octobre soit une durée moyenne de 90 jours avec un maxima en août, et une saison sèche qui va de décembre à mai.

La température

Ne disposant pas de données de température pour la station de Boullèle, nous avons considéré les données de la station synoptique de Kaolack. La température est en général élevée avec une moyenne annuelle de 29,38°C en 2003. D’une manière générale, on distingue une période fraîche qui va de novembre à mars et une période chaude d’avril à octobre. A l’examen de l’allure de la courbe de tendance, depuis 1954, la température connaît une hausse progressive (figure 2).

Hydrographie et hydrogéologie

Le réseau hydrographique de la forêt de Kassas se limite à l’existence de mares et marigots temporaires. La durée de stagnation de l’eau des mares ne dépasse pas 3 mois après la fin de la saison pluvieuse. En effet, les points d’eau s’assèchent vers le mois de décembre.
Quelques ramifications supérieures de la vallée morte du Saloum constituent des bas fonds qui canalisent des écoulements temporaires en hivernage. C’est le cas du Kadaodao, du Goudougnel et du Nelbel.
Les principales nappes qui existent dans la zone sont : la nappe maastrichtienne et la nappe phréatique. La nappe maastrichtienne a une profondeur de 250 m et alimente les forages. La nappe phréatique se trouve à une profondeur de 50 à 70 m.

La végétation

La végétation est une savane de type sahélo-soudanienne. Nous distinguons trois principaux types de formations végétales :
 Les formations de savanes arborées :
Les formations de savane arborée sont très discontinues et composées d’espèces soudaniennes reliques telles que Cordyla pinnata, Sterculia setigera. Cette strate est aussi composée d’espèces soudano-saheliennes tels Adansonia digitata, Ziziphus mauritiana, Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica, Diospyros mespiliformis, Acacia senegal, Acacia albida. Quelques espèces introduites tel que Eucalyptus alba constituent des formations arborées. Ces dernières sont surtout localisées au Nord-Est de la forêt vers Boullèle.

Les formations de savanes arbustives

Les formations de savanes arbustives couvrent presque toute la forêt et sont dominées par la présence de Combretum glutinosum et Guiera senegalensis.

Les formations de savanes herbeuses

Les formations de savane herbeuses couvrent les parties les plus dégradées, notamment le centre Ouest de la forêt. Sur ces sites, un tapis herbacé continu couvre le sol. Cette continuité est parfois interrompue par des formations de cuirasses latéritiques. Les arbres et arbustes y sont quasi absents.

La faune

La faune est constituée de reptiles, d’oiseaux et d’insectes. Toutefois, quelques éléments de la grande faune apparaissent en hivernage. C’est le cas des phacochères, des singes, des hyènes et des chacals.
La potentialité en ressources végétales et pédologiques a entraîné une anthropisation progressive de la forêt. La présence d’établissements humains ceinturant la forêt a facilité ce processus. Ainsi, la zone connaît un développement remarquable des activités socio-économiques, donc, il serait intéressant d’appréhender la composante humaine de ce terroir.

LA COMPOSANTE HUMAINE

Composition ethnique des villages ceinturant la forêt classée de Kassas

Plusieurs ethnies sont représentées dans les villages entourant la forêt classée de Kassas. Cependant, dans la forêt de Kassas, c’est l’ethnie peule qui domine dans les différents établissements humains.

Les Wolofs

La présence des Wolofs dans ces terroirs est étroitement liée à l’introduction de la culture arachidière au Sénégal. Dans de nombreux villages wolofs ceinturant la forêt, tel que Kahi, Toun Mosquée Affé Tidiane l’agriculture constitue le principal motif d’implantation. Originaires des régions de Thiès, de Diourbel, et de Louga, ils représentent une bonne partie sinon la partie la plus importante de la population des villages ceinturant la forêt. L’installation de cette ethnie dans la zone est antérieure au classement de la forêt.

Les Sérères

Les Sérères se sont installés, dès le XVème siècle, suite à la conquête du Tékrour par les Almoravides et par leur refus d’embrasser la religion musulmane (Faye V., 1999). Ils ont migré vers le Saloum Oriental. Suite à l’appauvrissement des sols dans le Sine en 1940, d’autres migrants Sérères ont rejoint les premiers. Ce second mouvement découle d’une initiative des pouvoirs publics de l’époque qui avaient décidé de mettre en valeur les « terres vides » du Saloum Oriental appelé « Terres Neuves ».
Précisons que ces groupes se sont installés dans la partie Nord contiguë à la forêt plus précisément dans les villages de Boullèle, Aloucky Terres Neuves, Torodo et Gouloukoum. Ces sites ont été choisis par l’administration coloniale pour installer les colons à cause de la proximité des casiers agricoles aménagés par le Bloc expérimental de Boullèle de 1947 à 1951.
A leur arrivée, la majeure partie des migrants a servi de main d’oeuvre dans les champs du bloc expérimental1 (Faye V., 1999).

Les Bambaras

Originaires du Mali, la présence des Bambaras est liée à l’introduction de la culture arachidière dans le Saloum oriental. En effet, représentant une source importante de main d’oeuvre recruté depuis le Soudan par les colons français, ces populations ont fini par s’installer dans la zone et sont devenues des agriculteurs sédentaires à la fin de la colonisation française.

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Les Peuls

L’installation des Peuls dans le terroir est liée à des raisons politiques mais aussi écologiques. Sur le plan politique, l’hégémonie de l’empire du Djolof et la pression sur la vallée du fleuve poussa ce groupe à migrer vers le Saloum (Faye V., 1999). Du point de vue écologique, les conditions favorables au pastoralisme attirèrent d’autres groupes de Peuls dans la zone. Ces mouvements ont eu lieu entre le XV et le XVIème siècle.

