Le cas OTT : observatoire des télécommunications pour la télésanté
Ce chapitre étudie le cas OTT, projet que nous avons renommé par souci de confidentialité. Cette première étude de cas porte sur un projet régional d’un pôle de compétitivité, dont la majorité des acteurs est issue du secteur des télécommunications. Les technologies proposées en test sont pour la plupart au stade de R&D. Les acteurs du projet sont issus de deux régions voisines et l’expérimentation in situ a émergé de la rencontre de ce consortium à la recherche d’un lieu unique de test des technologies. Le porteur de projet est un industriel du secteur du satellite. Des collaborations ont eu lieu entre les acteurs du consortium et également entre certains de ces acteurs et les utilisateurs finaux présents sur le lieu d’expérimentation. La stratégie générale du projet est de construire une chaîne de communication de bout en bout offrant des services de télémédecine. Un des objectifs affiché est notamment la co-construction des usages.
Les objectifs du projet OTT
Le projet OTT est labellisé par le pôle de compétitivité Aerospace Valley des régions Midi-Pyrénées et Aquitaine et il est cofinancé par le DGE (Direction Générale des Entreprises). Le projet, d’une durée de deux ans, se déroule de décembre 2006 à décembre 2008, puis est prolongé de six mois jusqu’en juin 2009. Selon la présentation faite du projet sur son site officiel, « OTT a pour objectif de mieux positionner les télécommunications par satellite sur le plan de l’efficacité technique et économique lorsque celles-ci sont utilisées en complément des technologies terrestres pour garantir le déploiement et l’usage de téléservices dans des zones ne disposant pas encore des moyens d’accès haut débit. OTT développera et testera des solutions dans le cadre d’une problématique particulièrement importante pour les zones rurales. Il s’agit des services d’assistance médicale à distance pour les personnes âgées ou à risque en situation isolée. OTT s‟inscrit donc dans le cadre des initiatives visant à apporter des solutions à la « fracture » créée par les couvertures inégales des territoires par les réseaux haut débit terrestres. » L‟inscription du projet OTT dans le champ de l‟accès pour tous à internet est indiqué comme ceci : « OTT contribue ainsi au développement de la « Société de l‟Information », en conformité avec les politiques régionales, nationales et de l‟Union européenne en permettant l‟égalité d‟accès pour tous à internet et aux « téléservices » en tout point d‟un territoire. »
Les acteurs se réunissent autour d‟une stratégie commune (celle du développement d‟une chaîne de communication de bout en bout). Ils n‟ont pas forcément les mêmes intérêts directs, mais ces intérêts doivent converger vers un même but. Les intérêts possibles du projet résident dans le test de technologies ; dans la recherche de modèles d‟affaires pour le satellite (pour plusieurs entreprises, un projet tel qu‟OTT a une valeur ajoutée indéniable dans la mesure où il ouvre certaines opportunités sur un nouveau marché comme celui de la télémédecine) ; dans l‟exploration du marché de la télémédecine (proposer des solutions fonctionnelles pour le marché des téléservices, concernant en particulier la télésurveillance médicale) ; accompagner les innovations technologiques par le suivi des usages. L‟approche technique d‟OTT est schématisée comme suit, dans les documents officiels du projet Plus particulièrement, les activités techniques réalisées dans le cadre du projet OTT portent sur cinq lots interdépendants. Une partie importante des activités concerne la validation des technologies de télécommunications par satellite et de réseaux sans fil, souvent combinés ensemble pour des raisons économiques de couverture géographique en bande Ku ou KA. Cette validation comporte plusieurs volets incluant des évaluations fonctionnelles et des mesures de performances des nouvelles techniques de télécommunications par satellite (nouveau standard DVB-S2, services interactifs au standard DVB-RCS, etc.), optimisant l‟utilisation de la bande passante satellite et mieux adaptées aux protocoles des applications multimédia actuelles (sécurité, qualité de service, support du nouveau protocole IPv6, etc.) et le couplage avec des réseaux sans fil (Wi-Fi, HyperLAN, Wimax). Afin de permettre aux solutions satellitaires de répondre également aux besoins des zones les plus isolées, des études sont menées sur la mise en œuvre d‟un terminal satellite énergétiquement autonome et propre. Une phase d‟analyse de besoins est conduite pour certains domaines d‟application jugés stratégiques pour leurs impacts dans le futur proche et le moyen terme afin d‟identifier les spécificités des applications ou services du point de vue de leur besoin en transmission de données et en communication haut débit. Différents secteurs sont étudiés incluant la sécurité (des biens et des personnes), la gestion et le contrôle de l‟environnement (par exemple la gestion des risques naturels), les services d‟urgence, les services pour l‟agriculture.
Cette phase s‟attache à l‟analyse de projets nationaux ou européens portant sur ces thèmes ; à l‟entretien d‟acteurs représentatifs de ces secteurs applicatifs (fournisseur de services, institutions, acteurs publics, etc.) ; à des campagnes de test (sur banc), le cas échéant, permettant de valider certaines solutions proposées dans OTT par rapport aux spécificités des applications analysées ; enfin, à la synthèse de ces analyses afin de dresser un bilan et d‟évaluer les impacts de ces nouvelles applications sur les évolutions des solutions de télécommunications par satellite. Pour le secteur des services d‟assistance médicale, le projet OTT conduit à la fois une analyse des besoins mais aussi des études techniques et des développements permettant d‟intégrer ces services avec des plateformes de communication par satellite. Plusieurs systèmes sont concernés : le système de surveillance médicale de populations à risques par réseaux de capteurs biomédicaux portés par le patient (Bodylan) ; le système sécuritaire pour la surveillance automatique de personnes âgées isolées (Prosafe) ; les terminaux interactifs d‟assistance médicale (terminal portable de télémédecine, chariot de l‟infirmière). Ces activités d‟étude et de développement sont prolongées par les phases d‟intégration et de validation de bout en bout, c‟est-à-dire l‟ensemble de la chaîne fonctionnelle combinant réseau de télécommunications satellite et sans fil, plateforme de services, jusqu‟au terminal utilisateur permettant l‟accès à ces services. Les activités d‟intégration et de validation sont réalisées grâce à des moyens de test appropriés (banc de test) permettant en particulier de simuler l‟environnement opérationnel. Une analyse détaillée des résultats des tests permet de dresser un bilan et, le cas échéant, de fournir des recommandations techniques vers les concepteurs des différents systèmes. Enfin l‟intégration et la validation de bout en bout de cette même chaîne fonctionnelle médicale sont réalisées sur site pilote. Cette validation se fait sur un seul site expérimental mais elle reste essentielle pour appréhender et démontrer les performances des solutions proposées dans un environnement opérationnel réel. Enfin, le cinquième lot est celui du suivi des usages et innovation pour lequel il s‟agit d‟améliorer le cycle « innovation-retours d‟usages » en orientant l‟innovation vers les services, applications, et domaines porteurs de valeur d‟usage pour les utilisateurs. Les activités réalisées portent sur la définition et la mise en œuvre d‟un observatoire des usages relatif au déploiement des solutions proposées dans OTT. Cet observatoire est implémenté dans le cadre des expérimentations et des tests qui sont réalisées sur le site pilote.