L’analyse de l’impact médico-économique des systèmes d’information hospitaliers
Évaluer le RSI des TIC avec des méthodes financières et comptables
Il existe de nombreux modèles financiers pour calculer le RSI ou essayer de l’estimer le plus correctement possible. Les méthodes les plus répandues sont l’analyse coût-bénéfices (ACB) et la valeur actuelle nette (VAN). Ce sont principalement des méthodes comptables qui peuvent être appliquées sur la plupart des projets d’investissement.
L’analyse coût-bénéfice
L’analyse coût-bénéfice correspond au quotient des bénéfices totaux apportés par un projet spécifique sur la somme des investissements mis en œuvre pour le réaliser. Un rapport supérieur à 1 indique un RSI positif. Mais aussi simple que ce calcul paraisse, les données nécessaires à sa réalisation sont loin d’être simples à réunir. Plusieurs études intéressantes ont montré l’intérêt de cette analyse en milieu hospitalier [Kaushal 2006] [Stroetmann 2006].
La valeur actuelle nette
La VAN représente la différence entre les cash-flows actualisés à la date zéro et le capital investi. On calcule donc pour chaque période future (pendant toute la période d’utilisation prévue de l’investissement) les recettes et les dépenses générées par l’investissement, puis on détermine les flux économiques de l’investissement. On actualise ensuite les flux nets annuels à la date d’investissement et on compare l’ensemble au montant initial de l’investissement. En d’autres termes c’est la somme des bénéfices nets durant la vie du projet ajustée au coût du capital [Arlotto 2003]. La VAN est donc un indicateur de la plusvalue qu’apporte un investissement ou un projet à l’entreprise ce qui permet de déterminer si un investissement est rentable ou non. Le secret est d’être exhaustif dans l’identification des coûts. C’est une méthode bien appropriée aux projets sur le long terme [Anthes 2003]. Peu d’évaluations de projets TIC ayant utilisé cette méthode ont été publiées montrant une VAN positive [Kaplan 1996] [McLean 1998]. Toutefois l’une d’elles, publiée en 2000, a montré que la télé cardiologie, en plus d’améliorer la qualité des soins, était rentable dans le cadre de la néonatalogie sur la région de Washington DC [Rendina 2000].
Les autres méthodes comptables
Très proche de la VAN, le taux de rentabilité interne (TRI) correspond à la comparaison entre le montant des fonds investis et la valeur actuelle de l’entreprise rapportée à la durée de l’investissement. Le TRI est un taux de rentabilité propre à chaque projet d’investissement. Ce taux ne permet pas de déterminer, dans l’absolu, si un investissement est rentable ou non pour un investisseur. En revanche, c’est un outil d’arbitrage entre différents projets d’investissement; l’investisseur choisira celui pour lequel le TRI est le plus élevé [Anthes 2003] [Arlotto 2003] [Menachemi 2005]. Il existe aussi des méthodes qui prennent en compte la mesure du risque des investissements d’un projet. Citons l’analyse de rentabilité [Boles 1996] [Gapenski 1992] [Gapenski 2005] [Wang 2003], l’analyse de sensibilité [Gapenski 1992] [Meltzer 2001] [Saltelli 2007], l’analyse de scénario [Gapenski 2005], La simulation Monte Carlo [Gapenski 1992] [Palmer 2004], le coût moyen du capital pondéré [Holmes 2000], l’approche par option réaliste [McGrath 2004] [Williams 2007]. Par ailleurs de nombreuses sociétés de consulting ont développé leurs propres méthodes d’analyse de l’impact des projets TIC. Citons l’economic value added par Stern Stewart & Co [SSC 2010], le business value index par le Hackett Group [Hackett 2010], les balanced scorecards par Palladium [Palladium 2010], l’information economics methodology par le Beta 19 Group [Beta 2010], la IT Performance Management Group Method [ITPMG 2010], le total economic impact par Forrester Research [Forrester 2010], et la total value of opportunity par Gartner [Gartner 2010].
L’approche économétrique
De par leur nature intrinsèque (financière/économique) les méthodes précédentes ne prennent pas en compte les aspects les moins tangibles de l’impact des TIC. Par ailleurs l’acuité des modèles de calcul de RSI se dégrade en proportion de leur complexité. Plus la méthode est compliquée plus il est chronophage d’alimenter la méthode ; cela se faisant bien sûr au détriment du temps passé sur le projet global. Quatre études récentes ont montré l’intérêt de l’approche économétrique dans l’évaluation de l’impact des systèmes d’information hospitaliers [Beard 2007] [Menon 2000] [Meyer 2007] [Osei-Brison 2004]. La mise en applications des méthodes économétriques au niveau d’une entreprise comme un hôpital (microéconomie) est possible. Dans ce cadre, la mesure de l’efficacité du capital que l’on nomme RSI se fera grâce à l’utilisation des fonctions de coût ou de production.
1 Introduction |