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Pétra, forteresse naturelle au cœur du royaume nabatéen
De la « Roche » à la Métropole
Tout comme la question de l’origine des Nabatéens, l’identification de la « Roche » (Πετρα) attaquée par Antigone en 312/311 av. J.-C. a soulevé de nombreux débats41. Hieronymos/Diodore décrit un sommet rocheux aisément défendable, auquel on ne pouvait accéder que par une seule voie, et où les Nabatéens entreposaient leurs précieuses marchandises42. Cette description pourrait parfaitement correspondre à la topographie du site de la capitale du royaume nabatéen, Pétra, en particulier au sommet d’Umm al-Biyara qui surplombe le site (FIG. 2)43. Toutefois, à partir de calculs se basant sur les distances données par le texte de Hieronymos/Diodore, certains spécialistes ont proposé d’identifier cette Roche » au site de Khirbet es-Sela‘ (sela signifie « roche »), probablement l’ancienne Sela, capitale du royaume d’Édom44, non loin de l’actuelle ville de Tafileh45. De fait, la nature du site pourrait également correspondre à la description de Hieronymos/Diodore. Une autre hypothèse penche, quant à elle, pour une localisation à l’ouest du Wadi ‘Arabah46 .
L’archéologie commence tout juste à nous livrer les traces de ces époques reculées : toutes se trouvent – en l’état actuel des découvertes – sous le centre monumental de Pétra, sur la rive sud du Wadi Musa. Bien que la chronologie reste difficile à établir en raison du manque de fiabilité des sources archéologiques (des monnaies et des amphores hellénistiques sans structures associées, qui ont pu être utilisées pendant très longtemps), il semble qu’une occupation humaine ait pu exister à Pétra dès la fin du IIIème siècle av. J.-C. et au IIème siècle av. J.-C. Les sondages effectués dans les années 1950-1960 par la British School of Archaeology dans le centre de Pétra ont livré quelques structures construites qui remonteraient au plus tard aux premières décennies du Ier siècle avant notre ère47. De même, les fouilles menées dans les années 1990 dans la zone du quartier d’habitations d’Ez-Zantur, immédiatement au sud du centre monumental, ont livré des vestiges témoignant de l’ancienneté de la ville. Une importante construction domestique, datée de la fin du Ier siècle av. J.-C. ou du début du Ier siècle ap. J.-C.48, a été mise au jour. Sous cette dernière, une série de niveaux d’occupation sans structures associées, datés entre la fin du IIème siècle et la fin du Ier siècle av. J.-C., ont été dégagés. Ils sont interprétés comme des traces de campements saisonniers qui attesteraient du caractère nomade des premières installations de Pétra49. Dans le même secteur, les fouilles d’une habitation ont permis de dater sa construction du dernier tiers du Ier siècle av. J.-C.50. Enfin, tout récemment, les fouilles menées dans le secteur du Qasr el-Bint ont livré du matériel archéologique qui remonterait au IIIème siècle av. J.-C.51.
La ville connut une nouvelle phase de développement entre le Ier siècle av. J-C. et le Ier siècle ap. J.-C., avec la mise en place d’un véritable espace public autour d’une voie de circulation principale (cardo), et la construction des principaux monuments constitutifs du centre urbain : temples, marchés52, etc. Cette vague de construction atteignit un pic sous le règne d’Arétas IV (9 av. J.-C.-40 ap. J.-C.), et se poursuivit jusqu’au début du IIème siècle, avec l’aménagement d’un réseau hydraulique dans le Sîq, le creusement d’un théâtre, et l’embellissement de la voie principale qui fut pavée et bordée de colonnes53. L’annexion du royaume nabatéen par les Romains, en 106 ap. J.-C., n’entraîna pas la ruine immédiate de Pétra, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé. Les fouilles tendent à démontrer qu’un certain nombre de ses monuments furent remaniés, agrandis, voire construits à l’époque romaine54. Reste que Bosra prit la tête de la province romaine d’Arabie nouvellement créée, et que Pétra dut se contenter du titre de « métropole » accordé par l’empereur Trajan en 114 ap. J-C., auquel elle put adjoindre l’adjectif Hadriana quelques années plus tard55. Il semble toutefois que la ville demeura, au moins jusqu’au milieu du IIème siècle, un important centre politique, économique, judiciaire et culturel.
Pétra, ville caravanière ?
