La volonté est l’une des notions les plus classiques de la philosophie. En un certain temps négligé par les penseurs, alors que c’est une notion très importante, voire essentielle pour l’amélioration de la vie humaine. C’est désormais l’une des plus bouleversés dans le sens où elle est très vaste et très significative, et qui touche plusieurs notions à considérer. Et, pour l’atteindre dans son essence, on devrait d’abord faire face à plusieurs autres notions, s’avérant importantes, qui sont toutes essentiellement attribuables à la volonté. Plutôt banale quotidiennement, sauf quand on l’aborde d’un autre angle, d’un angle plus intéressé dans la réalité. Notons tout de même que notre analyse se rapportera sur un thème bien précis qui s’intitule : « Le complexe de la notion de volonté comme faculté d’agir ». En effet, notre travail consiste à cerner le problème de la volonté dans son accomplissement, dans sa réalisation qui serait son aspect le plus considérable dans la réalité des choses.
DEFINITION ETYMOLOGIQUE
Premièrement, de son sens étymologique, le mot volonté vient du latin « voluntas». Ce qui se définit comme une faculté de vouloir, comme un pouvoir de se déterminer pour des motifs raisonnables. On peut en tirer que la volonté serait comme un ensemble de tendances gouvernées par un principe rationnel qui ne concerne que la raison. Autrement dit, on peut la définir ainsi comme une faculté de la raison d’exercer un choix et ou comme une faculté de la raison à déterminer notre action suivant des normes, que ce soit morale, théologique, etc. Etymologiquement parlé, on peut dire que tout ce qui est volontaire ne peut ne pas être que raisonnable. De ce fait, la volonté se présente d’abord comme une faculté spécifiquement rationnelle et on peut en déduire alors que la volonté nécessite l’utilisation de la raison. Ce qui implique alors que sans la raison il n’y a pas de volonté, sans raisonnement il n’y aura pas d’acte volontaire. En effet, la volonté n’appartient pas alors aux êtres dénués de raison à l’instar des cadavres, des végétaux, des animaux.
En somme, cette définition étymologique nous donne une définition assez abstraite du mot « volonté », puisqu’on n’y trouve pas son rapport avec la faculté d’agir. Cependant, elle nous initie déjà sur ce que peut valoir notre thème de travail. On y trouve déjà le reflet de l’essentiel.
Deuxièmement, en se rapportant à la définition étymologique, le dictionnaire Larousse la définit comme une « faculté de se déterminer » pour un choix, pour faire cela ou ne pas le faire. La volonté présume alors une liberté de choix, qui favorise la détermination. Le fait que pour vouloir il nous faut raisonner afin d’octroyer un choix qu’on a nous même perpétré consciemment et qui nous délivre de toute autre influence que notre propre vouloir. Alors, l’accomplissement d’un vouloir suppose autre chose de plus qu’un simple raisonnement, le libre arbitre. Autrement dit, quand on veut, on doit être en mesure de se déterminer à notre guise, en dehors de toute dépendance ou de tout contrôle.
QUELQUES CONCEPTIONS
Conceptions philosophiques
Tout d’abord, aucun concept spécifique de la volonté ne se trouvait dans la philosophie antique, mise à part la philosophie stoïcienne qui l’assimilait avec la volonté de vivre. La notion de volonté était aussi partagée entre, d’une part, une faculté intellectuelle, mode de l’intelligence pratique qui est l’« intention » ou proairesis chez Aristote et, d’autre part, une faculté sensible de nature passionnelle comme la tendance, le désir. Chez Platon , la tripartition de l’âme (sens-cœur intelligence) révèle bien cette équivoque, dans la mesure où le cœur volontaire, l’instance intermédiaire, est comme confus entre les désirs sensibles et la voix de l’intelligence et ne porte pas en lui-même son principe déterminant. Effectivement, la philosophie antique suppose que la notion de volonté soit ballottée sur un double jeu paradoxalement antinomique.
