LE CONCEPT DE L’INNOVATION DANS LA LITTERATURE DE LA FIRME

LE CONCEPT DE L’INNOVATION DANS LA LITTERATURE DE LA FIRME

L’importance du thème de l’innovation émane du rôle croissant que joue celle-ci dans le développement et la croissance des firmes. Afin d’assurer leur efficience, leur évolution et leur créativité en termes de produits et de processus, les firmes comptent sur la technologie qu’elles disposent et sur leur capacité d’innovation (LARUE DE TOURNEMINE, op.cit.). Ainsi, il nous est important d’expliquer en quoi et comment l’innovation et son évolution conditionnent et affectent le fonctionnement et l’activité de la firme en remettant en cause tant ses frontières que ses modes d’organisation. L’intégration de la dimension technologique et de la dimension organisationnelle dans le fonctionnement des firmes résultent des travaux de SCHUMPETER et de l’économie néo-schumpetérienne. Elle permet de comprendre la notion de l’entreprise dans le contexte d’un environnement technologique changeant. Ce premier chapitre œuvre alors pour situer la firme au centre du processus d’innovation dans les économies contemporaines. Une première section se contente de mettre en avant les notions de technologie, d’innovation et leurs notions connexes afin d’enrichir l’étude de l’innovation. Ces différents concepts seront définis par le contenu des informations et connaissances pour en dégager les caractéristiques de l’innovation. Les multiples formes d’innovation, nature et ampleur seront évoqués pour enfin mettre l’accent sur deux représentations théoriques du processus d’innovation à savoir le modèle linéaire et le modèle interactif. Du schéma linéaire au modèle interactif, l’innovation n’est plus considérée comme étant un acte isolé mais le résultat de l’interaction entre le marché et les moyens de la firme. Delà ces 2 modèles ont un impact sur le comportement de la firme et méritent d’être étudiés afin de pouvoir construire le contexte servant à déterminer le concept de notre thèse. Produire de nouvelles connaissances et compétences dans un modèle interactif consiste à faire appel à de compétences externes provenant de l’environnement extérieur à la firme pour enrichir celles existantes à l’interne. Pour cela on va chercher à comprendre, à partir de la deuxième section, la relation de la firme avec son environnement en étudiant la progression du concept de l’innovation suivant plusieurs théories allant de la théorie traditionnelle à l’économie de compétences passant par l’approche évolutionniste. Il s’agira donc de décrire les approches théoriques qui traitent du processus d’innovation dans la firme et de tenter une intégration de leurs différents apports afin d’élaborer le cadre théorique de notre travail.

Innovation

Définition et caractéristiques « Innovatus », est un mot latin qui est la source du terme « innovation » dont la signification est: changer ou rénover (Online Etymology Dictionary4 , 2003). D’après LATOUR B. (2003), la première signification est la plus répandue puisqu’elle exprime non seulement la procédure de création des produits, d’outils et de services mais aussi l’introduction d’un nouveau procédé de fabrication, d’un outil ou d’un mode opératoire nouveau, la conquête de sources inédites de matières premières, un changement dans l’organisation ou la découverte d’un nouveau marché. Le manuel d’Oslo de l’OCDE5 définit l’innovation comme étant la création de nouveaux biens, de nouveaux services, de nouveaux procédés de production et de commercialisation, de nouvelles formes d’organisation et de division de travail etc. Cette définition a subit plusieurs modifications et additions dans ses publications consécutives. Dans cette première section, on va définir en premier lieu le concept de l’innovation tout en discutant son caractère multidimensionnel et les différentes séquences de ce processus. En prenant compte de multiples éléments : la technologie, l’innovation et leurs notions connexes, nous analysons les caractéristiques de l’innovation comme assemblage d’informations et de connaissances (1). On fera le point ensuite sur l’émergence du schéma interactif de l’innovation en remettant en cause le modèle linéaire de l’innovation (2).

L’innovation, concept lié à la technologie et aux notions d’information et de connaissance

L’innovation n’est pas sans lien avec la technologie (DURAND 1999).Selon DURAND (ibid.): grâce aux innovations incrémentales qu’on définit comme étant une suite de petites innovations; celles-ci amènent à ce qu’une rupture technologique cause une substitution d’une nouvelle technologie à l’ancienne via le processus de destruction créatrice6 . La technologie n’est plus considérée comme étant une condition préliminaire à l’innovation, mais une conséquence qui en résulte (AMENDOLA & GAFFARD, 1988). En cas du succès du processus de l’innovation à créer de nouvelles technologies, des rendements croissants peuvent être générés ce qui peut aboutir à un accroissement des richesses à long terme. Cela renvoie à mettre l’accent sur les caractéristiques du changement technologique. D’après GUILHON (1993), L’endogénéisation du progrès technologique peut être mesurée sur plusieurs niveaux : le rapport entre science et technologie, l’irréversibilité dans quelques choix technologiques et l’acquisition des connaissances. Ce qui nous intéresse ici sont les relations qu’entretiennent la technologie avec la science et la technique. Le rapport contradictoire entre science et technologie peut être assimilé en réalité par la compréhension des notions d’information et de connaissance. Les premières études menées sur la science et la technologie adoptent l’idée que la connaissance est mise à disposition de tous agents économique et elle est en libre circulation. Tout acteur peut s’aider de ce savoir afin d’en bénéficier en conséquence dans leurs activités économiques. Pour Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie en 1972, la technologie renvoie à un ensemble d’informations facilement appropriables (1962). Cet auteur est à l’origine d’une première conception économique de la connaissance, qui conduit à l’assimiler à la notion d’information (ibid.) Selon ce dernier, la connaissance technologique est facile à transférer, reproduire et réutiliser… Cette idée repose sur trois propriétés qui font de la connaissance un bien économique particulier et qui sont à l’origine du concept « dilemme de la connaissance » : -La diffusion et l’utilisation de la connaissance est libre, elle n’est pas limitée à celui qu’il l’a produit; elle est ainsi difficilement contrôlable. -Ensuite, la connaissance est un bien non rival. Cela signifie qu’elle ne se détruit pas par l’usage. -Enfin, la connaissance est cumulative ; les savoirs existants sont à l’origine de la production de savoirs nouveaux. L’opposition entre science et technologie a vu le jour lorsque les facteurs limitant la transmission de la technologie ont été identifiés. A ce propos, la science repose sur la connaissance fondamentale que produit la recherche; elle vise à repérer, décrire et caractériser puis modéliser les mécanismes de base du monde qui nous entoure (DURAND, 1999) et permet d’appréhender les phénomènes. Bien que la technologie, intègre aussi des savoirs techniques codifiés et un ensemble de connaissances spécifiques mises en œuvre dans les activités productives en réponse à des besoins de marché. En effet, « La technologie combine pratiques, techniques et connaissances scientifiques, au service de finalités économiques explicites » (ibid., p.707). La constitution d’un savoir technologique nécessite aussi la collaboration de compétences issues de différents secteurs de connaissance. 

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