On a beaucoup insisté sur le caractère de « ville caravanière » de Pétra, en raison de sa situation géographique au carrefour de plusieurs voies commerciales (FIG. 3)56. Un passage de Strabon nous dépeint, au tournant de l’ère chrétienne, une ville cosmopolite où se sont installés de nombreux étrangers venus des quatre coins de l’Empire Romain, sans doute à des fins commerciales57. En réalité, la topographie du site, contrairement à celle de Palmyre, n’était absolument pas propice au développement d’un centre caravanier : les accès à la ville étaient difficiles, et les ressources en eau relativement peu abondantes. C’est donc plus vraisemblablement en raison de ses qualités naturelles de refuge, propice aux rassemblements inter-tribaux, que la ville de Pétra s’est développée58. De même qu’à Palmyre59, les caravanes n’entraient sans doute pas dans la ville, mais s’arrêtaient dans les stations situées en périphérie60. Plusieurs routes majeures convergeaient vers la capitale nabatéenne. Un axe nord-nord-ouest aboutissait à, ou partait de Beida, qui fut probablement une importante aire de stationnement pour les caravanes, avec peut-être un marché couvert dans le Sîq el-Amti et au moins sept triclinia rupestres dans le Sîq el-Bared, ainsi que de nombreuses citernes61. Un axe sud-ouest se dirigeait vers Gaza et le Sinaï au départ de Wadi Musa/el-Djî, via Gharandal, camp fortifié dans le Wadi ‘Arabah. Au sud de Pétra, une route permettait de rejoindre le Wadi Sabra, où se trouvait une véritable petite cité, avec un théâtre, un grand réservoir alimenté grâce à un barrage, et des monuments cultuels62. Cette localité était probablement liée à la proximité des mines de cuivre de Umm al-‘Amad. En direction de l’est, une route se dirigeait vers Ma‘ân, au départ de la source de ‘Ain Musa (à l’est/nord-est de Wadi Musa). Enfin, l’importante voie nord-sud, dite « route des Rois », était sans doute déjà pratiquée par les Nabatéens63, bien avant les réaménagements romains du début du IIème siècle ap. J.-C. et sa transformation en Via Nova Traiana. Sur le plan géologique enfin, le site présentait la particularité de se trouver à la frontière entre deux types de paysages très différents. Située perpétuellement en procès soit entre eux, soit avec les gens du pays, jamais ceux-ci ne s’appelaient en justice, vivant toujours en parfaite intelligence les uns avec les autres ». Ces rassemblements possédaient une dimension à la fois religieuse, politique, et économique. Fawzi Zayadine, pour qui la « Roche » de Diodore de Sicile pourrait être Sela, a proposé de situer la foire (panégyrie) mentionnée par le même texte à Pétra : ZAYADINE 1999 dans le prolongement nord des massifs gréseux du Hedjaz et du Sinaï, où l’occupation humaine devait se résumer à quelques oasis irrégulièrement distribuées, et souvent éloignées les unes des autres, la ville de Pétra bénéficiait directement, au nord et à l’ouest, de l’apport agricole des collines calcaires du sud-jordanien et du nord-Néguev, occupées par un réseau de fermes et de petits villages interdépendants64.
L’extension du royaume nabatéen
Vers l’ouest, le désert du Néguev et le Sinaï
La partie occidentale du territoire nabatéen s’étendait du Wadi ‘Arabah jusqu’à Gaza, au sud d’une ligne passant par Beersheba, dans la zone qui correspond aujourd’hui au désert du Néguev, et poussait à l’ouest jusqu’au delta oriental du Nil, via la péninsule du Sinaï. Cette direction semble avoir été explorée très tôt par les Nabatéens, si l’on en juge d’après les nombreuses fouilles menées par les autorités israéliennes dans le Néguev. Une occupation humaine est attestée sur le site d’Oboda dès l’époque hellénistique65, de même qu’à Nessana66 et à Elusa67. Les fouilles ont également mis en évidence l’existence de toute une série d’installations présentant un caractère défensif situées le long de la route qui reliait la ville de Pétra au port de Gaza68. Ces petits fortins69, situés au sommet de collines, permettaient de surveiller les routes environnantes et de protéger ainsi les caravanes qui y circulaient. La présence nabatéenne dans le Néguev se limitait alors sans doute à des campements saisonniers70, avec quelquefois l’installation permanente de quelques individus afin d’assurer avant tout la protection du site71. Cette occupation nabatéenne du Néguev – et de la route Pétra-Gaza – semble avoir été particulièrement intense entre la seconde moitié du IIème siècle et le tout début du Ier siècle avant notre ère. S’ensuivit une période d’abandon d’environ un siècle, qu’on attribue généralement à la prise de Gaza par Alexandre Jannée vers 96 av. J.-C.72, qui pourrait avoir entraîné l’occupation d’une partie de la région par les Hasmonéens73.
Le retour des populations nabatéennes dans le Néguev à la fin du Ier siècle av. J.-C. s’accompagna d’une transformation du paysage et du mode d’occupation des sols : les simples haltes caravanières originelles furent transformées en véritables petites bourgades basées sur une économie agricole, dont certaines restèrent occupées jusqu’à l’époque paléochrétienne74. Sur le plan des voies de communication, le creusement du « passage Mahmal », dans la face nord-ouest du cratère Ramon, permit de raccourcir considérablement la route entre Mayet ‘Awad (Moa ?) et Oboda, qui n’était que peu utilisée précédemment. L’escarpement du terrain devait néanmoins contraindre les caravanes à ne pas être trop importantes et à ne passer que dans un sens75. Une série de postes militaires et de stations furent construits le long de ce tronçon de route, généralement situés près d’une source ou d’une citerne76. Parallèlement, l’ancienne route qui contournait le cratère Ramon en suivant son côté nord, via ’En Rahel, ’En Ziq et ’En Hazeva, continua à être utilisée. Vers le milieu du Ier siècle ap. J.-C., les villes de Mampsis, Nessana et Rehovot (entre Elusa et Nessana) connurent une vague de construction. C’est également à cette époque que furent construits un grand nombre de caravansérails : à Mayet ‘Awad, Sha’ar Ramon, ’En Rahel, Horvat Ma’agora, peut-être à Mezad Tamar, Mampsis77, et dans le sud à Dafit et Rujm Taba78. On attribue ce phénomène à un probable accroissement du trafic caravanier dans le Néguev au cours du Ier siècle, tant sur l’ancienne route qui reliait Pétra à Gaza via Oboda, que sur des itinéraires secondaires, tel que celui qui passait légèrement plus au nord, via Mampsis. L’occupation nabatéenne du Sinaï est moins bien connue que celle du Néguev. Dans le nord, un important site nabatéen comprenant au moins deux sanctuaires a été fouillé à Qasr Gheit (Qasrawet)79, et deux inscriptions nabatéennes monumentales du Ier siècle av. J.-C. ont été retrouvées sur le site de Tell esh-Shuqafiyah80, attestant une présence nabatéenne très à l’ouest, dans le delta oriental du Nil. Par ailleurs, plusieurs milliers de graffiti nabatéens ont été répertoriés dans le sud-ouest de la péninsule du Sinaï, dans le Wadi Mokatteb et le Wadi Feiran81, dont certains sont clairement datés des IIème et IIIème siècles de notre ère. Cette datation tardive, alliée au fait que ces inscriptions, souvent très basiques, présentent des similitudes avec celles retrouvées dans le désert oriental égyptien, pourraient suggérer que les Nabatéens sont arrivés dans le sud-ouest du Sinaï non pas depuis l’Arabie, mais depuis l’Égypte, à une date postérieure à l’annexion romaine du royaume nabatéen82. Il est possible, toutefois, que la palmeraie sacrée de Phoïnikôn dont nous parlent les auteurs anciens83 ait été, dès l’époque nabatéenne, le siège d’une petite communauté. On la situe à l’emplacement de l’actuelle oasis de Feiran, dans le wadi du même nom. Selon Diodore, les bédouins de la région s’y réunissaient tous les cinq ans et immolaient à cette occasion plusieurs centaines de chameaux.
