Le contexte de l’agriculture ivoirienne

Une économie coloniale fondée sur l’agriculture 

Au moment de l’ accession à l’ indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire est un pays très peu industrialisé, qualifié de pays agricole (Mazrui, 1998). Cette situation tenait plus d’ un héritage colonial que d ‘ une volonté des activistes de l’indépendance. L’administration coloniale s’était engagée dans la production de cultures destinées à l’exportation. Le café et le cacao ont été introduits à la fin du XIXè siècle en provenance du bassin amazonien (Balac, 1994). Ces deux cultures se sont répandues durant les décennies suivantes dans la basse Côte d’ Ivoire, sur des plantations appartenant aussi bien aux colons qu ‘ aux autochtones. Les superficies cultivées augmentent aux dépens de la forêt, les productions également. Quant aux cultures vivrières, elles étaient pratiquées par les autochtones pour l’ autoconsommation. «De sorte que la prospérité de la colonie était le fait de son développement agricole en général et de celui des cultures d ‘exportation en particulier … la conséquence immédiate était qu ‘à la fin de l ‘ère coloniale, la Côte d’ivoire souveraine hérita d ‘une économie nationale qui reposait essentiellement sur l’agriculture »(Affou, 1990, p.18) .

Une situation géographique et des conditions pédoclimatiques favorables à l’agriculture 

Sur le plan de l’ économie, le legs colonial pouvait difficilement être différent car la situation géographique et les potentialités pédoclimatiques du pays se prêtent à de nombreuses cultures de types équatorial et tropical.

La Côte d’ Ivoire se situe sur la côte ouest-africaine précisément entre le 4°30 et 10°30 de latitude nord et 2°30 et 8°30 de longitude ouest (Sangare et al., 2008). Elle s’ étend sur 322462 km2. Globalement, deux grands types de paysages végétaux occupent ce territoire: un paysage forestier (moitié sud) et un paysage de savane (moitié nord). Toutefois, des distinctions suivantes peuvent être observées, tel que mentionné en Annexe A: la Basse Côte d’Ivoire forestière du Sud, du Sud-Ouest et de l’Ouest est couverte d’ une forêt dense humide sempervirente; la Moyenne Côte d’Ivoire forestière, située au Nord de la zone précédente, est couverte d’ une forêt dense semi-décimée; la Côte d’Ivoire préforestière occupe une bande centrale située au-dessus de la forêt mésophile et la région nord de la Côte d’Ivoire (UNICEF, 2009).

La Côte d’ Ivoire a toujours joui d’ un climat favorable au développement de l’agriculture (Sangare et al., 2008). Les zones forestières du sud et les régions du nord sont caractérisées par une transition entre les climats équatoriaux humides et les climats tropicaux secs (Goula, Konan, Brou et al., 2007). La pluviométrie demeure importante malgré le réchauffement climatique. Le régime pluviométrique varie de 1000 à 2400 en zone forestière et de 1000 à 1700 mm d’ eau par an au nord, tel que mentionné dans l’ Annexe B. Le réseau hydrographique est composé de nombreux fleuves et affluents coulant du nord vers le sud (Banégas et Steck, 2015). Les autres eaux de surface se composent de retenues réparties sur l’ ensemble du territoire ainsi que des lagunes situées dans la zone côtière (UNICEF, 2009).

Les sols qui recouvrent le territoire ivoirien peuvent être regroupés en quatre principales catégories d’importance inégale : les sols ferralitiques désaturés, les sols ferrugineux tropicaux, les sols sur roches basiques avec des zones de cuirassement et les sols hydromorphes (A vit, Pedia et Sankaré, 1999). Quoique les caractéristiques géophysiques et chimiques des sols d’ un territoire ne justifient pas dans l’absolu ses aptitudes culturales, des cultures spécifiques peuvent tout de même naturellement convenir à certains types de sols. Ainsi, les sols ferralitiques désaturés (les plus répandus en Côte d’ Ivoire) conviennent bien à des cultures comme le palmier et l’ hévéa; les sols ferrugineux tropicaux ont des aptitudes culturales variées : cultures vivrières diverses, coton, etc.; les sols hydromorphes conviennent bien à la riziculture irriguée et peuvent porter des cultures de canne à sucre et de banane (Dabin et Maignien, 1979). Par ailleurs, les cultures arbustives pérennes telles que le cacao et le café s’ adaptent bien sur les sols ferralitiques (Girard, Sircoulon et Touchebeufde Lussigny, 1971).

Les terres cultivables représentent 75 % de la superficie totale de la Côte d’Ivoire, mais seulement 30 % sont réellement cultivées (FAO, 2004).

Une économie post-coloniale résolument axée sur l’agriculture 

« Le choix du secteur primaire comme moteur principal de développement tient à l’importance de l’Agriculture en Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, c’est l’agriculture et cela quel que soit l’angle sous lequel on se place. » (Sawadogo, 1974, p.88). Par ses propos, cet auteur voulait expliquer l’orientation économique choisie par les dirigeants du jeune pays, par l’ ancrage profond et historique de la société ivoirienne dans une tradition agricultrice. Il étayait davantage ses affirmations sur six points différents :

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– « au plan culturel, les civilisations ivoiriennes sont avant tout terriennes et paysannes … »;

– « au plan politique, c’est la lutte des planteurs pour l’amélioration de leurs conditions qui a déclenché le processus moderne de revendication politique… » (Sawadogo, 1974, p.89), qui a abouti plus tard à la décolonisation;

– sur le plan démographique, en 1960, 87,5 % de la population était rurale et en 1970, 72% l’ était encore;

– « en matière de distribution de revenus, c’est encore l’agriculture qui, de tout temps, fournit à la majeure partie de la population les ressources de son autoconsommation et ses rentrées d’argent. » ;

– « .. . l’industrie nationale, … est avant tout à base de transformation de matières premières agricoles. » ;

– « même le secteur tertiaire, banques, assurances, transports, commerce, est placé sous l’influence directe de l’agriculture, dont la prospérité joue le rôle de moteur principal de la consommation, comme de l’épargne publique ou privée. » (Sawadogo, 1974, p.89).

