LE CONSTAT LA VILLE CONTRE L’AGRICULTURE
Un terroir historiquement agricole
Le territoire de Gignac-la-Nerthe est situé dans un bassin agricole encadré par des reliefs calcaire (au sud, la chaîne de la Nerthe) et par les étangs de Berre et de Bolmon au Nord. Etabli en contrebas du massif de la Nerthe, il bénéficie des eaux descendantes propices à des activités agricoles. Dès l’Antiquité (fin du 1er siècle av. J.-C), la villa romaine de la Pousaraque accueille des cultures, notamment d’oliviers43 . A la fin du Moyen Âge, le village actuel est créé dans la plaine grâce à l’agriculture (blés, oliviers, amandiers, vignes et élevage), sous la seigneurie de Marignane. Les paysans sortent de la subsistance et construisent leur propre église en 1780. Au XIXe siècle, l’agriculture se développe fortement, avec notamment deux grandes oliveraies, dans les domaines de Rebuty et de la Viguière44 . Les amandiers couvrent 500 ha en 1837. L’irrigation arrive en 1880, avec la construction par les agriculteurs du « canal de Gignac », branché sur le canal de Provence45 . Les cultures intensives et l’arboriculture se développent ; en 1909, le canton de Martigues produit 2100 quintaux de pêches provenant surtout de Gignac et Marignane46 . En 1919, Gignac produit 8 000 kg d’amandes et jusqu’à 15 000 kg en 1937 ; cette production alimente les usines agro-alimentaires d’Aix-en-Provence produisant nougats et calissons47 . Un élevage porcin quasiment «d’industriel» se développe également sur la commune, avec une multiplication des porcheries (allant jusqu’à 1 000 têtes) de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 196048 . Les campagnes font appel à de nombreux journaliers dans les vignes, le blé ou le maraichage. La population reste néanmoins inférieure à 1 000 habitants, dans une commune profondément agricole. Avec le chantier du tunnel du Rove, de 1911 à 1926, le village accueille une importante immigration, d’abord italienne puis espagnole et, dans une moindre mesure portugaise, mais reste un village (1 270 habitants)49. Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance démographique de la ville est plus marquée, notamment dans les années 1960 avec l’arrivée des rapatriés d’Algérie ; entre 1954 et 1975, la population passe de 1 687 à 3 568 personnes.
Une urbanisation rapide et une forte pression foncière
C’est surtout dans les années 1980, peu après la mise en service de l’autoroute A7 (achevée en 1974) et de l’autoroute A55 (jonction avec l’A7 livrée en 1975), que la ville va connaître une croissance très rapide. La forte urbanisation amène au doublement de la population en seulement 8 ans, d’environ 4 300 habitants en 1982 à près de 8 800 en 199051 . Cette croissance s’explique par la situation géographique de la commune, en proche périphérie de Marseille (20-25 mn), non loin d’Aix-en-Provence (35 mn) comme du pôle industriel de Fos sur mer (32 mn), et enfin à proximité immédiate de Marignane et Vitrolles, qui représente un pôle d’emploi majeur (aujourd’hui 3ème pôle d’emploi de la métropole AMP, avec 55 000 emplois, soit 10% de l’emploi métropolitain) et concentre des zones industrielles et commerciales importantes et des industries de pointe (telle qu’Airbus Helicopters). Depuis Gignac, il est possible de relier via l’A55, qui longe toute la frontière sud de la commune (voir photo ci-contre), et via l’A7 toutes les principales zones d’emploi de l’aire métropolitaine, mais aussi l’aéroport et la gare d’Aix TGV (15 mn), tout en satisfaisant le « désir de campagne » 52 évoqué par Donadieu et Fleury. Car les cadres et employés préfèrent s’éloigner des grands ensembles de Marignane et Vitrolles pour habiter de plus petites communes, à l’image provençale, offrant un cadre de vie plus qualitatif (paysages de cuestas et d’oliviers à Rognac, de massif et de vignes à Gignac). Le phénomène de périurbanisation est donc particulièrement caractérisé sur le territoire communal, doté d’un foncier agricole abondant et à bas coût, et les lotissent fleurissent.
Une agriculture à fort potentiel mais menacée
Malgré ce grignotage, l’agriculture est encore présente sur différentes parties de la commune. La Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône a réalisé un diagnostic agricole de la commune de Gignac en 2018, qui s’appuie sur la connaissance fine du territoire de cet organisme et sur une enquête poussée auprès de tous les exploitants de la zone. Selon ce diagnostic, 173 ha sont encore exploités en 2018 par 13 exploitations agricoles, sur une zone agricole totale de 340 ha.
Un terroir agricole aux nombreux atouts
Diversité des cultures – Les grandes cultures (65 ha) et la vigne (54 ha) sont les cultures les plus développées. Le maraîchage est encore présent sur prêt de 9 ha mais l’activité a décliné ces dernières années, notamment les surfaces de maraîchage plein air. Concernant l’olivier, culture historique de la commune, on trouve quelques belles oliveraies réparties sur l’ensemble de la commune avec 14 ha recensés. Les activités équestres occupent 11 ha. Des surfaces fourragères sont également présentes, principalement pour l’alimentation des chevaux.