Le départ de Turin et l’arrivée à Modène

Le départ de Turin et l’arrivée à Modène

– Contexte culturel artistique et politique de la cour d’Este au début du XVIIe siècle a. Parcours historiographique des hypothèses sur le départ de D’India de la cour de Savoie – Un nécessaire retour aux sources historiques Avant son mystérieux départ de la cour de Turin en mai 1623 et avant son arrivée à la cour de Modène la même année, Sigismondo D’India est mentionné dans le livre de maître du cardinal de Savoie au début de l’année 1623. Il s’agit du dernier paiement turinois où il est question du compositeur : « Trois cent trente-trois florins soit 18 et 18,6 ducatons payés à Filippo Albino, musicien, pour compte des dépenses que par ordre du Prince Sérénissime Cardinal il engagea pour Monsieur Sigismondo D’India, musicien, ainsi que nous le constatons par ordre de Monsieur le Comte Lodovico d’Agliè le 27 janvier et dont la quittance de paiement date du 11 février 16235 . » Nous savons que D’India n’était pas à Turin au début de l’année 1622 et que c’est le même Filippo Albini qui a remplacé le compositeur lors de la fête donnée pour l’anniversaire du duc Charles-Emmanuel le 12 janvier de la même année, D’India étant « absent pour des affaires le concernant » selon le même Albini6 . On ne connaît pas les raisons pour lesquelles D’India s’est éloigné de la cour de Savoie, d’abord en 1622, puis définitivement en 1623. Plusieurs hypothèses on été émise à partir de l’interprétation du laconique commentaire de Lodovico d’Agliè dans une lettre adressée à Alfonso d’Este le 4 novembre 1623 : « Le Chevalier Sigismondo D’India partit il y a quelques mois de la cour de Monsieur le Duc, mon Seigneur, pour échapper à la malveillance de certains qui firent sur lui de très mauvais rapports à son Altesse7 . » Stanislao Cordero di Pamparato, qui a publié cette lettre en 1930, impute le départ de D’India à la jalousie de certains membres de la cour et à la possibilité d’un complot contre le compositeur. Cordero di Pamparato interprète et étend le sens de la phrase : « échapper à la malveillance de certains », en introduisant l’idée qu’il y aurait eu de « graves accusations lancées contre le musicien8 . » Cette idée sera reprise par Nigel Fortune qui la transformera en « malicieuse rumeur sur lui qui semble concerner sa vie privée et qui remonta jusqu’aux oreilles du duc9 . » Le pas entre l’idée de « malveillance » en général à celle d’un « scandale » concernant la vie privée du compositeur est franchi par John Joyce qui affirme en 1981 avoir « appris de Nigel Fortune que l’inattendu départ de D’India de Turin pourrait être dû à des comportements homosexuels de sa part. Cette hypothèse a été émise par le musicologue américain Arnold Hartmann, mais j’ignore l’origine de telles suppositions10. » En réalité, Nigel Fortune pas plus qu’Arnold Hartmann 11 n’émettent de telles hypothèses. Pourtant, la déformation de la phrase initiale devenue affaire de mœurs est celle qui est retenue par Glenn Watkins qui parle d’un « scandale » – sans pour autant faire référence à l’homosexualité 12 –, par John Whenham, qui parle quant à lui « d’une condamnation due à un comportement scandaleux, sans doute de nature homosexuelle13 », et  surtout par Andrea Garavaglia14 qui, à travers l’analyse des rapports que le compositeur entretenait avec des différents personnages du milieu turinois ou romain comme le poète Marino ou le cardinal de Savoie, tente de prouver que les goûts artistiques de ces derniers témoignent d’une sexualité pour le moins anticonformiste et que D’India partageait avec eux d’autres passions que les arts. Faut-il dès lors aller jusqu’à considérer, comme Garavaglia15, que le fait qu’aucune source n’indique que le compositeur aurait été marié ou père de famille, confirmerait certains penchants ? Rien n’est moins sûr : le mariage et la descendance – ou leur absence – ainsi que la souffrance exacerbée de ses lamentations16 ne prouvent rien… L’hypothèse d’un scandale dû aux mœurs du compositeur ne repose sur aucun document fiable et certaines hypothèses, en la matière, s’éloignent sensiblement du commentaire de d’Agliè, au reste seule source historique concernant l’affaire. Nous devons éviter de trop solliciter les sources, de donner dans la surinterprétation ; il faut parfois préférer l’aporie à une lecture par trop psychologisante et anachronique. Si les affaires de mœurs étaient fréquentes à cette époque dans les cours italiennes, elles n’avaient aucun caractère systématique. À y bien réfléchir, c’est l’hypothèse d’une jalousie suscitée par les privilèges dont le compositeur jouissait, qui correspond le mieux à la « malveillance » évoquée par Lodovico d’Agliè. Telle est du reste la supposition retenue par Eleonora Simi Bonini dans sa notice sur le compositeur dans le Dizionario Biografico degli Italiani17, supposition qui nous paraît la plus convaincante et que nous retiendrons jusqu’à plus ample informé car elle ne fait pas entrer les mots de d’Agliè dans un quelconque lit de Procuste. Le départ de D’India de la cour de Turin a lieu au même moment que celui du cardinal de Savoie – son plus important mécène – pour Rome18, suivre le cardinal Maurice devait être sans doute le meilleur choix pour poursuivre sa carrière de compositeur..

