L’analyse des RS comme aide à une compréhension fine des résistances envers l’égalité professionnelle
Comme son titre l’indique, ce sixième chapitre est dédié à la présentation de nos résultats relatifs à l’analyse du contenu et de la structure des représentations sociales qu’ont les différents groupes constituant notre échantillon sur la question des difficultés que rencontrent les femmes cadres et ingénieures dans leurs évolutions professionnelles. Avec pour objectif l’investigation d’éventuelles résistances envers l’égalité professionnelle. Ici, nous nous appuyons sur les principes de la théorie du noyau central d’Abric (1976) et des travaux s’intéressant à la dynamique des représentations sociales pour interpréter les données issues des analyses prototypiques, comprenant l’investigation des zones muettes via la technique de substitution, et du test d’indépendance au contexte que nous avons réalisés. Aussi dans un premier temps, nous donnons quelques clés de lecture pour faciliter la compréhension de nos tableaux de résultats. Dans un second temps, nous réalisons une analyse comparative du contenu et de la structure des représentations sociales qu’ont les différents groupes formant notre échantillon ainsi que notre étalon (échantillon global), à l’égard des difficultés que rencontrent les femmes cadres et ingénieures pour évoluer professionnellement.
Des RS différentes selon les variables sociodémographiques : plaidoyer pour l’intégration de l’approche structurale dans le diagnostic d’égalité.
Dans cette partie, nous procédons à l’analyse des représentations sociales des différents groupes composant notre échantillon puisque nous nous inscrivons dans une démarche sociologique de l’approche structurale des RS. Aussi, nous allons commenter les tableaux de résultats de l’analyse prototypique correspondant à chaque groupe étudié (femmes, hommes, cadres non managers, cadres managers) ainsi que celui sur l’échantillon global. Pour réaliser ces tableaux, nous sommes partis du tableau à quatre cases, produit par l’analyse prototypique, (cf. graphique 10) auquel nous avons ajouté, au niveau du noyau central, une case où figurent les éléments issus de la technique de substitution (S2) utilisée pour investiguer la présence d’une zone muette pouvant contenir des principes organisateurs masqués. Une autre case a été ajoutée sur ce même niveau, celle-ci contient les éléments issus du rapport fréquence/apparition. L’objectif de ce dernier ajout est, comme nous l’expliquons dans le chapitre 5, de renforcer l’étude des éléments centraux. En effet, l’analyse principale que nous avons choisie au vu des arguments d’Abric (2003) est celle se basant sur le rapport fréquence/importance (hiérarchisation) cependant le rapport fréquence/apparition apporte un éclairage supplémentaire. Ces tableaux, aussi complexes paraissent-ils, sont pourtant très pratiques pour l’analyse du contenu et de la structure d’une RS puisqu’ils synthétisent plusieurs outils méthodologiques. Cependant, afin de faciliter leur lecture et la compréhension de notre analyse, nous donnons ci- dessous quelques indications.
Bien que nous ayons opté pour une approche sociologique de l’analyse du contenu et de la structure des représentations sociales, nous décidons, pour plus de clarté, de présenter nos résultats par zone de la représentation plutôt que par groupe social. Ainsi les sections suivantes seront dédiées aux éléments centraux d’une part, aux éléments de la première périphérie d’autre part, aux éléments contrastés ensuite puis, pour finir, aux éléments de la seconde périphérie. Cependant, dans chaque section, nous mettrons en avant les points communs mais surtout les spécificités des représentations des différents groupes. Ceci permettant de mettre en valeur tout l’intérêt de l’utilisation du cadre théorique que nous avons choisi et des outils qui composent notre pluri-méthodologie. En revanche, l’échantillon global étant notre étalon, nous ne le prenons pas en considération dans notre approche sociologique de l’étude du contenu et de la structure des RS liées à notre stimulus.
Si l’analyse prototypique est au cœur de ce chapitre, nous faisons appel ponctuellement à l’analyse thématique en guise d’illustration et de contextualisation. En effet, l’analyse prototypique permet d’obtenir une compréhension fine du contenu et de la structure des représentations sociales des différents groupes de notre échantillon quant à notre stimulus. Celle-ci nous permet d’appréhender le rôle joué par les éléments cognitifs qui les composent en fonction de leur place dans la représentation. Ainsi les principes organisateurs donnent la signification à l’objet de la représentation alors que les éléments de la première périphérie les concrétisent, que les éléments contrastés complètent cette première périphérie et que les éléments de la seconde périphérie justifient le sens donné par les principes organisateurs. Cependant, comme on peut le constater, ces éléments sont des noms ou des adjectifs dépourvus de contexte. C’est ici que l’analyse thématique basée sur nos 52 entretiens semi-directifs est intéressante. En effet, elle permet de contextualiser les résultats issus de l’analyse prototypique avec les réalités des acteurs de terrain mais elle ne permet pas d’étudier le contenu et la structure des représentations sociales. Ces deux analyses sont donc, selon nous, complémentaires et constituent avec les autres outils méthodologiques susmentionnés une pluri-méthodologie nous permettant à la fois la compréhension des représentations sociales quant à notre stimulus des acteurs impliqués dans les évolutions de carrière des cadres et ingénieurs et une l’analyse approfondie de la démarche égalité de notre terrain au regard des mesures présentes dans les accords et leur relation avec ces représentations sociales.