Les Maures

Les Maures ne sont présents que de manière temporaire dans la zone de la forêt. En effet, à la veille des fêtes religieuses, Tabaski par exemple, ils viennent de la Mauritanie par vagues successives et s’y installent avec leurs troupeaux de moutons et de chèvres. Ils se rendent aux marchés de Kaffrine pour vendre les animaux. Le plus souvent, ils restent dans la forêt pendant deux mois et repartent vers le Nord du pays.
Nous voyons que ce terroir est composé de populations d’origines diverses. Cela s’explique par les potentiels agricoles et pastoraux de la région qui a attiré plusieurs populations. Ainsi, plusieurs villages ont pour principal motif d’implantation l’agriculture.

Les données socio-économiques

L’agriculture

Principales caractéristiques de l’agriculture

L’agriculture dans le Saloum Oriental est dépendante des aléas climatiques et se pratique pendant les trois mois de saison des pluies. Elle est extensive et évolue à la défaveur de la végétation naturelle. La culture de l’arachide est fortement mercantilisée, et occupe une place importante dans l’économie du terroir. La culture de céréale qui compose l’agriculture vivrière est reléguée au second plan. Les céréales sont composées du petit mil hâtif « souna » et du petit mil tardif « sanio », du maïs et du sorgho qui servent dans l’alimentation des ménages.
Quelques spéculations sont associées à ces dernières pour accroître les revenus. Elles se pratiquent généralement dans tous les villages du terroir. C’est le cas de la pastèque, du manioc et des haricots, du sésame, du gombo et de la tomate.
Le matériel agricole est en général vétuste et rudimentaire dans tout le terroir. Il est constitué de :
* Semoir simple, servant à semer les graines. Il est attelé à un cheval, une vache ou à un âne ;
* Polyculture à grand rendement, constitué de trois semoirs alignés et groupés ; il s’utilise attelé à des boeufs. Cet outil est utilisé surtout dans les champs situés dans la partie de la forêt concédée à l’agriculture mouride (confrérie religieuse musulmane du Sénégal) ;
* Houe sine, houe occidentale et harara, utilisée pour labourer mais aussi pour déterrer l’arachide, ce matériel est attelé à un animal de traction.

Organisation du terroir

Les établissements humains constituent l’unité centrale du terroir. Ils sont entourés par les champs de mil qui constituent des Tollu Keur, puis, viennent les champs plus éloignés des habitations qui constituent les Tollu Alle et les champs qui sont dans la forêt qui constituent les Tollu Forêt.
La forêt constitue pendant l’hivernage l’une des rares zones de parcours du bétail autant pour le petit bétail des paysans sédentaires que pour les grands troupeaux des éleveurs transhumants. Pendant la saison sèche, les champs couverts de fanes de mil constituent des zones de pâturages privilégiées.

Les semences

Les semences d’arachide sont vendues aux paysans par la SONACOS moyennant un prix subventionné par l’Etat s’élevant à 75 francs CFA/kg en 2005. Quant à celles du mil et de la pastèque, elles sont soit prélevées de la récolte précédente ou achetées dans les marchés hebdomadaires des villages ou à Kaffrine. Les semences de manioc et de maïs ont été distribué gratuitement aux paysans dans le cadre des programmes étatiques dits « Programme maïs » (2003), « Programme manioc » (2004) et « Programme bissap » (2005).

La production agricole

La production agricole est dominée par l’arachide d’huilerie dans toute la région de Kaolack. Parmi les trois départements qui constituent la région de Kaolack, Kaffrine enregistre la production la plus importante (DPS, 2003).

L’utilisation des ressources forestières

L’exploitation forestière est très développée dans la zone et constitue un apport non négligeable pour surmonter les périodes de soudure. Les produits forestiers jouent également un rôle important dans l’alimentation et dans la pharmacopée traditionnelle.

Le bois d’énergie

Le bois d’énergie est très exploité par les habitants des villages entourant la forêt. Ce bois fait aussi l’objet d’exploitation par des charbonniers clandestins qui le convoient vers les centres urbains (ville de Kaffrine).

Le bois d’oeuvre

Dans le département de Kaffrine, l’énergie d’origine ligneuse est utilisée autant par les ménages de transhumants que par les sédentaires pour la cuisson et pour l’éclairage (transhumant dans la forêt). Cette utilisation importante du bois d’énergie est liée au caractère rural de la zone de Kassas. Les essences telles que Pterocarpus erinaceus « vèn » et Cordyla pinnata « dimb » font l’objet de convoitise de la part des menuisiers et des bûcherons de Kaffrine.

La cueillette de fruits

Les fruits cueillis dans la forêt sont vendus dans les marchés des différents villages et celui de Kaffrine. Ils sont essentiellement constitués de fruits de Adansonia digitata « pain de singe », de Ziziphus mauritiana « sidem », de Balanites aegyptiaca « soump », de Tamarindus indica « dakhar », de Cordyla pinnata « dimb ». La gomme tirée du Sterculia setigera « mbepp » aussi est très exploitée. La cueillette de fruits et le prélèvement de la gomme sont surtout pratiqués par les femmes et les enfants qui les vendent pendant les périodes de soudure dans les marchés hebdommadaires (Louma).

L’élevage

L’élevage est très lié à la forêt et est extensif, il se pratique dans tout le département. La forêtclassée de Kassas est fréquentée par des éleveurs venant d’horizons divers mais aussi par les sédentaires habitants les villages au sud des contours de la forêt. Les pratiques pastorales qui vont de la divagation des bêtes à l’élagage des arbres sont communes aux différents types d’éleveurs.

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