Evaluation des paramètres de production et de conservation de sept (7) variétés d’aubergine européenne
Croissance et développement
Méthodes de culture La culture de l’aubergine est possible pendant toute l’année. Elle supporte bien les températures plus élevées de l’intérieur du pays et celles de l’hivernage. Cependant, les meilleurs résultats s’obtiennent pendant la période fraiche (BENIEST, 1987). L’aubergine peut être cultivée de plusieurs façons, selon les habitudes locales et les moyens disponibles en passant du jardin familial au champ commercial, soit en culture seule ou associée, en plein champ ou en serre. La méthode de culture la plus utilisée consiste á semer les graines sur des plateaux ou sur des planches de semis. Les plants sont repiqués dans de petits pots ou sachets (de 8 á 10 cm de diamètre) au bout de 2 á 3 semaines, lorsque la première feuille apparait. Les plants sont gardés en pépinière jusqu’à ce qu’ils aient formé 5 á 7 feuilles puis sont plantés en plein champ ou dans une serre avec un espacement de 50 cm entre les plantes et de 1 m entre les lignes. Le sol doit être léger et bien préparé. Il faut arroser une première fois la base de 5 chaque plante juste après plantation. Ensuite, la fréquence de l’irrigation dépend du type de sol, de la saison et des pratiques culturales (GRUBBEN et DENTON, 2004).
Condition agro-écologique
Un approvisionnement irrégulier en eau pendant la fructification déséquilibre l’apport en calcium vers le fruit et provoque une nécrose apicale ou des symptômes similaires. Par contre l’aubergine (Solanum melongena) a besoin d’une terre riche et bien drainée. Elle pousse bien dans des conditions de fortes températures, de lumière abondante et d’eau en quantité importante. Ces exigences en chaleur sont plus grandes que celles de la tomate et du poivron. En effet, en dessous de 20°C et au-dessus de 40°C, la croissance et la fructification sont réduites. La croissance s’arrête lorsque les températures tombent en dessous de 10 á 12°C et le gel tue les plantes. L’aubergine n’est pas sensible à la longueur du jour. Certaines démonstrations montrent que les cultivars s’adaptent à des milieux précis lorsqu’ils sont cultivés à l’extérieur de la région pour laquelle ils ont été sélectionnés. Les cultivars tropicaux cultivés dans des climats tempérés ont en général une croissance végétative lente ainsi qu’une floraison et une fructification tardives. Des cultivars chinois et japonais ont une floraison et une fructification remarquablement précoces, mais leur potentiel de croissance est rapidement épuisé et leur développement végétatif est plus faible que si on les cultivait ailleurs. Quand il n’y a pas assez de lumière, et qu’en même temps il y a trop d’eau et d’azote, l’aubergine est sujette au gigantisme foliaire et à la chute des fleurs (GRUBBEN et DENTON, 2004).
Entretien de la culture
L’aubergine consomme beaucoup de nutriment et il reste au champ pendant une période relativement longue. Le sol s’épuise donc rapidement et pour avoir de hauts rendements, de fortes quantités d’engrais et de fumiers sont nécessaires. La fertilisation doit être adaptée á la richesse locale du sol aux conditions de précipitation et aux compétences des paysans. En Afrique tropicale, on recommande 45 á 50 tonnes de fumier de ferme pour une production intensive, 50 á 300 kg N, 25 á 100 kg P, et 30 á 200 kg K / ha. Le fumier de ferme est bien mélangé avec le sol lors de labour, alors que le K et le P sont appliqués dans les sillons avant ou pendant le repiquage. La teneur en azote du sol ne doit pas être excessive pour éviter que les jeunes aubergines développent trop de feuillage au détriment de la production des fruits (GRUBBEN et DENTON, 2004). 6 1.1.5 Maladies et ravageurs La principale maladie de l’aubergine est la verticiliose, maladie vasculaire provoquant le dessèchement unilatéral des branches, contre laquelle l’utilisation des plants greffés est une méthode de lutte. Parmi les ravageurs, les acariens sont plus problématiques que les pucerons et aleurodes. Les acariens se développent surtout par temps très chaud et sec. Une simple pulvérisation d’eau (si possible non calcaire), sur la face inférieure des feuilles éloignera les acariens. Pour les maladies fongiques des parties aériennes, plus de trente ont été décrites dont le tiers est récurrent. La pourriture du collet causée par Sclerotium rolfsii provoque un flétrissement progressif du feuillage, une chlorose et finalement une nécrose. L’aubergine est par ailleurs affectée par des maladies transmises par le sol, dont Phomopsis vexans (pourriture pycnidienne de la tige et du fruit), auquel ‘Florida Market’, ‘Aranguez’, ‘Zebrina’ et ‘Ceylan SM164’ sont résistantes. D’autres champignons pycnidiens, comme une espèce de Phoma encore mal connue, peuvent provoquer des symptômes similaires mais plus modérés (GRUBBEN et DENTON, 2004).