Cesare I et Alfonso III d’Este, mécènes et continuateurs du faste ferrarais à Modène 

Au moment de l’arrivée de D’India à Modène, la famille d’Este, qui a quitté Ferrare depuis quelques années, entame une nouvelle phase du mécénat artistique22. L’une des préoccupations majeures de la cour de Cesare d’Este – duc de Modène – et de son fils Alfonso est en effet de continuer à faire vivre la gloire de leur passé musical ferrarais23. Quand Cesare d’Este quitte Ferrare en 159824, il emporte avec lui la bibliothèque et le musée de la famille ducale25. Le mariage en 1608 d’Alfonso d’Este avec Isabelle de Savoie, fille du duc CharlesEmmanuel, constitue un moment important pour la cour d’Este de Modène, en ce qu’il marque le début d’une période d’échanges artistiques26 et d’ouverture culturelle. Cette union a également modifié les rapports avec la famille Gonzague de Mantoue, alors une référence pour la nouvelle cour de Modène aussi bien en matière politique que diplomatique ou culturelle, nous y reviendrons. Alfonso d’Este, qui devient duc à la mort de son père en 1628, était volontiers décrit comme un homme prudent, juste et pieux27, il était également un mécène actif. Il convient donc de s’intéresser à son importante activité de protecteur des musiciens afin de mieux connaître l’ambiance artistique dans laquelle a vécu Sigismondo D’India à son arrivée. c. Sigismondo D’India et les musiciens de la cour d’Este – Le fonds Musica e musicisti des Archives d’État de Modène Les Archives d’État de Modène conservent un fonds très important concernant l’histoire musicale de l’Emilie Romagne des XVIe et XVIIe siècles. Il permet en effet de mieux connaître les tendances musicales, la circulation des musiciens et les compositeurs que D’India a pu côtoyer à la cour d’Este. Le fonds « Musique et musiciens28 » est constitué de correspondances et autres documents ayant appartenu aux musiciens et est ordonné par ordre alphabétique. Nous avons concentré nos recherches sur les documents de la première moitié du XVIIe siècle : douze d’entre eux, couvrant la période 1626-1629 29 , concernant Sigismondo D’India ; nous pouvons considérer qu’il s’agit du fonds d’archives le plus riche concernant le compositeur. On peut en outre identifier, toujours dans ce fonds, quelque vingt autres compositeurs pendant la période considérée. Le premier est Giovanni Francesco Anerio (1567-1630), élève de Palestrina, musicien de plusieurs chapelles romaines dont celle du duc Altemps et frère du musicien Felice Anerio dont nous avons parlé dans le chapitre 2 de la deuxième partie de cette thèse. Selon Eleonora Simi Bonini, un livre de madrigaux incomplet à une et deux voix d’Anerio, publié à Venise en 161130, contiendrait des poèmes de D’India31 comme serait aussi le cas du recueil de « Concerts académiques » de Dionisio Bellante – dont on ne sait pratiquement rien –, publié également à Venise en 162932. Nous avons consulté les deux livres de musique conservés incomplets à la Bibliothèque Braidense de Milan, sans avoir pu répérer des vers de D’India parmi les poèmes anonymes des madrigaux33. Si l’on pouvait démontrer la collaboration du compositeur avec Bellante et Anerio, on ouvrirait de nouvelles perspectives de recherche sur la carrière de D’India avec le milieu musical de Vérone avant son arrivée à la cour de Turin et jusqu’à l’année de sa mort. En effet, Anerio était maître de chapelle de la Cathédrale de Vérone entre 1609 et 1611 et la dédicace du livre de Bellante, quant à elle, signée depuis Vérone également le 11 novembre 1629 (après la mort de D’India) contient un poème de Gio. Battista Alecco « Veronese ». La lettre d’Anerio qui est conservée aux Archives de Modène est adressée à Isabelle d’Este-Savoie et datée du 10 mars 1618. Le compositeur présente ses excuses pour le retard de la mise