L’ARTHROPLASTIE TOT ALE DE LA HANCHE
Anatomie de l’articulation de la hanche
Anatomie descriptive de la hanche
L’articulation de la hanche, souvent appelée articulation coxo-fémorale, établit la connexion entre le membre inférieur et la ceinture pelvienne. C’est une articulation synoviale robuste et stable appartenant à la catégorie des articulations sphéroïdes (ou énarthroses). Elle est principalement composée de la tête fémorale, située sur la partie proximale du fémur, ainsi que de la cavité acétabulaire (ou acétabulum) de l’os coxal. La tête sphérique du fémur s’articule dans l’acétabulum ayant une forme concave sphérique. La tête fémorale et le fond de l’acétabulum sont recouverts presque en entier de cartilage. Les moyens d’union des deux surfaces articulaires sont constitués d’une capsule fibreuse entourée et renforcée à plusieurs endroits par les trois ligaments de l’articulation.
Anatomie fonctionnelle de la hanche
L’articulation de la hanche possède trois degrés de liberté en rotation : la flexion et l’extension (plan sagittal), l’abduction et l’adduction (plan frontal) ainsi que la rotation latérale et médiale. Les divers muscles de l’articulation, agissant seuls ou en groupes, permettent l’ensemble de ces mouvements. La construction de l’articulation de la hanche permet une grande amplitude de mouvement requise pour l’accomplissement des activités quotidiennes telles que marcher, s’asseoir, monter des escaliers et s’accroupir (Nordin & Frankel, 2001).
Les forces supportées par cette articulation sont plutôt importantes et l’analyse de ces dernières ne dépend pas seulement de la structure (squelette), mais aussi de l’activité des muscles environnants. Ainsi, lorsqu ‘un individu se tient simplement debout sur ses deux jambes, les forces de contact dans l’articulation de la hanche peuvent atteindre jusqu’à 190% du poids du corps (Bergmann et al., 2001 ). Les charges appliquées sur l’articulation de la hanche pour une activité de marche normale atteignent environ 2,38 fois le poids du corps. Lorsqu ‘un individu monte et descend des escaliers, les forces de contacts dans la hanche sont d’environ 2,5 et 2,6 fois le poids du corps respectivement (Bergmann et al., 2001).
Généralités sur l’arthroplastie totale de la hanche (A TH)
Bien que l’articulation de la hanche soit l’une des plus grosses et des plus stables parmi l’ensemble des articulations du corps humain (Nordin & Frankel, 2001), il n’en demeure pas moins que cette dernière est susceptible de s’abîmer avec le temps ou suite à un trauma. L’arthroplastie totale de la hanche (ATH) constitue en le remplacement de l’articulation endommagée par un implant artificiel constitué d’une partie fémorale et d’une autre sur le bassin . Le grand avantage de ce type d’intervention est que dans la grande majorité des cas, le patient ne ressent plus de douleur et retrouve une certaine mobilité après seulement quelques mois, ce qui est primordial lorsqu’il est question du niveau de confort et de la qualité de vie. De nos jours, l’ ATH est l ‘une des opérations chirurgicales les plus pratiquées en orthopédie (CIHI, 2004; Herberts et al., 2003).
Bref historique de l’A TH
Ce bref résumé historique fait ressortir les grands points de l ‘évolution du remplacement de la hanche. Un siècle avant même les premières arthroplasties, les chirurgiens essayaient déjà de trouver des solutions pour traiter avec succès l’arthrite. Une chose était sûre, c’est que les patients atteints de cette maladie devaient être opérés afin
d’éliminer leur douleur et de redonner la mobilité à leurs articulations. Plusieurs essais ont été tentés, mais malheureusement tous furent confrontés à un échec.
