L’anthropologie du développement
Le modèle d’analyse socio-anthropologique des sociétés en développement éclaire un aspect du développement. En effet, pour élucider la problématique du développement, il convient de considérer l’étude empirique multidimensionnelle des groupes sociaux concernés et de leurs interactions, dans une perspective diachronique et combinant l’analyse de leurs pratiques à celles de leurs représentations23. Leurs dynamiques de reproduction (transformation sociale), leurs comportements et les significations qu’ils accordent à ces comportements sont à prendre en compte dans un programme de leur développement. Pour amorcer un changement social, l’acteur du développement doit-être capable de faire une relecture de ses actes. et c’est en cela que Edgar Morin propose que notre pensée se donne pour tâche majeure d’investir par les lumières de la raison « l’impensé » qui la commande et la contrôle ; ce qu’il souhaite à l’action de développement, c’est qu’elle ne reste pas prisonnière de la pure et simple logique de l’efficacité, tournant en rond sur elle-même comme dans un cercle vicieux, mais qu’elle se transforme en matière à penser, en source de questionnement perpétuel et réflexif prenant en compte la recherche humaine des valeurs et du sens.
Ce qui est en jeu, c’est la réflexivité dont les acteurs du développement doivent être capables pour sortir l’histoire des hommes de l’absurdité ou de la barbarie technoscientifique. L’interrogation ne doit pas s’éteindre chez les acteurs du développement, elle doit rester vive, critique et éclaire leur marche hésitante sur les routes du progrès. En somme, la dimension socio-anthropologique permet à l’acteur du développement d’oeuvrer dans ce cadre en considérant d’une part tout ce qui concerne l’homme dans son environnement social, ses faits, ses représentations, ses manières d’agir et le sens qu’il accorde à sa vision des choses, à sa vision des êtres, du monde et de l’histoire, et d’autre part pour lui-même la capacité de se remettre en question et de se reconsidérer, de relire, de réfléchir son engagement pour le développement. Avant d’évoluer, une analyse de la situation actuelle du développement ou plutôt du sousdéveloppement, s’impose comme nécessaire pour repenser autrement le développement24. La complexité du développement explique la difficulté de le circonscrire par l’éclairage d’une seule discipline. L’approche interdisciplinaire et pluridisciplinaire se montre pertinente pour comprendre des problématiques telles que celle du développement et de l’éducation. Le développement apparaît comme une réalité relative à l’espace et au temps, aux sociétés et à leur culture. Il ne saurait donc se réduire à ce que l’occident a montré comme modèle de développement car ce type de développement a été source de dégâts sur l’environnement, sur l’homme dans ses relations avec la nature, mais surtout avec les autres hommes avec qui il a des difficultés de coexistence. A quoi sert le développement s’il détruit la nature et l’humanité des hommes et des femmes ?
La démographie
La démographie (de l’ancien grec demos signifiant « peuple » et de graphein « écrire ») est l’étude quantitative des populations et de leurs dynamiques, à partir de caractéristiques telles que la natalité, la fécondité, la mortalité, la nuptialité (ou conjugalité) et la migration. La tâche des démographes consiste à analyser les variations de ces phénomènes dans le temps et dans l’espace, en fonction des milieux socio-économiques et culturels. 28 Les démographes ont recours à diverses méthodes pour expliquer les phénomènes démographiques. Ils puisent notamment dans les connaissances de disciplines connexes, comme la sociologie, l’économie, la géographie et l’histoire, de sorte que leur interprétation soit la plus juste possible. La démographie dépasse donc largement le cadre de l’analyse statistique et permet d’étudier les phénomènes affectant les populations dans une perspective globale. L’augmentation de la population mondiale, notamment depuis la révolution industrielle, a eu une série d’incidences importantes sur l’évolution des sociétés et des nations dans le monde, constitue notamment un frein au développement au-delà d’un certains seuil.
La démographie est devenu ainsi un précieux instrument au service des politiques de populations (notamment, celles de limitation des naissances pour des pays comme la Chine), mais également aux politiques sociales de nombreux pays, notamment pour les systèmes d’assurances sociales, devant tenir compte pour leurs prévisions du nombre d’individus par classe d’âge : jeunes, population active, retraités, calculables grâce aux taux de natalité, de mortalité, de fécondité entre autres. En outre, il est intéressant de préciser avec PICHAT, J.B. (1970 :93-97)29 l’existence de liens épistémologiques entre la recherche démographique et la sociologie. Tout d’abord, le choix du conjoint a des incidences génétiques, économiques et sociales évidentes. Puis les relations entre les générations véhiculent ou révèlent diverses pratiques familiales telles que les familles prolifiques, etc. Ensuite, les comportements diffèrent d’un individu à un autre chez un même individu suivant l’aspect du problème. Les apports de la sociologie à la démographie touchent également la stratification sociale ; et enfin les méthodes de la sociologie sont aussi celles du spécialiste de la démographie : recherche de causalités, de variétés dans les donnés, etc.
