Le Management public en Europe

Le Management public en Europe

L’organisation des services publics a été fortement mise à l’épreuve et rares sont les pays qui n’ont pas, peu ou prou, modifié leur mode de fonctionnement et d’organisation. Le « New public management », ou management public, devient désormais une référence, même s’il se décline différemment à l’intérieur de chaque pays. Dans les faits, limiter la pression fiscale tout en répondant aux nouvelles exigences du citoyen – usager amène à réfléchir et à reconsidérer les rôles et les missions des agents publics. Il s’agit là d’un enjeu de société fondamental pour l’évolution de l’Europe. PREALABLE Cette étude sur le management public en Europe est basée sur la mise en évidence des dénominateurs communs existant dans ce domaine dans les différents Etats membres. Il ne s’agit pas ici de promouvoir un nouveau mode de gestion publique mais de mettre en évidence les bases communes à chaque pays en la matière. Cette vision ne veut pas apparaître comme réductrice du management de certains pays. Basée sur la recherche de dénominateurs communs, elle se veut avant tout consensuelle et ne saurait remettre en cause les principes et les philosophies managériales en cours dans chaque Etat. SERVICE PUBLIC EUROPEEN ET MANAGEMENT Historiquement, une étape importante dans la reconnaissance du rôle des services publics dans la construction de l’Europe a été définie dans la communication de la Commission du 11 septembre 1996. Ceux-ci deviennent “ des éléments clés du modèle européen de société ”, appartiennent “ à un ensemble de valeurs qui sont communes à tous nos Etats et font l’originalité de l’Europe ”, l’objectif de la Communauté étant “ de réaliser l’équilibre en promouvant l’intérêt général européen ”. Cette communication propose les recommandations suivantes : – promouvoir au niveau européen des services d’intérêt général, – développer une approche graduelle avec les différents acteurs, y compris les consommateurs, – développer des outils d’évaluation,

 L’article 16 du traité a fait apparaître que ces services d’intérêt général étaient un élément majeur du mode de société préconisé par l’Europe. Selon la Commission de Lisbonne et celle de Nice, ils concourent à la cohésion sociale et territoriale ainsi qu’à la compétitivité de l’économie européenne. La déclaration de Laeken du 15 décembre 2001 signale que “ le citoyen trouve que l’Union affiche un comportement trop bureaucratique dans nombre de domaines. Ce qu’il entend de la bonne gestion des affaires publiques, c’est la création de nouvelles opportunités et non de nouvelles rigidités. Ce qu’il attend, c’est davantage de résultats, de meilleures réponses à des questions concrètes. ” Aujourd’hui, le modèle bureaucratique dans les administrations européennes est fortement remis en cause. Trois raisons essentielles ont conduit les Etats membres à s’engager, plus ou moins résolument, dans des réformes de modernisation de la gestion publique : la contrainte budgétaire, le souci d’une utilisation plus efficace de l’argent public, l’impératif de transparence de l’action administrative.

Le contexte actuel de société, par la diminution des ressources et l’augmentation des exigences citoyennes, amène à redéfinir des fonctionnements et des habitudes acquis depuis des décennies. Les débats qui ont eu lieu entre 2004 et 2007 visant à clarifier les notions de Services d’intérêt général (SIG), Services d’intérêt économique général (SIEG) et Services sociaux d’intérêt général (SSIG) auront une incidence notable sur les nouvelles formes de management des services publics. Désormais, l’usager se trouve placé au centre des préoccupations dans une logique de qualité de service élevée à des prix les plus abordables possible. L’enjeu devient clair : les techniques de gestion à mettre en œuvre doivent intégrer désormais ces paramètres qui conditionnent le développement du management public en Europe. GESTION ET MANAGEMENT Les termes “ gestion ” et management ” sont employés de nos jours couramment mais pas toujours de manière cohérente car ces concepts restent souvent très approximatifs dans la pratique quotidienne. Si donner un contenu précis à ces mots n’est pas une tâche aisée, pour certains l’origine anglo-saxonne du mot management n’est pas prouvée. Elle pourraitremonter au vieux français “ ménagement ” qui signifiait : “ l’art de conduire, de diriger, de manier… ”. Pour d’autres, management viendrait de l’anglais “ to manage: manier, diriger ”. Quoi qu’il en soit, ce mot fait désormais partie du vocabulaire franglais. Quant au terme gestion, il est utilisé de manière très différente d’un pays à un autre en étant assimilé à la notion de contrôle pour les uns, de pilotage pour les autres, de suivi financier pour d’autres encore. Les termes gestion et management ayant été au fil du temps si fortement connotés par l’entreprise, il semble normal de s’y rapporter pour les comprendre. Tous les sociologues du secteur privé reconnaissent que deux types de décisions contribuent au bon développement d’une entreprise : les décisions stratégiques et les décisions tactiques. Les décisions stratégiques, à partir de l’observation du passé, façonnent au fil du temps les activités de l’entreprise et ses relations avec l’extérieur. Mais pour faire face au jour le jour, les décisions tactiques permettent de maintenir l’activité quotidienne de l’entreprise. Gérer une entreprise ou une organisation, c’est d’une part définir ses orientations à long terme et d’autre part prendre quotidiennement les décisions qui lui permettent de vivre.

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On distingue ainsi les deux composantes suivantes : -la gestion et le management de type stratégique de l’organisation, c’est à dire l’acte de définir les choix fondamentaux qui engagent profondément l’avenir et qui sont très largement des paris dont on cherche à limiter l’incertitude, -la gestion et le management de type opérationnel qui maintient l’activité de l’organisation et qui est l’art de la conduire, de la diriger, de la planifier et de la contrôler. LE MANAGEMENT PUBLIC EN EUROPE Deux conceptions du management public se côtoient au sein des services publics en Europe. Une conception globale qui est conçue comme le management du pouvoir politique et des politiques publiques mais qui est loin de faire l’unanimité dans les pays de l’Union. L’autre conception, qui est plus consensuelle, considère que le management public est “ le management des services publics ”. Certes, plutôt tournée vers l’intérieur de l’organisation, cette conception transcende cependant, au moins à minima, tous les pays et tous les courants de pensée. On peut donc tirer de ceci la définition suivante : le management public en Europe peut être compris comme la mise en œuvre de l’ensemble des processus d’organisation, de pilotage et de contrôle des organisations publiques qui visent à améliorer leur efficacité et leur efficience dans le contexte de leurs compétences. Ce management public permet aux responsables du secteur public de conduire les organisations dont ils ont la charge par la mise en œuvre de techniques et de méthodes déterminées. Cette démarche se concrétise autour d’une logique de déconcentration pour donner aux responsables locaux plus d’autonomie. De fait, on constate un accroissement de plus en plus net de la responsabilisation des dirigeants, surtout en terme de finance et de personnel.

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