Le cadre global de l’économie algérienne avant et après les réformes
Introduction L’analyse du marché du travail en Algérie s’inscrit dans le cadre global d’une économie engagée depuis plus de vingt ans, dans une phase de transition devant lui assurer le passage du mode de gestion autocentré à celui d’une économie de marché. Ce passage est marqué par de nombreuses et profondes transformations sur tous les plans. Des réformes menées tout au long de cette période, notamment dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel, ont produit de substantielles modifications dans tous les secteurs ; perceptibles au niveau des indicateurs macroéconomiques et macrofinanciers et les déterminants du marché du travail. Dans ce contexte, notre attention sera portée sur les déterminants essentiels du cadre global de l’économie algérienne : la première section présentera la structure de l’économie algérienne avant les réformes ; dans la deuxième section, on abordera les réformes économiques sous l’égide des institutions financières et enfin en troisième section, on examinera l’économie algérienne après le plan d’ajustement structurel et le processus des réformes. Le cadre global de l’économie algérienne avant et après les réformes 51 Section I : La structure de l’économie Algérienne avant les réformes : les déséquilibres macroéconomiques et macro-financiers Au cours des années quatre-vingt, l’économie Algérienne a été secouée par une crise sans précédent. Ses premiers signes apparaissent évidents dans l’analyse des agrégats macroéconomiques et macro- financiers. En effet, la chute du niveau des investissements, les déficits publics, l’expansion accélérée de la masse monétaire, la surévaluation du taux de change, la compression des importations, révélaient toutes, la souffrance d’une économie qui était en pleine distorsion surtout après l’effondrement des prix du pétrole en 1986.Cette situation a entrainé un déséquilibre macro économique sur l’offre et la demande globale (excès de la demande par rapport à l’offre) et macro financier constaté à travers le déficit de la balance courante, la lourdeur des dettes qui finançaient les investissements (un peu camouflée par les recettes des hydrocarbures au début de cette période ) et le fléchissement de la croissance économique.
L’effondrement des recettes d’exportation des hydrocarbures
Après 1986, l’économie a subi deux chocs successifs majeurs défavorables : l’effondrement imprévu des recettes d’exportation des hydrocarbures, avec ses répercussions dramatiques post 1988 d’une part, et le programme de libéralisation économique, initié depuis, dans un contexte à la limite de l’insolvabilité externe, d’autre part [Talahine et Bouklia-Hassane, 2005] . En effet, la chute du prix de baril depuis 1986 s’est répercutée sensiblement sur les recettes tirées du pétrole en Algérie (Graphique no 5). 52 Graphique n o 5 : Les bénéfices tirés du pétrole en Algérie (1986-1988) Source : Elaboré par le chercheur, données de la banque mondiale et de la banque d’Algérie. L’effet de la chute du prix du pétrole exprimé dans les bénéfices titrés du pétrole, correspondant à la différence entre la valeur du pétrole brut aux prix sur les marchés internationaux et le coût de production total était bien évident. Celui-ci a baissé de prés de 6 points entre 1985 et 1986, plus de 5 points entre 1985 et 1987 et prés de 6 points entre 1985 et 1988. Cet effondrement du prix du pétrole à partir de 1986 s’est répercuté considérablement, sur les recettes et les dépenses du Trésor. L’effet de la chute du prix du pétrole exprimé dans les bénéfices titrés du pétrole, correspondant à la différence entre la valeur du pétrole brut aux prix sur les marchés internationaux et le coût de production total était bien évident. Celui-ci a baissé de prés de 6 points entre 1985 et 1986, plus de 5 points entre 1985 et 1987 et prés de 6 points entre 1985 et 1988. Cet effondrement du prix du pétrole à partir de 1986 s’est répercuté considérablement, sur les recettes et les dépenses du Trésor. Source : Elaboré par le chercheur, données de la banque mondiale et de la banque d’Algérie. L’effet de la chute du prix du pétrole exprimé dans les bénéfices titrés du pétrole, correspondant à la différence entre la valeur du pétrole brut aux prix sur les marchés internationaux et le coût de production total était bien évident. Celui-ci a baissé de prés de 6 points entre 1985 et 1986, plus de 5 points entre 1985 et 1987 et prés de 6 points entre 1985 et 1988. Cet effondrement du prix du pétrole à partir de 1986 s’est répercuté considérablement, sur les recettes et les dépenses du Trésor. Graphique n o 6 : Evolution des recettes et les dépenses du Trésor (1985-1988) Source : Elaboré par le chercheur, données de la banque mondiale ( www.databank.worldbank.org) et de la banque d’Algérie. 1988 4,649543713 Recettes Trésor/ PIB Dépenses- Trésor/ PIB Investissements publics Prêts nets aux Entreprises Publiques Inflation IPC 53 Selon le graphique ci-dessus, on constate : une baisse des recettes et les dépenses du Trésor relatives au PIB, une réduction des prêts nets aux entreprises publiques (7 ,8 % en 1985 à 4,9% en 1987) et une chute des investissements publics qui sont passés de 15,3% en 1985 à 11,7% en 1987 soit un écart de 3,6 points. Ceci indique la politique d’austérité observée dans le financement des investissements. On remarque aussi, une hausse de l’inflation (10,5% en 1985 contre 12,3 % en 1986). Cette croissance est due suite aux variations à la hausse du taux de liquidité sous l’effet de la monétisation du déficit du Trésor. 