Le conte dans l’éducation traditionnelle vili
PEMBA
Pemba est le conte d’une jeune femme désinvolte qui n’avait de considération aussi bien pour ses parents que pour les us et coutumes de terroir. Le thème développé dans ce conte est le respect/ obéissance (avec pour sous thème le non respect des lois ancestrales). Le conte Pemba se découpe en deux séquences. Analyse séquentielle Situation de départ Pemba n’avait aucune considération aussi bien pour ses parents que pour les lois et interdits de la contrée. Elément modificateur Pemba s’entête et ose ramasser du bois, un jour sacré. Première séquence : conséquence de la désinvolture de Pemba Elle ramasse du bois et en fait un fagot qu’elle pose sur sa tête ; le fagot colle sur le cuir chevelu. Elle appelle à l’aide, elle ne retrouve pas le chemin de son village. Son fils et elle sont momifiés. Deuxième séquence : réaction des différents éléments de la nature Tous les éléments de la nature : les feuilles des arbres, le vent, les oiseaux, les animaux … se mettent à chanter. Un mois plus tard, on voit Pemba sur la lune. Les séquences peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous 65 Situation de départ Élément modificateur Première séquence Deuxième séquence Pemba, jeune femme désinvolte foule aux pieds les lois et interdits ancestraux. Pemba ramasse du bois un jour sacré. Elle pose le fagot sur sa tête ; celui-ci colle sur son cuir chevelu. Elle ne retrouve pas son chemin et son fils et elle se momifient. Tous les éléments de la nature réagissent. Un mois après, on la voit sur la lune. Schéma actantiel Destinateur Objet Destinataire Manque de bois Forêt Pemba Adjuvant Sujet Opposant Désinvolte Pemba – Toute la contrée Désobéissance -Eléments de la nature Sujet opérateur : Pemba Sujet état : forêt Objet de la quête : le bois Analyse symbolique Différents éléments d’analyse Pemba Le troisième jour La forêt 66 Pemba Pemba en vili, c’est le kaolin (« argile blanche très pure»94). Le kaolin (ou le pemba) symbolise donc la pureté, le caractère vierge de quelque chose. Seules les filles sont nommées Pemba. Ainsi, lorsqu’une fille porte ce nom, cela peut signifier que son parent voudrait que le porteur de ce nom soit une personne pure de cœur : c’est une qualité noble. Chez les kongo (groupe ethnique dont les vili font partie), on utilise le Kaolin pour : – Blanchir une divorcée ou une veuve pour lui permettre de se remarier ; – Affranchir un (une) esclave de sa condition. Lorsqu’il en est ainsi, Pemba peut être donné comme deuxième nom (ou petit nom) à ces personnes blanchies ou affranchies. Dans ce conte, il s’agit d’une certaine Pemba. Ce nom serait-il son vrai nom ? Quel contraste ? Quelle déception (du projet du donneur du nom) ! Pemba, cette femme serait-elle une femme « blanchie » ? Le conte souligne qu’elle a un enfant. Ce qui nous intéresse le plus c’est ce qui la caractérise : une femme désinvolte. Pemba n’a d’égard pour personne et pour rien : elle ne respecte ni ses parents, ni les lois ancestrales, ni celles de la nature. Pour un tel comportement, P. NDA écrit : « Celui qui n’obéit pas à son père, n’obéira pas plus au chef qu’à la tradition, il porte en quelque sorte atteinte au système social, même à l’ordre établi »95 . Et dans ce cas, toute la communauté conviendrait pour jeter un anathème sur la mère qui « n’aurait sûrement pas su transmettre » les valeurs de la tradition à sa fille. Le conte relève aussi le fait que la mère de Pemba était la risée du village pour avoir manqué l’éducation de sa fille. Dans