À l’est de la mer Morte, l’ancien pays de Moab
De même que celle du Sinaï, l’occupation nabatéenne sur la rive orientale de la mer Morte reste relativement peu étudiée84. Cette région, qui correspond à la Moabitide – l’ancien royaume biblique de Moab –, est comprise entre les deux grandes vallées que sont le Wadi al-Hasâ, au sud85, et le Wadi Mûjib, au nord. À l’époque nabatéenne, la relative fertilité de cette région semble avoir principalement favorisé l’émergence d’un réseau de fermes et d’installation agricoles86. Quelques petits villages ou hameaux ont pu s’installer près des sources d’eau, mais les populations sédentaires, semi-nomades ou nomades semblent s’être surtout concentrées autour de sanctuaires dont les vestiges sont encore bien visibles aujourd’hui, à Khirbet edh-Dharîh et Khirbet at-Tannûr87, ainsi qu’à Dhât Râs88, Qasr Rabbah89, et légèrement plus au nord à Dhîbân90. Ces sanctuaires, tous situés le long de la traditionnelle voie nord-sud qui permettait de rejoindre le Hauran, servaient sans doute à la fois d’étapes pour les caravaniers et de lieux de rassemblement facilement accessibles lors de pèlerinages périodiques.
De Iram à Hégra : la frange méridionale du royaume
La région s’étendant au sud de Pétra jusqu’à la ville d’Hégra est principalement constituée, sur un plan géologique, de massifs gréseux et d’étendues sableuses. En raison de son caractère désertique, cette région fut vraisemblablement habitée, à l’époque nabatéenne, par une population nomade ou semi-nomade, avec quelques zones de peuplement sédentaire dans les principales oasis de Dédan/al-‘Ula (cf. § I.2.b.2), Hégra/Madâ’in Sâlih, Tayma91, et Dumat/al-Jawf. Les recherches qui se développent actuellement dans la région, avec les fouilles entreprises à Tayma, à Dédan, ainsi qu’à Hégra/Madâ’in Sâlih devraient prochainement nous permettre de mieux cerner son histoire. Le site de Madâ’in Sâlih/Hégra, situé – comme Pétra – entre deux chaînes gréseuses, constituait la limite méridionale du royaume, et était le point d’entrée des caravanes dans le territoire nabatéen92. Situé à un vingtaine de kilomètres seulement de l’oasis de Dédan, dont il prit le relais suite à la chute du royaume dédano-lihyanite dans le courant du Ier siècle av. J.-C., le site présente une centaine de tombeaux rupestres semblables à ceux de Pétra, datés par des inscriptions essentiellement de la première moitié du Ier siècle ap. J.-C., ainsi qu’un centre urbain construit principalement en briques crues, dont les vestiges restent à fouiller. Des tombes rupestres de même type que celles de Pétra et d’Hégra se trouvent également dans les environs d’Al-Bad’, dans le Wadi ‘Ufal93, et un temple de type nabatéen, mais daté par une inscription de la seconde moitié du IIème siècle ap. J.-C., a été découvert à Ruwwâfah, en bordure du plateau du Hisma94, à l’écart semble-t-il des routes caravanières95. L’important centre religieux d’Iram (Wadi Ramm) pourrait, en revanche, avoir été un sanctuaire d’étape pour les caravanes. On y trouve une petite agglomération, un temple dédié à la déesse Allat, qui fut fréquenté par les Nabatéens à la fin du Ier siècle de notre ère96 et resta sans doute en fonctionnement jusqu’au IIIème siècle ap. J.-C.97, ainsi qu’un sanctuaire rupestre près de la source de ‘Ain as-Sallaleh.
