Historique
Dans le domaine de la foresterie, la FAO qui s’est occupée des travaux d’approche, a recommandé la création de chantiers pilotes avant de commencer les afforestations à grande échelle, ce afin d’étudier les coûts et le comportement des essences en fonction des différents modes de plantation. C’est dans cette approche qu’a été créé en 1969 le chantier pilote de Mahatsinjo (in Akon’ny Ala n°7). Elle a installé ce chantier pilote qui était destiné surtout à accueillir des essais de triage pour tester diverses essences et d’observer la réaction des pins aux différentes méthodes de plantation, de traitement et de suivi (LEEMAN, 1989). Dans la première moitié des années 1980, la recherche forestière (FOFIFA/DRFP) a installé quelques essais sylvicoles qui sont des essais d’éclaircie et de fertilisation respectivement dans des peuplements « bienvenants » et considéré à priori comme rattrapables du chantier pilote de Mahatsinjo. En 1987 et par un protocole d’accord, la société FANALAMANGA a mis à disposition du Département des Eaux et Forêts de l’ESSA l’ensemble de ce chantier pilote. Ce dernier va s’occuper de la gestion d’une superficie de 484 hectares. Des éclaircies systématiques ont été effectuées dans les parcelles de Pinus elliottii dont les arbres présentent de bons signes de croissance et de développement. Quant aux peuplements qu’on peut qualifier de « malvenants », excepté deux à trois hectares qui ont été traités en éclaircie comme les précédents, ils étaient laissés à leur densité initiale. Ces peuplements occupent les sols de forte pente et ingrats, à concrétion ferrugineuse.
Importance dans le reboisement du pays
L’introduction de Pinus elliottii à Madagascar est récente, les premières plantations de Menagisy, d’Analamazaotra-Périnet et d’Ampahamaherana datent de 1955 (CHAUVET, 1968). Il est le moins représenté de tous les résineux car il était jugé d’une vigueur faible dans les essais de comportement et s’est souvent classé en fin de liste des meilleures espèces retenues. Très peu de plantations en Pinus elliottii ont été réalisées de 1956 à 1970 dans le Mangoro dont les essais d’adaptation, de densité, de fertilisation. Il s’est montré bien adapté dans les reboisements d’altitude, au vu de son comportement sur des sols rouges latéritiques. Dans les chantiers pilotes de la vallée du haut Mangoro, conçus pour l’étude de comportement des meilleurs essences exotiques, la surface reboisée en Pinus elliottii pour les quatre campagnes (de 1969 à1973) couvrait environ 138 hectares à Mahatsinjo et 266 hectares à Ampanovokoka et Besakay à Mangoro nord). C’est dans ces chantiers que l’on rencontre comme à Périnet les plus beaux spécimens et des arbres « plus » ont été répertoriés dans ces peuplements et sont inscrits dans le catalogue national pour le programme d’amélioration génétique. Les graines utilisées provenaient de l’Afrique du Sud, de la Georgie-USA, de l’Australie et de l’Ile Maurice. La FANALAMANGA a réalisé d’importantes plantations de Pinus elliottii à partir de 1980 : 8640 hectares dont 70% dans le périmètre Nord (Analakanto). Ce qui représente 12% de la superficie totale reboisée en pins jusqu’à 1993.
Rappel de la problématique Il y a d’abord lieu de rappeler la problématique du choix des essences qui se pose à Fanalamanga depuis que son objectif initial de produire du bois de trituration a été réorienter vers le bois d’oeuvre. L’opération de reboisement industriel a bénéficié en 1975 du financement de la Banque Mondiale et la Société FANALAMANGA fut créée pour étendre le massif à 75.000 hectares, repartis aujourd’hui sur trois régions géographiques ou administratives : Départements Nord, Centre et Sud. Cette superficie avait été déterminée sur les bases d’une unité papetière d’une capacité de 200.000 tonnes par an de pâte de 12 m 3 / ha et d’une récolte à 15 ans (SANDWELL, 1982). L’objectif initial des plantations était la production de bois de pâte à papier. Le reboisement a progressé au rythme d’environ 5.600 ha/an jusqu’en 1984. Les plus anciens peuplements avaient l’âge d’être exploités ; mais le développement de l’industrie papetière ne paraissait guère convaincante, l’usine de pâte à papier n’avait aucune perspective de rentabilité. La production de bois d’oeuvre pour le sciage et le déroulage est alors devenu l’objectif principal.