un esprit voisin, les Bambara disent d’un enfant réussi qu’il est « L’enfant d’une bonne épouse » et l’enfant gâté sera appelé « l’enfant d’une mauvaise épouse »96 . La mère, pourquoi elle ? Les femmes dans la société traditionnelle sont de véritables piliers (mu kundi en vili) car c’est à elles qu’incombe la réussite de leurs enfants. Pour ce faire, elles doivent être de vraies modèles. Pemba, la désinvolte peut-elle être un modèle de mère ? A quoi renvoient les éléments symboliques comme : le troisième jour ? Le bois ? Le fagot de bois ? Ramasser du bois ? La momification ? La forêt ? La lune ? Le troisième jour Le chiffre 3, traditionnellement renvoie aux trois pierres d’un foyer. En vili, le foyer (ci kùkù) est la base de la société, représenté par les anciens (dépositaires des lois ancestrales), le père (qui donne la vie – symbole de l’autorité) et la mère (pilier de la famille, clé de la société). Le foyer, puisque c’est de cela qu’il s’agit, peut aussi représenter un lieu de protection pour l’enfant. On pourrait l’illustrer de la manière suivante. Anciens Père (Dépositaires (Autorité) (Autorité) de la tradition) Mère (Socle) Plus que le chiffre 3, il s’agit dans ce conte du troisième jour. Pourquoi le troisième jour ? 96 Renseignements rapportés dans les notes inédites du Père VERSTRACTE. Ils sont extraits d’un texte de Bala SISSOGO (émission de Radio Mali, Septembre 1967), cité par BAZIN-TARDIEU(Danielle), Femmes du Mali, statut Image – Réaction au changement, OTTAWA, Éditions Lémeac, p.125 Enfant protégé 68 La semaine chez les Koongo comptait quatre (04) jours. L’équivalent du mercredi actuel (nsona) était un jour de repos. Ce jour était sacré. Personne n’avait le droit de travailler ce jour là ; le troisième jour était un peu comme le sabbat pour les juifs. En allant ramasser du bois le troisième jour, Pemba foule aux pieds un interdit. En plus, elle permet entre autres, de se soulager aux abords de la forêt : Ces faits sont une transgression de la loi. Elle court une double infraction. A cet effet, SACRIPANTI précise que : « Quiconque transgresse un interdit s’expose à des malheurs présenté soit comme des conséquences…. Soit comme un châtiment des génies qui frappent le coupable… »97 . Pemba en agissant ainsi atteint le paroxysme de la désobéissance. Les génies de la forêt excédés la châtient. Le chiffre 3 étant aussi le symbole de l’accomplissement, le destin de Pemba se dessine et s’accomplit ce jour là. La forêt Composé d’arbres et de sous-bois, la forêt constitue l’espace naturel. La forêt est un monde inconnu, un monde étrange et mystérieux. D’aucuns affirment que des forces visibles et invisibles interfèrent dans la forêt : c’est le domaine des êtres supraterrestres, des génies. Mais la forêt est aussi un lieu d’abondance (fruits, gibier, feuilles comestibles, écorces et racines qui guérissent, le bois pour le feu…). La forêt est aussi ce lieu où l’on peut opérer des actes interdits, des transgressions tout en étant à l’abri des regards étrangers. Pemba oublie que la forêt est un lieu de protection : ce lieu est donc sacré. En s’y rendant un jour sacré, elle est exposée : elle n’a désormais ni la protection des maîtres des lieux ni la protection tutélaire des mânes du clan. Le bois Un jour consacré aux mânes, aux esprits et/ou au culte des dieux, Pemba ayant constaté qu’elle n’avait plus de bois se dit : « je vais aller ramasser du bois, au bord de la forêt ». Le bois est l’élément à partir duquel, le destin de la jeune femme désinvolte va se dessiner.
