Le cancer colorectal dans le monde et en France
Le cancer colorectal est une des principales causes de décès par cancer dans le monde (figure 1), avec une incidence estimée à 1 370 600 nouveau cas en 2012. Il est fatal dans la moitié des cas (693 000 décès estimés en 2012) [Soc15]. Dans les pays développés, c’est un des cancers les plus fréquents et meurtriers (les autres les plus fréquents sont le cancer du sein et le cancer des poumons), avec 736 900 nouveaux cas déclarés en 2012. En France, le cancer colorectal est le cancer le plus fréquent derrière le cancer du sein et de la prostate (40 000 nouveaux cas par an). L’incidence de ce cancer n’a fait qu’augmenter durant ces 20 dernières années. Il est la deuxième cause de mortalité par cancer juste après celui du poumon. En 2015, selon l’Institut National du Cancer, le cancer colorectal a provoqué 17 500 décès, soit 1 décès toutes les demi-heures. Cependant, si le cancer est détecté suffisamment tôt, il peut se guérir dans 9 cas sur 10. D’où l’importance du dépistage précoce car c’est le moyen le plus efficace pour lutter contre cette maladie. Mais qu’est-ce que le cancer colorectal ? Anatomiquement parlant, le cancer colorectal, comme son nom l’indique, apparait dans le côlon et le rectum (qui forment en partie le gros intestin). Il est intéressant de noter que ces deux éléments peuvent encore se diviser en 5 éléments, en particulier pour le côlon qui se sépare en 4 sections distinctes (figure 2) : — Le côlon ascendant (ou droit) — Le côlon transverse — Le côlon descendant (ou gauche) — Le côlon sigmoïde En effet, selon sa localisation, le cancer colorectal peut prendre différentes formes. Cette maladie se développe lentement, sur une période d’environ 10 à 20 ans. Dans la plupart des cas, ce sont des tumeurs bénignes qui apparaissent dans le côlon, qu’on appelle polypes (figure 4), très fréquentes, et qui pour certaines de ces lésions, représentent le stade précoce du cancer colorectal Le cancer colorectal dans le monde et en France Figure 1 – Incidence du cancer colorectal dans le monde [Soc15] Figure 2 – Illustration du côlon humain (Source : Wikimedia Commons) Ces polypes peuvent être de différents types : — pédiculés (lésion rattachée à la paroi du côlon par un pied, comme un champignon) (figure 3.a) — sessiles (lésion prenant la forme du sommet d’une colline posé sur la paroi) (figure 3.b) — plans (lésion presque imperceptible en endoscopie standard) (figures 3.c, 3.d, 3.e, 3.f) Figure 3 – Classification morphologique des polypes Ces polypes peuvent être de nature bénigne ou maligne. Lorsqu’on détecte chez un patient plus d’une dizaine de polypes, on parle alors de polypose. Du point de vue histologique (qui permet d’explorer la structure du polype et d’en trouver sa dangerosité), il existe quatre variétés de polypes : — Les polypes adénomateux : il s’agit de polypes qui peuvent se développer en cancer (la figure 5 montre l’évolution d’un polype adénomateux en tumeur). Figure 4 – Illustration concernant la forme des polypes — Les polypes hyperplasiques : il s’agit de polypes qui apparaissent naturellement et qui ne dégénèrent pas nécessairement en adénomes. Cependant, un nombre élevé de ces lésions peut traduire une grande probabilité de développer des polypes adénomateux. — Les polypes juvéniles : il s’agit de polypes qui sont des kystes d’origine inflammatoire. — Les pseudo-polypes inflammatoires : il s’agit de polypes qui résultent d’une cicatrisation due à l’ulcération du côlon ou de la maladie de Crohn. Figure 5 – Illustration de l’évolution d’un polype vers une tumeur (Source : Atlanta Center for Gastroenterology) Le cancer colorectal a de plus grandes probabilités d’apparaître chez l’humain dès l’âge de 50 ans. C’est pour cela que dans la plupart des pays développés et plus particulièrement en France, les personnes de plus de 50 ans sont encouragées à passer un test de dépistage.
Le dépistage du cancer colorectal
l En France, le cancer colorectal est dépisté en plusieurs étapes. La première consiste à réaliser un test immunologique (depuis 2015) qui permet de rechercher des traces de sang dans les selles du patient. Ce test analyse la présence de sang résultant de microsaignements dus à la possible présence de polypes. Si le test est positif (4% des cas d’après l’Assurance Maladie), un examen plus poussé est demandé : la vidéo coloscopie, qui est la référence clinique en matière de détection et d’ablation des polypes. Dans certains cas particuliers (antécédents familiaux, syndrome de Lynch, polypose adénomateuse familiale, maladies inflammatoires), on demande aux personnes de faire plus fréquemment cet examen. La coloscopie (figure 6) est basée sur l’utilisation d’un coloscope constitué d’une source de lumière au xénon, un système optique (fibre optique ou caméra vidéo) et avec un (ou plusieurs) canal opérateur. Ce canal permet au médecin d’insuffler de l’air, de nettoyer le côlon ou d’envoyer de l’eau. Ils permettent aussi d’insérer des clips pour effectuer des prélèvements de la muqueuse (biopsies) ou d’utiliser des instruments chirurgicaux. Quand un polype est retiré, il est automatiquement envoyé en laboratoire d’histopathologie pour en faire l’étude au niveau cellulaire.