Les Nabatéens dans le Hauran
Le Hauran – ancienne « Auranitide » –, qui constitue aujourd’hui la région la plus méridionale de Syrie, occupe une place à part dans le royaume nabatéen. Marquant la limite septentrionale du royaume, elle présente un paysage radicalement différent du reste du territoire, caractérisé par des coulées de roche noire basaltique. Bien que relativement éloigné du cœur du royaume nabatéen, le Hauran lui est directement lié par l’intermédiaire de la étaient des nomades ou des marchands de passage. C’est également ce que semble indiquer le passage de la Bible évoquant une rencontre entre les frères Macchabées Judas et Jonathan et les Nabatéens dans la région hauranaise, en 163 av. J.-C. : ces derniers, nous dit le texte, après avoir accepté de faire la paix, « se retirèrent sous leurs tentes »100. Il fallut attendre le début du Ier siècle av. J.-C. pour qu’existe une véritable souveraineté nabatéenne sur le Hauran. En 93 av. J.-C., Obodas Ier et Alexandre Jannée se disputèrent le Golan101, et Arétas III occupa Damas après la mort d’Antiochos XII102, établissant ainsi une domination nabatéenne sur le sud de la Syrie. Cette dernière dura au moins jusqu’en 72 av. J.-C., mais il semble que les Nabatéens ne réoccupèrent jamais Damas par la suite, même après le départ des troupes de Tigrane le Grand en 69 av. J.-C. Durant tout le Ier siècle de notre ère, le Hauran fut divisé politiquement et administrativement entre le nord, dans un premier temps aux mains des Hérodiens, puis rattaché à la province romaine de Syrie, et le sud, qui demeura dans la sphère d’influence nabatéenne103. On place généralement cette frontière culturelle et politique une dizaine de kilomètres au nord de Bosra104. Les sites de Der‘a, d’Umm el-Jimmal, et de Si’ ont notamment livré les traces d’une possible occupation nabatéenne105. La ville de Bosra, où l’on a mis au jour des niveaux clairement nabatéens106, fut semble-t-il choisie par le roi Rabbel II, dans le dernier quart du Ier siècle, pour remplacer – ou seconder – Pétra à la tête du royaume107, avant d’être nommée capitale de la province romaine d’Arabie, nouvellement crée en 106 ap. J.-C. C’est dans ce contexte qu’un jeune soldat romain du nom de Julius Apollinaris, en station à Bosra, écrivit en 107 ap. J.-C. une lettre à sa mère, dans laquelle il fit part de son éblouissement devant la diversité des marchandises et des richesses qui gagnaient alors les marchés de la ville108.
Les ports méditerranéens : Gaza et Rhinocolure
La zone côtière située entre Péluse et Gaza semble avoir été placée sous le contrôle des tribus arabes dès la fin du VIème siècle av. J.-C.109. Le port de Gaza joua dès cette époque un rôle important dans le commerce des marchandises aromatiques d’Arabie du Sud. C’est notamment grâce à la richesse qu’ils tiraient des revenus du commerce trans-arabique que les habitants de Gaza purent se permettre de négocier leur autonomie vis-à-vis de l’empire Achéménide, au tout début du Vème siècle av. J.-C., en versant au roi Darius un tribut de mille talents d’encens110. Gaza faisait alors partie des trois provinces jouissant d’un statut indépendant dans l’Empire. Cette situation privilégiée, au débouché méditerranéen de la route de l’encens », devait perdurer, puisque lorsque Alexandre le Grand prit Gaza en 332 av. J.-C., il put envoyer en présent à son tuteur Léonidas cinq cent talents d’oliban et cent talents de myrrhe111. Il paraît fort vraisemblable que, dès cette haute époque, des liens privilégiés existaient entre les caravaniers de Pétra et le port de Gaza. Hieroymos/Diodore ne décrit-il pas, en effet, les Nabatéens transportant les marchandises aromatiques d’Arabie du Sud « jusqu’à la mer » ? De même, lorsqu’en 96 av. J.-C., le port de Gaza fut assiégé pendant un an par les troupes d’Alexandre Jannée, ses habitants n’hésitèrent pas à faire appel à l’aide du roi nabatéen Arétas II, qui arriva trop tard, entraînant la victoire de Jannée et l’abandon de Gaza pour plusieurs décennies112. Pour la période comprise entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et la fin du Ier siècle ap. J.-C., les relations entre les Nabatéens et le port de Gaza sont clairement attestées par l’archéologie : les fouilles conduites à Gaza par l’École Biblique de Jérusalem depuis les années 1990 ont, en effet, mis au jour plus de sept-cent fragments de céramique fine peinte produite à Pétra113. Même s’il paraît clair que le port ne fut jamais réellement nabatéen », ces découvertes reflètent une présence nabatéenne relativement importante à Gaza et l’intensité des liens commerciaux qui liaient la capitale nabatéenne au port méditerranéen.
Le port de Rhinocolure (actuel el-Arish), au sud-ouest de Gaza, en direction de l’Égypte, pourrait également avoir joué un rôle dans les activités commerciales nabatéennes. Un texte de Strabon le mentionne, en effet, au débouché de la route provenant de Leukè Kômè, via Pétra114. On ne peut donc que déplorer le fait que ce site n’ait jamais, à notre connaissance, fait l’objet de fouilles archéologiques, en espérant que des recherches futures viendront éclairer par des données nouvelles nos maigres sources écrites.
