Les plantes à fleurs constituent le groupe dont les relations avec les insectes sont les plus diversifiées. Certaines parties de la plante peuvent constituer de la nourriture pour l’insecte comme le nectar. En retour, les insectes contribuent à la pollinisation de la plante favorisant le brassage génétique et à plus long terme l’évolution de l’espèce (Ratchke et al., 1985). En effet, ils assurent la fécondation de 84% des plantes cultivées et 80% des plantes sauvages. Ils sont capables de transporter le pollen jusqu’à 2km, tel est le cas des abeilles (Vaughton et al.,1998) Dans le cas de l’herbivorie, l’attaque de l’insecte peut provoquer des dégâts et des perturbations importantes au niveau de la plante hôte (Welter, 1989). Mais la plante, au cours de son évolution, a élaboré des stratégies de défense qui lui permettent de résister à l’agression des prédateurs (Kessler et al., 2002).
Un exemple de cette relation plante-insecte est illustré dans le cadre du présent travail qui décrit les dégâts causés par l’insecte Brachycerus lafertei sur sa plante hôte Aloe capitata. Ces deux espèces sont endémiques de Madagascar. B. lafertei se nourrit de feuilles d’aloès et y laisse des traces de morsures. Il attaque aussi les hampes florales. Néanmoins, l’intérêt de la plante dans le cadre de sa coévolution avec l’insecte n’est pas encore bien établi.
Les aloès occupent une place très importante non seulement dans le domaine médicinal mais aussi ornemental grâce à leurs fleurs très attrayantes (http://www.plantencyclo.com). Ils sont connus par leurs constituants amers (Newton et Vaughan, 1996; Van Wyk et Smith, 1996) à savoir les alcaloïdes contenus dans leurs feuilles dont les vertus thérapeutiques sont exploitées en médecine traditionnelle, par exemple dans le traitement de la constipation (Vinson et al., 2005), de l’ulcère d’estomac (Roberts, 1990) et de l’hémorroïde (Watt et Breyer-Brandwijk, 1962; Githens, 1979). Toutefois, il existe une pression croissante sur les populations naturelles d’aloès avec la surexploitation, les feux de brousses, la progression des plantes envahissantes et l’attaque des insectes herbivores. C’est pourquoi tous les aloès de Madagascar sont maintenant classés dans l’annexe I et II du CITES. Seize espèces sont dans l’annexe I et sont formellement interdites à l’exportation: Aloe albiflora, Aloe alfredii, Aloe bakeri, Aloe bellatula, Aloe calcairophyla, Aloe compressa, Aloe delphinensis, Aloe descoingsii, Aloe haworthioïdes, Aloe helenae, Aloe laeta, Aloe parallelifolia, Aloe parvula, Aloe rauhii, Aloe suzannae et Aloe versicolor. Toutes les autres espèces d’aloès malgaches sont classées dans l’annexe II et ne peuvent être exportées sans l’autorisation préalable de l’autorité scientifique et de l’organe de gestion de la CITES à Madagascar (CITES, 2005).
LES PLANTES SUCCULENTES
Les plantes succulentes sont caractérisées par la présence de tissus très riches en eau qui leur permettent de résister à de longues périodes de sécheresse. Pour cela, elles ont développé une capacité de stockage d’eau au niveau de la racine, des feuilles et des tiges, leur conférant une morphologie plus ou moins charnue d’où le nom de plantes grasses. Elles présentent plus d’une cinquantaine de familles botaniques très diverses dont les CACTACEAE (cactus), les CRASSULACEAE, les EUPHORBIACEAE (euphorbes), les AGAVACEAE (agaves), les AIZOACEAE, les ASCLEPIADACEAE et les XANTHORRHOEACEAE (aloès). Ces plantes se rencontrent dans les régions arides et semi-arides. Leur processus d’assimilation du carbone appelé CAM (Crassulacean Acid Metabolism) est assez particulier. En effet, il leur permet une utilisation optimale de leur réserve d’eau nécessaire à leur survie en milieu aride. Les stomates de plantes CAM sont fermées pendant le jour pour limiter la déperdition d’eau par transpiration et sont ouvertes la nuit pour permettre l’entrée du CO2 nécessaire à la synthèse de sucres (Fabien, 2008).
