Les eaux souterraines
La zone possède d’importantes quantités d’eaux souterraines dont les plus exploitées sont le maestrichtien, le paléocène, le Continental Terminal (CT). Le Maestrichtien est exploitée en milieu rurale avec des forages qui font parfois plus de 400 m de profondeur (CSE, 2005).Le Paléocène est partie intégrante du système aquifère intermédiaire. Il est relativement profond par rapport au continental terminal. Sa potentialité est de 68.000 m3 /jour (CSE, 2005).Le Continental terminal fait partie du système aquifère superficiel. Sa profondeur est très variable. Elle peut être de moins d’une dizaine de mètres au bord des marigots ou précisément là où les eaux stagnent longtemps, correspondant à des zones basses. Par contre, dans les parties où l’altitude est plus élevée, sous les plateaux avec plus de 40m de haut, cette profondeur peut atteindre 100 m. Elle a un potentiel estimé à 450.000 m3 /jour (CSE, 2005).
D’une manière générale, au niveau de la communauté rurale de Fandène, la nappe est peu profonde, surtout dans la partie centrale. La présence du bas-fond en ce lieu peut expliquer ce fait. Mais ce niveau varie selon que l’on est proche ou loin du bas-fond ou des vallées qui constituent ses défluents. Il faut noter la présence de la nappe phréatique affleurant favorable au développement du maraîchage.
Le milieu humain
Etude de la population
Dans ce cas d’étude l’analyse du milieu humain joue un rôle déterminant. Notre zone d’étude lui-même est le produit de l’interaction historique entre les groupes ethniques Sérère et Wolof. Ce faisant, la zone regroupe des villages appartenant à deux (02) collectivités locales (Commune de Thiès et Communauté Rurale de Fandène). La Commune de Thiès renferme les villages de Keur Séïb Ndoye et MadinaFall. Les villages de Keur Mamaram, Keur Fara, Keur Ndiour, Keur Lika, Diamdioro, Koussoune, Mbayène, Fouth, Fandène-Diayane appartiennent à la CR de Fandène.
Les villages appartenant à la Commune de Thiès sont d’anciennes localités qui sont rattachées à celle-ci par le décret n°78-401 du 09 mai 1978 définissant les limites territoriales de la commune de Thiès. Son application avait permis de rattacher plusieurs villages, aussi bien au sud qu’au nord, qui jadis appartenaient à la communauté rurale de Fandène. Les populations de ces villages ont accru. Ceci est doublé du changement de l’environnement institutionnel au Sénégal. La nouvelle législation foncière et les réformes administratives, telles que la loi sur le domaine national (juin 1964), la constitution des communautés rurales(1972) et le code de la Famille (1972), étaient susceptibles d’infléchir les règles d’attribution des terres et d’héritage du foncier. Les maraîchers approvisionnent une population urbaine en pleine croissance.
La ville de Thiès s’est beaucoup développée avec la proximité de Dakar dont il est le site privilégié pour la décentralisation de certaines activités industrielles. Ainsi, très tôt, la ville s’est développée passant de 18 000 habitants en 1938 à 90 000 en 1970, et 175.000 au RGPH de 1988. Sa population est estimée à 250.000 habitants en 2000. La région de Dakar joue un rôle prépondérant dans la redistribution des flux migratoires internes. L’émigration récente de cette région se fait essentiellement au profit de la région de Thiès (34,5%)1 . La croissance de la population tourne autour de 4,7% par an2 , largement inférieure à celle de Dakar (7 à 8%), mais dépassant la moyenne nationale qui est de 2.6% en 20003 . Cette croissance de la population est influencée par un flux migratoire important en provenance de localités riveraines, mais aussi, des pays limitrophes et principalement du Mali dont la ligne du chemin de fer Dakar-Bamako est un facteur intégrateur important. Cette croissance démographique se manifeste sur les besoins en légumes des citadins qui augmentent et se diversifient.
Les secteurs de production des villages de la zone d’étude
L’espace rural se caractérise par la présence de différentes unités paysagères qui constituent un arrangement spatial mêlant unités naturelles et unités d’aménagements. Ces dernières traduisent le mode d’occupation du sol par les paysans. Les espaces ruraux comportent ainsi plusieurs activités et certaines peuvent même ne pas être destinées à la consommation locale.
