Le clitoris : quel intérêt médical et social, les médecins généralistes lui portent-ils ? 

Le clitoris : quel intérêt médical et social, les médecins généralistes lui portent-ils ? 

Introduction 

En 2009, la thèse1 réalisée par SAUVET A. dévoile que 84 % des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à savoir représenter le sexe masculin. En 2016, le rapport2 du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes relatif à l’éducation à la sexualité fait état du chiffre suivant : 1 jeune fille de 15 ans sur 4 ne sait pas qu’elle a un clitoris. Le clitoris est absent jusqu’en 2017 des manuels scolaires, où seulement un éditeur le publiait dans son intégralité anatomique. Le clitoris est un organe génital féminin connu depuis l’antiquité. Il tient un rôle clé dans le plaisir sexuel féminin. Sa partie interne est décrite depuis le XVIe siècle par plusieurs anatomistes italiens3  . Il a ensuite été schématisé et décrit de façon très détaillée par l’Allemand Georg Ludwig Kobelt au XIXe siècle. Il est pourtant de nombreuses fois redécouvert puis oublié du fait notamment de pressions sociales, culturelles et religieuses4 . De récentes recherches scientifiques  ont pu décrire de façon plus précise le clitoris. Contrairement au pénis, pourtant d’origine embryonnaire similaire, cet organe est principalement interne, enfoui sous la vulve. Dans l’état actuel des connaissances, on sait que le clitoris peut mesurer entre 9 et 11 cm en totalité. Son innervation est connue pour être complexe et extrêmement riche. Ces récentes études ont eu un impact important auprès du mouvement féministe7,8 . En France, il existe une réappropriation du corps des femmes par celles-ci, le clitoris en devient ainsi un symbole majeur. Il est brandi lors des manifestations, dessiné, placardé dans les rues et présent sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation a permis de commencer à faire évoluer les instances académiques, politiques et sociales de notre pays7 . Par exemple, depuis 2019, cinq manuels de seconde sur sept représentent désormais l’anatomie complète du clitoris . D’après la littérature, les médecins généralistes (MG) restent la principale source d’information des patientes au sujet de l’appareil génital féminin. C’est le rôle du MG de parler avec elles de leur corps et de leur sexualité . Le clitoris et sa partie interne du clitoris sont représenté dans des ouvrages d’anatomie récents . Aujourd’hui, les MG reçoivent une formation sommaire sur le plan anatomique et fonctionnel du clitoris au cours du 1 er et du 2ème cycle universitaire. Il est également succinctement cité dans l’item “Sexualité normale et ses troubles” du module de gynécologie et de psychiatrie . Objectifs L’objectif principal de ce travail a été d’explorer l’intérêt médical et social que portent les médecins généralistes au clitoris, la place qu’ils lui donnent et leur ressenti en consultation. L’objectif secondaire était de découvrir les difficultés éprouvées à ce sujet en médecine générale. Cette recherche n’a pas eu pour but d’évaluer leurs connaissances médicales à ce sujet. 

Méthode

 Des recherches bibliographiques ont été réalisées au préalable dans le but de vérifier l’absence d’étude similaire. L’investigatrice a pris soin de s’éloigner de potentiels préjugés sur le sujet en les listant. Pour cette étude, la méthode qualitative a été sélectionnée puisqu’il s’agissait d’explorer les représentations que les MG ont du clitoris. Cette étude a ainsi cherché à :  Préciser la place qu’ils lui donnaient en santé et par conséquent en consultation, 4  Découvrir leur ressenti en consultation,  Explorer les difficultés éprouvées concernant ce sujet en médecine générale, Ce travail a été rédigé selon les critères de la grille COnsolidated criteria for REporting Qualitative research (COREQ). Il s’agit du premier travail de recherche de l’investigatrice. La population d’étude concernait les MG thésés et installés en cabinet libéral du fait du sujet jugé intime et de la nécessité d’avoir installé une relation de confiance entre professionnel de santé et patient. L’investigatrice a réalisé des entretiens individuels semi-directifs à l’aide d’un guide d’entretien, contenant des questions ouvertes pour favoriser la création de discours. Au préalable, trois entretiens ont été réalisés afin de tester le guide d’entretien et de l’améliorer. Il a évolué au fur et à mesure des entretiens, au vu des éléments amenés par les participants. La prise de contact avec les participants a été réalisée par téléphone directement par l’investigatrice. Le recrutement a été effectué selon un échantillonnage par effet boule de neige, chaque médecin donne au moins un nom de médecin et ses coordonnées. Le passage aléatoire des participants a été réalisé dans l’ordre de leur réponse aux sollicitations de l’investigatrice. Le recrutement en chaîne est arrivé à épuisement au bout de quatre entretiens. Un second recrutement par convenance a été réalisé. Les critères de diversification définis comme pertinents pour le sujet étaient :  L’âge,  Le genre,  La réalisation d’un stage en gynécologie durant l’internat,  La formation complémentaire,  La durée d’installation. Dans le contexte sanitaire actuel, les entretiens ont été réalisés par téléphone et seulement un en visioconférence. Ils ont été enregistrés sur dictaphone après 5 consentement oral des médecins et retranscrits intégralement mot à mot sur Word© de façon anonyme, par l’investigatrice. L’ensemble des données vocales des entretiens a été détruit après la retranscription dans le but de conserver l’anonymat des personnes interrogées. Les retranscriptions d’entretien n’ont pas été retournées aux participants. Les verbatims ont été traités selon une analyse thématique sans utilisation de logiciel de codage. Le niveau d’analyse est décliné en codage ouvert qui correspond à identifier les concepts généraux à partir des thèmes du guide d’entretien, puis en codage axial qui approfondit des concepts et enfin en codage sélectif qui permet l’organisation autour de catégories et sous catégories. Cette analyse a été réalisée manuellement par l’investigatrice. Un double codage a été réalisé par une interne en médecine générale qui a uniquement eu accès aux retranscriptions anonymisées pour permettre la triangulation des données. Une déclaration de l’étude auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) n’a pas été nécessaire devant le respect de l’anonymisation puis la suppression des données. La recherche impliquant uniquement des médecins, elle est hors cadre de la loi Jardé. Elle n’a donc pas nécessité d’avis auprès du Comité de Protection des Personnes (CPP), pas de promoteur ni d’assurance.

Table des matières

Introduction
Objectifs
Méthode
Résultats
1. Un intérêt médical limité en consultations de médecine générale
 La fonction du clitoris connue dans la théorie
 … Mais peu abordé dans la pratique
 Des freins dans la pratique
 Une place pour le clitoris en médecine générale ?
2. Un intérêt social grandissant
3. Des ouvertures possibles
Discussion
1. Validité des résultats
 Forces
 Limites
2. Redondances à la littérature
3. Apports de l’étude
4. Perspectives
Conclusion
Bibliographie
Annexes
1. Guide d’entretien de thèse
2. Tableau 1 : principales caractéristiques de l’échantillon

projet fin d'etude

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