Le commerce de plantes succulentes dans le monde
Les plantes succulentes tiennent une place très importante sur le marché international des plantes ornementales comme les espèces de Pachypodium, Euphorbia et Aloe. Ces plantes proviennent de sources très variées, allant de petites pépinières à de grands établissements industriels qui se trouvent en général en dehors des pays d’origine des plantes. La production à grande échelle de ces plantes est concentrée dans les pays industrialisés (Europe, Etats-Unis, Chine, Canada et Japon). Cependant, d’autres pays sont devenus maintenant des acteurs clés dans le commerce mondial des plantes succulentes comme la République Dominicaine et Haïti (Cactus, Aloe, Pachypodium et Euphorbia) (McGough et al., 2004). Certains pays exportateurs comme l’Afrique du Sud regroupent le plus grand nombre de pépinières spécialisées sur les plantes indigènes. Ces pays cultivent également, à plus petite échelle, des plantes succulentes originaires de Madagascar et d’autres pays africains (McGough et al., 2004).
LES ALOES
Le genre Aloe compte plus de 600 espèces dans le monde (Wendell et al., 1995) dont quelques unes sont connues par leurs vertus médicinales comme Aloe vera, Aloe ferox, Aloe arborescens, Aloe marlothii, Aloe saponaria et Aloe vahombe (http://www.plantencyclo.com). Plusieurs aloès sont originaires d’Afrique du Sud (environ 300 espèces) et de Madagascar (122 espèces) (CITES, 2010), mais ils se sont très vite répandus du fait de leurs utilisations médicinales et ornementales. Les aloès de Madagascar occupent la partie Sud de l’île comme Aloe haworthioides, Aloe parvula, Aloe vahombe, Aloe divaricata, Aloe isaloensis, Aloe suzannae, la partie centrale dans le dôme d’Ambalavao comme Aloe altimatsiatrae, Aloe betsileensis, dans l’Ibity Aloe ibitiensis, dans le massif d’Angavokely Aloe macroclada et la partie Nord-Ouest comme Aloe bulbillifera et Aloe suarezensis (Reynolds, 1958).
Le commerce mondial d’aloès
Le commerce d’aloès utilise des extraits de la plante (cosmétique/pharmaceutique) ou la plante entière (l’horticulture).
Le commerce d’aloès de Madagascar
Dans le cas de Madagascar, les aloès ne représentent que 6% des plantes succulentes commercialisées. Un spécimen coûte environ 0,5 à 14USD en fonction de l’espèce et de sa rareté (Rasoanaivo et al., 2010). Environ 48 espèces d’aloès Malagasy sont exportées parmi lesquelles Aloe deltoideodonta est la plus demandée .
Utilisations traditionnelles des aloès
Connaissances ethnobotaniques
Les aloès sont utilisés dans le traitement des infections, particulièrement des maladies sexuellement transmissibles et des parasites internes. Les espèces les plus concernées sont Aloe ferox et Aloe maculata (Grace et al., 2008). Le gel d’aloès peut être appliqué directement sur la peau pour le pansement des blessures (Morton, 1961), il sert également à soigner rapidement les brûlures (Park et al., 1998) et les piqûres d’insectes (Kodym et al., 2002).
Le suc épaissi obtenu à partir des feuilles incisées de Aloe maculata ou de Aloe vera est utilisé pour son effet laxatif et cholagogue (Watt et Breyer-Brandwijk, 1962), et est également utilisé pour combattre les troubles de la digestion (Hutchings et al., 1996; Grace et al., 2008). L’infusion de feuilles de Aloe marlothii entre dans le traitement de l’ulcère d’estomac (Roberts, 1990) alors que celle des racines et des branches de certaines espèces telles que Aloe variegata et Aloe tenuior sont utilisées dans le traitement de l’hémorroïde (Watt et Breyer-Brandwijk, 1962; Githens, 1979).
Le gel de Aloe arborescens a été également utilisé pour soigner le cancer selon le remède du père polonais Czeslaw Andrzej Klimuszko. Ce gel a été mélangé avec de miel et du whisky ou du vin rouge pour en faire un sirop. La cure est à effectuer pendant trois semaines successives (Marc Schweizer, 2006). Le jus très amer de nombreuses espèces d’aloès est utilisé comme vermifuge (Allorge, 2003). La décoction préparée à partir de la tige et de la base des feuilles est prise oralement par les femmes pour nettoyer l’organisme après l’accouchement (Watt et Breyer-Brandwijk, 1962).
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