Les accès à la mer Rouge
Si l’on en croit les propos de Diodore de Sicile, les Nabatéens semblent s’être assez tôt installés sur les rives du golfe d’Aqaba, où il est possible qu’ils aient subsisté en partie grâce à des activités de pêche115. Toutefois, on peine à définir les rapports qu’entretenaient les Nabatéens avec la mer Rouge, notamment en ce qui concerne leur potentielle participation au commerce maritime initié par les souverains lagides (cf. § I.2.c.2). Les fouilles menées durant les années 1990 à Aila/Aqaba ont bien mis en lumière une occupation nabatéenne à partir du Ier siècle av. J.-C.116, mais la localité portuaire ne semble pas avoir joué un grand rôle sur le plan du commerce international avant le IVème siècle. Nous savons toutefois, par les sources textuelles, que les Nabatéens n’hésitaient pas à s’aventurer quelquefois en mer Rouge. Ainsi, ils s’illustrèrent dès le IIème siècle av. J.-C. par des actions de piraterie à l’encontre de la flotte des Ptolémées117. Celles-ci avaient sans doute pour objectif d’empêcher le commerce égyptien en mer Rouge. Elles furent suivies d’une expédition punitive de la part des Lagides, qui semble avoir mit fin de façon définitive à la piraterie nabatéenne. Il n’est ensuite plus question dans les textes d’une quelconque activité nabatéenne en mer Rouge jusqu’au dernier tiers du Ier siècle av. J.-C., au moment de la bataille d’Actium : les auteurs classiques rapportent en effet que les Nabatéens, se ralliant à Octave, coulèrent la flotte de Cléopâtre stationnée en mer Rouge118.
Il est clair, en revanche, que le territoire nabatéen posséda, à partir du tournant de l’ère chrétienne, une façade maritime ouverte sur la mer Rouge. Les sources écrites mentionnent l’existence d’un important port nabatéen sur la côte de l’Arabie, appelé Leukè Kômè (« le village blanc »). Strabon le décrit comme « un grand emporium », à partir duquel d’importantes caravanes faisaient la route jusqu’à Pétra, et en revenaient119. La description du Périple de la mer Érythrée évoque plutôt, quant à elle, un port de commerce secondaire, où accostaient des navires de faibles tonnages, venant exclusivement d’Arabie du Sud120. Ce port générait toutefois des revenus suffisamment importants pour qu’un poste de douane y soit installé, avec un détachement de soldats pour assurer sa sécurité. La présence d’un centurion » a laissé penser que Leukè Kômè avait pu, dès le Ier siècle de l’ère chrétienne, avoir été placé sous contrôle romain121. Ce titre a cependant pu être porté également par des individus nabatéens, comme l’atteste une inscription de Madâ’in Sâlih122.
On s’est beaucoup interrogé sur l’emplacement du port de Leukè Kômè, mais force est de constater qu’à ce jour, ce dernier n’a toujours pas été localisé avec certitude. De nombreuses hypothèses ont été avancées depuis un siècle. Certains traducteurs du Périple ont pensé dans un premier temps aux sites d’Al-Hawra123 et de Yanbu124, mais autant l’un que l’autre site sont situés trop au sud pour pouvoir correspondre aux descriptions antiques. Les deux emplacements qui restent les plus plausibles sont ’Aynunah125, dans le nord de la mer Rouge, juste avant l’entrée dans le golfe d’Aqaba, et al-Wajh126, à hauteur approximative de Madâ’in Sâlih, et face au port égyptien de Quseir el-Qadim. Les arguments en faveur de ’Aynunah reposent autant sur son environnement naturel – large baie pouvant accueillir une flotte relativement importante, bonnes ressources en eau potable, grand terroir potentiellement cultivable127 et accès direct à Pétra, via le large Wadi ‘Ufal où d’importantes caravanes ont pu aisément circuler128 – que sur l’abondance des vestiges nabatéens retrouvés dans ce secteur : tombes, vestiges architecturaux et fragments de céramique129. En revanche, il n’est plus possible de s’appuyer sur l’hypothèse, basée sur les textes, qui situait Leukè Kômè à ’Aynunah en raison de sa localisation face au port moderne d’Abu Sha‘ar, longtemps identifié au port antique de Myos Hormos, depuis que celui-ci a clairement été localisé plus au sud, à Quseir el-Qadim130. De plus, il semble que la latitude de ce dernier port marque la limite au-delà de laquelle les bateaux en provenance du sud de la mer Rouge ne peuvent que difficilement remonter plus au nord, en raison des vents qui rendent la navigation particulièrement difficile131. Ces deux derniers arguments pencheraient donc plutôt en faveur d’une localisation dans la région d’al-Wajh, mais cette dernière n’a livré que de maigres vestiges à ce jour. Un temple a néanmoins été découvert à l’embouchure du Wadi el-Hamd132, à une quarantaine de kilomètres au sud d’al-Wajh, emplacement qui pourrait correspondre à l’ancien port de Leukè Kômè133. De plus, la pointe qui s’avance dans la mer, au sud d’al-Wajh, se nomme Ras Kurkuma, ce qui pourrait suggérer la présence d’une localité antique (« kômè ») dans le secteur134. On peut également supposer que se trouvait ici l’ancienne localité nabatéenne d’Egra Kômè, mentionnée par Strabon135, et qui selon celui-ci « donn[ait] sur la mer »136.
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I LE COMMERCE NABATEEN : CADRE GEOGRAPHIQUE ET CONTEXTE SOCIOHISTORIQUE
I.1 – LE TERRITOIRE NABATEEN : PRESENTATION GENERALE
I.1.a – À l’origine du royaume nabatéen
I.1.a.1 – La Transjordanie pré-nabatéenne
I.1.a.2 – L’installation d’une population exogène ?