Usage et importance biologique
Peu énergétique et riche en fibre, l’aubergine fait partie des légumes incontournables du régime méditerranéen. Le fruit peut être consommé cru ou cuit et s’associe remarquablement bien avec les autres légumes de saison (tomate, poivron, courgette). Certaines personnes peuvent être tentées de peler l’aubergine. Pourtant, sa pelure est comestible et contient même une grande quantité d’antioxydants, surtout lorsqu’elle a une couleur très prononcée. En effet, les antioxydants sont des composés qui protègent les cellules du corps des dommages causés par les radicaux libres. Ces derniers sont des molécules très réactives qui seraient impliquées dans le développement des maladies cardiovasculaires, de certains cancers et d’autres maladies liées au vieillissement (WILLCOX et al., 2004). Selon BOR et al., (2006) et CAO et al., (1996), l’aubergine est considérée comme ayant un potentiel antioxydant élevé et ont commencé à en analyser les bienfaits potentiels. Des études in vitro et chez l’animal ayant utilisé un mélange d’antioxydants de l’aubergine ont obtenu comme résultats une diminution de l’oxydation du « mauvais » cholestérol (SHUDHEESH et al., (1999) et HUANG et al., 2004) et une diminution de la concentration des lipides sanguins (SHUDHEESH et al., 1997).
AUBERGINE AFRICAINE
Origine et répartition géographique
Connu comme l’un des principaux légumes d’Afrique tropical, Solanum aethiopicum a été domestiqué à partir de l’espèce sauvage Solanum anguivi Lam, via Solanum distichum Schumac. & Thonn qui est semi-domestiqué. D’après LESTER, 1984 et DAUNAY et al., 1995, il serait originaire d’Afrique. De là il fut transporté par l’homme dans les îles caraïbes et dans l’EST de l’Amérique Latine où son introduction remontait au 18iéme siècle. On trouve ces deux espèces dans toute l’Afrique tropicale, Solanum anguivi dans des milieux perturbés et Solanum distichum dans les jardins (GRUBBEN et DENTON, 2004). Selon la même source l’espèce Solanum aethiopicum est cultivée principalement dans la zone humide d’Afrique de l’Ouest pour ses fruits immatures (aubergine), souvent aussi dans la zone des savanes pour ses feuilles autant que pour ses fruits immatures (souvent appelés “djakattou” ou “jakatu”), et en Afrique de l’Est, en particulier en Ouganda, surtout comme légume-feuilles (appelé “nakati”). De nos jours il est largement cultivé en Afrique tropicale sèche et humide sous une diversité de génotype appartenant généralement au groupe Kumba, Gillo, Shum présentant une adaptation climatique bien précise. Quand au groupe Aculaetum, sa culture est restreinte en Côte d’Ivoire et porte essentiellement sur une variété glabre á fruit fascié (MESSIAEN, 1975).
Taxonomie
La taxonomie des aubergines africaines a été très confuse. Pendant des années, les botanistes ont considéré plusieurs cultivars de Solanum aethiopicum comme étant des espèces á part entière et ils leur étaient impossibles de positionner des intermédiaires entre ces espèces (SCHIPPERS, 2004). C’est vers les années 80 que CHOUDARRY et al., 1986 mettent en évidence le polymorphisme de Solanum aethiopicum. Par contre en 1986, NIANKAN et LESTER ont pu établir sa provenance á partir de la domestication de Solanum anguivi Lam confirmant ainsi les propos de ces derniers. Les aubergines (Solanum aethiopicum) sont des plantes non tuberifiées qui appartient au sous genre Leptostemonum, groupe Aethiopicum, section oliganthes qui comprend environ 45 espèces á la série Aethiopica
Description la plante
Appareil végétatif
L’aubergine africaine encore appelé « Jaxatu » au Sénégal est un arbuste ou plante annuelle ou vivace qui peut atteindre jusqu’á 2 m de haut, souvent fortement ramifié (GRUBBEN et DENTON, 2004). D’autres affirment qu’elle peut avoir 0,5 á 1 m ou plus variable selon les génotypes et les périodes de culture. Le système racinaire se développe tant verticalement que horizontalement et la phyllotaxie révèle les feuilles alternes simples sans stipules (GRUBBEN et DENTON, 2004).