L’individualisme méthodologique
L’individualisme méthodologique est un paradigme de sciences sociales, selon lequel les phénomènes collectifs peuvent (et doivent) être décrits et expliqués à partir des propriétés et des actions des individus et de leurs interactions mutuelles (approche ascendante). Cette approche s’oppose à l’holisme, selon lequel les propriétés des individus ne se comprennent pas sans faire appel aux propriétés de l’ensemble auquel ils appartiennent (approche descendantes).30 L’individualisme méthodologique ne doit pas être confondu avec l’individualisme en tant que conception morale et politique : il ne comporte aucune hypothèse ou prescription concernant les motivations ou les actions des individus. Il se contente d’affirmer que les individus sont les seuls organes moteurs des entités collectives, et qu’on peut toujours reconstruire une propriété collective à partir de propriétés individuelles. En tant que simple règle de méthode, l’individualisme méthodologique laisse un grand choix d’hypothèse quant aux individus, ils n’imposent aucun modèle de leur comportement ni aucune forme particulière de représentation. Par exemple, les économistes de l’école néoclassique réduisent l’individu au modèle d’un agent économique qui maximise une fonction d’utilité lors des échanges (ce qui permet une formalisation mathématique) : c’est une forme d’individualisme méthodologique, mais différente de l’individualisme méthodologique de sociologue qui analyse un phénomène social en termes d’agrégation de comportement individuel dicté par des motivations plus complexe qu’une simple maximisation d’un gain financier.
Dans les deux cas, les phénomènes sociaux ne résultent pas de déterminisme extérieur mais sont des résultats, éventuellement non attendu, d’une agrégation d’action individuelle. L’individualisme méthodologique a également une certaine importance en sociologie. Il oppose d’une part les théoriciens qui ne veulent pas faire l’économie des intensions, des objectifs et des actions des individus dans leurs explications des faits et des processus sociaux, à ceux qui pensent que cette dimension n’est pas incontournable dans la recherche sociologique. En terme claire et tranché, et pour ce qui est du domaine francophone, les tenants d’une sociologie bourdieusienne insiste sur le fait que l’individu est le produit des structures sociales et qu’il n’est donc pas nécessaire d’intégrer la dimension proprement individuelle dans la théorie (les intentions et les objectifs d’action des individus sont grosso modo déductibles de la place qu’ils occupent dans la société.)
Niveau d’instruction de la population étudiée
Dix personnes enquêtées n’ont pas acquis un certain niveau d’instruction. Elles ne savent pas lire et écrire car elles n’ont jamais connu l’école.45 autres ont le niveau primaire, selon l’ancien système scolaire, ce niveau est entre T1 et T5 (premier et cinquième âge d’étude). Cette proportion constitue presque la moitié de la population étudiée. La raison est nombreuse, d’abord les personnes enquêtées sont des personnes qui ne trouvent pas intérêt à continuer les études plus loin car leur activité principale c’est l’agriculture. Pour eux savoir lire et écrire sont suffisant mais l’important c’est de savoir manier les outils pour l’agriculture, savoir maîtriser les techniques culturales. Ensuite, se pose le problème d’infrastructure comme l’école, la route, les instituteurs qui bloquent l’enseignement. Enfin, la pauvreté ou la tradition qui oblige certaines personnes à quitter leurs études pour travailler ou se marier. Puis 20 personnes ont acquis le niveau secondaire c’est-à-dire classe 6ème jusqu’au 3ème. Ici, la déperdition scolaire est causée par l’âge des élèves qui est supérieur à la normale et qui les démotive. (À titre d’exemple, normalement, on entre en 1ère classe à 6 ans et arrive au niveau 6ème à 11 ou 12 ans, or certains n’y arrivent qu’à 15 ou 16 ans). 18 personnes ont passées au lycée. Certains d’entre eux pensent que pour les paysans, ce niveau d’étude est suffisant, d’autre sont déçus après avoir passé l’examen du baccalauréat à plusieurs reprises. Parmi les personnes enquêtées, 12 ont un niveau d’étude supérieur car elles ont effectué des études universitaires. Ce sont surtout les représentants de l’Etat, les techniciens agricoles, les gérants, les gestionnaires, les commerciaux, les salariés, les autorités locales, et les notables.
INTRODUCTION |