I.1.b – Pétra, forteresse naturelle au coeur du royaume nabatéen
I.1.b.1 – De la « Roche » à la Métropole
I.1.b.2 – Pétra, ville caravanière ?
I.1.c – L’extension du royaume nabatéen
I.1.c.1 – Vers l’ouest, le désert du Néguev et le Sinaï
I.1.c.2 – À l’est de la mer Morte, l’ancien pays de Moab
I.1.c.3 – De Iram à Hégra : la frange méridionale du royaume
I.1.c.4 – Les Nabatéens dans le Hauran
I.1.c.5 – Les ports méditerranéens : Gaza et Rhinocolure
I.1.c.6 – Les accès à la mer Rouge
I.2 – CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE REGIONAL (IVEME S. AV. J.-C. – IIEME S. AP. J.-C.)
I.2.a – La région proche-orientale
I .2.a.1 – Le temps des Diadoques : un empire démantelé
I.2.a.2 – La Judée, des Macchabées aux Hérodiens
I.2.a.3 – L’arrivée des Romains
I.2.b – La péninsule arabique
I.2.b.1 – Les royaumes d’Arabie Heureuse
I.2.b.2 – Le royaume Dédano-Lihyanite
I.2.b.3 – Gerrha et les Gerrhéens
I.2.c – Les routes du commerce à longue-distance à l’époque nabatéenne
I.2.c.1 – Les routes caravanières trans-arabiques
I.2.c.2 – Le commerce maritime en mer Érythrée
CHAPITRE II LES RESSOURCES NATURELLES DU TERRITOIRE NABATEEN
II.1 – LES RESSOURCES VEGETALES DU TERRITOIRE
II.1.a – Les denrées alimentaires
II.1.a.1 – Les palmiers-dattiers : arbres à tout faire
II.1.a.2 – Huile d’olive ou huile de sésame ?
II.1.a.3 – Du poivre chez les Nabatéens ?
II.1.b – Pharmacopée et parfumerie
II.1.b.1 – Le baume de Judée
II.1.b.2 – Le ladanum
II.1.b.3 – Le myrobalan ou « noix de ben »
II.1.b.4 – Le jonc odorant
II.1.b.5 – Une industrie des parfums à Pétra ?
II.2 – LES RESSOURCES MINERALES (FIG. 8)
II.2.a – Les ressources de la mer Morte
II.2.a.1 – Le bitume
II.2.a.2 – Le sel
II.2.b – Les métaux
II.2.b.1 – Les métaux non-précieux : le cuivre et le fer
II.2.b.2 – L’or
II.2.b.3 – L’argent
II.2.c – Les pierres précieuses ou semi-précieuses
II.2.c.1 – Améthyste
II.2.c.2 – Turquoise ?
II.3 – L’ARTISANAT NABATEEN : UNE MARCHANDISE COMMERCIALE ?
II.3.a – La céramique fine nabatéenne de Pétra
II.3.a.1 – Définition
II.3.a.2 – Aire de diffusion
II.3.b – La céramique nabatéenne d’Aqaba
II.3.b.1 – Définition
II.3.b.2 – Aire de diffusion
CONCLUSION DU CHAPITRE II
CHAPITRE III LES NABATEENS ET LE COMMERCE ORIENTAL : LES MARCHANDISES TRANSPORTEES
III.1 – LES PRODUITS AROMATIQUES
III.1.a – Oliban, myrrhe et autres résines
III.1.a.1 – L’oliban et la myrrhe, aux origines des routes commerciales trans-arabiques
III.1.a.2 – L’oliban, trésor de l’Arabie Heureuse.
Définition et provenance
Rôle des Nabatéens
III.1.a.3 – La myrrhe, résine préférée des parfumeurs
Myrrhe stactè et myrrhe plastè
Rôle des Nabatéens
III.1.a.4 – Le bdellium
III.1.a.5 – Le cinabre indien
III.1.a.6 – L’aloe vera (ou aloès)
III.1.a.7 – Le cancamum : du benjoin ?
III.1.a.8 – Le gabalium : du camphre ?
III.1.b – Bois exotiques et écorces parfumées
III.1.b.1 – Cassia et cinnamome
Le cas du malabathre :
III.1.b.2 – Agalochon et tarum : du bois d’aloès ?
III.1.b.3 – Le bois de santal
III.1.b.4 – Le serichatum : du bois de Laka ?
III.1.c – Graines, noix, et tubercules
III.1.c.1 – Le poivre
III.1.c.2 – L’amome et la cardamome?
III.1.c.3 – Les clous de girofle
III.1.c.4 – La noix de muscade et le macis ?