Ensuite, la pensée classique du XVIIe siècle, enrichie par plusieurs siècles de discussions au sein du christianisme sur la nature de l’action humaine, la grâce ou la prédestination, émanant notamment de saint Augustin , développe une nouvelle approche de la volonté qui serait étroitement liée à la notion de liberté ou de libre arbitre. Ce dernier est le pouvoir de se déterminer par pure volonté devant une alternative indifférente. L’indifférence peut apparaître ainsi comme la condition même d’un vouloir libre, puisqu’elle signifie que l’action est possible en dehors de toute pulsion et de toute détermination externe. De son côté, René Descartes , dans le dessein de caractériser la volonté comme faculté indépendante de l’entendement, disposant d’un pouvoir infini de poursuivre ou de fuir, d’affirmer ou de nier, déclare néanmoins qu’une volonté qui resterait indifférente à l’évidence du vrai et du bien marquerait le plus bas degré de la liberté. Il explique l’erreur ou la faute par le fait que la volonté humaine, à l’image de celle de Dieu, a un pouvoir infini ou absolu de se déterminer, tandis que l’entendement humain, qui est fini, ne peut pas toujours présenter à la volonté les bonnes fins à poursuivre.
Leibniz et Locke, quant à eux, contestaient le concept de liberté d’indifférence. Pour le premier, la volonté ou appétition est toujours sollicitée par une détermination et une préférence, fussent-elles inconscientes ou infinitésimales. Pour le second, l’idée d’une « volonté libre » est un non-sens, car la notion de liberté ne s’applique qu’à l’homme et à ses possibilités d’action présentes, c’est-à-dire au rapport effectif qu’il entretient avec le monde extérieur. Un prisonnier a le pouvoir de vouloir sortir de prison, mais non pas nécessairement celui de s’évader. En effet, chez Locke , la volonté se définit essentiellement comme une faculté spécifique à l’homme de préférer consciemment une chose à une autre, et les préférences de la volonté ont leur cause dans le désir ou l’inquiétude, c’est-à-dire dans l’incitation à changer d’état que cause généralement une douleur présente ou promise par l’état présent. Le seul pouvoir que l’homme a donc à l’égard de ses volontés est de suspendre leur exécution immédiate afin de faire jouer une inquiétude contre une autre et ainsi changer ses préférences.
Tandis que Locke engage la philosophie anglo-saxonne sur la voie d’une analyse empiriste et utilitariste de la volonté, Emmanuel Kant, philosophe allemand, fondateur de la philosophie critique, propose une analyse entièrement renouvelée du concept. Il définit, à côté d’une forme inférieure de la faculté de désirer, qui se détermine passivement en fonction des inclinations individuelles (la volonté au sens de Locke), une forme supérieure de cette même faculté, caractérisée par son autonomie, c’est-à-dire par le pouvoir de se donner à elle-même sa propre loi. Cette loi, inscrite ainsi au cœur de la nature humaine, commande de manière claire, voire « catégorique », tel un impératif ; et qui impose aux hommes un devoir moral qui est en même temps une manifestation de leur liberté véritable.
De son côté, Schopenhauer, philosophe allemand, célèbre pour sa philosophie du pessimisme, induit la notion de volonté dans un vouloir-vivre universel étant comme une poussée aveugle et irrésistible qui vise, en tout être vivant, la survie de l’espèce .
Conception schopenhauerienne
C’est avec Schopenhauer que la volonté se trouve pour la première fois, au premier plan d’une pensée. C’est avec lui, avec son livre intitulé le Monde comme volonté et comme représentation en 1819, que le monde entier s’est vraiment intéressé par la complexité de la notion de volonté. Schopenhauer affirme que le monde est tel que nous le connaissons, par cela même que ses phénomènes ne sont rien d’autre que nos sensations, ses lois nos idées. Ce phénomène, Schopenhauer le renomme « représentation » ; ainsi, le monde est «ma représentation ». Mais il y a plus : la pensée elle-même n’est qu’un phénomène.
En désaccord avec la philosophie Kantienne qui consiste généralement à distinguer le phénomène du noumène. Le phénomène est ce qui nous apparaît, c’est-à-dire la représentation que nous nous faisons des choses. Le noumène est la chose en soi, inaccessible à notre connaissance, qui n’atteint jamais que le phénomène. Or, Schopenhauer déclare que la plus grande découverte de sa vie est celle de la chose en soi. Kant ne l’a pas trouvée parce qu’il la cherchait en dehors de lui ; Schopenhauer, qui s’est affranchi du principe de la raison, l’a découverte au-dedans de lui-même, et c’est la volonté. Et il entend par là la volonté intuitivement sentie en nous, comme une force pure, sans individualité. Autrement dit, Il assimile la « chose en soi » à l’expérience de la volonté. Selon Schopenhauer, toutefois, la volonté ne se limite pas à l’action volontaire et prévoyante, mais englobe toutes les activités dont le moi fait l’expérience, y compris les fonctions physiologiques.
Introduction |