L’autorégulation du comportement
Selon Vohs et Baumeister (2004), l’une des définitions de l’autorégulation consiste à « tout effort accompli par le soi en vue de changer un état interne ou un comportement ». (p. 2) L’autorégulation est définie par d’autres auteurs comme la capacité d’un individu à exercer un contrôle sur ses comportements afin d’atteindre ses buts, et ce, en dépit des distractions qu’il rencontre (Sethi et al., 2000). De plus, Baumeister et ses collègues ont effectué plusieurs études qui démontrent que la capacité d’autorégulation est une ressource limitée (Baumeister & Heatherton, 1996; Baumeister, Heatherton, & Tice, 1994, Baumeister, Vohs, & Tice, 2007). En effet, cette dernière subit l’influence des distractions ou des obstacles qui se présentent à l’individu voulant atteindre un but, particulièrement lorsqu’il s’agit d’atteindre un but sur le long terme (Koestner, 2008). Dans le contexte spécifique de la poursuite des buts, il s’agit des différents moyens utilisés pour atteindre un but, qu’il s’agisse de moyens davantage conscients et contrôlés, comme le fait de déployer des efforts et d’appliquer un contrôle sur les comportements, ou d’automatismes fournissant une direction aux comportements.
Ainsi, l’autorégulation s’inscrit dans un processus auto réflexif qui oppose les désirs dirigés vers l’atteinte du but aux différentes tentations et aux obstacles qui rendent cette tâche plus ardue (Milyavskaya, Nadolny, & Koestner, 2015).
La motivation
Dans la littérature, on retrouve une pluralité de définitions de la motivation. Pour plusieurs personnes, la motivation représente ce qui est à la source du comportement humain, sa cause. Ainsi, pour certains, il s’agit de comprendre ce qui pousse l’être humain à avoir une volonté d’action et à déployer les efforts nécessaires pour arriver à la finalité qu’il s’est fixée (Fenouillet, 2012). Dans le présent essai, les deux définitions qui seront retenues sont celles de Vallerand et Thill (1993) ainsi que de Deci et Ryan (2008), incluant toutes deux une notion de direction du comportement. Selon Vallerand et Thil!, la motivation renvoie au « [ … ] construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement ». (p. 18) Selon Deci et Ryan (2008) : « La motivation est ce qui incite les personnes à penser, à agir et à se développer ». (p. 24)
La théorie de l’autodétermination
Cette section présente la Théorie de l’autodétermination (TAO), un modèle théorique central au présent travail et qui permet d’expliquer les motivations humaines. Tout d’abord, elle présente une définition générale des fondements théoriques de ce modèle et de ses principales prémisses. Ensuite, elle présente la classification des différents types de motivation sous-tendus par ce modèle.
Définition
Lorsqu’il est question de mIeux comprendre les motivations permettant aux individus d’effectuer les actions requises pour atteindre leurs buts, la théorie de l’autodétermination (TAD, Deci & Ryan, 1985, 2000) se montre très utile. La TAD s’intéresse avant tout aux raisons qui poussent l’individu à adopter un comportement. Une première ‘prémisse de la T AD est que l’individu peut agir en fonction d’une motivation autonome, c’est-à-dire par volonté et pour le plaisir associé à l’activité, ou en fonction d’une motivation contrôlée, c’est-à-dire en se sentant contraint d’agir en raison de pressions extérieures (Sheldon, Ryan, Deci, & Kasser, 2004). Selon la TAD, plus le niveau d’autonomie est élevé, plus Jes actions de J’individu sont tournées vers le développement et la croissance personnelle (Sheldon & Kasser, 1995). La TAD propose donc que la motivation pour tout comportement varie en fonction d’un continuum d’autodétermination, allant d’un niveau élevé, à un niveau faible ou contrôlé d’autonomie . Le concept d’autodétermination est décrit par certains auteurs en tant que « synonyme de liberté de choix» et il serait lié fortement au concept d’autonomie, mais aussi avec celui de la perception d’un locus de causalité (Fenouillet, 2012).
Une deuxième prémisse de la TAD est que l’individu a une tendance naturelle à chercher constamment dans son environnement des sources de satisfaction à ses besoins psychologiques (Sheldon & Kasser, ] 995). Plus précisément, la T AD postule l’existence de trois besoins primaires qui agissent en tant que médiateurs de la motivation: les besoins d’autonomie, de compétence et d’appartenance sociale. Selon Deci et Ryan (2000), la satisfaction de ces trois besoins psychologiques innés et universels serait essentielle à la croissance psychologique individuelle, en influençant notamment l’orientation de sa motivation d’action et son niveau d’autodétennination. La littérature porte un intérêt plus marqué envers les besoins d’ autonomie et de compétence, car ceUX-Cl seraient liés davantage à une motivation autonome (Deci & Ryan, 2002). Le besoin d’autonomie correspond au sentiment que possède l’individu d’être à l’origine de ses comportements. Ce besoin implique également le désir d’avoir une volonté d’action et une liberté de choix. Par conséquent, un individu qui agit par intérêt et en cohérence avec ses valeurs fondamentales contribue à satisfaire son besoin d’autonomie (Carré & Fenouillet, 2009; Sheldon & Elliot, 1999). Selon Deci et Ryan (1985), le besoin d’autonomie est celui qui amait la plus grande influence sm le type de motivation sousjacent au comportement. Par exemple, lorsque ce besoin est satisfait, on observe un maintien ou une augmentation de la motivation autonome à pratiquer une activité (Vallerand, 2006). Il est à noter qu’un environnement qui supporte le besoin d’autonomie serait susceptible d’encourager d’autant plus l’individu à adopter des comportements sains (Deci & Ryan, 2000; Ryan, Patrick, Deci, & Williams, 2008).
Introduction |