L’avènement des méthodes de collectes numériques

L’avènement des méthodes de collectes numériques

La modélisation des transports a connu des évolutions significatives depuis les années 1950. Toutefois, l’autre composante des outils de mesure des déplacements, à savoir la méthode de recueil de données n’a pas connu « de rupture mais plutôt des évolutions graduelles » depuis les années 1970 (KONSTANTINOS, Décembre 2013). Ces évolutions graduelles sont le fruit de besoins d’ordre économique visant à réduire la taille de l’échantillon grâce à l’évolution des techniques d’échantillonnage. A cela s’ajoutent les évolutions sociétales qui entrainent un biais de représentativité parmi les populations refusant les enquêtes. Enfin, le besoin principal est la lutte contre la sélectivité de la mémoire humaine qui omet une partie des déplacements réalisés. En effet, entre 20 et 30% des déplacements ne seraient pas mesurés lors d’interviews (STOPHER, et al., 2007). Néanmoins, l’avènement des technologies de l’information et de la communication semblent ouvrir une porte vers d’autres solutions de recueil. Ce paragraphe dresse un état de l’art des méthodes de collectes de déplacements. Nous distinguerons deux familles de méthodes de recueil de données : les méthodes actives pour lesquelles les unités (ménages/individus) enquêtées sont directement impliquées et les méthodes passives qui ne nécessitent aucune interaction entre unités enquêtées et enquêteurs. Les avancées technologiques ont permis un déploiement important des méthodes passives grâce à la multiplication de capteurs statiques et mobiles. 1.1 Les méthodes actives de recueil de données Dans ce paragraphe, nous présentons succinctement les méthodes actives de recueil classiquement mises en œuvre. Une présentation rapide de ces méthodes nous permettra de nous interroger sur leurs avantages et leurs inconvénients pour répondre à la problématique de description fine des comportements des usagers des réseaux de transport.

Présentation des méthodes de recueil

En France, on recense un certain nombre de méthodes de mesure des déplacements que nous qualifierons d’actives car il s’agit d’enquêtes. Ces enquêtes sont réalisées au domicile des ménages, par téléphone ou encore au niveau de points fixes sur des itinéraires (« enquêtes cordons »). Toutes ces méthodes sont validées, standardisées et servent de base de travail pour les différents acteurs du transport car leurs limites sont connues et maitrisées. 

L’Enquête National Transport et Déplacements (ENTD)

En France, une seule enquête est réalisée à l’échelle nationale : l’Enquête Nationale sur les Transports et Déplacements (ENTD). Elle est reconduite tous les 10 ans environ. Plus précisément, les ENTD s’articulent autour de quatre thèmes principaux. Le premier est la mobilité régulière qui concerne surtout les déplacements habituels de nature contrainte (domicile-travail, domicile-étude et domicile-garde d’enfant). Deux parties de la mobilité sont traitées par rapport à la distance de l’activité au domicile ; la mobilité locale pour des déplacements vers une activité située dans un rayon de 80km à vol d’oiseau du domicile et les mobilités longue distance. Enfin, la connaissance du parc des véhicules et de leurs usages se décompose en différents axes. Elle recense une description des véhicules possédés par les ménages, la description de leurs usages ainsi que des informations sur la pratique de la conduite (détention de permis, pratiques et accidents de circulation). Une évaluation de l’accessibilité aux transports au commun (abonnement et réductions tarifaires) est également effectuée. Le caractère complet d’une telle enquête permette de traiter d’une vaste gamme de sujets allant de la concurrence entre modes de transport, la spécification en fonction des motifs, en passant par la consommation d’énergie et les déplacements touristiques. La dernière ENTD date de 2007-2008. Elle a été conduite par le ministère chargé des transports et l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) qui assure la maitrise d’œuvre. La maitrise d’ouvrage est déléguée au SOeS (Service de l’Observation et des Statistiques prospectives). Les méthodes de recueil sont standardisées et garantissent ainsi des comparaisons dans le temps et dans l’espace (ARMOOGUM, et al., 2007-2008). Evidemment, la richesse d’une telle enquête à l’échelle nationale entraine des coûts temporels. Par exemple, la réalisation de l’ENTD de 2008 s’étend de mai 2007 à avril 2008. 