HAGENBUCHER SACRIPANTI
Santé et rédemption par les génies au Congo, op.cit, P.127 69 Le bois que Pemba va ramasser est un bois mort il est le symbole de la mort. Le manque de bois est le motif qui pousse Pemba à aller dans la forêt. Ramasser le bois le troisième jour est, dans ce conte symbole de l’interdit. Du bois ramassé, Pemba en fit un fagot : le fagot de bois représente le manque comblé. Malheureusement lorsqu’elle le pose sur la tête, celui-ci colle sur son cuir chevelu : on pourrait dire qu’autant le fagot est un poids, autant symboliquement, il représente son entêtement, son mépris, son orgueil doublé de sa désinvolture et qui finalement va reposer sur sa conscience comme un poids qui « colle ». « Pemba voulut se débarrasser de sa charge» : C’est comme si Pemba refusait à ce moment là d’assumer la responsabilité de ses actes, comme qui dirait Pemba veut refuser de « porter sa croix ». Pemba dans la forêt ne put s’orienter et étrangement, le bébé qu’elle portait et ellemême, se momifièrent : ceci est bien la preuve que l’entêtement de Pemba a des limites ; la forêt est un monde étrange ; Pemba ne peut le maîtriser ; c’est une réalité autre, une réalité étrange. La forêt a ses règles. Pemba voulait défier les maîtres des lieux et ceux-ci ont réagi de façon violente et radicale. « A ce moment, tous les éléments qui composent la nature se mirent à chanter. Dans le conte, chaque élément réagit négativement. Ce faisant Pemba est reniée par elle à cause de sa désobéissance. Désormais elle ne bénéficie plus de la protection tutélaire des génies de la forêt. Ce chant qu’elle chant symbolise la malédiction. « Un mois plus tard, on vit Pemba sur lune ». La lune, « c’est d’elle que le mois reçoit son nom » 98 . Dans les villages, la lune (ngonda) est le symbole de sang, de l’impureté, de deuil. Lorsqu’il y a le croissant de lune, beaucoup de personnes sont inquiètes parce que celui-ci renouvelle toutes les maladies périodiques et chroniques (folie, asthme, épilepsie…). On dit : /ngonda / wa / bashika/ /lune / lui / sortir/ La lune est sortie = c’est à ce moment que Pemba est vue. 98 Bible TOB, Paris, Edition du Cerf, Ottawa, 1977, Si8, P.1330 70 La lune est l’astre qui représente la nuit. Voir Pemba sur la lune veut dire qu’elle est entrée dans une phase sombre de sa vie, dans ‘’une nuit symbolique’’. Désormais rien ne va plus aller pour elle ; c’est comme si elle est dans une nébuleuse : tout autour d’elle, il y a le voile noir. Voir Pemba sur la lune devient le symbole de la malédiction. Valeur éducative du conte Le conte Pemba montre à l’enfant les conséquences de la désinvolture, de l’irrespect face aux parents et /ou aux lois ancestrales. Conclusion Éduquer un enfant est une tâche délicate. Et, éduquer une fille l’est encore plus car manquer son éducation c’est porter un coup à la société. Pemba la jeune femme désinvolte incarne le personnage de la fille ratée. De ce conte plusieurs leçons peuvent être retenues : La nature a un langage : l’homme doit apprendre à lire la nature et savoir interpréter les signes de celle-ci. De même que les feuilles jaunes tombent des arbres, la nature se charge toujours de réguler les excès. Dans la société chacun doit savoir que « Là où s’arrête la liberté des uns, là commence celle des autres »99 . Pemba a foulé aux pieds les lois et les interdits de la tradition qui malgré tout, la rattrapent : « Quelle que soit leur longueur, les oreilles ne dépassent pas la tête ». 99 Vieil adage français 71 IV.1.5 CONTE 5 : MWENI Mwèni est le conte qui fait le récit d’un jeune homme nommé Mpambou : il n’écoutait ni n’avait confiance en personne. En âge de se marier, il défie tous ses ainés et épousa une étrangère. Le thème développé dans ce conte est celui de l’étranger. Le conte Mwèni peut être découpé en deux séquences. Analyse séquentielle Situation de départ Mpambou n’écoutait personne. En âge de se marier, il rejette les propositions tant de son oncle que des autres membres de la famille. Ce sujet devient alors un tabou. Elément modificateur Un jour, du retour d’un voyage, Mpambou convoqua son oncle et tous les autres membres de la famille pour leur présenter Loutaya sa femme : une étrangère. Première séquence : accueil