LE CRATON OUEST AFRICAIN
Rocci (1965) subdivise le continent africain en quatre zones stables : le craton du Congo, le craton du Kalahari, le craton Ouest-Africain et le craton Nilotique (fig.2). Notre zone d’étude se situe dans le craton Ouest-Africain. Ce dernier est constitué de roches cristallophylliennes et séparé des autres cratons par des ceintures de type zones mobiles. Il est limité: – au Nord par l’anti-atlas ; – à l’Est par la zone mobile centre-Africaine ; 8 9 – à l’Ouest par une zone mobile panafricaine qui le sépare des Mauritanides-Rockellides. Sur une immense partie de sa superficie, le craton Ouest-Africain est masqué par des formations d’âge protérozoïque supérieur à paléozoïque. Il s’agit en particulier des formations du bassin de Tindouf et celui de Taoudéni. Dans le craton Ouest Africain, le socle précambrien affleure dans trois domaines (fig.3): – la dorsale de Man ou Léo au Sud ; – la dorsale de Réguibat au Nord ; – les boutonnières de Kayes et de Kédougou-Kéniéba au Centre. Deux phases orogéniques caractérisent l’évolution du précambrien inférieur du craton Ouest-Africain. Il s’agit de l’orogenèse libérienne (2.9 à 2.6 Ma) qui affecte les formations archéennes dans les dorsales de Réguibat et de Léo, et de l’orogenèse éburnéenne (2.4 à 1.6 Ma) qui affecte les formations birimiennes dans le vaste domaine Baoulé-Mossi.
LA DORSALE DE MAN
La partie méridionale du craton Ouest-Africain stabilisé aux environs de 1600 Ma (Yacé, 1984), s’étend sur dix pays. Cette partie du craton a été appelée dorsale de Man ( Bessoles, 1977). Ce domaine cratonique est limité à l’Ouest par la zone mobile panafricaine des MauritanidesRockellides, au Nord et à l’Est par la couverture transgressive des bassins de Taoudéni et de la Volta. Ce dernier bassin constitue l’avant pays de la chaîne panafricaine des Dahomeyides. La dorsale de Man comporte un noyau archéen dans sa partie Sud-Ouest ou domaine Kénéma-Man, repris par les déformations du cycle éburnéen (Yacé, 1984) et un domaine paléoprotérozoïque ou domaine Baoulé-Mossi à reliques de socle archéen (Bessoles, 1977). II- 2-1- Le domaine Kénéman-Man Le domaine Kénéman-Man ou encore domaine orogénique anté-éburnéen est constitué de formations archéennes structurées lors de deux cycles orogéniques majeurs: le cycle léonien ( 3.5 à 2.9 Ma) et le cycle libérien de 2.9 à 2.6 Ma (Hurley et Rand, 1968; Tagini, 1971; Bessoles, 1977; Tysdal et Thorman, 1983; Yacé, 1984; Camil, 1984). Ces formations comportent des complexes granito-gnéissiques qui couvrent de vastes surfaces et des ceintures de roches vertes renfermant des roches basiques et ultrabasiques ainsi que des formations ferrifères. L’âge de ces ceintures ( léonien, libérien) est difficile à préciser compte tenu de l’hétérogénéité des données cartographiques.
Le domaine Baoulé-Mossi
Ce domaine intéresse la Guinée, le Sud du Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Burkina-Faso et le Nord du Togo. Il renferme des terrains du Paléoprotérozoïque et des reliques de formations archéennes restructurées lors de l’orogenèse éburnéenne notamment au Nord-Ouest et au Sud de la Côte d’Ivoire. Il couvre un peu plus des deux tiers orientaux de la Dorsale de Man ainsi que les boutonnières de Kédougou-Kénièba et de Kayes. Le cycle éburnéen qui caractérise le domaine a été divisé en deux cycles successifs distincts. – Le premier daté entre 2,19 et 2,14 Ma (Bard, 1974; Lemoine et al., 1984; Abouchami et al., 1990; Boer et al, 1992) correspond au Burkinien qui affecte les formations dabakaliennes caractérisées par une tectonique tangentielle vers 2170 Ma (Caen-Vachette et al., 1984) et par un métamorphisme épi à mésozonal. – Le second correspond à l’éburnéen sensu-stricto ou éburnéen II. Il affecte les terrains birimiens. Cet événement affecte également la partie orientale de la Dorsale de Réguibat précisément dans le domaine de Yetti-Eglab. Il est daté de 2,12 à 2,07 Ma (Feybesse et al., 1999; Abouchami et al., 1990)