Le défaut de surveillance dans la crise
Bien que plusieurs causes de la crise soient identifiées par les acteurs ( cf. annexe 6 ), nous nous sommes limités dans le contexte qui nous intéresse, aux causes relatives à un défaut de surveillance des pêcheries. Ces différentes causes sont signalées dans l’annexe 6.
Ce diagramme montre que 84% des acteurs dans la zone d’étude estiment que la crise est due à un manque de surveillance alors que 16% soutiennent que la surveillance n’a aucune responsabilité dans la crise affectant actuellement les ressources halieutiques. Le détail zonal de la perception est fourni par l’histogramme ci-dessous. Le pourcentage d’acteur jugeant que la surveillance est responsable de la crise en indiqué pour chaque colonne de la figure ci-après.
On note ainsi que 95% des acteurs de la zone Témoin estime que la crise dans la pêche est due à un défaut de la surveillance, 86% au Saloum, 83% au Cap-Vert, 75% au Fleuve. Des dix sept (17) professions identifiées39, seules six (6) couvrent plus de 90% d’explication du niveau de conscience de la crise en relation avec un défaut de surveillance des pêches. Le diagramme ci-dessous présente le taux d’explication pour ces principales professions. Les taux d’explication inférieurs à 1% sont regroupés dans une nouvelle rubrique intitulée ‘‘autres professions’’.
Il apparaît que l’implication du défaut de surveillance n’est signalée que par les professions directement concernées dans la production. Il s’agit des pêcheurs, transformateurs, mareyeurs et collecteurs de mollusques40.
La conscience des acteurs sur les mesures prises
Face à la crise et les causes identifiées, les acteurs se sont prononcés sur l’existence de mesures prises pour solutionner et lever les contraintes inhérentes à la crise sur les ressources halieutiques. Le tableau ci-après renseigne que plus de 70% des acteurs sont informés de la prise de mesures pour solutionner la crise. Par contre près de 25% des acteurs affirment qu’aucune mesure n’a été prise pour lever la contrainte liée au défaut de surveillance.
Il apparaît que l’implication du défaut de surveillance n’est signalée que par les professions directement concernées dans la production. Il s’agit des pêcheurs, transformateurs, mareyeurs et collecteurs de mollusques.
La conscience des acteurs sur les mesures prises
Face à la crise et les causes identifiées, les acteurs se sont prononcés sur l’existence de mesures prises pour solutionner et lever les contraintes inhérentes à la crise sur les ressources halieutiques.
Le tableau ci-après renseigne que plus de 70% des acteurs sont informés de la prise de mesures pour solutionner la crise. Par contre près de 25% des acteurs affirment qu’aucune mesure n’a été prise pour lever la contrainte liée au défaut de surveillance.
Au niveau des zones étudiées on note que la zone témoin, qui comme nous le savons n’est pas encore concernée par le programme GIRMaC, est celle qui présente le pourcentage le plus élevé (87%). Il s’agit en effet de la zone où sont situés les plus grands ports de pêche artisanale du pays. Il s’y ajoute que c’est à ce niveau qu’on retrouve les noyaux des plus grandes organisations professionnelles de producteurs et de mareyeurs. Les centres de pêche de Kayar et Mbour se caractérisent aussi par leur culture d’organisation communautaire qui leur a permis de prendre en charge plusieurs aspects liés à la gestion et la surveillance des pêches notamment au niveau de leur sites propres. De plus, les moyens actuels de surveillance élisent ladite zone comme aire préférentielle de surveillance du fait de leur proximité avec la capitale Dakar mais aussi du fait du nombre de conflits qui y sont signalés et de l’importance de leurs parcs piroguiers. Pour ce qui concerne les 3 zones du GIRMaC, le Delta du Saloum est celle où le pourcentage de conscience de la prise de mesures est le plus élevé. En effet la Saloum constitue une zone où les organisations non gouvernementales tels que le WWF et l’UICN de même que l’Etat ont beaucoup travaillé en vue d’éveiller les consciences des populations à la nécessité de préserver la riche biodiversité de cette localité qui est érigée en patrimoine de l’humanité par les Nations Unies. Ilfaut noter que les populations ont traditionnellement des systèmes de gestion de leurs ressources.
La satisfaction des acteurs par rapport aux mesures prises
Bien que la majorité des acteurs soit informée des mesures prises pour lever la contrainte liée au défaut de surveillance, plus de la moitié des acteurs affirment leur non satisfaction vis-à-vis des résultats desdites mesures. En effet, seuls 40% environ des acteurs affirment être satisfaits des mesures prises (graphe ci-après).
Nous avons constaté que le niveau de satisfaction reste très faible face aux innombrables mesures entreprises, par l’Etat, les populations et les ONGs. Compte tenu des immense efforts fournis en terme de mis en place de mesures et des faibles résultats obtenus, il semble opportun de changer de démarche, pour passer d’un système centralisé à un système, qui appelle une plus grande implication des acteurs à la base, selon un schéma de Cogestion locale, comme le propose leGIRMaC.