et intégration de Loutaya L’oncle montre à sa bru, l’étendue de terre à travailler ; celle-ci travaille son champ (en se servant d’une tête d’antilope) avec ardeur, défiant ainsi toutes ses voisines. Deuxième séquence : confusion de Mpambou Une voisine surprend Loutaya et décide de la punir : elle badigeonne de piment « la vraie tête de Loutaya. Tout le monde découvre le pot-aux-roses. L’époux confus et honteux répudie Loutaya, sa femme. Toutes ces séquences peuvent se résumer dans le tableau ci-dessous : 72 Situation de départ Elément modificateur Première séquence Deuxième séquence Mpambou jeune homme entêté, défie ses aînés Il épouse la femme de son choix : une étrangère et l’impose à ses parents L’oncle, devant le fait accompli présente à sa bru son champ Loutaya défie ses voisines. Une voisine Loutaya et la punit : Le mari découvrant sa femme est confus, il répudie sa femme. Schéma actantiel Destinateur Objet Destinataire Mariage Loutaya Mpambou Adjuvant Sujet Opposant Désobéissance Mpambou – Oncle -Famille Sujet Opérateur : Mpambou Objet : Loutaya Sujet d’état : Loutaya 73 Analyse symbolique Différents éléments d’analyse Le village L’oncle Mpambou Loutaya Le village Il s’agit de celui de Mpambou. Le village se dit « bwala » en vili. Le village dans ce conte est le lieu où va se vivre tout le drame de Mpambou. Que représente le village pour chacun de nous ? Le village est le lieu où les us et coutumes se transmettent et se perpétuent de génération en génération. Il est pour chacun, un lieu de ressourcement, un lieu d’attache, de souvenirs : c’est le symbole de la vie pour ses habitants. D’une manière ou d’une autre, chacun a une histoire avec lui (village). Le village se confond avec la communauté, il est le lieu où se développe la solidarité entre les membres. Tsala-Tsala dit que : « Le village apparait alors comme un réceptacle »100 : Il représente le creuset pour la communauté. Le village est ce berceau qui a accueilli Mpambou quand il est venu au monde et qui l’a vu grandir. En désobéissant à son oncle (représentant de l’autorité parentale) et aux anciens (représentants des us et coutumes), Mpambou coupe le cordon qui le lie à la communauté villageoise et à sa famille L’oncle Chez les Koongo, les familles sont matrilinéaires. Ainsi, dans la tradition, l’oncle a valeur de père : c’est lui qui prend les grandes décisions en ce qui concerne la vie de 100 TSALA-TSALA (J.P.), La loi des pères absents, Thèse de Doctorat de 3e cycle de Psychologie, Paris, 1981, p.80 74 ses neveux (et nièces) ; l’oncle dans la famille est le symbole de l’autorité ; il symbolise le pouvoir : la parole de l’oncle est sacrée et ne peut être contredite. Or dans ce conte, Mpambou rejette la proposition de son oncle : ce fait traduit une malédiction. Mpambou Mpambou est le personnage principal du conte. C’est lui qui désobéit à son oncle et lui montre qu’il peut se trouver une femme. Son excès de zèle lui fait oublier l’essentiel : la place de l’oncle dans cette société. C’est aussi Mpambou qui convoque les aînés du village : il y a vice de forme dans cette façon d’agir car le plus jeune ne peut pas convoquer ses aînés. Ce faisant Mpambou montre qu’il n’a de considération ni pour eux, ni pour les lois établies : Son comportement symbolise la désobéissance et l’impolitesse. A la réunion qu’il convoque, Mpambou défie ses parents en leur présentant sa femme, une étrangère : ce fait est un double affront : « Celui qui défie les lois ancestrales est banni, puni par les ancêtres ». Le mariage qui a toujours été un moment de réjouissance devient à ce moment, une occasion de regret, de tristesse, de froideur. Mpambou oublie que dans la société traditionnelle vili, le jeune ne se choisit pas une femme : c’est l’affaire de ses parents (de son oncle surtout). Mpambou veut agir à sa guise en oubliant que : « Les liens qui rattachent l’individu à la famille ne perdent pas de leur importance et restent toujours vivants et agissants »101 . Pambou sait qu’on n’épouse pas une étrangère car, on ne connait ni ses parents, ni ses habitudes : on se méfie d’elle ; l’épouser est considéré comme une trahison : trahison de sa culture, de son éducation, de ses origines, de ses ancêtres… Et, ce fait