Selon l’Organisation Mondiale de Santé (OMS, 2016), le cancer est: « un terme général appliqué à un grand groupe de maladies qui peuvent toucher n’importe quelle partie de l’organisme ». L’organisation précise qu’il peut être associé aux termes : « tumeurs malignes » et « néoplasmes ». Elle souligne également que le cancer est caractérisé par une prolifération « rapide de cellules anormales qui peuvent essaimer dans d’autres organes, formant ce qu’on appelle des métastases […] qui sont la principale cause de décès par un cancer ». Selon la Ligue Suisse contre le Cancer (LSC, 2015c), le cancer du sein touche environ 5500 femmes et 40 hommes par année. C’est le cancer le plus fréquent chez la femme, dont le taux de survie à 5 ans après le diagnostic est de 80%. La question du cancer préoccupe de nombreuses institutions et instances gouvernementales. Dans leur rapport, la LSC (2015b) et la Fondation Recherche Suisse contre le Cancer (RSC) ont annoncé une levée de fonds record de 22,9 millions de francs suisses en 2014. L’importance des financements reflète également l’importance que revêt la lutte contre le cancer, y compris le cancer du sein, en Suisse.
Les facteurs favorisant le cancer du sein sont les suivants : l’âge, les antécédents familiaux au premier degré, les prédispositions héréditaires, une radiothérapie dans la région des seins, une thérapie combinée pendant plusieurs années pour lutter contre les troubles de la ménopause, la prise de contraceptifs hormonaux au cours des 10 dernières années, le surpoids après la ménopause et la consommation d’alcool (LSC, 2015c). En ce qui concerne les prédispositions héréditaires, certaines femmes sont plus susceptibles de développer le cancer du sein que d’autres, pour des raisons de mutations génétiques (BRCA1/BRCA2 et variantes). Selon Nau (2014), ces mutations sont responsables d’environ 2 à 5% des cancers du sein. Il est possible de procéder à un dépistage génétique, et lorsqu’une mutation est décelée, la LSC conseille « de se soumettre à un dépistage spécifique à partir de 25 ans […] et une opération est également envisageable à titre préventif » (p. 22). « Porteuse d’une mutation génétique spécifique » (Nau, p. 1844), l’actrice américaine Angelina Jolie, âgée de 37 ans, a subi une double mastectomie en mai 2013. Le choix d’une mastectomie bilatérale prophylactique est alors devenu public pour les femmes porteuses de mutations BRCA1 ou BRCA2. Suite à la décision d’Angelina Jolie, certains effets positifs ont été perçus en Europe. Par exemple, des spécialistes d’oncogénétique en France ont observé que les femmes les plus à risque ont fait appel à des consultations d’oncogénétique. Une comparaison entre le recours aux consultations spécialisées au Royaume-Uni, avant et après le témoignage de l’actrice, a permis d’observer une augmentation (plus de 2,5 fois) des demandes (Nau).
Dépistage
En référence aux connaissances actuelles, il n’existe vraisemblablement pas de moyen pour diminuer l’incidence du cancer du sein. Le dépistage précoce est donc préconisé. Une des particularités du cancer du sein est son évolution lente. Plusieurs années peuvent se passer avant qu’il ne devienne décelable à la palpation (Brettes, Mathelin, Gairard & Bellocq, 2007). Le dépistage « consiste à identifier, dans une population définie apparemment saine, à l’aide d’un ou plusieurs tests, les personnes susceptibles d’être atteintes d’une maladie » (Brettes & al., p. 113). En Suisse, une femme peut passer par le biais de son médecin ou par un programme de mammographie du canton dans lequel elle vit (LSC, 2015c).
Annonce de diagnostic
Le dépistage peut parfois révéler la présence d’une tumeur cancéreuse. Les résultats de l’étude menée par Curtis, Groarke, McSharry et Kerin (2014), sur l’expérience du stress chez des femmes irlandaises atteintes d’un cancer du sein, ont démontré que les réactions émotionnelles qui suivaient le diagnostic incluaient de la colère, de l’anxiété, de la peur et de la tristesse. Les femmes ont aussi décrit des sentiments de culpabilité parce qu’elles n’étaient pas allées se faire contrôler plus tôt, ou parce qu’elles avaient causé de l’anxiété chez leurs proches.
En 2012, les propos de femmes interviewées lors de l’émission 36.9°, le magazine santé de la Radio Télévision Suisse (RTS), vont dans le même sens. En premier lieu, elles éprouvent la peur de mourir d’un cancer. Cependant, d’autres sentiments s’ajoutent lorsqu’il est nécessaire d’agir vite. Par exemple, une interlocutrice évoque qu’elle a dû rapidement décider si elle désirait congeler des ovocytes avant les traitements anticancéreux, au cas où elle envisagerait d’avoir des enfants plus tard. (Gabus, 2012). Très vite après l’annonce du diagnostic, les femmes sont confrontées à une variété d’autres facteurs de stress, tels que les effets secondaires aversifs des traitements, la peur d’une récidive, la mort prématurée, la perte d’attractivité et de sensations sexuelles et la détérioration de l’image corporelle (Curtis & al., 2014).
Les traitements du cancer du sein et leurs conséquences
Chirurgie
Suite à l’annonce du diagnostic, l’ablation chirurgicale de la tumeur est souvent le premier traitement. L’atteinte des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses influence l’indication opératoire et l’évolution de la maladie. Le chirurgien s’assure de l’atteinte ou non du ganglion sentinelle (premier ganglion drainant la lymphe de la tumeur), au moyen d’une biopsie, pour réduire la dissection inutile des ganglions lymphatiques si aucune trace de cancer n’est détectée dans ce ganglion. Dans la plupart des cas, il est possible d’effectuer une tumorectomie et d’enlever le tissu cancéreux en conservant la majeure partie du sein, à condition que la tumeur soit limitée et qu’elle n’envahisse pas le muscle pectoral ou la peau avec une marge de sécurité suffisante. Une mastectomie (ablation du sein) est pratiquée en présence d’une grosse tumeur et d’un carcinome inflammatoire, d’un résultat esthétique qui ne serait pas satisfaisant, d’une impossibilité de pratiquer une radiothérapie, d’une récidive locale d’une nouvelle tumeur ou encore lorsque la patiente le souhaite. La mastectomie radicale modifiée semble la plus répandue de nos jours et consiste en l’ablation du sein en entier avec la peau et le mamelon (sans toucher aux muscles pectoraux). Chez certaines femmes, la peau et le mamelon peuvent être préservés ce qui permet un meilleur résultat esthétique lors d’une reconstruction (LSC, 2015a).
La revue de littérature de Helms, O’Hea et Corso (2008) soutient le postulat selon lequel la mutilation des seins après un cancer peut mener à une détresse psychologique marquée. Ces auteurs suggèrent que plus la chirurgie est drastique et invasive pour la poitrine, plus elle affectera la femme dans la satisfaction esthétique ressentie et son bien-être psychologique. Pour certaines femmes, les inquiétudes à propos d’une mutilation de leurs seins peuvent jouer un rôle dans le processus initial de prise de décision à propos d’un traitement contre le cancer. De plus, les mêmes auteurs notent que le facteur influençant le plus la décision d’avoir recours à une tumorectomie et aux radiations ou à une mastectomie est l’anticipation d’une déformation ou d’un effet délétère de la chirurgie sur l’image corporelle et le sentiment de féminité. Étant donné que la poitrine est un aspect du sens général de la féminité et de l’image de soi, la perturbation de son apparence peut causer des troubles dans le bienêtre émotionnel de la femme et du concept de soi dans sa globalité.
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