L’ANRU rencontre l’Ecoquartier convergences et émergence de l’utilisation de deux dispositifs sur le même quartier
Malgré les difficultés repérées dans le précèdent chapitre, les politiques de rénovation urbaine et celles dédiées au développement durable se croisent de plus en plus souvent. C’est ce qui émerge dans l’analyse des dispositifs qui leur sont consacrés récemment. En effet, on repère une volonté politique affirmée de les associer davantage. C’est dans cette perspective que l’on peut interpréter la labellisation en EcoQuartier de quelque onze quartiers ANRU et le nombre en augmentation des projets de rénovation urbaine qui s’engagent dans la labellisation EcoQuartier. La question qui se pose donc est de quelle manière la labellisation influence le projet social et urbain de ces quartiers. Afin de répondre à ces questions, une double comparaison entre le projet présenté à l’ANRU et le projet au moment de la labellisation sera effectuée. À cette analyse sera couplée une comparaison entre l’ensemble des projets pour repérer les différences et les similitudes et déterminer si une modélisation est envisageable.
Croisement entre rénovation urbaine et développement durable
Un chemin par étape pour combler le décalage Le décalage entre les politiques de la rénovation urbaine et du développement durable, que nous avons traité dans le premier chapitre, n’est pas passé inaperçu aux responsables de l’ANRU. Ils admettent que, même si en 2003 le législateur avait mis au même niveau les objectifs de mixité sociale et de développement durable, le premier a primé pendant les quatre premières années du programme et qu’ainsi « les enjeux environnementaux avaient été un peu moins bien traités que les enjeux de mixité des fonctions, les enjeux économiques et sociaux » (ANRU, 2015a). Depuis, les motivations du PNRU ont varié au fur et à mesure que le développement durable acquérait du poids dans les politiques françaises et Il y a effectivement eu une évolution progressive ainsi qu’un rééquilibrage vers les enjeux du développement durable tout au long de la vie du programme. de l’environnement19, lancé en 2007, qui a permis de rediffuser sur le territoire l’effective importance des enjeux du développement durable et qui a conduit les responsables nationaux et locaux de la rénovation urbaine à rééquilibrer leurs discours en faveur du second objectif (Anne- ANRU, 2015a).
Le chemin vers une prise en charge majeure des enjeux du développement durable débouche sur la réalisation du Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine (NPNRU) qui devrait constituer une réelle opportunité pour renforcer les ambitions des projets financés par l’ANRU, notamment en matière de performance énergétique et de transition écologique des quartiers (ANRU, 2014). Dans ce but, le NPNRU devrait prendre en considération les quartiers dans une relation accentuée avec le reste de la ville et favoriser de cette manière leur développement durable (ANRU, 2015). La nécessité de passer du PNRU 1 à un nouveau programme qui prenne plus en considération les quartiers dans leur globalité est fortement appréciée dans les services de l’Etat décentralisés, comme il a été fait remarquer par le chargé de mission rénovation urbaine de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DTTM)13 : « Le PNRU 1 a permis de s’engager énormément, mais il était marqué par des défauts de la conception initiale très forts. On était vraiment très cloisonné, par exemple on ne développait pas la thématique du déplacement parce qu’elle n’était pas financée. Le NPNRU est arrivé à contextualiser et trouver la bonne échelle» (22/08/2016).
Différences et convergences des résultats des deux dispositifs
Méthodologie d’analyse Aujourd’hui onze des 39 quartiers qui ont reçu la labellisation EcoQuartier sont des opérations de rénovation urbaine. Déjà à l’époque de l’appel à projet organisé en 2011, cinq des 24 projets qui ont été primés étaient des projets de rénovation urbaine conventionnés ANRU (Ministère du Logement, 2011 ; 2013 ; 2014 ; 2015). Cette comparaison sera effectuée à l’aide d’un schéma qui retrace comment les éléments principaux du projet ont répondu aux objectifs de la loi Borloo et aux engagements EcoQuartier. La relation entre le projet examiné et les deux sets d’orientation sera concrétisée avec des flèches représentant les différents types d’argumentation (la couleur indique si l’argumentation associée à l’action est sociale, économique, environnementale ou politique, et l’épaisseur symbolise l’importance donnée à l’argumentation). Le premier groupe de flèches sur la gauche concerne les relations et les argumentions comme présentées dans la convention ANRU (des objectifs de la loi du 2003 au contenu du projet), le deuxième groupe, la manière dont elles ont été reprises dans le dossier de labellisation (du projet à aux engagements EcoQuartier). La direction de la flèche indique, elle, la provenance du concept. Par exemple, si une flèche va des engagements au projet, cela veut dire que l’élément a été introduit dans le dossier de labellisation. Pour souligner que cet aspect d’innovation, idées, objets ou démarches ont été présentés uniquement dans le dossier EcoQuartier, ces éléments ont été marqués en jaune.