La connaissance de l’existence du programme GIRMaC au Sénégal
L’enquête a aussi déterminé le niveau de conscience des acteurs relativement à l’existence du Programme GIRMaC. Comme le montre la représentation graphique ci-dessous, Près des trois quarts des acteurs (73%) ne sont pas informés de l’existence du programme GIRMaC au moment de l’enquête.
Ce résultat n’est point surprenant car le programme GIRMaC est en sa phase de démarrage au niveau des zones prioritaires retenues et plus particulièrement au niveau des sites pilotes. On voit que le taux de connaissance du Programme est plus bas (15%) au niveau de la zone témoin qui n’est pas encore une zone d’intervention du GIRMaC. Les zones d’intervention ont bénéficié de plusieurs passages des équipes du programme. De plus, au niveau site, le facilitateur, déjà en place, permet une visibilité locale du programme. Il est attendu que la mise en œuvre du Plan de Communication du Programme puisse inverser les tendances observées durant cette situation de référence de divers indicateurs.
La perception par rapport à la Cogestion
Le niveau de perception et de confiance en l’approche de cogestion (et de surveillance participative) comme solution à la crise actuelle affectant les ressources halieutiques est en étroite corrélation avec le niveau d’information que les acteurs ont du programme GIRMaC. Lors de l’enquête, à la suite de la réponse des acteurs sur leur connaissance de l’existence du programme, un exposé clair du programme et de ses objectifs leur a été fait. Il leur est ensuite demandé leur point de vue sur l’efficacité ou non de l’approche de cogestion proposée par le GIRMaC pour solutionner la crise. L’analyse de la réponse des acteurs vis-à-vis de l’approche de cogestion proposée par le GIRMaC pour résoudre la crise révèle que plus de 70% des acteurs jugent que la solution de la crise passera par l’approche de cogestion des ressources halieutiques. Une part importante des acteurs (21%) s’est abstenue et 4% des acteurs n’ont aucune confiance en l’avenir. Il est clair que cette abstention ne réduit en rien l’espoir porté par les acteurs dans la cogestion.
CONCLUSION
Selon la FAO, le suivi, le contrôle et la surveillance posent, dans les pêcheries artisanales, toute une série de problèmes très particuliers dus au grand nombre de pêcheurs très dispersés intervenant dans la pêcherie. Dans ce cas, il importe, pour assurer le suivi, le contrôle et la surveillance de favoriser au plan local, dans la mesure du possible, une prise de conscience nette du besoin et de l’intérêt d’assurer la conservation et la gestion. En définissant des droits communautaires d’accès aux ressources et en se mettant d’accord sur des mesures d’aménagement au sein de la collectivité, il est possible de mettre en place des systèmes efficaces de suivi, contrôle et surveillance.
Pour les cas des initiatives locales des sites pilotes du programme GIRMaC, même si les acteurs sont à la base des mesures de gestion, il est nécessaire d’entreprendre une campagne d’information de sensibilisation et de communication auprès de l’ensemble des parties qui sont concernées par le processus de cogestion, notamment l’administration. Cette sensibilisation doit intéresser tous les niveaux de l’administration des pêches, notamment les CLPAs qui ont une échelle plus large que les CLP. Il est essentiel que les agents de l’administration des pêches s’approprient de l’approche de cogestion, en acceptant de transférer des responsabilités aux pêcheurs.
Lorsqu’on opte pour cette approche de surveillance participative où les pêcheurs participent davantage au processus d’aménagement depuis l’étape de l’élaboration des politiques jusqu’à celle de la prise des décisions concernant le suivi, le contrôle et la surveillance et la stratégie de mise en oeuvre., il convient de l’appliquer par étapes et la filière pêche ne doit assumer que progressivement une part de plus en plus grande des coûts de suivi, contrôle et surveillance.
La surveillance participative peut être un outil de maîtrise des pêcheries artisanales sénégalaises, elle peut contribuer à la mise en œuvre d’un dispositif de surveillance peu coûteux pour la communauté et plus efficace, en ce que l’ensemble des acteurs auront contribué à l’effort de surveillance
L’existence d’associations de pêcheurs et d’autres exploitants des ressources halieutiques de plus en plus préparés, conscientes de leurs rôles dans la gestion des pêcheries constitue un atout certain dans le processus de développement de la surveillance participative.
Pour le CONIPAS (Conseil Interprofessionnel de la Pêcherie Artisanale Sénégalaise) la mise en œuvre d’une stratégie de pêche durable nécessite une transformation radicale des relations entre le gouvernement et les utilisateurs des ressources « la cogestion offre l’occasion de participer plus étroitement à la gestion des ressources et de tirer parti des talents et de l’expérience desintervenants dans la recherches de solution de gestion durable des pêches. »