En ce qui concerne notre zone d’étude nous avons une gamme d’activités génératrices de revenus.
Les cultures sous pluie
D’une manière générale, les systèmes de production sahéliens sont caractérisés par des systèmes de culture de céréales : le mil, le sorgho et le maïs. Dans la région de Thiès, l’aridification du climat et les faibles disponibilités en fertilisants (prix trop élevés pour l’achat et trop peu de fumier auto produit) semblent se combiner pour interdire la baisse des rendements agricoles dans la zone.
Dans notre milieu d’étude les sols sont très lessivés ou peu exploités. Les jachères sont étendues par endroit. Les champs de cultures sont entretenus à côté des maisons sur une distance dépassant rarement un kilomètre cinq cent (1,5km). Ce choix des paysans à rapprocher leurs champs relève d’une volonté de surveiller les champs contre la divagation des animaux des bergers peuls. L’arachide introduit dans le milieu depuis l’époque coloniale pour permettre aux paysans de payer les impôts.
Aujourd’hui la mévente de ces récoltes conduit les paysans à tourner au fur et à mesure le dos à l’arachide. Le mil apparaît donc comme la dernière céréale possible à cultiver (en culture pure ou associée au niébé). Les moyennes exploitations se sont alors plutôt orientées vers les cultures bisannuelles comme le manioc. Il est devenu la culture de base chez les wolofs du fait que la production peut s’écouler en fonction de la demande du marché. Les wolofs s’adonnent à cette culture pour qu’après-vente, ils s’approvisionnent en céréales.
Les cultures maraîchères
Le maraîchage est la culture de légumes, de certaines fines herbes à usage alimentaire, de manière intensive et professionnelle, c’est-à-dire dans le but d’en faire un profit (ce qui le distingue dujardinage). Il est une culture de cycle court et de contre saison. Nous le retrouvons dans les bas-fonds / marigots.
Sur le bassin versant de Fandène nous trouvons un maraîchage assez spécialisé vu la diversité de la destination de la production. Ce maraîchage est cultivé sur de petites parcelles dont beaucoup sont clôturées (souvent de quelques dizaines de m2 ). Il est toujours irrigué mais les modalités d’accès à l’eau changent selon les secteurs. A l’aval du barrage de Keur Séïb Ndoye, le système d’accès à l’eau est mixte. Il existe : les «céanes»4 ; puits qui permettent d’atteindre le toit de la nappe. Ces «céanes» sont disposées dans l’axe d’écoulement des eaux. Elles suivent le cours de la rivière àécoulement saisonnier.
Le niveau de la nappe fluctuant dans le temps, au fur et à mesure que la saison sèche avance, le paysan doit approfondir sa « céane » pour atteindre l’eau (jusqu’à 7 mètres) ; ces puits, autant parce qu’ils sont chaque année submergés par les écoulements d’hivernage, ils ne sont pas consolidés et sont fragiles. Ils doivent être entretenus en permanence. Enfin la Station d’Epuration des eaux usées (STEP) de Thiès déversent ces débris d’eaux traitées dans la vallée de Fandène à la demande des maraîchers. En clair, comparé aux autres systèmes d’adduction d’eau, utiliser une céane est beaucoup plus contraignant. Les parcelles sont occupées par des cultures de courte durée et en relation avec les besoins du marché de Thiès.
Nous pouvons citer : la salade, l’oseille, le chou, les aubergines amère et douce, le persil, etc…
Activités non agricoles : artisanat du rônier
L’exploitation des rôniers est actuellement une activité économique importante dans les villages riverains de la vallée de Fandène. Nous avons trouvé différentes classes d’âges (15 à 60 ans), des jeunes comme des adultes et des vieux notamment des ruraux. Les techniques de transformation sont manuelles. Les raisons qui ont guidé le choix des différents acteurs impliqués dans la transformation des sous-produits du rônier sont surtout liées aux opportunitésoffertes par le milieu (disponibilité de la ressource, disponibilité du marché…).
Certains en font une occupation qu’ils associent ou alternent avec d’autres activités comme l’agriculture, le maraîchage. Les acteurs mobilisés dans les activités de mise en valeur du rônier (les producteurs, les transformateurs, les commerçants, les consommateurs) entretiennent des relations entre eux et s’en prennent à un certain nombre de procédés pour mener leur activité.
