Le concept de privatisation
Description et analyse globale des entreprises publiques face à la privatisation
Aux yeux du secteur privé, la privatisation est à la fois une opportunité, une aubaine et un défi . Sachant que l’opportunité et le défi sont l’essence de toute initiative d’investissement. L’idée de privatisation dans sa définition la plus simple signifie « promoteur de la propriété privée » . Les partisans de la privatisation partent sur l’hypothèse de la supériorité du secteur privé dans la recherche de la performance, d’où la primauté de l’entreprise privée managériale. Selon les thèses néo libérales, le terme « privatiser » traduit l’idée d’un certain désengagement de l’Etat, parce qu’ils soutiennent l’hypothèse qu’un trop grand dirigisme freine consciemment ou inconsciemment l’initiative et perturbent les lois du marché (approche classique et néo classique de l’économie). Le concept de privatisation revêt plusieurs définitions et acceptations, il renvoie aussi à des conceptions aussi différentes que variées, selon l’approche économique de chaque école, ou selon les conceptions que l’on a, ou selon qu’on se situe en Europe, aux États-Unis, ou dans les ex-pays socialistes ou en Afrique…. Par privatisation, on entend le transfert du capital d’une entreprise publique à des actionnaires privés. En terme plus simple, la privatisation renvoie tout simplement à un transfert plus ou moins intégral au secteur privé.
La valeur de l’entreprise publique (EP)
Vers la fin de la Deuxième guerre mondiale, le rôle économique de l’Etat a pris une ampleur considérable. L’entreprise publique (EP) est devenue un instrument d’intervention présent dans la quasi-totalité de l’économie. Cette évolution a été constatée selon le niveau de développement de chaque pays: développés, sous-développés et à économie planifiée. Hachimi Sanni yaya, « L’économie politique de la désétatisation et de la privatisation des entreprises publiques : Cadre d’analyse et considérations théoriques. » 2003, p4-5 5 Au début des années 80, la contribution des entreprises publiques au Produit Intérieur Brut (PIB) était de 17% dans les pays d’Afrique du sud du Sahara, 12% dans les pays d’Amérique Latine., et d’environ 90% dans les pays à économie planifiée14 . Une multitude de raisons, aussi bien théoriques que pratiques, a été avancée à l’effet de justifier une telle évolution. Ces raisons peuvent être regroupées en deux principales catégories. La perception volontariste de l’économie, la déstructuration de l’économie.
La place des entreprises publiques dans l’économie
L’intervention de l’Etat dans la sphère économique peut être justifiée lorsque l’économie est en situation de déstructuration, à la suite par exemple d’une guerre (guerre mondiale, guerre de libération)15. La situation des pays sous-développés peut s’apparenter à cette catégorie d’économie. Dans ce cadre, les raisons pouvant motivé la création d’entreprises publiques sont nombreuses, parmi lesquelles : – En créant des entreprises publiques, l’Etat vise la stabilité du revenu lui permettant de financer sa politique de développement . – Le secteur privé n’est pas en mesure de développer suffisamment l’activité économique. Son accès aux ressources financières peut être très restreint et préférer des secteurs à rentabilité immédiate comme le commerce et la petite transformation industrielle. – L’appropriation de certains secteurs, comme l’exploitation de ressources naturelles, peut nécessiter la confrontation à de puissantes firmes étrangères. Dans ce cas, le secteur public est en général, plus en mesure de s’engager dans cette voie . – Le développement de certaines régions déshéritées et la création de poste de travail sont généralement recherchés à travers la création d’entreprises publiques.
