L’approche de Palo Alto

L’approche de Palo Alto.

Très rapidement, l’approche de Palo Alto, également connue sous le nom de thérapie brève de Palo Alto, est à l’origine un modèle thérapeutique développé au Mental Research Institute (MRI) de l’Ecole de Palo Alto en Californie dans les années soixante. Ce modèle vise à résoudre les problèmes humaines où des tentatives de solutions répétées se sont révélées inefficaces et ont voire même aggravé le problème initial ; par un renversement du mouvement du changement. Pour mieux saisir en quoi consiste cette approche, on se propose, dans un premier temps, d’étudier ses origines à l’Ecole de Palo caractérisée notamment par sa philosophie constructiviste et ses fondements systémiques et cybernétiques. Ensuite, nous analyserons la théorie du changement qui correspond à la base théorique de l’approche de Palo Alto. Enfin, nous présenterons comment l’approche s’applique dans la pratique. En psychologie et psycho-sociologie, l’École de Palo Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto, petite bourgade de la grande banlieue sud de San Francisco en Californie, à partir de 1950. Les travaux de ce groupe se sont orientés selon trois grands axes de recherche : une théorie de la communication, une méthodologie du changement et une pratique thérapeutique ; l’unité de ces recherches se retrouve dans leur référence commune à la démarche systémique. Au début des années 50, l’anthropologue Gregory BATESON développe avec Jay HALEY, John WEAKLAND et Don JACKSON – la théorie de la « double contrainte » qui envisage la maladie mentale comme un mode d’adaptation à une structure pathologique des relations familiales. Cette théorie provoque un bouleversement des conceptions psychiatriques traditionnelles et contribue au développement de la thérapie familiale. Dans le prolongement des recherches de Grégory BATESON sur la communication dans les familles de schizophrènes, Don JACKSON fonde, en 1959, le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto pour y mettre en application les principes de la conception cybernétique de la communication dans une optique pragmatique de résolution de problèmes.

La philosophie constructiviste.

Ce travail thérapeutique avec des couples et des familles a rapidement été adapté à la thérapie individuelle et a séduit un nombre grandissant de thérapeutes de par le monde. Son succès s’est appuyé sur son efficacité à résoudre les problèmes humains les plus variés. Ensuite, il a également été utilisé dans la résolution de problèmes dans des domaines variés ; comme les institutions, les entreprises, les négociations diplomatiques. Comme en témoigne ce Projet de Fin d’Etudes, certains acteurs de l’aménagement du territoire commencent également à s’intéresser à ce modèle. Le constructivisme, développé dès 1923 par Jean PIAGET, est une façon de penser et non une description du monde. Le postulat constructiviste est qu’on ne peut pas connaître la réalité qui existe en dehors de nous. L’homme ne peut donc pas parler de « réalité objective » puisqu’il n’y a pas de « vérité » en soi. Chacun construit ce qu’il nomme la « réalité », sans avoir conscience qu’il s’agit d’une construction. Sur le plan thérorique du modèle, la philosophie constructiviste est fondamentale. Elle implique que la connaissance humaine est dominée par le fait que nos perceptions et nos idées reflètent une réalité. Dans la théorie du changement qui a induit ce modèle de Palo Alto, seules comptent les représentations que font les individus de leur réalité. Nous oublions souvent que ce que nous considérons comme une réalité objective n’est qu’une perception commune de la réalité : « Nous créons un réel et oublions ensuite que c’est notre création » (WATZLAWICK, 1978). La difficulté de voir les choses autrement et de changer de perception fait perdurer les problèmes. Ainsi, le changement se doit d’agir sur cette construction de la réalité.

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La valeur de respect de l’autre découle de l’idée qu’aucune vision du monde n’est plus vraie ou plus juste qu’une autre. On ne peut qu’être respectueux de l’autre si on sait que sa vision du monde, sa construction de la réalité, n’est pas meilleure que la nôtre, et vice-versa. La notion de respect de l’autre implique notamment que l’on se place dans une position basse dans les échanges avec le patient. On ne sait pas mieux que le client quel est son problème, ce qui serait bon pour lui, quel est le meilleur moyen d’y parvenir. C’est donc le patient qui définit son problème et son objectif. Enfin, les interventions ne visent pas à trouver une solution pour lui, à lui proposer le moyen d’atteindre son objectif, mais seulement à arrêter ce qui ne marche pas. Egalement, l’intervenant adopte face au patient une position d’anthropologue pour explorer sa vision du monde, sans induire des implicites, des représentations qui nous sont propres. Comme les gens ont souvent l’impression que leur vision du monde est la vision de la réalité, l’intervenant se méfie des évidences et des présupposés. Il s’attache à comprendre comment les gens vivent leurs problèmes. On se refuse à catégoriser, étiqueter et diagnostiquer. Enfin, « l’intervenant est extrêmement attentif à ne pas heurter la vision du monde de l’autre », (BOUAZIZ, 2002). Il s’attache à parler son langage. Finalement, la philosophie constructiviste est fondamentale dans la manière dont l’individu est considéré par les chercheurs de l’Ecole de Palo Alto. Elle revient notamment dans la pratique à « adopter une posture de non vouloir, non savoir et non pouvoir qui dit implicitement au patient : vous êtes responsable ; vous êtes compétent ; vous êtes unique ; vous êtes respectable », (GUITEL, 2012).

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