In fine, Sawadogo (1974) conclut que la Côte d’ Ivoire n’ avait pas d’ autre alternative pour la construction de son économie : elle n’ avait à l’ époque aucune ressource minière. Cela ajustifié l’intensité des efforts déployés en faveur du développement de son agriculture. Ces efforts ont été concentrés sur la diversification des cultures (surtout en agriculture vivrière) car en 1960, l’ économie était non seulement dépendante de l’ agriculture, mais de surcroît tributaire des exportations de café et cacao. Soixante-trois (63) pour cent de la valeur des exportations totales ne concernaient que ces cultures. Cette dépendance excessive pouvait être problématique pour l’ économie, eu égard à la ·fluctuation des cours mondiaux de ces cultures.

Table des matières

INTRODUCTION
PROBLÉMATIQUE MANAGÉRIALE
PROBLÉMATIQUE THÉORIQUE
CHAPITRE 1: LE CONTEXTE DE L’AGRICULTURE IVOIRIENNE
1.1 LA CÔTE D’IVOIRE: UNE ÉCONOMIE HISTORIQUEMENTTRIBUTAIRE DE L’AGRI CULTURE
1.1.1 Une économie coloniale fondée sur l’agriculture
1.1.2 Une situation géographique et des conditions pédoclimatiques favorables à l’agriculture
1.1.3 Une économie post-coloniale résolument axée sur l’agriculture
1.2 L’INTERDÉPENDANCE DE L’ECONOMIE ET DE L’AGRI CULTURE : LES GRANDES PHASES D’EVOLUTION
1.2.1 De 1960 à 1979: l’âge d’or de l’interdépendance
1.2.2 De 1979 à 1994 : les revers de l’interdépendance
1.2.3 De 1994 à 2015 : la persistance de l’interdépendance
1.3 LES ACQUIS ET IMPERFECTIONS DE L’AGRICULTURE IVOIRIENNE
1.3.1 Les acquis de l’agriculture ivoirienne
1.3.2 Les imperfections majeures de l’agriculture
1.3.2.1 La taille des exploitations agricoles et la productivité
1.3. 2.2 La précarité de l’emploi dans l’agriculture
1.3.2.3 Le foncier rural
1.3.2.4 L’accès au crédit
1.3.2.5 Le cadre juridique entrepreneurial
CHAPITRE 2: L’ENTREPRENEUR AGRICOLE ET L’EXPLOITATION AGRICOLE
2.1 L’ENTREPRENEUR AGRICOLE
2.2 L’EXPLOITATION AGRICOLE
CHAPITRE 3: LA MOTIVATION DES ENTREPRENEURS
3.1 LA MOTIVATION EN ENTREPRENURIAT
3.1.1 Les définitions de la motivation en entrepreneuriat
3.1.2 Pourquoi étudier la motivation des entrepreneurs ?
3.1.3 Comment étudier la motivation des entrepreneurs?
3.1.3.1 Les écoles dans recherche sur les motivations des entrepreneurs
3.1.3.2 Quelques travaux précurseurs
3.1.3.3 Quelques travaux ultérieu rs
3.2 LES BESOINS EN CONNAISSANCES SUR LES MOTIVATIONS DES ENTREPRENEURS
3.2.1 Les limites des recherches sur les motivations des entrepreneurs
3.2.2 La pertinence des besoins en connaissances sur les motivations des entrepreneurs
3.2.3 La mise à contribution des théories de la motivation au travail
CHAPITRE 4: LA THÉORIE DE L’AUTODÉTERMINATION, UN PRISME D’ÉVALUATION DES MOTIVATIONS DES ENTREPRENEURS
2.1 LE FONDEMENT DE LA THÉORIE DE L’AUTODÉTERMINATION ET SA VISION DE LA MOTIVATION
2.1.1 Le fondement de la théorie de l’autodétermination
2.1.2 La motivation sous le prisme de la théorie de l’autodétermination
2.1.3 Les types de motivation selon la théorie de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2000b)
2.1.4 Le continuum de la taxonomie de la motivation humaine (Ryan et Deci, 2000b)
4.2 LA PERTINENCE DE LA THÉORIE DE L’AUTODÉTERMINATION
4.2.1 Des contributions avérées dans divers domaines
4.2.2 Les contributions théoriques potentielles en entrepreneuriat
4.2.2.1 L’évaluation actuelle et différenciée des motivations des entrepreneurs
4.2.2.2 L’évaluation dynamique des motivations des entrepreneurs
4.2.2.3 Le développement d’un instrument de mesure des motivations des entrepreneurs
4.2.3 Les contributions managériales potentielles dans le contexte ivoirien
CONCLUSION 

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