Tout le monde en entend parler, le « tsunami gris » arrive et nous y avons été sensibilisés tout au long de notre formation par différentes approches, dans le but de nous apporter le maximum de connaissances. L’objectif est que nous ayons suffisamment de savoirs et de ressources pour le tournant que prendront les soins dans quelques années. Notre intérêt s’est plus précisément porté sur la personne âgée démente hospitalisée. Cette problématique nous a semblé pertinente d’après notre formation, nos expériences et les lectures que nous avions déjà pu effectuer car elle a un impact sur la santé de la personne.
Nous développerons plus précisément l’origine de la question ainsi que son argumentation dans le chapitre de la problématique. Nous pourrons nous appuyer sur des chiffres et des données sociologiques afin de renforcer notre argumentation. Nous préciserons également la démarche qui nous a permis d’établir notre question de recherche définitive. Nos recherches débuteront de manière exploratoire puis dans la littérature scientifique afin de sélectionner les articles pertinents. La méthodologie de recherche sera décrite précisément.
Nous avons commencé à réfléchir à la problématique de la gériatrie car tout au long de notre parcours estudiantin et dans la plupart des contextes de soins où nous avons effectué nos stages ou eu nos expériences professionnelles, nous avons été confrontés aux personnes âgées. Cette population, de par son augmentation démographique et des modifications sanitaires qu’elle entraîne, se montre comme un enjeu d’actualité pour lequel nous portons un grand intérêt. En effet, d’après l’Office Fédéral de la Statistique (OFS, 2016, p. 24), la proportion de personnes de 65 ans ou plus en Suisse se monte à 16%, comparée à 6% dans les années 1900. Cela représente actuellement, une femme sur cinq et un homme sur six. Nous avions comme première idée, l’accueil et la transition des aînés en EMS mais après réflexion, nous nous sommes rendus compte que notre intérêt se portait plus sur un phénomène qui a lieu bien avant cela. Nous avons remarqué que la prise en soins inadaptée des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs pouvait conduire à l’impossibilité de retour à domicile et à l’institutionnalisation.
C’est après avoir eu l’occasion de visiter le service de soins aigus aux seniors (SAS) de l’hôpital de Morges que l’idée s’est précisée. Nous nous sommes rendu compte que l’un des principaux buts de ce service est de diminuer les effets délétères de l’hospitalisation sur la personne âgée atteinte de démence ou souffrant d’état confusionnel aigu en apportant des modifications structurelles et organisationnelles au lieu. Cependant, nous ne voulions pas traiter la problématique de l’état confusionnel aigu mais celle de la démence.
Selon l’Association américaine de psychiatrie (APA) (2000, cité dans Voyer, 2013, p.51), « la démence est décrite comme un syndrome insidieux et progressif caractérisé par des déficits multiples, parmi lesquels figurent nécessairement les troubles de la mémoire ».
D’après le DSM-IV-TR (2005), ces troubles de la mémoire s’accompagnent « d’au moins une des perturbations cognitives suivantes : aphasie, apraxie, agnosie ou perturbation des fonctions exécutives » (p.172). Le terme trouble cognitif a été utilisé dans les recherches d’articles scientifiques car c’est un terme faisant partie du champ lexical de la démence. Cependant, dans notre rédaction, nous avons décidé de rester sur le terme de la démence car il offre une définition plus claire et plus précise.
Il nous semblait évident que le bien-être devrait faire partie de la priorité des soins et que l’infirmière se doit de le défendre. De fil en aiguille, l’idée d’associer le bien-être au confort s’est mise en place. Nous avons donc fait des recherches dans les sciences infirmières et la théorie du Confort de Kolcaba paraissait pertinente pour apporter un cadre conceptuel à ce travail. Pour définir plus précisément notre question de recherche, nous nous référerons aux quatre concepts centraux de la discipline infirmière qui sont la personne, la santé, le soin et l’environnement.
Kolcaba (2010), les définit ainsi :
– Le soin infirmier est l’évaluation intentionnelle des besoins des patients en matière de confort, la conception des mesures pour y répondre et la réévaluation des patients, familles, ou de la collectivité après la mise en œuvre des mesures de confort, par rapport à une référence précédente ;
– Le patient est une personne, une famille ou une communauté ayant besoin de soins de santé ;
– L’environnement est l’influence extérieure (chambre, maison, politiques institutionnelles, etc.) qui peut être adaptée pour améliorer le confort ;
– La santé est le fonctionnement optimal d’un patient, d’une famille, d’une communauté facilitée par l’attention aux besoins de confort.
Le choix de cette théorie nous a semblé intéressant car bien souvent, les troubles cognitifs et les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD) sont accentués lorsque la personne âgée atteinte d’une démence est hospitalisée. Selon MargalloLana et al., (2001, cité dans Voyer, 2013, p.52), «l’Association internationale de psychogériatrie regroupe sous cette expression […] une kyrielle de troubles apparaissant chez la personne atteinte d’une démence : l’anxiété, l’humeur dépressive, les hallucinations, les illusions, l’errance, l’agitation, l’agressivité, la désinhibition sexuelle et les comportements culturellement inappropriés ».
Comme nous avions déjà pu le relever dans la littérature, une connaissance approfondie de la démence ainsi qu’un environnement adapté permettent à la personne d’avoir un meilleur vécu de son hospitalisation. Selon Voyer (2013, p. 452), les manifestations comportementales et psychologiques de la démence trouvent souvent leurs origines dans un inconfort lié à l’environnement ou un besoin insatisfait. Selon le Department of Health NSW (2006, cité dans Voyer 2013, p. 452), la personne démente subira directement des effets secondaires de ces manifestations, elle pourra ressentir un sentiment de rejet, de la colère ou de la tristesse et pour les gérer, les soignants peuvent avoir recours à la contention (physique et médicamenteuse) qui est une source d’augmentation de chutes, de blessures, d’isolement.
1. Introduction |