en musique de l’hymne Audi benigne conditor dont il lui envoie les partitions par l’intermédiaire de Giovanni Battista Stefanini, maître de chapelle de la Cathédrale de Turin de 1602 à 1604 et de 1608 à 161434, charge qu’il occupa également à l’église de Santa Maria della Scala à Milan de 1606 à 160835. Anerio se trouvait en effet occupé à d’autres commandes de musique sacrée à Rome36. Il est intéressant de remarquer que Stefanini a dédié un livre de motets au cardinal de Savoie en 1626 (Motteti concertati a 2, 3, 4 e 5 voci), alors que le prélat se trouvait à Rome. Le musicien est en effet en contact avec l’ambiance musicale de Turin depuis 1606 quand il publie la même année à Milan son Premier livre de motets à une, deux et trois voix, le dédiant au prince Victor-Amédée de Savoie37, conservé dans le fonds de la réserve musicale (I-IV) auprès de la Bibliothèque nationale de Turin et qui provient de la collection du duc Charles-Emmanuel. C’est dans ce fonds que se trouve le mélodrame La Zalizura (Ris.Mus.II.5), attribué à Sigismondo D’India38, ainsi que son Deuxième livre des Musiche. On trouve également d’autres pièces de Pietro Veccoli39, Filippo Albini40, Enrico Radesca41 ou Giovanni Battista Fergusio42, dédiées au duc, à Catherine d’Autriche et à Victor-Amédée43. Autre compositeur dont le nom figure dans les documents du fonds, Paolo Bravusi (1586-1630), élève d’Orazio Vecchi, était chanteur de l’église S. Pietro à Modène. Il fut ensuite, à la cathédrale, l’assistant (vicemaestro) de Geminiano Capilupi44 – avec qui il entretenait des rapports de rivalité et de jalousie –, de 1609 à 1614, date à laquelle il a renoncé à sa charge. Bravusi est devenu le maître de chapelle titulaire le 19 mai 1626 (peu après la démission de Stefanini) et cela jusqu’à sa mort de la peste en 1630. Malgré une grande qualité de composition, il ne nous est pas parvenu grand-chose de sa musique45. C’est Bravusi qui a composé la musique pour l’arrivée d’Isabelle d’Este-Savoie en 1608. Sa présence est également attestée en novembre 1626 lors des funérailles de la princesse accompagnées par la musique de Sigismondo D’India46. Cinq lettres de 1620 à 1629 du prêtre modénais Ludovico Casali (1575 ?-1647) sont également conservées47. Casali, par ailleurs organiste, contrapuntiste et théoricien, était l’un des compositeurs les plus importants des premières décennies du XVIIe siècle à Modène. On sait qu’il donnait des cours de chant gratuits aux jeunes, avant d’être nommé organiste de la Cathédrale en 1638. Il fit également partie des musiciens qui gravitaient entre Modène et Mantoue dans les années 162048. Sa correspondance, ainsi que son Invitation générale aux grandeurs et merveilles de la musique publié à Modène en 162949, sont intéressantes car elles nous éclairent sur le contexte dans lequel a vécu D’India. Ainsi, Casali mentionne dans l’Invitation les compositeurs Orazio Vecchi50 et Lodovico Fogliano51, mais également Claudio Monteverdi, les musiciens de la cour de Mantoue52 et Sigismondo D’India : « On peut jouir, comme jusqu’à présent, d’une nouvelle floraison de musiciens modernes cueillis par le Sérénissime Alfonso d’Este duc de Modène, etc. qui ne se contente pas du seul plaisir du délicat fruit de la musique […]. Le mémorable Monsieur le Chevalier D’India, graine parmi celles qui ne seront jamais assez louées, de la véritable musique moderne en chaque genre très expert. En semant aux oreilles de tous, tel un ange du paradis, ses notes étaient en effet plutôt divines qu’humaines53. » Quant à la correspondance de Casali, elle peut nous éclairer sur la pratique musicale du duché de Modène. Il est question par exemple d’un duo de violes aussi bien pour la célébration d’une messe que pour le bal d’une fête dans la ville de Rubiera, située à une dizaine de kilomètres de Modène.

