Le contrôle individuel, un outil performant pour la sélection sur l’efficience alimentaire
Etude de l’efficience alimentaire des taureaux de contrôle individuel et de leurs descendants avec une ration à base d’un aliment complet condensé
Le projet Vachotron II
Les objectifs de sélection fixés par la filière comprennent depuis des décennies l’amélioration des aptitudes bouchères, pour accroitre la production de viande des animaux destinés à l’engraissement, et les qualités d’élevage, pour accroitre la productivité du troupeau de femelles reproductrices. Ces deux objectifs sont donc à améliorer simultanément. L’amélioration des aptitudes bouchères repose en partie depuis les années 80 sur le contrôle individuel en station des taureaux destinés à l’IA, stations dans lesquelles ces taureaux sont évalués sur la croissance, l’efficience alimentaire et la morphologie. Pour analyser le déterminisme des aptitudes bouchères et estimer leurs relations génétiques avec les qualités d’élevage des vaches allaitantes, un projet expérimental a été mis en place à partir de 1985 sur le domaine expérimental de l’INRAE de Bourges : le projet Vachotron II. Les données issues de l’engraissement des taurillons de ce projet ont été utilisées dans cette thèse. L’objectif de ce travail est d’estimer les relations génétiques entre les performances des taurillons et celles mesurées sur les taureaux évalués dans les stations de contrôle individuel. Pour pouvoir réaliser ce travail, un protocole spécifique a été appliqué pour procréer les animaux expérimentaux du projet Vachotron II à partir des taureaux évalués en station de CI. Les taureaux utilisés ont été sélectionnés sur un index de sélection combinant le poids final et l’efficience alimentaire, index considéré comme un estimateur indirect de la croissance musculaire. C’est ainsi que parmi 510 taureaux évalués dans les stations CI de Creuzier-le-Neuf (Allier) et Château-Gontier (Maine-&-Loire), 60 taureaux ont été sélectionnés sur cet index. En plus d’établir des relations de parenté entre les taureaux évalués en CI et les taurillons du projet Vachotron II, cette sélection divergente permettra d’améliorer la mise en évidence de relations génétiques entre l’efficience alimentaire et la croissance musculaire. Ainsi, 30 taureaux dits « inférieurs » et 30 taureaux dits « supérieurs » ont donc été sélectionnés pour procréer des descendants à la station expérimentale INRAE de Bourges. L’engraissement des taurillons a été réalisé dans un bâtiment de contrôle individuel, spécialement aménagé pour mesurer la consommation alimentaire individuelle. Cette consommation peut ainsi être reliée aux performances de croissance pour évaluer l’efficience alimentaire de ces animaux. La composition corporelle des taurillons fut également mesurée car des mesures approfondies ont été effectuées lors de leur abattage à l’abattoir expérimental INRAE de Theix : pesée de tout le 5 e quartier et dissection de la 6e côte pour estimer la proportion de muscle et de gras dans la carcasse. Cette dissection de la 6e côte a permis d’appréhender la composition du gain de croissance des animaux pour la relier aux performances de croissance et à l’efficience alimentaire. L’article ci-dessous, publié en avril 2019 dans Journal of Animal Science, traite des analyses du déterminisme génétique de l’efficience alimentaire des taureaux évalués en station de CI et celle de leurs descendants engraissés sur le domaine expérimental de Bourges. Cet article étudie les relations génétiques de l’efficience alimentaire entre les pères et les descendants mais également la réponse à la sélection divergente appliquée sur les pères. Enfin, pour préciser le déterminisme génétique de l’efficience alimentaire, les relations génétiques avec la composition corporelle, à savoir la composition du gain de croît et celle du 5e quartier, ont été estimées.
L’article : Etude des relations entre l’efficience alimentaire et les caractères d’abattage chez les taureaux
Charolais français Relationship between feed efficiency and slaughter traits of French Charolais bulls Sébastien Taussat (1,4), Romain Saintilan (1), Daniel Krauss (2), David Maupetit (2), MarieNoëlle Fouilloux (3), Gilles Renand (4) (1) Allice, 75012, Paris, France (2) UE0332 Domaine Expérimental Bourges-La Sapinière, INRA, 18390 Osmoy, France (3) IDELE, 75012, Paris, France (4) GABI, INRA, AgroParisTech, Université Paris-Saclay, 78350, Jouy-en-Josas, France. Journal of Animal Science, Volume 97, Issue 6, June 2019, Pages 2308–2319 https://doi.org/10.1093/jas/skz108 Le fichier additionnel à l’article se situe en annexe du manuscrit : Annexe 2. Héritabilités (en diagonale, ± erreur), corrélations génétiques (au-dessus, ±SE) et phénotypiques (en-dessous) entre tous les caractères mesurés sur les taurillons du projet Vachotron II.
Etude de l’efficience alimentaire des taureaux de contrôle individuel et de leurs descendants avec des rations représentatives des pratiques en élevage allaitant
Le projet Vachotron II a permis de montrer que la sélection des taureaux issus des stations CI est pertinente dans des systèmes utilisant des rations identiques. Cependant, dans les élevages allaitants, l’aliment le plus utilisé est l’herbe, sous forme pâturée ou conservée, dans les élevages naisseurs, et l’ensilage de maïs chez les engraisseurs. Il est donc important d’étudier le déterminisme génétique de l’efficience alimentaire dans des systèmes différents du CI, pour évaluer le pertinence d’une sélection à partir d’un aliment condensé distribué par le DAC. C’est autour de cette problématique que le programme BEEFALIM 2020 a été construit.
Le programme BEEFALIM 2020
Le programme BEEFALIM 2020 rassemble depuis 2015 l’INRAE, l’IDELE, les Chambres d’Agriculture de Bretagne, de Vendée et de Saône-et-Loire, Allice et les entreprises de sélection de la race Charolaise (Charolais Diffusion et Charolais Univers). Il a pour vocation d’étudier les déterminants physiologiques et génétiques de l’efficience alimentaire des bovins allaitants pour proposer une stratégie et des outils de sélection de ce caractère. Figure 14. Les différents axes du programme BEEFALIM 2020 Chapitre 3 – Le contrôle individuel – Le dispositif EFFI-J 90 Le programme BEEFALIM 2020 est divisé en 4 axes de recherches (Figure 14) : L’axe 1 se concentre sur la recherche de biomarqueurs phénotypiques de l’efficience alimentaire et la compréhension du déterminisme nutritionnel impliqué dans ce caractère. L’axe 2 est focalisé sur le phénotypage de l’efficience alimentaire de jeunes bovins en engraissement avec des rations contrastées riche en amidon ou en cellulose. L’axe 3 vise à caractériser l’efficience alimentaire des femelles d’élevage en phase de croissance et ses liens avec la précocité de développement ainsi qu’une restriction alimentaire lors de la vie productive. L’axe 4 a pour objectif d’étudier le déterminisme et la corrélation génétique entre l’efficience alimentaire des jeunes bovins en engraissement et celle des génisses en phase d’élevage. Il vise également à étudier les possibles stratégies de sélection génomique de l’efficience alimentaire en race Charolaise.