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Les Enquêtes Ménages-Déplacements (EMD)

Les EMD (Enquêtes Ménages-Déplacements) sont une méthode de collecte classique et largement répandue pour l’étude des déplacements quotidiens des populations urbaines (ORTUZAR, et al., 2011). En France, les EMD existent depuis plus de trente ans. Les définitions, les concepts et la méthode de recueil ont peu évolué pendant cette période afin d’assurer la continuité des séries statistiques. Néanmoins, les enquêtes dans leur contenu se sont adaptées afin de tenir compte des avancées de la recherche en statistique, mais surtout des nouveaux besoins exprimés par les collectivités locales (CERTU, janvier 2013). De telles enquêtes sont standardisées par l’Etat français car elles constituent un outil essentiel pour  l’Etat dans son rôle d’évaluateur des politiques publiques. Cela garantit une méthode de recueil de données harmonisée, rigoureuse et pérenne car les données sont fiables et comparables dans le temps et dans l’espace. Les enquêtes ménages sont un des outils essentiels à la réalisation d’études de déplacements décrivant la mobilité quotidienne des personnes habitant dans un périmètre donné. Ce type d’enquête est réalisable à plusieurs échelles spatiales du territoire : EMD pour les agglomérations, EDVM (enquêtes Déplacements Villes Moyennes) et EDGT (Enquêtes Déplacements Grand Territoire). En France, elles sont réalisées par les collectivités locales qui reçoivent une assistance de la part des CETE (Centres d’Etudes Techniques de l’Equipement). Des informations relatives à la maitrise d’œuvre sont mises à disposition par exemple par le CERTU (Centre d’Etudes sur les Réseaux de Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques). Rassemblées dans une base de données nationale, ces informations permettent des études et une évaluation des politiques de déplacement urbain (PDU). La méthode « standard CERTU » repose sur quelques principes essentiels : – Les enquêtes sont réalisées au domicile des ménages dont chaque personne âgée de plus de 5 ans est interrogée. – Les recensements portent sur les déplacements effectués la veille du jour d’enquête. – L’ensemble des paramètres de chaque déplacement est recueilli (motif, mode(s), origine, destination, heure de départ et heure d’arrivée). – Les enquêtes portent sur un échantillon représentatif de la zone étudiée. Cet échantillon est tiré aléatoirement. Une enquête « classique » contient quatre questionnaires portant sur le ménage, les personnes, les déplacements et les opinions. Des questions supplémentaires peuvent être ajoutées à l’enquête. Les enquêtes ménages-déplacements ont pour vocation de reconstituer la mobilité des habitants d’une zone lors d’un jour ouvrable « moyen », c’est-à-dire les mardis, mercredis et jeudis hors des périodes de vacances scolaires et jours fériés, de mi-octobre à mi-avril. Cela implique des contraintes fortes dans le déroulement de l’enquête. En effet, les actifs ne sont généralement présents à leur domicile qu’à partir de 18h30. Alors, la durée d’enquête sur le terrain est de 10 semaines en moyenne. La Figure 23 illustre le type de données disponibles pour chaque individu. On notera la richesse des informations fournies sur les activités réalisées, les modes de transport utilisés, ainsi que les horaires favorisés. On notera également que la dimension spatiale est plus problématique. En effet, la localisation exacte des individus n’est pas connue. Chaque activité est ainsi localisée approximativement dans une zone de déplacement, tandis que les trajets réellement effectués par les individus dans le réseau de transport ne sont pas recensés, ou avec un biais non négligeable (CERTU, janvier 2013). 

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