L’association Zazakely et l’éducation des filles
Présentation de Zazakely
Le personnel de Zazakely : L‟école, le centre d‟apprentissage et le centre social Zazakely comptent deux directeurs (un pour l‟école et le centre social, l‟autre pour le centre d‟apprentissage), trois enseignants, une aide enseignante, deux cuisinières et une aide-ménagère pour les week-ends afin que les enfants aient au moins un repas par jour, deux gardiens (un par site), un homme à tout faire et du personnel saisonnier en fonction des besoins. L‟école accueille environ 200 enfants, ce nombre variant selon les rentrées scolaires (236 élèves pour l‟année 2014-2015). Dans le cadre de nos recherches, nous nous sommes limité à l‟école et au centre social de Zazakely, de ce fait, les mentions directeur qui suivront feront référence au directeur de l‟école et du centre social.
Les objectifs de l’association
Lors de son ouverture, l‟association Zazakely-France s‟est fixé six objectifs présentés dans le dossier de présentation de l‟association française : – Repérage des enfants nécessiteux ; – Rapprochement avec l’école (paiement des frais de scolarité) ; – Instauration d’une cantine ; – Mise en place d’une garderie ; – Aide aux devoirs ; – Travail en lien avec la famille. 36 Plus tard, lors de sa création, l‟Association Zazakely-Suisse s‟inspirera de ces objectifs.
Le règlement de Zazakely
Les règlements que nous citons ici sont les règlements qui sont sortis de nos entretiens avec le Directeur de l‟association : Les absences non justifiés de plus de 15 jours de l‟association et/ou de l‟EPP sont sanctionnés d‟un renvoi définitif de l‟association. Pour contrôler la présence régulière des élèves à l‟école et à l‟EPP, le directeur de l‟association collabore avec la directrice de l‟EPP d‟Ambavahadimangatsiaka. Le triplement n‟est pas admis sous peine d‟un renvoi définitif de l‟association. Pour éviter ce cas, le directeur de l‟association s‟entretien avec l‟élève et ses parents pour discuter du choix de l‟orientation de l‟enfant (formation professionnelle). Le fait de tomber enceinte n‟est pas toléré dans l‟association et provoque l‟expulsion définitive de l‟association. II. les besoins couverts par les alliances éducatives Zazakely II.1. repérage des enfants nécessiteux « Ny ato izany manko ny tena marina hoe ny olona tsy manana no raisin-dry zareo dia izahay rahateo moa tsy manana, dia…mamanay sahirana dia dadanay koa sahirana dia avy eo mamanay maty dia tsy maintsy niditra tato aho satria tsy vitan’i dadanay intsony… » Telle est la réponse de Nicole sur son adhésion dans l‟association. Nous pouvons traduire par : « ici donc…ce sont les personnes nécessiteuses qu’ils prennent, comme nous notre mère est en difficulté et notre père aussi est en difficulté,…puis notre mère est décédée alors j’ai été obligée d’entrer ici car notre père n’y arrivait plus… » L‟association Zazakely est née lors de la rencontre en 2001 d‟un couple franco-malgache dont l‟épouse est originaire d‟Antsirabe et d‟une personnalité du quartier de Mahazina, les premiers bénéficiaires de l‟association restent les habitants du quartier de Mahazina, tout particulièrement l‟habitant du village de Mahazina. Se situant à proximité de l‟association, ils connaissent l‟existence de l‟association bien qu‟aujourd‟hui l‟association reçoit des enfants d‟autres quartiers d‟Antsirabe (Avaratsena, Mandaniresaka,…). Tel est le cas de Nicole, une jeune femme de vingt et quatre ans, issue d‟une famille défavorisée du quartier de Mahazina lieu de création de l‟association. Elle est l‟une des premières ayant profité de l‟association car elle a adhéré à l‟association dès sa création. 37 Comme la plupart des jeunes de l‟association sa mère était blanchisseuse et son père tireur de pousse. Elle est l‟aînée d‟une fratrie de trois enfants et elle est aussi fille unique. Sa plus grande motivation était de pouvoir aider ses parents malheureusement ses parents sont tous deux décédés. Elle a d‟abord perdu sa mère lors de sa scolarisation en 2000, quelque temps avant l‟ouverture de l‟association. Elle a dû arrêter l‟école à l‟âge de vingt ans en 2010 en classe de troisième car elle était tombée enceinte. Bien qu‟un sponsor étranger de l‟association lui ait proposé de payer ses études et une gardienne pour l‟enfant, elle a déjà pris sa décision pour arrêter ses études car pour elle, son enfant est désormais sa priorité. Suite à un désaccord entre elle et l‟ancienne directrice de l‟association elle a déménagé mais le nouveau directeur a continué à prendre de ses nouvelles et il l‟a même aidé financièrement pendant sa grossesse. Elle s‟est mariée avec le père de son enfant. Mais en 2012, son père décède à son tour et elle déménage à nouveau à Andranomafana. Là, elle continue toujours de garder le contact avec l‟association Zazakely et lorsque le nouveau directeur prend la direction de Zazakely, elle postule à un poste dans l‟association. Elle travaille jusqu‟à aujourd‟hui au bassin de spiruline de l‟association. Actuellement, elle a deux filles dont l‟une âgée de quatre ans est en classe de maternelle à Zazakely l‟autre âgée seulement de deux est gardée par une gardienne à la maison. Avec du recul, elle se dit fière de son parcours et ne regrette à aucun moment ses choix car la réussite de l‟éducation de ses enfants est ce qui prime pour elle. Lorsqu‟on lui demande si elle n‟a pas peur que ses enfants refassent sont parcours, elle dit ne ressentir aucune crainte car cela dépendra de l‟éducation qu‟elle leur inculquera et que lorsque le moment viendra, elle ne manquera pas de leur conter son parcours. Aujourd‟hui, l‟association est de plus en plus connue mais les places étant limitées, la sélection des enfants se fait par étude de cas et en fonction de ceux qui ont le plus de difficultés économiques car « même les fils des familles riches veulent venir ici! L’objectif c’est pour les familles pauvres… » alors pour contrôler la véracité de la situation d‟une famille, le directeur fait des descentes inopinées sur le terrain dans les familles. Selon le directeur de l‟association si les familles étaient au courant à l‟avance des visites, elles cacheraient leurs objets de valeur comme le réfrigérateur, le microonde, … Certains vont même jusqu‟à emprunter la maison du voisin plus pauvre pour montrer qu‟ils sont nécessiteux.