La réorientation nécessitait de réduire les travaux de plantation pour réaliser les aménagements susceptibles d’induire des produits individuels de qualité au terme d’une révolution de plus de 30 ans. Les interventions ont concerné les peuplements présentant un réel potentiel d’amélioration qualitative ou quantitative, le reste du massif devant relever de la coupe à blanc. La fertilisation de regonflage d’environ 35.000 hectares de jeunes plantations a été engagée en 1984, les opérations d’élagage et de première éclaircie ont débuté en 1986 (CHIAVERINI, 1992). Les travaux de seconde éclaircie ont démarré en 1994 et les coupes assurent l’approvisionnement matière de plusieurs industries locales. En outre, l’espèce Pinus elliottii, d’après les résultats d’études effectuées par la recherche forestière depuis que cette espèce est de plus en plus utilisée dans le reboisement du Haut Mangoro, est l’une des espèces résineuses susceptibles de fournir de bois d’oeuvre de qualité exportable : elle fournit de bois plus dur et plus dense que les trois autres espèces (Pinus kesiya, Pinus oocarpa et Pinus caribea), toutes utilisées dans le périmètre de la dépression de Mangoro.
Des études plus complètes devaient être menées pour avoir des connaissances plus approfondies sur l’espèce aussi bien sur le plan sylvicultural aux différents stades de production que dans le domaine de la valorisation du bois, voir si on peut encore améliorer la qualité du bois. La plus grande partie de ces études constitue les résultats de ces travaux nécessaires présentés dans ce travail. La figure 4 résume la méthodologie d’investigation et les étapes de cette étude des impacts de la sylviculture sur la qualité du bois de Pinus elliottii plantée dans le périmètre de reboisement industriel de la société Fanalamanga. Nous rappelons que l’objectif est de montrer que, grâce à ses qualités longtemps occultées par ses performances de croissance inférieures à celles des pins courants (P. kesiya et P. patula), l’espèce dont les qualités technologiques avoisinent celles des meilleurs bois résineux, peut être utilisée comme essence de reboisement industriel.
Les différents types de peuplements
Les peuplements bienvenants se trouvent sur des terrains à relief plat et sur des terrains à faible pente. Ils sont constitués des arbres de taille assez grande (hauteur et diamètre). Les peuplements du type 2 sont rencontrés sur des terrains à relief ondulé et sur des collines arrondies. Les arbres qu’on y rencontre sont aussi hauts que les peuplements bienvenants ; mais avec un diamètre moyen plus faible. Ceux du type malvenant occupent les terrains à forte pente ; sur des sols qu’on peut qualifier sableux du fait de la présence d’une couche sableuse de couleur assez claire en surface. Les arbres qui constituent les peuplements malvenants ont une hauteur nettement inférieure et un diamètre moyen égal à presque la moitié de celui des peuplements bienvenants. Nous avons relié alors la réussite des peuplements pas seulement au relief du sol ; mais également à la nature du sol. Des microvariations pédologiques existent dans le périmètre de Mahatsinjo et une grande parcelle peut être constituée d’un seul ou de deux types de peuplement. Les peuplements sur les bonnes tanety à sols ferralitiques remaniés jaune par rapport aux autres types de sols : horizon épais, teneurs en phosphore assimilable et en potasse échangeable les moins mauvaises, complexe absorbant plus élevé et bases échangeables à la limite du seuil de carence généralement admis, sont du type 1, bienvenants.
Les peuplements sur les moyennnes tanety à sols ferralitiques indurés se distinguent des précédents par une très grande pauvreté en potassium. Ces peuplements sont du type 2, moyennement venants. Les peuplements sur terrasses sableuses à sols ferralitiques hydromorphes sur alluvions récentes, de fertilité phosphorique comparable à celle des bonnes tanety, s’en distinguent par un horizon humifère plus mince, une texture très sableuse, une grande pauvreté en calcium et en magnésium échangeables, et une déficience en potassium échangeable aussi accusée que celle des moyennes tanety. Ces peuplements sont classés de type 3, malvenants. Et enfin, il y a des peuplements sur des mauvaises tanety, à pente forte, à sols ferralitiques sur migmatites ne paraissant pas considérablement plus pauvre en phosphore et en potassium que les bonnes tanety. La forte teneur en argile de l’horizon profond et le manque de bases échangeables, paraissant à priori responsables de la faible croissance des plantations sur cette station. Mais les essais de fertilisation ont montré qu’en réalité, une forte carence en zinc était la cause essentielle (in Bilan d’essais sylvicoles sur Pinus Kesiya dans la région du haut Mangoro). Ces peuplements n’ont pas été pris en considération dans notre étude du fait de leur croissance très faible. Les arbres qui les constituent ne peuvent nullement intéresser les industriels du sciage, à plus forte raison les industries de déroulage. D’après MALVOS C. en 1980, le tableau 2 montre quelques caractéristiques des unités typologiques du sol du périmètre. Les résultats tirés des parcelles concernant les deux principales caractéristiques dendrométriques des arbres sur pieds qui sont la hauteur totale et la circonférence à 1,30 m sont consignés dans le tableau 3.
INTRODUCTION |