Parmi les paramètres les plus simples à évaluer à la marche en contexte clinique, on retrouve ceux faisant appel à la temporalité et aux distances parcourues. Ces paramètres spatio-temporels incluent généralement la durée du cycle de marche, la cadence, la longueur de pas et des foulées ainsi que la vitesse de marche (Robinson & Smidt, 1981 ; Whittle, 2007), D’autres paramètres peuvent se rajouter à cette catégorie telle que la largeur de pas, la durée des phases du cycle de marche (en pourcentage du cycle de marche) et l’angle d’ouverture du pied en lien avec la ligne de progression (Vaughan et al., 1992). Ces paramètres descriptifs de la marche nous permettent, entre autres, de comparer des populations (asymptomatique et symptomatique) et de distinguer chez une même population, les nuances interindividuelles.
L’analyse cinématique de la marche
La cinématique est une méthode plus complexe que l’analyse des paramètres spatio-temporels de la marche, nous permettant d’étudier les mouvements segmentaire et articulaire en 2D et en 3D (Winter, 2009). Grâce à la cinématique, il nous est possible de faire ressortir des informations faisant l’état du mouvement tel que les déplacements, les vitesses et les accélérations linéaires et angulaires (Winter, 2009). Pour obtenir des données de cinématique à la marche, il est nécessaire d’avoir une prise de mesures juste, c’est-à-dire, minimisant l’erreur induite par l’artéfact de mouvement entre la peau et les os. Il faut aussi se baser sur des repères anatomiques précis. Enfin, il y a lieu également d’utiliser un système de définition de coordonnées articulaire (ou un référentiel orthogonal articulaire) qui soit adéquat. Ce dernier permet la traduction, en mouvement articulaire, des trajectoires tridimensionnelles des marqueurs apposés sur les membres étudiés et adjacents à une articulation, selon la convention médicale. C’est donc le traducteur entre le langage mathématique et physique, et celui de nature médicale.
Pour étudier le mouvement 3D du genou, le système de coordonnées articulaire formé par la combinaison d’un référentiel local au tibia et au fémur généralement utilisé est celui de Grood & Suntay (1983) [voir figure 1]. Ce système nous permet d’observer les mouvements de flexion, d’extension, d’abduction et d’adduction ainsi que les rotations tibiales interne et externe au niveau du genou à partir de trajectoires tridimensionnelles de marqueurs de mouvement localisés de manière spécifique sur les segments adjacents au genou afin de suivre ces derniers avec précision dans l’espace. Ces marqueurs de mouvement sont donc apposés sur des repères anatomiques précis. Pour ce faire, parmi les méthodes émergentes, il existe un système non-invasif où les marqueurs sont fixés sur un exosquelette fémoral et tibial conçu pour limiter à la marche le biais causé par le mouvement résiduel de la peau par rapport aux os aux niveaux de la cuisse et de la jambe. Ce mouvement résiduel est connu pour affecter l’évaluation précise des mouvements fins autour du genou tels que l’adduction et l’abduction et les rotations tibiales interne et externe (Lustig, Magnussen, Cheze, & Neyret, 2012; Sati, de Guise, Larouche, & Drouin, 1996). De cette manière, il est possible d’analyser les déplacements angulaires et en 3D du fémur par rapport au tibia, et cela avec précision à la marche (Lustig et al., 2012).
Avoir recours à des outils de mesure permettant l’évaluation en 3D des mouvements au genou avec justesse (Lustig et al., 2012) s’avère utile pour l’étude des stratégies de mouvement fines et propres à diverses pathologies articulaires. Peu est documenté sur l’impact de la composition corporelle et de la latéralité du membre inférieur sur les stratégies de mouvement autour du genou à la marche. Les outils précis nous permettent ce type d’analyse.
La morphologie corporelle
La morphologie corporelle s’évalue généralement à l’aide de paramètres anthropométriques. Parmi ces paramètres, on retrouve notamment le poids corporel et la taille qui sont largement rapportés dans la littérature scientifique, car ils permettent ainsi d’avoir un aperçu descriptif d’un échantillon de la population ou d’une population (Thomas, 2011). D’autres paramètres plus spécifiques tels que l’indice de masse corporelle (IMC), la circonférence de la taille (CT) et la circonférence de la cuisse (CC), tous reliés au poids corporel, permettent aussi d’évaluer la morphologie. Leur définition et leur signification sont présentées dans les prochains paragraphes .
L’indice de masse corporelle
L’IMC, souvent rapportée dans la littérature, est une mesure qui met en relation le poids corporel avec la taille de la personne évaluée 1. Cette mesure s’applique seulement aux personnes de 18 à 64 ans, n’inclut pas les femmes enceintes ou qui allaitent, ni les personnes gravement malades et ni les athlètes (Department of health and human services (s.d.), p.1 ; Frankenfield, Rowe, Cooney, Smith, & Becker, 2001 ; National obesity observatory, 2009). À l’aide de cette mesure, il nous est possible de classer les individus selon leur poids en différentes catégories, telles que présentées à la figure 3. Lorsque située au-dessus de 25 kg/m2, on dénote la présence d’un surplus de poids ou d’obésité, un état considéré comme étant une accumulation anormale ou excessive de poids qui peut nuire à la santé (Organisation mondiale de la santé [OMS], 2015).
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE |