L’axe Dakar-Touba projets ctuels et perspectives d’aménagement du territoire

L’axe Dakar-Touba projets ctuels et perspectives d’aménagement du territoire

Dans le Sénégal indépendant, les réformes de décentralisation ont officiellement démarré à partir de 1972 avec la création des communautés rurales. Les enjeux fonciers soulevés par la mise en application en 1964 de la loi sur le domaine national ont déterminé en effet la nécessité de mettre en place une politique de gestion rapprochée des terres relevant du domaine de l’Etat. Ainsi, la communauté rurale s’est constituée en relais entre l’Etat (représenté par le sous-préfet) et les populations locales (représentées par un conseil rural élu au suffrage universel). Cependant, il faudra attendre la réforme de 1996 pour voir les communautés rurales jouer un rôle véritablement déterminant – du moins théoriquement – dans la conception et l’orientation des politiques de développement locales. Cela étant, notons qu’au Sénégal, comme dans la plupart des anciennes colonies françaises d’Afrique, le découpage de l’espace rural obéit – au-delà de la simple volonté de déléguer aux populations rurales la gestion de leur principal outil de production, c’est-à- dire la terre – à une réelle philosophie d’optimisation de cette ressource essentiellement fondée sur le principe platonicien du partage de l’espace et de ses ressources (Moriconi- Ebrard, 2003). Testées pour la première fois en géographie, et pour le Sénégal en particulier, par François Moriconi-Ebrard (2003), les Lois de Platon recommandaient « de créer de petites unités spatiales lorsque les ressources sont importantes, et de grandes unités lorsque ces dernières sont faibles ». Dès 1790, les Constituants français tentèrent de mettre en application ces principes d’équité territoriale dans l’esprit rationnel, égalitaire et démocratique des Lumières, dans un nouveau découpage administratif du territoire. Plus tard, les armées napoléoniennes l’exportèrent dans la majeure partie de l’Europe continentale (Italie, Belgique, Espagne…) et ce principe fut de même appliqué plus tard au  Inversement, le principe préconisé par Platon n’est pas appliqué dans les pays dont le système juridique est fondé sur la Common Law. Ainsi, dans leurs anciennes colonies, les Anglais ont appliqué le principe du « divide et imperum » prôné par César et traduit en anglais par « divide and rule » (diviser pour régner). Au contraire du précédent, ce principe consiste à créer des zones d’exception protégées et bénéficiant de privilèges divers (fiscaux, autonomie administrative, self-government…) échappant à l’autorité des grandes divisions administratives. Pour autant ce découpage est considéré par les Britanniques comme « juste ». Sa logique peut être trivialement résumée par la formule : « les grands ont plus d’appétit que les petits ». En effet, en vertu de ce principe, une grande ville a besoin d’un vaste hinterland fonctionnel, tandis qu’une petite ville peut se contenter d’un hinterland réduit. Le découpage issu de la tradition juridique de la Common Law est donc foncièrement inégalitaire : on y trouve de vastes unités administratives fortement peuplées, aussi bien que de petites unités très peu denses. De même la fonction de chef-lieu y est moins discriminante.

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Découpage administratif de l’espace rural sénégalais

L’analyse des deux principaux niveaux de découpages du Sénégal (communautés rurales et sous-préfectures rurales) reflète parfaitement la mise en application du principe platonicien. Fidèles prolongements des cadres territoriaux issus de la colonisation, la plupart des découpages effectués après les Indépendances obéissent – sans doute de façon inconsciente – à ce principe : quel que soit le niveau territorial considéré, les unités territoriales augmentent progressivement de surface au fur et à mesure que l’on s’éloigne des régions ouest-centrales (plus riches en terres arables et plus denses en terme de démographie) vers les régions frontalières du Nord, de l’Est et du Sud-Est (plus pauvres en terres arables et moins favorables à la culture de l’arachide, principal produit d’exportation de l’« Etat colonial »). a) la taille des villes chefs-lieux tend à devenir proportionnelle à celle de leur hinterland administratif. On peut donc en déduire que l’entropie du découpage administratif joue un rôle direct dans la hiérarchisation du système urbain. Ce principe est une évidence dans un certain nombre de pays africains. En Guinée, par exemple, une ville doit par définition être un chef-lieu de préfecture. Même si, comme au Sénégal, certaines agglomérations se sont développées en dehors de la définition légale (tel le « village » minier de Kamsar qui avaient plus de 60 000 habitants en 1996), la présence de fonctions administratives a largement contribué à la croissance des localités désignées comme chefs- lieux (écoles, dispensaires, sièges de Groupements d’intérêt économique (GIE), etc.).

 

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