déçoit tout le monde. Mpambou, en épousant Loutaya, foule aux pieds toutes les lois ancestrales. Il est le responsable de ce qui lui arrive : « il ne récolte que ce qu’il a semé ». Loutaya Loutaya est le personnage à partir duquel, toute la trame du conte se tisse. Elle est la femme étrangère que personne dans le village ne tolère. Loutaya est considérée comme un corps insolite dans la famille puisque c’est elle l’objet de l’affront. Même si Loutaya est gentille et travailleuse, elle reste une intruse ; c’est une plaie dans la famille : on ne peut l’aimer. Ses relations avec la belle famille seront toujours teintées d’hypocrisie. Loutaya est la cause pour laquelle Mpambou « reçoit » la malédiction : c’est elle qui vient démolir, sans le savoir ni le vouloir, les fondements de l’éducation que Mpambou a reçue. Loutaya est le symbole de la trahison. Elle est la honte de la famille. Le conte dit : « or, avant de quitter son village, sa mère, sachant que les étrangères ne sont guères acceptées dans les villages environnants, lui remit une tête magique de gazelle… ». Quelle est la portée symbolique de cette tête magique ? Cette tête est d’abord un fétiche familial. Elle est le totem du clan qui lui est remis pour asseoir son mariage : Cette tête doit susciter du côté de la belle famille, amour et acceptation (de la bru), en vue de son intégration : ce présent du clan est le symbole de la domination. Dès son arrivée, « l’oncle se devait de montrer à sa bru, l’étendue de terre réservée pour elle ; c’est ce qu’il fit ». Pour commencer donc son travail, Loutaya porte sa « tête de gazelle » et débite un chant. Dans le chant elle rappelle à celle-ci que d’autre jeunes femmes se déplacent sans savoir pourquoi ni où elles vont ; elles travaillent dans le vide ; que Loutaya, elle possède une tête qui est sa force. On dirait même que c’est le dit chant qui lui donne son entrain au travail. La belle famille, par l’entremise de l’oncle a été obligée de lui confier un lopin de terre ; cette terre qui devait nourrir l’époux et cette belle famille pourquoi pas ? Cette terre représente la mère nourricière car la richesse de la famille est déterminée par la « profondeur de son grenier ». 76 On dit même dans les villages « qu’une femme qui n’a pas de champ, n’a pas de valeur devant ses voisines » : elle ne peut nourrir ni son époux, ses enfants, ni sa famille ; elle est le symbole de la pauvreté. Le champ est symbole de richesse. Loutaya avec sa « tête de gazelle » réussit son coup parce que « dès que la houe avait touché le sol, elle eût une force inouïe ». Par son travail, elle défie toutes ses voisines. En plus de l’hypocrisie, ce fait fit naître la suspicion et la jalousie autour de la vie de Loutaya, la femme étrangère. La récolte abondante devint le fait insolite qui poussa ses voisines à être curieuses jusqu’à découvrir « le pot aux roses ». Pour être capable, d’utiliser cette « tête de gazelle », Loutaya a été initiée par sa mère. Elle avait le mode d’emploi, elle connaissait parfaitement le code d’accès à cette tête magique : elle en a fait les preuves. Mais ce qui était imprévisible c’est la découverte du secret par la voisine. En enlevant sa tête humaine pour la remplacer par la « tête magique de gazelle », Loutaya fait un voyage « astral » : c’est comme si elle sort de son corps et le remplace par des gazelles qui viendraient travailler pour elle. Le conte dit : « A la fin de la journée, toutes ses voisines s’étonnaient et s’exclamaient : Ah ! Quelle performance ! ». Cette tête devait permettre à Loutaya de se racheter par son travail : c’est le symbole de l’endurance. Cette tête, dès lors qu’elle avait été touchée, Loutaya ne se retrouva plus, elle ne put la remplacer. On dit que : « Dans ce genre d’opération, un seul mouvement, un seul geste change toutes les données de l’opération102 ». Ce qui est terrible dans le cas de Loutaya, c’est que la tête a été badigeonnée de piment : ce n’est plus la même tête et donc Loutaya ne saurait la porter. On raconte dans les villages que : « Pour piéger un sorcier, on badigeonne de piment une partie de son corps physique lorsque ce dernier tarde à se lever le matin »1
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