III.1.d – Racines et rhizomes
III.1.d.1 – Le gingembre
III.1.d.2 – Le costus
III.1.d.3 – Le nard indien ou « nard en épi »
III.1.d.4 – Le curcuma
III.1.d.5 – Le roseau aromatique ou acore odorant
III.2 – PIERRES PRECIEUSES ET SEMI-PRECIEUSES
III.2.a – Les pierres d’Arabie du Sud et d’Afrique de l’Est
III.2.a.1 – L’albâtre
III.2.a.2 – L’obsidienne
III.2.b – Les pierres d’Inde du Nord et d’Asie centrale
III.2.b.1 – La turquoise
III.2.b.2 – Le lapis-lazuli
III.2.b.3 – Agates, cornaline et autres quartz calcédonieux
III.2.c – Les pierres d’Inde du Sud, du Sri Lanka et d’Asie du Sud-Est
III.2.c.1 – Le saphir (corindon bleu)
III.2.c.2 – Le diamant ou le corindon incolore
III.2.c.3 – Variétés de « gemmes transparentes »
III.3 – LES TEXTILES
III.3.a – Le coton indien
III.3.b – La soie chinoise
III.4 – LES MARCHANDISES D’ORIGINE ANIMALE
III.4.a – Les perles marines
III.4.b – L’ivoire
Le rôle des Nabatéens dans le commerce de l’ivoire
III.4.c – Les écailles et les carapaces de tortues
III.5 – LES ESCLAVES
III.5.a – L’origine des esclaves et les circuits commerciaux
III.5.b – Les Nabatéens et l’esclavage
CONCLUSION DU CHAPITRE III
CHAPITRE IV POLITIQUES MONETAIRES ET COMMERCE NABATEEN : LES DONNEES NUMISMATIQUES
IV.1 – DURANT PLUS DE DEUX SIECLES, UNE ECONOMIE SANS MONNAIES PROPRES
IV.1.a – L’époque hellénistique : les trouvailles monétaires
IV.1.a.1 – Les IVème et IIIème siècles av. J.-C.
IV.1.a.2 – Le IIème siècle av. J.-C.
IV.1.b – Au IIIème siècle av. J.-C., les Nabatéens sous influence lagide
IV.1.b.1 – Le système monétaire des Ptolémées
IV.1.b.2 – Le rôle d’Arados dans la seconde moitié du IIIème siècle av. J.-C.
IV.1.c – À partir de la fin du IIIème siècle av. J.-C. : l’avancée séleucide
IV.1.d – La route Pétra-Méditerranée : « ils transportent jusqu’à la mer… »
IV.1.d.1 – Gaza, porte de la Méditerranée
IV.1.d.2 – Rhinocolure : un port secondaire dès le IIIème siècle av. J.-C. ?
IV.2 – LE MONNAYAGE NABATEEN DU IER SIECLE AV. J.-C., REVELATEUR D’INFLUENCES
POLITIQUES ET COMMERCIALES
IV.2.a – De la fin du IIème siècle av. J.-C. à l’annexion romaine de la Syrie
IV.2.a.1 – Les premières frappes nabatéennes anonymes
IV.2.a.2 – Les monnaies d’Arétas III Philhellène (87-62 av. J.-C.) : un modèle séleucide
IV.2.b – La conquête romaine et l’affirmation du système monétaire romain
IV.2.b.1 – L’annexion de la Syrie en 62 av. J.-C.
IV.2.b.2 – Malichos Ier face à la puissance romaine : 60-30 av. J.-C.
IV.2.b.3 – La conquête de l’Égypte en 31 av. J.-C
IV.3 – AU IER SIECLE AP. J.-C., L’EXPANSION DU ROYAUME NABATEEN
IV.3.a – Une alternance d’expansion et de récession économique ?
IV.3.a.1 – D’Arétas IV à Rabbel II : le développement du système monétaire
IV.3.a.2 – Des phases de croissance et de décroissance en lien avec le commerce caravanier ?
IV.3.b – Trouvailles monétaires étrangères en Nabatène au Ier siècle ap. J.-C
IV.3.b.1 – Les monnaies romaines
IV.3.b.2 – Les monnaies hérodiennes
IV.3.c – Répartition des monnaies nabatéennes hors du territoire
CONCLUSION DU CHAPITRE IV
CHAPITRE V LES PRODUITS TIRES DE L’ETRANGER EN NABATENE : APPORTS ET LIMITES DE L’ARCHEOLOGIE
V.1 – LES AMPHORES : PROVENANCES ET PROBLEMES
V.1.a – Les amphores de type hellénistique
V.1.a.1 – Les amphores de Rhodes
V.1.a.2 – Les amphores de Cnide
V.1.a.3 – Les amphores timbrées de forme coenne
V.1.b – Les amphores de Méditerranée occidentale
V.1.b.1 – Les amphores de Brindisi
V.1.b.2 – Les amphores Lamboglia 2
V.1.b.3 – Les amphores Dressel 2-4 (dites « de Cos »)
V.1.c – Les productions régionales (Palestine, Égypte)
V.1.c.1 – Les amphores de Gaza précoces (« proto-Gaza »)
V.1.c.2 – Les amphores égyptiennes à pâte alluviale
V.2 – LES CERAMIQUES FINES MEDITERRANEENNES
V.2.a – Les céramiques fines hellénistiques (IIIème – IIème s. av. J.-C.)
V.2.a.1 – Les bols moulés à reliefs
V.2.a.2 – La céramique à vernis noir
V.2.a.3 – Unguentaria et formes diverses
V.2.b – Les céramiques fines d’époque romaine (Ier s. av. J.-C. – Ier s. ap. J.-C.)
V.2.b.1 – Une vaisselle de luxe : la céramique à glaçure plombifère
V.2.b.2 – Les sigillées orientales
La sigillée orientale A
Les sigillées orientales B
Les sigillées orientales C ou « céramiques de Çandarli »
Les sigillées orientales D ou « sigillées chypriotes »
V.2.b.3 – Les sigillées occidentales
V.2.b.4 – Les céramiques à vernis rouge pompéien
V.2.b.5 – Autres productions de Méditerranée occidentale
V.3 – LES LAMPES
V.3.a – Les productions de Méditerranée orientale (IVème-Ier siècles av. J.-C.)