En 1925, un chimrgien de Boston, le docteur Smith-Peterson, a moulé une pièce de verre ayant la forme d’une sphère creuse s’adaptant sur la tête fémorale de l’articulation de la hanche. Toutefois, le ven·e ne résistait pas aux forces générées lors de la marche. Une amélioration importante a été apportée en 1936 lorsque des scientifiques ont créé un alliage à base de cobalt-chrome. Cet alliage ayant une résistance mécanique élevée et une excellente résistance à la corrosion est encore utilisé de nos jours dans la fabrication de prothèses. Dès 1938, les frères Judet, docteurs, ont tenté d’utiliser un matériau acrylique pour remplacer les surfaces arthritiques. Dans les années 1950, Frederick R. Thompson et Austin T. Moore ont développé individuellement une prothèse pour le remplacement complet de la tête fémorale seulement. Il était alors possible de traiter certains types de fractures de la hanche en plus de l’arthrite. Toutefois, les succès de ce type de prothèse demeuraient aléatoires et l’acétabulum se détériorait (Utah Hip and Knee Center, 2004).
En 1958, le docteur John Chamley s’est attaqué au remplacement de l’acétabulum par un implant de téflon, puis suite à un insuccès, il utilisa le polyéthylène qui fonctionna beaucoup mieux. C’était alors la naissance de l’arthroplastie à faible friction. Afin d’obtenir une bonne fixation de ce réceptacle de polyéthylène et aussi de l’implant fémoral, le docteur Chamley emprunta le ciment osseux des dentistes. Ce concept, dans son ensemble, a dès lors révolutionné le remplacement total de la hanche. Depuis ce temps, plusieurs améliorations ont été apportées au design initial de Chamley et les techniques de cimentation sont devenues significativement meilleures (Utah Hip and Knee Center, 2004).
Ainsi, d’autres designs de tiges fémorales, non-cimentées cette fois-ci, ont été introduits dans les années 1970 et début de 1980 afin d’essayer d’éviter les descellements et la destruction osseuse qui étaient observés avec la technique cimentée. Ces designs sont généralement basés sur l’application des matériaux poreux permettant la croissance osseuse (Macari et al., 2003).
Depuis ce temps, diverses études ont tenté d’optimiser les prothèses au niveau de la géométrie, des matériaux utilisés, des modes de fixations et des techniques d’implantation. Par conséquent, il existe présentement une panoplie de différentes prothèses de hanche disponibles sur le marché, tous supposément meilleures les unes par rapport aux autres. Cependant, l’allure globale des prothèses totales de hanche n’a subit en général que peu de changements majeurs.
La chirurgie de l’A TH
Afin de recevoir sa « nouvelle hanche », le patient doit bien évidemment passer sur la table d’opération et sous le bistouri. Voici donc un bref aperçu des grandes étapes réalisées par le chimrgien et son équipe lors de l’arthroplastie totale de la hanche (ATH). Si aucune complication ne se présente, l’opération complète se déroule pendant une période d’environ 90 minutes.
Tout d’abord, le patient sous anesthésie est amené en salle d’opération. Le chimrgien pratique minutieusement une incision dans la partie supérieure et latérale de la cuisse, près de l’articulation de la hanche. Quelques mesures au niveau de l’articulation sont prises et la tête fémorale est ensuite disloquée manuellement de l’acétabulum. La tête ainsi que le col du fémur sont alors retirés après avoir été sciés du reste du fémur. Par la suite, à l’aide de fraises ayant une forme demi-sphérique, le chimrgien procède à la préparation de la cavité acétabulaire afin de mettre en place le nouveau cotyle . Suite à cela, l ‘intérieur du fémur (moelle et os spongieux) est en quelque sorte « raclé » selon la longueur et la forme nécessaire permettant alors l’introduction de la tige fémorale . Ensuite, le chirurgien procède à quelques vérifications et mesures ayant pour but d’ajuster le mieux possible la prothèse à la morphologie du patient avant de mettre en place la sphère de la tige fémorale. Finalement, l’articulation de la hanche est replacée dans sa position normale et l’incision pratiquée sur la cuisse est refermée .
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