L’approche de référence

L’approche de référence.

La forme dominante, standard, de l’approche économique a accordé au calcul des probabilités un rôle clé, les notions centrales étant celles de l’espérance mathéma tique, de la variance et de la covariance. Elle s’est efforcée de généraliser – par une modélisation sous la forme d’un calcul rationnel – une observation déjà ancienne des comportements humains : les préférences et les choix des individus se conforment en général à une perception, intuitive ou rationnelle, de l’espérance mathématique des décisions qu’ils envisagent, corrigée le cas échéant par leur aversion pour le risque et pour l’ambiguïté.La réponse la plus simple apportée par la théorie consiste à généraliser l’analyse coûts-bénéfices en intégrant le caractère aléatoire des bénéfices et des coûts grâce au calcul des probabilités. On ne raisonne dès lors plus sur la VAN déterministe (voir plus haut) mais sur la VAN espérée. Si l’on considère un projet défini par la donnée de coûts initiaux (incertains), I0, on estimera que le projet est acceptable si l’espérance de la valeur actualisée des bénéfices futurs excède celle de la valeur actualisée des coûts, y compris les coûts des dommages, c’est-à-dire si la valeur actualisée nette espérée (VANE) du projet est positive :Ce type de formule suppose qu’on est capable d’associer à chaque flux économique une loi de probabilité et donc de calculer une espérance mathématique. Si on considère que les flux sont certains, on retrouve bien évidemment la VAN classique déterministe. Le cadre décisionnel reste L’analyse du risque consiste à identifier pour chaque projet les risques, à associer ensuite à chacun d’entre eux sa loi de probabilité, à calc er l’espérance puis à procéder à une actualisation de l’ensemble avec un taux sans risque.Cette approche est valable sans condition sous une fonction d’utilité collective neutre au risque. Toutefois, nous éprouvons tous et collectivement de l’aversion au risque. Le seul calcul de la VAN espérée ne suffit donc pas, en général, à déterminer si le bien-être social procuré par l’investissement est supérieur au risque pris, autrement dit, si « le risque pris collectivement en vaut la chandelle ».

L’APPORT ThéORique eT LeS PRATiqueS.

Cette approche est valable sans condition sous une fonction d’utilité collective neutre au risque. Toutefois, nous éprouvons tous et collectivement de l’aversion au risque. Le seul calcul de la VAN espérée ne suffit donc pas, en général, à déterminer si le bien-être social procuré par l’investissement est supérieur au risque pris, autrement dit, si « le risque pris collectivement en vaut la chandelle ».L’aversion collective pour le risque justifie l’incorporation de primes de risque dans l’évaluation des projets publics. Cependant, cela n’est pas systématique. Si le risque d’un projet, supposé convenablement réparti sur l’ensemble des individus, est négligeable par rapport à la richesse par habitant et s’il fluctue indépendamment de cette richesse, il n’y a pas lieu de prendre de prime de risque : celle-ci est nulle (au premier ordre d’approximation) et un raisonnement en moyenne suffit. Dans ce cas, l’espérance mathématique des bénéfices du projet synthétise correctement l’ensemble des résultats possibles, car elle les pondère par leur probabilité de réalisation (l’espérance pondère tous les gains et tous les coûts avec leur probabilité, ce qui intègre l’idée qu’on se fait de l’occurrence de l’ensemble des aléas).La raison profonde de cette conclusion est la suivante : ajouter à la marge un petit risque indépendant du risque agrégé n’accroît ce risque agrégé qu’au second ordre1. L’aversion collective pour le risque n’a alors pas d’impact (au premier ordre) sur la valeur du projet considéré, et on peut faire comme si la collectivité était neutre face au risque dans ce cas2. Cela signifie qu’au niveau individuel les agents sont indifférents au risque envisagé tant que celui-ci reste marginal et parfaitement indépendant de leurs revenus. Ils n’ont donc pas de précaution particulière à prendre vis-à-vis de ce risque, dont les conséquences potentielles, parfaitement mutualisées par la collectivité, n’affecteront leur niveau de richesse qu’à la marge et de manière parfaitement aléatoire autour de l’espérance mathématique.Certains risques sont à la fois de petite taille, correctement diversifiés dans la société et non corrélés à la richesse collective, de sorte que leur variabilité n’a pas d’impact sur le bien-être des citoyens pris collectivement. Seul le bénéfice ou coût moyen compte dans ce cas, et l’aversion collective pour le risque n’a qu’un effet négligeable. Alors, la méthode de calcul précédente s’applique : il est raisonnable de faire les évaluations économiques en espérance, c’est-à- dire au premier ordre de développement de la fonction d’utilité.

La collectivité est malheureusement confrontée à d’autres risques qui ont eux un impact sur le bien-être de la population, soit parce qu’ils sont de grande taille (risques non marginaux), soit parce qu’ils sont de petite taille mais ne sont pas disséminés efficacement dans l’économie (risques non marginaux à l’échelle des agents qui les portent), soit parce que les bénéfices attendus sont corrélés à la croissance économique. Dans tous ces cas, qui couvrent une large majorité des projets auxquels sera confronté l’évaluateur, le calcul précédent n’est pas suffisant. La règle à suivre pour obtenir l’optimum social impose alors que, toutes choses égales par ailleurs, les projets augmentant le plus le risque porté in fine par les citoyens (consommateurs, usagers, contribuables, prestataires, etc.) soient les plus pénalisés dans l’évaluation.Cela conduit à considérer une prime de risque qui est associée aux différentes catégories de risques selon leurs critères (taille, degré de diversification au sein de la collectivité, corrélation avec les autres risques des bénéficiaires, etc.). Si le projet n’est pas marginal, si le risque n’est pas disséminé sur l’ensemble du bien-être de la collectivité, ou s’il n’est pas indépendant des autres risques portés par les agents économiques, il faut défalquer une prime de risque de l’espérance de chaque flux (coûts, bénéfices). Les points qui suivent développent le cadre théorique et les outils permettant de calculer pratiquement cette prime de risque.bénéfices du projet avec le PIB/hbt) alors que l’autre les réduit (en cas de corrélation négative). Un projet susceptible de générer des bénéfices dans les scénarios où la croissance économique est faible (projet contracyclique) est préférable à un projet équivalent qui générerait les mêmes bénéfices uniquement dans les scénarios de croissance élevée et s’avérerait non profitable en cas de crise économique. Le premier joue en quelque sorte un rôle d’assurance contre la baisse de richesse collective alors que le second accompagne, voire amplifie, la tendance générale de l’économie.

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