V.3.a.1 – Les lampes tournées à vernis noir (type Broneer IX)
V.3.a.2 – Les lampes hellénistiques à décor rayonnant (type Broneer XVIII)
V.3.a.3 – Les lampes « aux Éros affrontés »
V.3.a.4 – Les lampes dites « d’Éphèse » (type Broneer XIX)
V.3.b – Les productions italiques (Ier siècle av. J.-C.-IIème siècle ap. J.-C.)
V.3.b.1 – Les lampes « romaines » à disque : le problème des productions locales
V.3.b.2 – Les lampes romaines à disque : quelques importations probables ou attestées
Lampes italiques de type Broneer XXII/XXIII (ou Bailey A/B)
Lampes italiques de type Broneer XXI (ou Bailey D)
Lampes italiques de type Bailey A, B ou D, Groupe 2
Lampes italiques de type Bailey O
Lampes italiques de type Bailey P, Groupe 1
V.3.b.3 – Les lampes plastiques
V.3.c – Les lampes syro-palestiniennes (Ier siècle av. J.-C.-IIème siècle ap. J.-C.)
V.3.c.1 – Les lampes de Judée à décor rayonnant et à décor circulaire de points
V.3.c.2 – Les lampes hérodiennes
V.3.c.3 – Les lampes rondes palestiniennes
V.3.c.4 – Les lampes moulées de Judée
V.3.c.5 – Les lampes nord-palestiniennes timbrées (Northern Stamped Lamps)
V.3.d – Les lampes de bronze
V.4 – LES CERAMIQUES IMPORTEES NON MEDITERRANEENNES
V.4.a – Des productions « orientales »
V.4.a.1 – La céramique à glaçure verte dite « parthe » ou « mésopotamienne »
V.4.a.2 – Les céramiques nabatéennes « vertes » : productions régionales ou importations orientales ?
V.4.b – Des productions d’Arabie du Sud ?
V.4.c – De la céramique indienne à Pétra ?
V.5 – LES AUTRES OBJETS MANUFACTURES IMPORTES
V.5.a – Les figurines et objets de terre cuite
V.5.b – Le verre
V.5.b.1 – Verres moulés sur noyau
V.5.b.2 – Verres moulés
V.5.b.3 – Verres mosaïqués (ou de type « millefiori »)
V.5.b.4 – Verre soufflé
V.5.b.5 – Verre soufflé dans un moule
V.5.b.6 – Jetons
V.5.c – Les objets métalliques
V.5.d – Le matériel lithique et autres matériaux
V.5.d.1 – Les objets de marbre
V.5.d.2 – Les objets d’« albâtre »
V.5.d.3 – Deux objets exceptionnels provenant du temple « aux lions ailés »
V.5.d.4 – Les gemmes, intailles et sceaux
CHAPITRE VI CARAVANES ET MARCHANDS DE PASSAGE : LES DONNEES EPIGRAPHIQUES
VI.1 – LA PRESENCE NABATEENNE EN MEDITERRANEE
VI.1.a – Inventaire des données épigraphiques
VI.1.b – Dès le IIème siècle av. J.-C., une présence nabatéenne en Méditerranée orientale
VI.1.b.1 – Rhodes et Délos, plaques tournantes du commerce oriental à l’époque hellénistique
VI.1.b.2 – Des relations particulières entre le royaume nabatéen et l’île de Ténos ?
VI.1.c – À partir du Ier siècle av. J.-C., un déplacement du commerce vers l’Italie
VI.1.c.1 – Pouzzoles, port d’arrivée des marchandises orientales
VI.1.c.2 – La diaspora nabatéenne de Pouzzoles
VI.1.c.3 – Les Nabatéens à Rome
VI.2 – LA PRESENCE NABATEENNE EN ÉGYPTE
VI.2.a – Une présence nabatéenne dans le nord-est de l’Égypte au Ier siècle av. J.-C
VI.2.a.1 – Une communauté nabatéenne à Tell esh-Shuqafiya
VI.2.a.2 – Le sanctuaire de ’WYTW : une communauté nabatéenne à Qasrawet
VI.2.a.3 – Les route(s) commerciale(s) du nord-est égyptien au Ier siècle av. J.-C.
VI.2.b – À l’époque romaine, les Nabatéens dans le désert oriental égyptien
VI.2.b.1 – Inventaire des inscriptions nabatéennes dans le désert oriental
VI.2.b.2 – Les graffiti nabatéens d’Égypte : problèmes de chronologie
VI.2.b.3 – Coptos, Myos Hormos, Berenikê, et la présence arabe dans le désert oriental
VI.2.b.4 – Un (des) port(s) nabatéen(s) en face de Myos Hormos : Leukè Kômè / Egra Kômè
CONCLUSION
Phase 1 (ca. 350-100 av. J.-C.) : les Nabatéens à l’époque hellénistique
Phase 2 (100-30 av. J.-C.) : le tournant du Ier siècle av. J.-C
Phase 3 (30 av. J.-C. – 50 ap. J.-C.) : la mise en place de nouvelles routes maritimes
Phase 4 (50 – 106 ap. J.-C.) : un décalage des routes vers le sud de l’Inde et la Characène
Phase 5 (106 – IIIème s. ap. J.-C.) : les Nabatéens sous domination romaine
INDEX
INDEX DES NOMS PROPRES
INDEX DES PRODUITS
INDEX DES AUTEURS ET DES TEXTES ANCIENS