Définition de la pauvreté
La manière dont les spécialistes du développement définissent la pauvreté évolue dans le temps. Jusqu’aux années 1970, la pauvreté était plutôt définie de façon vague et caractérisée comme un niveau particulièrement bas de revenus ou sous consommation. A partir du milieu des années70, les spécialistes ont élargi cette notion et remis en cause l’utilisation de cette approche unidimensionnelle en ajoutant d’autres critères. Parmi ces critères, l’accès aux services sociaux, les ressources, la situation de la population face aux catastrophes (vulnérabilité), la dignité, et plus récemment l’autonomie de décision, de faire pression aux dirigeants sont désormais intégrés dans l’analyse à part la consommation. Ainsi la Pauvreté au sens où on l’entend aujourd’hui, ce n’est pas seulement d’être incapable de pouvoir à des besoins élémentaires. Même si ces besoins sont satisfaits, on est pauvre si on n’a pas la liberté fondamentale de choisir le mode de vie que l’on souhaite mener. Selon la Banque Mondiale, « les pauvres n’ont souvent pas les moyens de se nourrir, de se loger et de se soigner convenablement. Ils sont totalement désarmés face à la maladie, à la violence, aux perturbations économiques et aux catastrophes naturelles. Ils sont mal servis par les institutions de l’Etat et de la société. Et dans bien des cas, ils n’ont aucun moyen de peser sur les décisions qui influent sur leur vie1. »
Donc les pauvres ne sont pas seulement désireux de consommer davantage (plus de 2400 calories par jours) et d’accroître leurs revenus (au dessus du seuil de pauvreté) mais qu’ils souhaiteraient également avoir des perspectives d’avenir et un environnement social sûr, échapper à la violence, participer aux prises de décisions et pouvoir tenir les autres pour responsables de leurs actes. En plus de ces aspects qualitatifs de la pauvreté, des mesures quantitatives sont aussi utilisées pour mesurer la pauvreté. La base de ces mesures c’est le seuil de la pauvreté. Le seuil de pauvreté est défini comme le revenu nécessaire pour acheter, en plus des éléments non alimentaires indispensables, un ratio alimentaire de 2400 calories par jours. Depuis quelques années, le PNUD a ajouté également l’IDH, l’IPH, l’IPF, l’ISDH pour situer le progrès de développement d’un pays. Ces indicateurs qui varient entre 0 et 1 permettent de classer tous les pays du monde pour connaitre leur rang dans la répartition du développement humain au sein de la population. Avec un IDH 0.435 en 2010, Madagascar fait partie des pays dont la pauvreté humaine est élevée.
Le taux de pauvreté
Le taux de la pauvreté ou incidence de la pauvreté est définie comme la proportion de la population considérée comme pauvres. Les pauvres en question ici sont ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce seuil est obtenu en évaluant le montant de revenus nécessaires pour acheter, en plus des éléments non alimentaires fondamentaux, un ratio alimentaire de 2400 calories par jours (c’est l’équilibre calorique censé être nécessaire pour entretenir une vie normale et active d’un individu) et les besoins essentiels. Il est estimé à 468800 Ariary2 par personne par an en 2010 contre 197720 Ariary en 2004. La connaissance de ce seuil permet ensuite de calculer le taux de la pauvreté ou incidence de la pauvreté. Le taux de pauvreté est donc estimé à 76.5% en 2010 contre 49% en 1962, 47% en 1980 et 75% en 1997 (Voir Tableau 1) Le tableau ci après illustre la situation de la pauvreté à Madagascar et son évolution dans le temps. D’après ce tableau, on constate d’abord que la proportion de la population malagasy vivant en dessous du seuil de pauvreté n’a cessé d’augmenter depuis 1962 jusqu’à nos jours. En 2010 l’incidence de la pauvreté est 76.5% alors qu’il n’y a eu que 49% en 1962.
La première explication que l’on peut avancer à cette aggravation et ampleur de la pauvreté dans le pays c’est le mauvais choix de politiques économiques mises en oeuvre au cours de ces 30 dernières années. Ce mauvais choix a comme conséquence la médiocrité des performances économiques, la faiblesse des taux d’épargnes et d’investissement, la hausse excessive du taux d’inflation (24% entre 1985 et 1995) et la répartition inadéquate des revenus (la part relative du revenus national revenant au quintile le plus pauvres de la population représentait 12% de la part du quintile le plus riche entre 1980 et 1994 et seulement 7.8% en 1997). La deuxième explication c’est la faiblesse de la croissance économique pour compenser les effets de la croissance démographique. Le taux de croissance économique était 1.5% entre 1965-1980 et -1.3% entre 1980 et 1995. Et la dernière explication c’est l’explosion démographique enregistrée depuis trois décennies: la croissance démographique est estimée à 2.9% par an entre 1970 et 1995. La deuxième remarque qu’on peut faire à partir de ce tableau c’est la fluctuation du taux de la pauvreté.