2. Le déficit de la balance courante Des déficits de la balance courante s’est constaté juste après la chute du prix des hydrocarbures, soit (-2230 millions de dollars en 1986, – 2044 millions de dollars en 1987 et – 1.081millions de dollars en 1988) contre un simple excédent de 141 millions de dollars en 1987, résultant selon quelques économistes, de la réduction des importations, pour englober la dégradation de la balance des payements. Graphique n°7 : Evolution de la balance courante (1986-1990) en million de dollars Source : Elaboré par le chercheur, données de la Banque Mondiale (www.databank.worldbank.org) 3. La lourdeur du service de la dette A la fin de la décennie 80, l’Algérie connaissait des difficultés financières étouffantes. Elles apparaissaient évidentes dans la lourdeur du service de la dette et l’augmentation de son ratio, par rapport aux exportations de biens de services et de revenus, qui a dépassé 65% en 1988 , 1989 et 1990 (Graphique n°8 ). Pour faire face à cette situation, les pouvoirs publics ont eu 1038 -2230 141 -2044 -1081 1421 -2500 -2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000 1985 1986 1987 1988 1989 1990 54 recours à l’endettement extérieur comme seule alternative pour pallier les distorsions économiques et sociales, causées par cette crise. Graphique n°8 : Evolution des Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) Source : Elaboré par le chercheur, données de la Banque Mondiale (www.databank.worldbank.org). En conséquence, le stock de la dette extérieure s’est accru de plus de 54% entre 1985 et 1990, passant de plus de 18,258 milliards de dollars, à près de 28,147 milliards de dollars. Parallelement, le service de la dette totale en pourcentage des exportations de biens et services et du revenu, a enregistré un accroissement notable. Il est passé de 36,36 %, en 1985 à 80,17%, en 1988. Graphique n° 9: Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) 0 20 40 60 80 100 1985 1986 36,36 58,64 0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 1985 1986 18258,133 22649,347 54 recours à l’endettement extérieur comme seule alternative pour pallier les distorsions économiques et sociales, causées par cette crise. Graphique n°8 : Evolution des Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) Source : Elaboré par le chercheur, données de la Banque Mondiale (www.databank.worldbank.org). En conséquence, le stock de la dette extérieure s’est accru de plus de 54% entre 1985 et 1990, passant de plus de 18,258 milliards de dollars, à près de 28,147 milliards de dollars. Parallelement, le service de la dette totale en pourcentage des exportations de biens et services et du revenu, a enregistré un accroissement notable. Il est passé de 36,36 %, en 1985 à 80,17%, en 1988. Graphique n° 9: Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) 1986 1987 1988 1989 1990 58,64 56,13 80,17 69,04 1986 1987 1988 1989 22649,347 24414,669 26079,561 27234,512 54 recours à l’endettement extérieur comme seule alternative pour pallier les distorsions économiques et sociales, causées par cette crise. Graphique n°8 : Evolution des Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) Source : Elaboré par le chercheur, données de la Banque Mondiale (www.databank.worldbank.org). En conséquence, le stock de la dette extérieure s’est accru de plus de 54% entre 1985 et 1990, passant de plus de 18,258 milliards de dollars, à près de 28,147 milliards de dollars. Parallelement, le service de la dette totale en pourcentage des exportations de biens et services et du revenu, a enregistré un accroissement notable. Il est passé de 36,36 %, en 1985 à 80,17%, en 1988. Graphique n° 9: Stocks de la dette extérieure, total (Dette en cours et décaissée, millions $ US courants) 1990 65,04 1990 28146,993 55 Source : Elaboré par le chercheur, données de la Banque Mondiale (www.databank.worldbank.org) Selon le graphique ci-dessus, la dette extérieure enregistrait chaque année des montants lourds. Elle est passée de 18258,133 en 1985 millions de dollars à 22649, 347 millions de dollars en 1986 à 28146,993 en 1990 (une moyenne de 268583 millions de dollars chaque année durant toute la période). Néanmoins, la mauvaise utilisation de ces dettes, consacrées en majorité à l’approvisionnement de l’économie nationale en ignorant l’investissement et la reproduction, ne faisait qu’aggraver la situation. 4. Fléchissement de la croissance économique Sans aucun doute, le poids des hydrocarbures a pesé lourd sur la croissance économique en Algérie. Ceci peut être expliqué tout simplement, dans les fluctuations des taux de croissance du PIB enregistrés durant cette période. En effet, un taux de croissance économique négatif a caractérisé deux années consécutives cette période, soit (- 0,69 %) en 1986, (-1 %) en 1988, signe imparable d’une récession économique sans précédent.