Appareil reproducteur
L’inflorescence est en cyme, racémiforme ou latérale et peut avoir 5 á 12 fleurs. Les fleurs sont bisexués réguliers avec 4 á 10 mères et un pédoncule souvent court ou absent. L’ovaire est supère (2 á 3 loculaire) avec un style aussi long ou légèrement plus long que les étamines. Le stigmate est petit, obtu. Le calice est campanulé avec des lobes de 4 á 10 mm de long. La corolle étoilée de 6 á 15 mm de long est blanche et parfois violet pâle. Les étamines sont insérées prés de la base du tube de la corolle. Les filets sont courts et épais. Les anthères conniventes jaunes s’ouvrent par des pores terminaux. Le fruit est une baie de globuleuse, ellipsoïde, ovoïde, ou fusiforme, de 1 á 6 cm de long. Il est lisse á cannelé, rouge, ou orange contenant habituellement de nombreuses graines. (GRUBBEN et DENTON, 2004). Il vire au rouge á maturité physiologique en raison de son importante teneur en caroténoïde. Les graines sont nombreuses lenticulaires á réniformes et de diamètre compris entre 2 á 5 mm. Son goût amer est du á sa richesse en furastonol saponine. Mais certains fruits ont une saveur douce (LESTER et SECK, 2004).
Croissance et développement
Méthode de culture
La culture de l’aubergine amer est possible pendant toute l’année bien que l’on obtienne les meilleurs résultats en saison sèche et fraiche sous irrigation. Les grains sont semés sur des plateaux de semis ou sur des alvéoles. La phase de pépinière peut durer entre 30 á 40 jours selon les variétés. On garde les plants en pépinière jusqu’á ce qu’ils aient 5 á 6 vraies feuilles avec une hauteur d’environ 10 á 15 cm (BENIEST, 1987). Il propose de planter en lignes avec un écartement de 60 cm sur la ligne et de 50 cm entre les lignes pendant la saison sèche et un espacement de 40 cm pendant l’hivernage. Son cycle dure 4 á 5 mois après semis.
Conditions agro-écologiques
Cette espèce peut être cultivée sur plusieurs types de sol ni trop lourd ni trop léger, meuble et profond, riche en éléments nutritifs et en matière organiques selon BIENEST (1987). Il est préférable de choisir des sols profonds et bien drainés et d’éviter des parcelles ayant précédemment reçu une Solanacée (tomate, piment, morelle noir, etc.). Les exigences de l’aubergine en chaleur sont plus grandes que celles de la tomate et du poivron. La culture est plus sensible aux basses températures que le poivron. Son optimum de croissance se situe à 27°C. Les exigences en lumière et en sol sont les mêmes que pour les autres Solanacées à fruit.
Entretien de la culture
La préparation manuelle du sol et le désherbage manuel suffisent mais la production á grande échelle au Sénégal nécessite une préparation mécanisée du sol. Les plantes ne nécessitent aucun tuteurage. Si c’est possible, une dose de 150 kg / ha d’engrais NPK (15– 15–15 ou 10–10–20) peut être appliquée 10 jours après le repiquage et une dose de 50 kg / ha lors de la première floraison, suivie d’une application chaque mois. Des engrais liquides peuvent être fournis par irrigation goutte à goutte. Du fumier de ferme ou de volaille peuvent être appliqués à la dose de 10 á 20 t / ha. Lors de la saison sèche, la culture a besoin d’environ 5 mm d’eau par jour. Un arrosage deux fois par semaine suffit. La période de croissance du Groupe Gillo et du Groupe Kumba est allongée lorsqu’on irrigue pendant les périodes de sècheresse et vers la fin de la saison des pluies. Par ailleurs, la qualité des fruits peut être largement améliorée en conservant une bonne humidité du sol (GRUBBEN et DENTON, 2004).
INTRODUCTION GENERALE |