En effet, si l’on représente graphiquement ces chiffres, la courbe obtenue sera sous forme de dents de scie. Si ce taux était de 71.3% en 1999, il tombe à 69.6% en 2001 puis remonte jusqu’à 80.7% en 2002. Cette fluctuation peut être expliquée de deux manières. D’un coté, la baisse et la hausse de cette ration correspondent respectivement à la baisse des performances économiques et au redressement économique enregistré au cours d’une période donnée. De l’autre coté, elle est due au passage des conjonctures économiques, politiques ou sociales, des catastrophes, survenues dans le pays alors que son économie est plus fragile face à ces chocs. Par exemple, en 2002, le pays a été marqué par une grave crise politique puis économique. Cette crise a fortement accru l’incidence de la pauvreté, en particulier en zone urbaine. En effet, selon l’INSTAT, le taux de pauvreté en zone urbaine en 2006 n’a pas toujours retrouvé son niveau de 2001.
Les causes de la pauvreté
Plusieurs explications sont avancées par les spécialistes du développement ainsi que les particuliers à propos de l’origine de la pauvreté. La Banque Mondiale a retenu trois causes de la pauvreté. Premièrement, le revenu et les actifs des ménages sont insuffisants pour se procurer leurs besoins essentiels: nourriture, logement, vêtement et niveau de santé et d’éducation convenable. Pour Madagascar, la pauvreté des ménages ruraux dépend de la surface de terre en leur possession. Moins les ménages possèdent de terres, plus ils sont pauvres. Or la majorité de la population rurale sont des petits exploitants agricoles. Ce qui explique le taux pauvreté élevé dans ce milieu. Par contre, pour le milieu urbain, la hausse du taux de chômage fait baisser le pouvoir d’achat des ménages urbains. Ce taux est évalué à 7.6% en 2010 selon l’EPM 2010. Pour l’ensemble de Madagascar, 51.6% de la population connaissent une baisse de leur revenu pendant ce temps. Deuxièmement, les pauvres ont le sentiment de ne pas compter aux yeux des institutions de l’Etat et de la société. Ils n’ont pas l’accès à des biens et services offerts par ces dernières tels que la santé publique, l’éducation, l’eau potable etc. Cette situation est aggravée par la faiblesse du budget alloué par l’Etat dans les secteurs sociaux. Et troisièmement, la situation de pauvreté est accentuée par la vulnérabilité de la majorité de la population face aux différents chocs. Le passage d’un ou plusieurs aléas se répercute dans le niveau de vie des vulnérables. Or la majorité d’entre eux n’ont pas le pouvoir d’y faire face. Ils entendent donc des aides de la part de l’Etat ou les organisations humanitaires. En plus de ces causes avancées par la Banque Mondiale, il y a aussi plusieurs obstacles dans la lutte contre la pauvreté à Madagascar. Ces obstacles entravent donc l’application des stratégies et politiques de la réduction de la pauvreté. Pour le pays les obstacles majeurs sont les suivants:
Le modèle de la révolution
Pour ce modèle, le développement est fondamentalement une question politique. Le sous développement serait causé par l’impérialisme du centre sur la périphérie avec la complicité active des clases dominantes locales, il est donc le résultat d’un pillage systématique. La theories de la révolution se place donc du point de vue des classes populaires. Le sens du changement est donné par le progrès social, c’est-à-dire par l’amélioration des conditions matérielles et culturelles d’existence des masses, aussi bien dans les sociétés industriellement avancées, que dans celles qui le sont moins ou pas du tout. L’obstacle fondamental au progrès ainsi défini est la domination économique, politique et idéologique exercée par la bourgeoisie capitaliste, avec l aide de son Etat prolétariat, sur les autres classes travailleuses et sur les masses populaires en général. La politique de développement découlant de ce modèle est donc une politique de révolution nationale et sociale, avec come buts la prise de l’Etat, sa transformation selon les idées révolutionnaires, et puis la consolidation de l’acquis. Mais un des grands problèmes des différents tenants de ce modèle est la division sur les méthodes à utiliser pour prendre l Etat : par des élections, par les armes, avec les ouvriers, avec les paysans, avec la petite bourgeoisie.
Cette théorie de centre-périphérie est aussi applicable sur le plan international. Raoul Prebisch et le groupe de scientifiques qui travaillent dans la Commission Economique pour l Amérique Latine (CEPAL) sont les principaux théoriciens de ce model. D après cette théorie, l’économie mondiale comporte deux pôles : le centre et la périphérie. Dans le centre les structures de production sont homogènes. C’est-a-dire que les nouvelles technologies sont utilisées dans l’ensemble de l’économie. Elles sont aussi diversifiées dans la mesure où la production couvre une gamme étendue de biens d’équipements, de biens intermédiaires et de biens de consommation. Dans la périphérie, les structures de productions sont considérées comme hétérogènes. Ces structures sont aussi spécialisées, parce que les exportations sont limitées à un petit nombre de produits primaires, parce que la diversification horizontale est faible comme l’intégration verticale, et il existe donc un manque de complémentarité entre les différents secteurs. Du fait de l’hétérogénéité et la spécialisation des ses structures de productions la périphérie est incapable de créer et de disséminer le progrès technique à égalité avec le centre. L un des effets de cette incapacité est que la croissance de la productivité de main douve est moins rapide dans le secteur des exportations de produits primaires de la périphérie que dans le secteur industriel du centre. Un autre effet est que la croissance du revenu mayen est plus lente dans la périphérie qu’au centre.
INTRODUCTION |