Le développement langagier

Dès le IVème siècle, des philosophes se sont intéressés au développement langagier. Les croyances sur l’acquisition du langage ont évolué de siècle en siècle. A l’ère des philosophes grecs, Socrate et Platon expliquent que le langage est inné. Ce n’est qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, que des théories ont apparu. Au départ, la perspective béhavioriste, explique qu’il n’est pas nécessaire de savoir ce qui se passe sur le plan mental d’un individu pour comprendre l’acquisition du langage. Puis vers 1950, les chercheurs prennent conscience de la complexité des études et affirment qu’il faut s’intéresser au développement cognitif pour comprendre l’acquisition du langage. A l’heure actuelle, nous savons que la capacité de communiquer est innée mais que l’enfant doit passer par un processus d’apprentissage pour apprendre à parler (Daviault, 2011, p.2-3).

La perception intra-utérine

Pendant longtemps, les médecins ont affirmé que l’enfant n’entendait rien dans le ventre de la maman. Nous savons, après plusieurs recherches, que cette affirmation est fausse. On sait maintenant que les sens du bébé se développent progressivement au niveau intra-utérin. « Le système auditif du bébé est fonctionnel dès la vingt-cinquième semaine de gestation et son niveau d’audition se rapproche de celui des adultes vers la trente-cinquième semaine » (De boysson-Bardies, 1996, p. 34). Les bruits que le bébé entend viennent du corps de la maman, de l’espace et de l’extérieur. Il entend la voix de sa maman de l’intérieur et de l’extérieur en passant par le liquide amniotique et le ventre. De plus, le fœtus entend les autres sons extérieurs qui sont forts et graves (Daviault, 2011, p.33).

La période prélinguistique

« Le bébé comprend ou du moins cherche à comprendre dès l’instant où il vient au monde. Il n’apprend pas à parler en grandissant, c’est le langage qui le fait grandir » (Bentolila, 2014). Lorsque le bébé arrive au monde, il produit des cris. Au moment, où il commence à utiliser sa voix, ses cris s’atténuent (Aimard, 1996, p.62). Durant, les deux premiers mois de vie de l’enfant, « il émet que des sons végétatifs ou réactionnels qui traduisent son bien-être ou son malaise » (De boysson-Bardies, 1996, p. 51). « Le bébé va commencer à percevoir l’intonation des sons et des syllabes, le rythme, la mélodie et la durée de sa langue maternelle » (Daviault, 2011, p.33). En effet, le bébé manifeste déjà une préférence à la prosodie de sa langue maternelle.

Entre deux et cinq mois, le bébé commence à faire des vocalises. Durant cette période, deux éléments importants se développent grâce à ses vocalises : « les premiers sons de confort et les premiers sons intentionnels d’inconfort. » Le bébé réagit au sourire. Nous pouvons distinguer lorsque l’enfant est content ou qu’il a faim. Il peut produire ces sons qu’en position couchée (Daviault, 2011, p.39). «Durant la période préparatoire au babillage, le bébé joue avec ses articulateurs, claque la langue, ouvre et ferme la bouche. » Il produit aussi des sons vocaliques (De boysson-Bardies, 1996, p.52).

Puis, vient la période du babillage. Le babil peut commencer vers l’âge de 5 mois. « Les premiers sons du babil sont à peu près les mêmes dans différentes langues étudiées : « a », « é », « i », « ou », puis viennent les consonnes : « p », « b », « d », « m », « n ». Le babil évolue. Pour commencer, l’enfant produit un babil « sauvage », c’est à dire qu’il compose n’importe quel son et bruit de la bouche. Puis, progressivement, le babil va s’ajuster aux modèles phonétiques entendus de la langue maternelle. « L’adulte modèle le répertoire phonétique de l’enfant car l’oreille et les organes de la phonation vont être habitués aux phonèmes des adultes présents pour l’enfant » (Aimard, 1996, p.63-64). Le babillage est une période importante dans le développement langagier de l’enfant (De boysson-Bardies, 1996, p.60). Il constitue une marque d’intérêt de l’enfant au langage et au contact social. C’est avec ces productions vocales que l’enfant va pouvoir communiquer avec son entourage. La fonction du babillage est d’exercer les organes de phonation de l’enfant comme la langue, le palais et les lèvres. « L’articulation d’un son peut solliciter jusqu’à 70 muscles différents. » Avant les années 1980, plusieurs études proclamaient qu’il n’y avait pas de lien entre le babillage et le langage. En 1982, les travaux de Kuhl et Meltzoff ont contré cette information en disant que « le babillage sert d’ajustement fin du système vocal de l’enfant » (Daviault, 2011, p.42-43). Bien que le babil ne soit pas le langage, il fournit un cadre pour le développement langagier. De plus, parfois, il continue même lorsque les premiers mots de l’enfant apparaissent. Des études révèlent que plus l’enfant babille, plus ses premiers mots se développeront tôt (De boysson-Bardies, 1996, p. 60).