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Le premier mélodrame à Modène

– L’Isola d’Alcina de D’India/Testi a. Développement et profusion des rinovatori della fama, les spectacles à la cour d’Este Comme le souligne Marina Calore, le spectacle à Modène fut le terrain de confrontation entre la culture citadine et courtisane et la culture populaire et aristocratique. L’arbitre de cette confrontation était le duc lui-même104. Modène est l’une des villes italiennes parmi les plus actives et les plus éclectiques en ce qui concernent les fêtes et les spectacles. La tragédie et la pastorale y sont à cette époque des produits types des académiciens. La comédie, quant à elle, sera très vite adoptée et appréciée comme un genre capable d’unir musique, chant, théâtre et vie quotidienne ; le meilleur exemple en est l’Amfiparnaso d’Orazio Vecchi105. Les fêtes publiques deviennent peu à peu des spectacles allégoriques destinés à célébrer les événements prestigieux des gouvernants. De la petite structure des tournois106 on passe aux grandioses spectacles mythologiques dans le droit-fil de la tradition de Ferrare. C’est le cas de la joute représentée dans cette ville le 25 février 1618 sur le thème mythologique d’Amour107, à laquelle les comtes Francesco et Giovanni Battista Molza, tous deux « Chevaliers valeureux et de véritable constance » (« Cavalieri valorosi di vera costanza »), ont participé sous les pseudonymes de « Filatero d’Athènes » et « d’Eustache de Chypre108 ». On trouve confirmation de cette mutation des spectacles modénais dans le fonds Spettacoli pubblici, tornei, giostre des Archives d’État de cette ville. Dans un document daté d’octobre 1608 109 – année où Isabelle d’Este-Savoie a épousé le prince de Modène Alfonso III – il est question de plusieurs spectacles chorégraphiques équestres110 (balletto et ballo a cavallo) avec des musiciens111, ainsi que de plusieurs mises en scène de ballets allégoriques avec des parties chantées, l’un sur le thème d’Amour, de Diane112, de la Renommée113, de Ruggiero114, et d’Amadis de Gaule115 où il est question de la participation de l’Infante de Savoie au bal. Un autre spectacle intitulé Balletto delle hore (Ballet des heures) prévoit que chaque danseur représente une heure de la journée divisée en heures des ténèbres et heures de lumière avec des parties chantées.