Performance des entreprises publiques dans les PVD
Beaucoup d’entreprises publiques notamment dans les PVD sont dans un piètre état jusqu’à aujourd’hui et il est commun que ces EP opèrent à perte pendant de très longues périodes. Il s’agit là d’un lourd fardeau financier à supporter pour ces pays qui, en règle générale ne peuvent plus se le permettre. En Tanzanie, à la fin des années 70 un tiers de toutes les EP affichaient des pertes et au Bénin, plus de 60% de toutes les EP opéraient à perte. La situation est semblable partout ailleurs : “ (…) les rapports du Soudan, du Nigéria, Mauritanie, au Zaïre, en Sierra Leon, Sénégal révèlent des lourdes pertes dans beaucoup des EP et suggèrent au pire, une situation permanente et déficitaire du secteur EP dans ces pays”. En Inde, des 207 EP enregistraient des pertes en 1984-1992 et la situation était et est toujours la même dans la plupart des pays de l’Asie et de l’Amérique du sud, c’est-à-dire qu’on en registre encore et encore des pertes sur les entreprises publiques. La plupart des EP ont des rendements très faibles compte tenu de la grande quantité de ressources investies en elle. Par exemple, au Kenya, 1.4 milliards US furent investi dans toutes les EP au début des années 80 pour générer finalement un taux de rendement moyen annuel de 0.2% seulement . Afin de financer leurs pertes, beaucoup d’EP emprunte à l’étranger et dans plusieurs pays, le gouvernement garantit les dettes de ses EP22 . Retenons pour l’instant qu’en général dans les PVD, les EP furent et sont toujours décevantes financièrement et essayons d’expliquer les raisons de cette mauvaise performance.
Analyse de la mauvaise performance des EP
Il existe plusieurs facteurs qui conduisent aux défaillances des entreprises publiques. On peut en citer 7 facteurs responsables de la mauvaise performance des EP et qui s’appliquent aussi bien à l’Afrique qu’aux autres continents . Ces facteurs sont:
- Le contrôle des prix pratiqués par plusieurs pays. Ces prix ont rarement été ajustés à l’inflation qui est pourtant galopante dans beaucoup de pays. Car dans Certains pays, les EP sont contraints de vendre leurs biens à un prix inférieur aux coûts de production. Au Zimbabwe, dans le cadre d’une politique anti-inflationniste, les autorités avient défendu à l’EP Air Zimbabwe d’augmenter ses prix. Ainsi, pendant un certain temps, elle fut la compagnie aérienne avec les tarifs les plus bas du Monde. Ceci est une politique absurde pour un pays en voie de développement, car en gardant les tarifs au minimum, seuls les riches et les étrangers profitent de cette subvention. Dans certains pays comme au Nigéria, les pertes ne sont pas subventionnées et dans les pays où elles devraient l’être, les compensations sont rarement reçues.
- Les décisions inappropriées d’investissement. Plusieurs EP sont créés sans aucune étude de marché faite au préalable et sans objectif clair. Par exemple, au Zaïre, un projet d’hydroélectricité et de ligne de transport a coûté près de 3 milliards de $, soit environ un tiers de la dette extérieure du pays en question. Malheureusement le projet n’a jamais fonctionné à plus de 3% de sa capacité .
Le problème sévère interne dans les EP ; les administrateurs se plaignent de ne pas avoir le pouvoir de licencier les employés et n’ont aucun contrôle sur les salariés. Ceci est dû au fait que plusieurs EP ont vu le jour dans le but de créer de emplois, dans des régions reculées. Or cette politique crée des situations intolérables. Selon Sandra Lavoratore en 1993, un certain nombre de pays emploierait pour son aéroport régional deux équipes de travail de 8 heures chacune pour un grand total de 2 vols par jour . Malheureusement ce genre d’excès est très fréquent dans ces pays et contribue beaucoup aux pertes financières des EP. De plus, il y aurait un manque de travailleurs qualifiés et d’administrateurs expérimentés ou adéquatement formés afin de gérer efficacement les EP. Il semblerait aussi que dans beaucoup de ces pays il y a peu d’école de commerce et les étudiants qui y sont formés pensent en terme d’appliquer la réglementation et non en terme d’opportunité ou d’efficacité pour l’améliorer la situation financière d’une EP.
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