La transformation des produits du rônier se fait en chaîne. Les producteurs se situent à l’amont de la filière. Ils assurent l’offre en produits primaires auprès de certains acteurs en l’occurrence les artisans qui assurent la transformation en produits directement consommables auprès des commerçants ou des consommateurs.
Ce type d’acteurs de la filière rôneraie dans la zone d’étude travaille dans un cadre purement informel. Dans ce secteur, on peut distinguer deux groupes d’acteurs en fonction des localités.
Les uns sont des citadins, les autres des ruraux. Ils assurent la mise sur le marché de produits finis pour la consommation. Il s’agit des commerçants qui sont des intermédiaires. Ils travaillent également dans un cadre informel. Ils achètent les sous-produits pour assurer ensuite leur distribution auprès des consommateurs. Ces derniers, constituent l’ensemble des populations des villes ou celles des villages rattachés ou de la Communauté Rurale.
Les consommateurs sont à considérer comme des acteurs importants de la filière dans la mesure où ils sont à l’aval de la filière et dictent la demande. De la production à la consommation, les sous-produits de rôniers peuvent passer par différents circuits de distribution.
Les circuits de distribution des sous-produits du rônier sont très complexes et très variables.
Ils peuvent varier en fonction du produit, mais également en fonction des options des acteurs.En amont, l’accès aux rôniers n’est pas libre. Les rôniers appartiennent aux paysans qui assurent la vente des sous parties qu’ils prélèvent. Ils peuvent vendre directement les produits prélevés aux consommateurs dans le cas de certains produits qui ne nécessitent pas une transformation pour être consommer (par exemple vente des fruits pour l’alimentation, vente des limbes pour la confection de case…) Ils peuvent aussi vendre les produits bruts à des commerçants qui prennent la relève ou encore à des artisans pour la transformation.
Les transformateurs vendent généralement leurs produits aux commerçants. Mais dans certains cas, ils sont en contact direct avec les consommateurs qui peuvent se rendre occasionnellement dans les villages ou sur les lieux de transformation.
Les commerçants quant à eux, assurent pour l’essentiel le ravitaillement des consommateurs.
Dans nos villages enquêtés en raison de la crise du maraîchage, La plantation de rôniers est une activité que les populations ont héritée de leurs parents. Le choix de l’espèce en question s’explique par les diverses utilités et utilisations de la plante. C’est une plante dont toutes les parties sont utiles soit pour un usage domestique soit pour la commercialisation (cf: le tableau3 ci-dessous). Ainsi, les activités relatives à la rôneraie viennent en seconde place dans le système de revenu des ménages connaissant ayant abandonné le maraîchage.
LES AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES
Le barrage de Keur Séïb Ndoye : une superstructure à deux faces
Le barrage de Keur Séïb Ndoye est installé sur la vallée de Fandène depuis 1986. « La construction du barrage de Keur Séïb Ndoye fut traitée dans le cadre d’une logique d’appui une organisation paysanne. Le fait que ce barrage était demandé par des paysans suffit comme condition de faisabilité et aucune étude de faisabilité sociale ne vint vérifier la pertinence de la demande ».5A l’origine, la vocation du barrage était de lutter contre l’érosion hydrique qui rendait impraticable les routes qui reliaient les villages entre eux et la ville de Thiès surtout pendant l’hivernage.
Au niveau de Keur Séïb Ndoye ou Zone périurbaine de la vallée
En amont du barrage les eaux d’écoulement qui proviennent de la crête du plateau de Thiès sont retenues. La durée d’stagnation est dépendante de la quantité des eaux de pluies. Il arrive que les eaux franchissent le barrage pour servir la partie amont à défaut d’une ouverture du barrage. Les eaux d’écoulement amènent avec elles les débris et déchets ménagers qui pourrissent et deviennent du compost pour fertiliser les sols.
Cependant au fil des années les eaux d’écoulement ont fini par déposer d’importantes quantités de sables dans la partie de la vallée au niveau de Keur Séïb Ndoye. Ces dépôts de sables sont à l’origine de l’ensablement de la vallée dans la partie en aval du barrage.