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Il existe une étape transitionnelle entre le babillage et le langage. C’est le moment où l’enfant fait des « proto-mots. » « Ceux-ci précèdent de peu l’apparition des premiers mots qui se fait à peu près vers l’âge de 12 mois » (Daviault, 2011, p.43). Ces proto mots sont basés sur des bruits familiers ou même inventés par l’enfant. Avec ces proto-mots, nous pouvons apercevoir que l’enfant a compris le système du langage en faisant des suites de sons prononcés par l’adulte et qu’ils servent à communiquer. L’enfant utilise ces proto-mots car il ne connaît pas encore de « vrais » mots mais a compris le but de la communication intentionnelle. De plus, certains travaux révèlent que les enfants sourds utilisent aussi des signes inventés par eux (Daviault, 2011, p.43).

Les premiers pas lexicaux

« La capacité d’articuler finement les sons du langage exige une certaine maturation physiologique et cognitive » (De boysson-Bardies, 1996, p.163). Pour produire un mot, l’enfant va passer par plusieurs étapes. Tout d’abord il devra choisir le mot approprié dans son répertoire. « Puis, retrouver le programme phonétique qui permettra de le réaliser et enfin donner une séquence d’ordres aux divers articulateurs pour aboutir à la prononciation du mot » (De boysson-Bardies, 1996, p.164). Maîtriser la prononciation est difficile étant donné qu’elle met en œuvre quelques 70 muscles (Daviault, 2011, p. 58). « L’âge d’apparition des premiers mots et le rythme de développement du lexique varient beaucoup selon les enfants, leur milieu, leur rang dans la fratrie, leur tempérament aussi… » (Florin, 2011, p.29). Généralement, ils arrivent entre 12 et 18 mois. L’acquisition des mots est régulière. Un enfant apprend entre 1 et 2 mots par jour (Florin, 2011, p.29). Les premiers mots sont généralement « papa » et « maman ». Puis, les autres mots seront des mots qui comptent dans la vie de l’enfant comme le chat, dodo, à boire, pain, bisou. Ces mots se réfèrent à des événements habituels ou présents qui se situent dans le temps et l’espace de l’enfant. Il est souvent difficile de comprendre ce que l’enfant veut dire car ses mots sont approximatifs (Aimard, 1996, p. 67-70).

L’acquisition du lexique touche le système de connaissance du monde. « Les mots que nous employons correspondent à des formes phonologiques et à des découpages du monde réel en catégories d’objets et d’actions » (De boysson Bardies, 1996, p. 149). L’enfant apprendra le sens des mots par rapport aux événements réels qui se passent autour de lui. Par exemple, à l’heure du dîner, l’adulte répétera plusieurs fois les mots tels que la chaise, la cuillère et qui reviendront à chaque repas. C’est alors que l’enfant pourra mémoriser la définition du mot avec l’objet qui correspond. L’enfant utilisera le domaine de la cognition pour enregister les mots (De boysson-Bardies, 1996, p. 150-152).

Table des matières

1. Introduction
1.1. Cadre de recherche
1.1.1. Illustration
1.1.2. Thématique traitée
1.1.3. Intérêt présenté par la recherche
1.2. Problématique
1.2.1. Question de départ
1.2.2. Précisions, limites posées à la recherche
1.2.3. Objectifs concrets de la recherche sur le terrain
1.3. Cadre théorique et/ou contexte professionnel
1.3.1. Le développement global de l’enfant de 0-2 ans
1.3.2. L’influence
1.3.3. Le rôle de l’éducatrice
1.3.4. La communication
1.3.5. Le langage verbal et le langage non-verbal
1.3.6. La langue des signes
1.4. Cadre d’analyse
1.4.1. Terrain de recherche et échantillon retenu
1.4.2. Méthode de recherche
1.4.3. Méthode de recueil des données et résultats de l’enquête
1.4.4. Finalités du mémoire
2. Développement
2.1. Introduction et annonce des grandes parties du développement
2.2. Le développement langagier
2.2.1. La perception intra-utérine
2.2.2. La période prélinguistique
2.2.3. Les premiers pas lexicaux
2.2.4. La parole devient langage
2.3. La langue des signes chez les enfants de 0-2 ans
2.3.1. Les gestes conventionnels
2.3.2. L’apprentissage de la langue des signes
2.3.3. Comment utliliser les signes ?
2.4. Les relations geste-parole aux étapes précoces du développement langagier
2.5. Rôles de l’éducatrice
2.5.1. Attitudes idéales citées par les intervenantes
2.5.2. Attitudes réelles mises en place dans la structure d’accueil
2.6. Influences de la langue des signes sur le développement langagier
2.6.1. Réserves et recommandations dans l’utilisation de la langue des signes
2.7. D’autres utilisations de la langue des signes en structure d’accueil
2.7.1. Enfants avec des retards langagiers ou problèmes communicatifs
2.7.2. Langue des signes pour les enfants bilingues
2.8. Les recherches sur le développement global de l’enfant
3. Conclusion

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