Fulvio Testi, entre diplomatie musicale et diplomatie poétique : la tentative non aboutie de 

L’Isola d’Alcina Poète et diplomate, admirateur de Lope de Vega et ami des musiciens et des poètes, Fulvio Testi (1593-1646), originaire de Ferrare, est nommé « virtuoso di camera » (« virtuose de la chambre ») du duc Cesare d’Este en 1618126. La valeur littéraire du jeune poète était déjà connue à cette époque et c’est la raison pour laquelle le prince Alfonso d’Este, son protecteur, lui a confié la tâche de recueillir les noms des érudits qui pourraient faire partie de l’Académie qui devait être créée à Modène127. Grâce à son activité de diplomate, Fulvio Testi peut être considéré comme « un observateur exceptionnel de la vie politique européenne128 ». Sa correspondance est en effet riche d’enseignements aussi bien en matière d’histoire politique et diplomatique que sur les plans artistique et littéraire129, raison pour laquelle, en 1967, Maria Luisa Doglio en a publié l’intégralité en trois volumes130. Du point de vue diplomatique, les cours les plus importantes dans l’activité de Testi furent Turin et Rome131. Le poète se trouve en mission diplomatique à Turin pour le compte de la cour de Modène dès 1619132, date à partir de laquelle il noue des liens étroits avec la maison de Savoie133 : il est fait Chevalier de l’ordre de Saint-Maurice et Saint-Lazare par le duc lui-même le 11 août de la même année134. En 1620, il s’installe à Rome où il restera plusieurs années135. La correspondance de son séjour romain est instructive sur les affaires politiques du pape Urbain VIII136. Il revient à Turin en 1628137, puis en 1631 et enfin en 1635138, après avoir été ambassadeur à Vienne (1632), à Rome (1633-1634) et avant de l’être à Madrid (1636-1638)139. Le poète finira ses jours à la prison de Modène en 1646, où il aura sans doute été jeté pour des motifs politiques140. Après un long séjour à Rome, Sigismondo D’India se rend à Modène en juin 1626 afin de composer la musique de l’Isola d’Alcina sur un poème de Fulvio Testi, lui-même inspiré de l’Orlando Furioso de l’Arioste, pour célébrer les noces de Marie Farnèse avec le prince Francesco d’Este qui ont eu finalement lieu au début de l’année 1631. Dans une lettre datée du 7 juillet 1626 et adressée au duc Cesare D’Este, Fulvio Testi écrit : « J’obéis aux ordres de Votre Altesse Sérénissime et je vous envoie ci-joint la note des interlocuteurs de cette fable : Monsieur le Chevalier D’India la présentera à votre Altesse141. » Le compositeur prépare le spectacle avec le plus grand soin, en témoigne une lettre adressée à Alfonso d’Este le 22 juillet où D’India écrit : « Je viens à nouveau supplier Votre Altesse Sérénissime de faire en sorte que l’œuvre soit jouée avec le soin et la diligence qui conviennent, en demandant le plus grand esprit pour toutes les parties, et surtout pour tout ce qui fait la partie de Melissa, qui requiert étude et travail pour sa longueur à sa difficulté ; je me trouve également dans le besoin de vous demander de prévoir un lieu où l’on puisse répéter les parties sans être entendu par tout le monde ; j’aurai beaucoup de choses à dire à Votre Seigneurie mais pour ne pas paraître plus inopportun que zélé, je vous laisse en vous rappelant seulement que vous pouvez vous manifester auprès du chevalier de la musique142, afin de cesser de vous importuner143 . » En effet, 1626 est une année d’intense activité poétique pour Fulvio Testi, comme l’attestent les 710 lires qu’il reçoit le 17 août « pour toutes les dépenses qu’il a effectuées pour la bibliothèque de Son Altesse Sérénissime144 », ainsi que deux lettres adressées à Cesare d’Este. Dans la première, le poète envoie une ottava au comte Giovanni Battista Ronchi, cameriere segreto et confident du duc de Modène, le 18 septembre 1626145, et, dans la seconde, datée du 2 novembre 1626, il adresse d’autres poèmes au même146. Giovanni Battista Ronchi, qui se trouve à Rome en 1624, est également le destinataire d’un document inédit datant de la même année – et dont la lecture est difficile – où on lui demande d’informer le cardinal de Savoie d’un paiement qu’il doit adresser à Sigismondo D’India.

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