Le chemin vers la paternité : devenir père pas à pas
Qu’est-ce que la paternité ?
La paternité désigne « l’état, la qualité de père » ainsi que le « lien juridique entre un père et son enfant » [5]. La paternité est la reconnaissance du lien de parenté entre un père et un enfant, c’est un lien juridique, social mais aussi un lien affectif issu d’une démarche intellectuelle puisque l’homme, à l’inverse de la femme, n’éprouve aucun bouleversement corporel : il s’imagine, se rêve père avant de le devenir socialement [5]. On peut donc en déduire que, l’homme et la femme forment ici un couple, qui a un devenir : « être parents ». Mais la parentalité qu’est-ce que c’est ? «La parentalité apparaît comme un terme spécifique du vocabulaire médico psycho-social qui désigne de façon très large la fonction «d’être parent» en y incluant à la fois les responsabilités juridiques, telles que la loi les définit, des responsabilités morales, telle que la socio-culture les impose et des responsabilités éducatives». Le néologisme « parentalité » a été introduit par le psychiatre et psychanalyste français PaulClaude Racamier en 1961. Racamier, s’inspirant des travaux d’une psychanalyste américaine, G. L. Bibring, a traduit le terme anglais motherhood par « maternalité ». Il indiquait qu’on pourrait également parler de « paternalité » et de « parentalité ». Quelle différence entre « maternité » et « maternalité », « parenté » et « parentalité » ? Les premiers termes désignent un état, un lien établi de façon définitive. Les seconds un processus, une dynamique, un devenir. On devient parent à travers une évolution personnelle qui peut être émaillée de difficultés psychiques, voire de décompensations plus ou moins sévères. C’est essentiellement cela que révèle le néologisme en question : pour être parent, il ne suffit pas d’être géniteur ni même d’être désigné comme parent, il faut le devenir. Et cela est conditionné par le caractère, la force psychique et la personnalité de chacun. Didier Houzel a au cours des années 1990, dirigé un groupe de travail et de recherche pluridisciplinaire qui a réfléchi à la notion de parentalité. Dans un ouvrage issu de ces travaux, la parentalité est conçue autour de trois axes : L’axe de l’exercice de la parentalité, qui se rapproche du domaine juridique puisqu’il regroupe l’ensemble des droits et des devoirs qui se rattachent à la fonction parentale et à la filiation ; à titre d’exemples on peut citer l’autorité parentale ou encore la transmission du nom. L’axe de l’expérience de la parentalité, ou c’est le vécu subjectif conscient et inconscient de devenir parent et de remplir les rôles parentaux qui est concerné. L’axe de la pratique de la parentalité, qui est constituée par l’ensemble des soins quotidiens, psychiques ou physiques, que les parents doivent accomplir auprès de leur enfant. [6] Dans ce travail de recherche, nous allons essayer de faire ressortir le vécu, le ressenti, la place que prennent les hommes durant leur séjour en postpartum précoce, afin d’essayer de faire ressortir les différents mécanismes qui peuvent se mettre en place dès les premiers jours de vie de l’enfant dans le processus de paternité. Et, si justement cette période très précoce peut être le socle sur lequel va reposer l’établissement des premiers liens entre un père et son enfant.
La paternité et les suites de couches : l’établissement des liens parentaux
Ressenti de la paternité : les angoisses du père Quand il est demandé aux pères comment ils vivent leurs premiers jours depuis la naissance de leurs enfants, ce qu’il ressort, ce sont les angoisses qu’ils peuvent ressentir lors des différentes périodes, qu’ils ont vécus. Cela va de l’annonce de la grossesse, jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi un tableau représentant les différentes périodes qui procurent aux pères ce sentiment d’angoisse a été construit. La grossesse apparaît comme plus ou moins angoissante pour tous les pères qui ont été interrogés sauf un seul multipère, Pierre qui n’a pas éprouvé d’angoisse lors de la grossesse. L’accouchement est vécu comme un moment très angoissant pour tous les pères interrogés. Le retour à domicile représente une angoisse pour tous les primipères interrogés. Les soins sont aussi source d’angoisse pour les primipères interrogés.
Vécu de la paternité : les soins au quotidien
Parmi tous les pères interrogés sur la participation aux soins, les quatre primipères essayent de faire « le maximum » possible comme le dit Kévin mais ils sont encore dans la retenue « j’analyse les gestes » dit Benjamin, ou encore « on a la pression » dit Kevin. Pour les multipères interrogés ils se disent « plus compétent » dès le début en « pleine autonomie » pour Antoine. Ils sont eux aussi très participatifs dans les soins prodigués à leurs enfants .
I. Introduction |